Eaulne

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Eaulne
L'Eaulne à Ancourt
Longueur 46 km
Débit moyen 3,3 m3.s-1
mesurés à Martin-Église (exutoire)
Surface du bassin 318 km2
Régime pluvial océanique
Se jette dans l'Arques
Bassin collecteur Arques
Pays France
Cours d’eau - Hydrologie

L'Eaulne est une rivière normande du pays de Bray et du Petit Caux, longue de 46 kilomètres, affluent de l'Arques[1]. Au sein du réseau dendritique qui donne naissance à ce fleuve côtier, l'Eaulne se présente comme le cours d'eau le plus oriental. Sa vallée peu urbanisée, sauf dans sa partie aval, bénéficie d'un environnement préservé et, depuis peu, protégé.

Sommaire

[modifier] Géographie

Elle prend sa source à Mortemer, coule parallèlement à la Béthune, au nord de celle-ci (à environ 7 kilomètres), avant de la rejoindre à Arques-la-Bataille pour former, avec la Varenne, l'Arques. Sa vallée verdoyante suit, durant la majeure partie de son cours, une dépression anticlinale parallèle au pays de Bray. Le substratum est constitué par les terrains crayeux du Crétacé supérieur: Cénomanien et Turonien. Sous les plateaux encadrant le cours de la rivière, la nappe de craie forme un réservoir important dont l'épaisseur atteint 150 à 170 mètres[2].

A l'écart des fortes concentrations humaines, la rivière offre des conditions favorables de pêche, recelant d'importantes colonies d'espèces migratrices: saumon atlantique, truite de mer, truite fario, anguille, lamproie marine ou encore lamproie fluviatile[3]. La richesse écologique de l'Eaulne ne se limite pas à sa faune piscicole, car, près de sa source, le marais de Fesques a été classé en site Natura 2000 en raison de son intérêt de tout premier ordre[4]. Cette zone, baignée par la rivière, constituée de prairies humides et d'aulnaies, abrite 91 espèces d’oiseaux dont la fauvette des marais et la chouette hulotte, 21 de mammifères, 2 de reptiles et 4 d'amphibiens, mais également 72 plantes différentes parmi lesquelles 3 sont remarquables: l'ophioglosse commun, la benoîte des ruisseaux et la dactylorhize négligée[5].

L'Eaulne arrose Sainte-Beuve-en-Rivière, Saint-Germain-sur-Eaulne, Londinières, Douvrend, Envermeu, Bellengreville, Ancourt, Martin-Église, Arques-la-Bataille.

[modifier] Hydrologie

L'Eaulne en aval de Londinières entre Boissay et Béthencourt
L'Eaulne en aval de Londinières entre Boissay et Béthencourt

Le bassin versant de l’Eaulne[6]. est peu étendu (318 km²) en raison de la configuration du milieu physique et donc de la faiblesse du réseau tributaire, le Bailly-bec[7] qui rejoint l'Eaulne en rive droite à Envermeu est son seul affluent notable.

A l’exutoire de la rivière, le débit, enregistré à la station hydrologique de Martin-Église, atteint en moyenne 3,3 m³/s[6] dans le cadre d’un régime pluvial océanique. Observée depuis 44 ans (entre 1964 et 2007), la rivière présente de variations peu importantes de son module, la période des hautes eaux est enregistrée durant la période hivernale avec une moyenne mensuelle comprise entre 4,33 m³/s et 4,70 m³/s atteint en février, les basses eaux interviennent à la fin l'été et au début de l’automne avec des débits compris entre 2,06 m³/s et 2,28 m³/s d’août à octobre (le mois de septembre voyant le plus bas module de l'année)[6] Les périodes d'étiage, tout comme les crues, ne sont guère prononcées.

En établissant une comparaison entre le débit et le bassin versant, l’ Eaulne présente un module assez élevé ainsi que l'atteste une lame d'eau de 325 mm/an (supérieure à la moyenne nationale qui est de 300 mm, mais surtout à celle du bassin voisin de la Seine, de l'ordre de 225 mm) et un débit spécifique (ou Qsp) de 10,3 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin (9,5 l/s/km² pour l'ensemble des cours d'eau français, 7,1 l/s/km² dans le cas du bassin de la Seine[8]).

[modifier] La vallée de l'Eaulne

Un ancien moulin à Ancourt
Un ancien moulin à Ancourt

Cours d'eau rapide, l'Eaulne fut largement utilisée autrefois comme source d'énergie; de nombreux moulins la jalonnaient (5 dans le seul village d'Ancourt)[9]. Située à proximité de territoires forestiers (d'amont en aval: basse forêt d'Eu, forêt du Hellet, forêt d'Arques), la vallée a vu se développer une industrie du bois (scieries), mais située en dehors des grands axes de communication, ses activités manufacturières sont restées modestes (contrairement au plateau d'Aliermont voisin[10]).

La vallée de l'Eaulne[11], comme celle de la Béthune voisine, porte la marque d'une présence franque particulièrement importante. Arrivés dans la région après la bataille de Soissons (486), les Francs se sont rapidement intégrés aux populations gallo-romaines. De nombreux vestiges mérovingiens ont été découverts à l'occasion de fouilles menées depuis le XIXe siècle, essentiellement des nécropoles à Lucy, Londinières, Douvrend et surtout Envermeu, la principale localité traversée par la rivière, où plus de 800 sépultures ont été mises au jour[12]. Mais d'autres témoignages architecturaux renvoient à des périodes plus anciennes. Des menhirs avaient été érigés, par des populations pré-celtiques, à Wanchy-Capval ; transformés en bornes milliaires par les Romains qui s'établirent dans la vallée y construisant la voie reliant Beauvais à Dieppe, ils furent taillés en forme de croix par les premiers chrétiens[13]. Plus près de notre époque, la période normande a laissé la trace de nombreuses mottes castralesWanchy-Capval, par exemple) et d'ouvrages de défense en maçonnerie comme le château de Pont-Trancart à Ancourt[14].

[modifier] Bibliographie

  • Albert Hennetier, Aux sources normandes : Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, Éd. Bertout, Luneray, 2006, pp. 62-67 (ISBN 2867436230).

[modifier] Notes et références

  1. Fiche de l'Eaulne sur le site du SANDRE. Consulté le 11 juin 2008.
  2. Frédéric Pitois et Alain Jigorel, Mesure du concrétionnement calcaire dans les rivières de Haute-Normandie, INSA de Rennes, 2004, p. 24.
  3. Les poissons migrateurs dans les cours d'eau de Haute-Normandie sur le site de l'AREHN. Consulté le 11 juin 2008.
  4. Le marais de Fesques sur le site du conservatoire des sites naturels de Haute-Normandie. Consulté le 11 juin 2008.
  5. Photographies sur floredrefrance.com. Consulté le 11 juin 2008.
  6. abc Station hydrologique de Martin-Église Naviguer sur la page pour obtenir les différentes données hydrologiques, code de la station : G2203010.
  7. Fiche du Bailly-Bec sur le site du SANDRE. Consulté le 11 juin 2008.
  8. Les chiffres délivrés pour le bassin versant de la Seine correspondent aux données enregistrées à la station hydrologique du Havre, code : H9950010. Consulté le 11 juin 2008.
  9. La vallée de l'Eaulne, La région de Dieppe, Région Haute-Normandie, janvier 2004, pp. 24-25.
  10. Situé entre les vallées de la Béthune au sud et de l'Eaulne au nord, le plateau d'Aliermont connaît depuis le XVIIe siècle une forte activité industrielle soutenue par des capitaux dieppois. Véritable rue industrielle de 17 km, spécialisée dans la mécanique de précision (horlogerie), cette région est victime, depuis les années 1970, d'une grave crise (fermeture d'unités industrielles, taux de chômage très élevé...).
  11. Découvrir à pied la vallée de l'Eaulne sur le site Autour de Dieppe. Consulté le 11 juin 2008.
  12. Histoire d'Envermeu et de la vallée sur terredelin.com. Consulté le 11 juin 2008.
  13. Albert Hennetier, Aux sources normandes : Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, p. 71.
  14. Le château actuel est le troisième construit à l'emplacement de deux anciennes places fortes détruites successivement. Voir Albert Hennetier, Aux sources normandes : Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, p. 72.