Enrique Vila-Matas

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Enrique Vila-Matas est un écrivain espagnol né à Barcelone en 1948.

Sommaire

[modifier] Éléments biographiques

VILA-MATAS Enrique (né le 31 mars 1948). Romancier et essayiste espagnol, né à Barcelone en 1948. Sa précocité langagière — il prétend avoir su lire et écrire à l’âge de deux ans — se traduit en une précocité littéraire : à six ans, toujours d’après lui, il séduit ses compagnons de jeux estivaux avec des petites pièces pour marionnettes ; à douze ans il se lance dans un roman-fleuve à la manière de Gironella ; à quatorze ans il s’exerce au roman policier. Or, pour étonnant que cela puisse paraître, le petit Vila-Matas ne rêve pas d’être écrivain mais torero. Une vocation en quelque sorte prémonitoire, puisqu’elle renvoie à ce goût du risque que l’on retrouve chez l’un de ses maîtres avoués, Hemingway, et à une conception de la littérature comme défi existentiel. Sa voie est toute tracée. À dix-huit ans, après un premier voyage d’une semaine à Paris, il abandonne définitivement l’épée (rêvée ou virtuelle) pour la plume (réelle) et commence une série de collaborations pour la revue de cinéma Fotogramas avec des fausses interviews qui annoncent ses futurs vrais-faux romans. Deux ans après, il part accomplir son service militaire à Melilla où il rédige son premier roman publié Mujer en el espejo contemplando un paisaje [Femme dans le miroir regardant un paysage, 1973]. Pourtant, malgré cette si convoitée entrée en littérature, « tout semble menacer » le jeune homme qu’est Vila-Matas dans cette Barcelone qui vit les derniers soubresauts du franquisme. C’est pourquoi, en 1974, il décide de partir pour Paris et s’installe dans une chambre de bonne, occupée jadis par le dramaturge argentin Copi, que lui loue Marguerite Duras dans les combles de son appartement rue saint Benoît. Une période dont il rendra compte, bien plus tard, dans son bildungsroman París no se acaba nunca [Paris ne finit jamais, 2003], certainement son ouvrage le plus autobiographique et amusant. Il met à profit ce séjour de deux ans pour écrire La asesina ilustrada (1977), son deuxième roman. De retour à Barcelone, il plonge dans l’intense vie sociale et culturelle de la dite « gauche divine », jusqu’à atteindre un statut d´auteur « confidentiel » avec un troisième récit, Al sur de los párpados [Au Sud des paupières], paru à Madrid en 1980, et un premier recueil de nouvelles, Nunca voy al cine [Je ne vais jamais au cinéma, 1981], avant de devenir un auteur-culte avec Impostura (1984) et surtout grâce à son premier véritable succès, Historia abreviada de la literatura portátil (1985), déjà sous l’aile protectrice de l’éditeur à la mode Jorge Herralde (Editorial Anagrama). Prenant alors son envol, ses textes (romans et recueils de nouvelles) rencontrent un succès d’estime — en Espagne et aussi à l’étranger — qui ne se dément pas au fil des titres, toujours axés sur trois thèmes majeurs : la figure de l’écrivain et sa difficulté, voire son impossibilité, à écrire ; les rapports d’affrontement/soumission, en prolongement de la Lettre au père de Kafka, entre pères et fils ; l’éloignement des autres et de soi même jusqu’à la disparition. Dans Una casa para siempre [Une maison pour toujours, 1988], un ventriloque prend congé du monde pour pouvoir assouvir une vengeance amoureuse ; Suicidios ejemplares (1991), se présente comme un manuel du ratage permanent ; Hijos sin hijos [Enfants sans enfants, 1994], aspire à rendre compte du refus obsessionnel de la répétition ; Lejos de Veracruz (1995) est le roman de la haine familiale et de la fuite comme nourriture littéraire ; Extraña forma de vida [Étrange façon de vivre, 1997] exprime le désir de métamorphose qu’habite tout écrivain ; El viaje vertical (2000, prix Rómulo Gallegos), se veut le roman du « désapprentissage » dans un voyage à rebours, vers la non intention, le non vouloir, le non voyage ; Bartleby y compañía (2001), enfin, bercé par le célèbre « I would prefer not to do it » [Je préfère mieux pas] du personnage de Melville (voir Bartleby), est un parcours empreint de mélancolie vers le non agir et l´ascétisme littéraire.

[modifier] Écriture

La consécration définitive arrive avec El mal de Montano (2002) qui obtient, coup sur coup, le prix Herralde de novela, le prix Nacional de Literatura, le prix Internazionale Ennio Flaiano et, en 2003, le prix Médicis. Ce roman est un condensé de l’univers vila-matien, où la littérature devient le personnage principal du récit à travers les deux personnages principaux, un père et un fils atteints de la maladie de la littérature. Une conception pathogène que le romancier devait compléter brillamment trois ans plus tard avec Doctor Pasavento (2005, prix Fundación Lara et prix de la Real Academia Española), où la disparition est traitée comme l’une des modalités de l’écriture. L’œuvre de Vila-Matas apparaît comme un exercice virtuose et ironique, où l’auteur, tel un funambule confronté au vide d’une « littérature qui parle de littérature », s’installe dans une véritable mise en abîme peuplée d’êtres réels ou fictionnels sur lesquels planent les anges tutélaires de Larbaud, Bove, Walser, Kafka... C´est probablement le caractère anti-traditionnel de son écriture, ainsi qu’une attitude quelque peu provocatrice que l’on retrouve aussi dans ses chroniques et essais (El viajero más lento, 1992 ; El traje de los domingos; Para acabar con los números redondos, 1997 ; Desde la ciudad nerviosa, 2000 (version française: Mastroianni-sur-Mer, 2005); Extrañas notas de laboratorio, 2003; Aunque no entendamos nada (2004); El viento ligero en Parma, 2005), qui font de Vila Matas un « oiseau rare » dans la République des lettres en langue espagnole à côté du Chilien Roberto Bolaño et de l’Argentin César Aira.

[modifier] Œuvres

Œuvres traduites :

  • Abrégé d'histoire de la littérature portative (trad. E. Beaumatin), Paris, C. Bourgois, 1990
  • Bartleby et compagnie (trad. É. Beaumatin), Paris, C. Bourgois, 2002.— Docteur Pasavento (trad. A. Gabastou), Paris, C. Bourgois, 2006
  • Enfants sans enfants (trad. A. Gabastou), Paris, C. Bourgois, 1999
  • Étrange façon de vivre (trad. A. Gabastou), Paris, C. Bourgois, 2000
  • Imposture (trad. E. Beaumatin avec le concours de l'auteur), Paris, C. Bourgois, 1996
  • La lecture assassine [La asesina ilustrada] (trad. P.-O. Sanchez), Albi, Passage du Nord-Ouest, 2002
  • Le mal de Montano (trad. A. Gabastou), Paris, C. Bourgois, 2003
  • Mastroianni-sur-Mer [Desde la ciudad nerviosa] (trad. P.O. Sanchez), Albi, Passage du Nord-Ouest, 2005
  • Paris ne finit jamais (trad. A. Gabastou), Paris, C. Bourgois, 2004
  • Pour en finir avec les chiffres ronds : chroniques littéraires (trad. P.O. Sanchez), Albi, Passage du Nord-Ouest, 2004
  • Suicides exemplaires (trad. E. Beaumatin, avec la participation de l'auteur), Paris, C. Bourgois, 1995
  • Le voyage vertical (trad. A. Gabastou), Paris, Ch. Bourgeois, 2002
  • Loin de Veracruz (trad. D. Laroutis), Paris, Christian Bourgois, 2000
  • Le voyageur le plus lent (trad. A. Gabastou et D. Laroutis), Nantes, le Passeur-Cecofop, 2001. Col de poche Titres, Bourgois editeur 2007)
  • Explorateurs de l’abîme (trad A. Gabastou) Bourgois editeur, 2008)

Bibliographie :

  • Enrique Vila-Matas : Grand séminaire de Neuchâtel, Coloquio internacional, 2 y 3 de diciembre del 2002, Neuchâtel, Université de Neuchâtel, 2002
  • Margarita Heredia (ed.), Vila-Matas portátil. Un escritor ante la crítica, Barcelona, Candaya, 2007.
  • Bibliografía

[modifier] Prix

"Bartleby et compagnie'": Premio Ciudad de Barcelona (Prix Ville de Barcelone) (2000), Prix au meilleur livre étranger (2000) et Prix Fernando Aguirre-Libralire (2000)

Le voyage vertical: Premio Rómulo Gallegos (2001)

Le mal de Montano: Premio Nacional de la Critica (Prix de la Critique espagnole) (2003), Prix Herralde de Novela (2002), Prix Médicis etranger (2003), Premio del Círculo de Críticos de Chile (2003), Premio Internazionale Ennio Flaiano (2006)

"Docteur Pasavento": Premio Fundación Lara 2006 et Premio de la Real Academia Española 2006.

El viajero más lento (Il viaggatore piu lento): Premio Internazionale Elsa Morante 2007.

[modifier] Liens externes

  • [1] Explorateurs de l´abime.

Biographie de Vila-Matas, sur le site personnel d'une critique littéraire.