Duy Tân

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Le Prince Vinh San naquit le 3 août 1899 ( 1900 pour certains) à Hué, au Viêt Nam, descendant direct du prestigieux empereur Gia Long, fondateur de la dynastie des Nguyen Phuoc. Il n'a que 8 ans lorsque son père, l'empereur Thanh Thai, accusé de “folie”, a été contraint par les autorités coloniales françaises, a abdiquer en sa faveur. Intronisé le 3 septembre 1907 sous le nom dynastique de Duy Tan, il a été le chef incontesté et aimé de son peuple. Son règne, 1907 - 1916, a été marqué par différents événements, tous relatifs à l'émancipation de son pays l'Annam, notamment la révolte de 1916 contre le Protectorat Français. Ayant pris la tête de cette rébellion alors qu'il n'avait que 16 ans, le jeune empereur a été détrôné, arrêté et déporté à l'île de La Réunion. A commencé alors pour le Prince Vinh San une nouvelle vie, celle d'un homme qui, au fil du temps, s'est intégré et s'est investi totalement comme citoyen sur sa terre d'accueil.Cette révolte de la Cour se situe en accompagnement aux révoltes paysannes vietnamiennes.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né en 1899, le Prince Vinh San, 5e fils de l’empereur Thanh Thai. Âgé de 8 ans, il a été intrônisé le 5 septembre 1907 et a accédé au trône après l’abdication forcée de Thanh Thai. En 1916, âgé de 17 ans, il a pris la tête d’un soulèvement contre l’administration coloniale française. Cette tentative a échoué suite à une trahison. Il a été déposé le 13 mai 1916 par le gouvernement français et déporté à l’île de La Réunion. En 1945, la France, par la voix du Général De Gaulle, a fait appel à lui pour rétablir la situation au Viêt Nam. Le 26 décembre 1945, Vinh San, ce prince oublié, a trouvé la mort dans un mystérieux accident d’avion près de M’Baiki en Oubangui (République Centrafricaine). Aujourd’hui encore la question demeure " Qui a tué le Prince Vinh San ? " En avril 1987, grâce à la volonté de ses enfants et à l’aide importante du Président français Jacques Chirac, les restes mortels de l’empereur Duy Tan font l’objet d’une exhumation en Afrique et sont transférés à Hué au Viêt Nam. Une importante cérémonie marque l’événement et Duy Tan repose depuis auprès de ses ancêtres. Détrôné en 1916, il n’a jamais abdiqué, à ce titre, il demeure le dernier Empereur d’Annam.

[modifier] La résistance vietnamienne à la colonisation française

Lors du ‘’Mouvement contre les impôts’’ qui commença au début de mars 1908 et qui fut maté à partir du 15 mai 1908, par l'arrestation des principaux meneurs, l'empereur Duy Tan n'avait que 9 ans. Suites aux troubles provoqués à cette occasion, il déclare aux hauts dignitaires de la cour :

  • “[…] S'il y a souvent des perturbations dans le pays, c'est que le peuple ne mange pas à sa faim”.
  • “[…]À partir d'aujourd'hui, sur ma liste civile de 6 000 piastres j’en prélève 3 000 pour être distribuées par vos soins aux pauvres.

L'agitation anti-française dans les pays “annamites” depuis 1905 semblait être apaisée, quant à nouveau des rebelles fomentèrent un complot dont le but était d'attaquer dans la nuit du 3 au 4 mai 1916 les postes de Tam Ky et Qang Ngai. L'empereur Duy Tan prit la tête de cette rébellion, mais comme il n'existait aucun plan d'action adéquat de coordination, celui-ci échoua, car il n'intéressait qu'une faible minorité et non l'ensemble de la population annamite comme en 1908. Duy Tan fut arrêté, déposé et exilé à l'île de La Réunion

Ce fut le 3 novembre, avec son épouse, sa mère, sa sœur et un domestique, qu’il embarqua pour La Réunion. Durant 23 ans, l’Empereur déchu mènera une existence discrète loin de sa terre natale. Passionné de radio-électricité, il devient le premier radio-amateur de l’Île.

Ses passions :

  • La musique : il jouait du violon.
  • Le sport : il montait à cheval lors de courses à la Redoute
  • La politique : Avec une sensibilité pour la gauche.
  • Le bricolage : À St-Denis, il tenait un magasin de réparations de postes TSF.

[modifier] Le résistant FFL

L'âme du résistant n'a cependant pas été affectée par 24 années d'exil, et, lorsqu'il a entendu l'appel du 18 juin 1940, il s'est rallié aussitôt au camp de ce Général qu'il ne connaissait pas, mais qui représentait à ses yeux ce qu'il avait été à 16 ans, celui qui n'acceptait pas l'occupation étrangère de son pays.

Résistant de la première heure dans cette petite île de l'Océan Indien, il a été promu chef de bataillon par le Général de Gaulle. Le Prince Vinh San, à l'écoute clandestine des radios qui diffusaient les nouvelles de la guerre en Europe, notamment celles qui émanent de Londres, a été l'un des premiers sur l'île de La Réunion à capter l'appel lancé par le Général de Gaulle, le 18 juin 1940. Sa décision a été prise, il est entré en résistance. À tous ses amis (lui qui ne connaissait pas le Général de Gaulle), il a dit :

  • […] De Gaulle, j'ai déjà vu ce nom là quelque part. Qu'importe, puisqu'il veut continuer la lutte ! Quand ça serait un cul-de-jatte, il faut le suivre”!

Le 28 novembre 1942, il est engagé comme radio-télégraphiste sur le contre-torpilleur “Léopard” des "Forces navales françaises libres".

Par décret du 29 octobre 1945, signé du Général de Gaulle, le Prince Vinh San a été nommé Sous-Lieutenant le 5 décembre 1942, Lieutenant le 5 décembre 1943, Capitaine le 5 décembre 1944, Chef de Bataillon le 25 septembre 1945.

La médaille de la Résistance avec rosette lui a été décernée en mars 1945.

Les motifs de la proposition :

  • “[…] Le prince Vinh San, par son attitude courageuse, ses propos, et en permettant à de nombreux auditeurs d'écouter des postes radiophoniques de la France Libre ou des alliés, postes dont l'audition était strictement interdite, a contribué à maintenir vivaces à La Réunion le flambeau de la Résistance et la foi en la victoire finale; a été pour ce fait interné administrativement”.

De la capitulation devant l’armée allemande au 26 novembre 1942, date de l’arrivée du vaisseau des Forces navales de la France Libre “Léopard” devant Saint-Denis, et du ralliement de l'île de La Réunion à la France Libre, La Réunion a été majoritairement pétainiste. Les résistants actifs ne furent qu’une poignée. Parmi eux une personnalité s’impose, celle du Prince Vinh San, qui a marqué l’histoire de La Réunion.

Durant 23 ans, l’empereur déchu a mené une existence discrète loin de sa terre natale. Passionné de radio-électricité, il est devenu le premier radio-amateur de l’Île. Cette passion pour le radio-amateurisme a joué un rôle décisif dans son engagement pendant la Deuxième Guerre mondiale. Avec comme indicatif FR8VS, il fut le premier, sinon le seul, à entendre à La Réunion l’appel du général de Gaulle le 18 juin 1940.

Sans hésitation et malgré les maints refus d' intégration dans l’armée française, il s’est rangé aux côtés du fondateur de la France Libre. La majorité de la population a été pétainiste, le prince Vinh-San, via l’Île Maurice, a transmis aux forces alliées des renseignements. Il a retransmis dans l’île les informations en provenance de l’extérieur.

Ses actions de résistant lui ont valu d’être interné le 7 mai 1942 au Lazaret de Saint-Denis. Il fut libéré un mois plus tard. Son matériel fut confisqué mais il parvint à reconstruire un poste de fortune. Au lendemain du ralliement de La Réunion à la France Libre, le quartier-maître radio, Vinh San qui a été Empereur d’Annam s’embarqua sur le “Léopard”. Malade, il fut débarqué 22 jours plus tard. Combatif, le Prince Vinh San ne renonça pas. Il voulait combattre mais les autorités se méfiaient de lui. Ce n’est que le 3 janvier 1944 que son souhait fut enfin exaucé. Il fut incorporé comme simple soldat à la caserne Lambert. Le 15 février, il fut nommé caporal. Envoyé à Madagascar, il se distingua en faisant rentrer dans le rang un bataillon de 1 600 indochinois, révoltés contre leurs chefs.

Le Prince amer déclara :

  • "[…] je me suis engagé dans la France Libre en décembre 1942 et je ne suis toujours admis par personne ".

Autorisé à se rendre en France où il arriva à Paris en Juin 1945, la fin de la guerre le trouva en Allemagne avec le grade de Chef de bataillon. Le Général de Gaulle a commencé alors à s’intéresser à celui dont il a lu les textes sur ce que pourrait être l’avenir de l’Indochine.

Le 29 août 1945, le Prince Vinh San a fait, sur les ondes de Radio-Tananarive sa première déclaration politique depuis son exil.Il l’a adressé à son peuple, contre l'envahisseur japonais, précisant que l'avenir de son pays ne peut se concevoir que par des liens d'amitiés et de coopération avec la France.

Charles de Gaulle a rencontré le Prince Vinh San le 14 décembre 1945 établissant vraisemblablement les conditions avec lui d’un rétablissement sur le trône d’Annam. La disparition tragique et mystérieuse du Prince dans un accident d’avion opportun en pleine jungle d’Afrique centale ne permit pas de voir ce projet aboutir. Le 26 décembre 1945, au cœur de la forêt africaine, en Oubangui-Chari – Tchad, disparaissait dans un tragique et mystérieux accident, le Prince Nguyen Phuoc Vinh San, dernier empereur légitime, sous le nom de Duy Tan qui régna sur l’Annam de 1907 à 1916. Il avait 45 ans.

L'avion Lockheed Lodester, type C-60, immatriculé F.BALV, exploité par le Réseau des Lignes Aériennes Françaises, service officiel qui assurait, pendant la durée des hostilités et dans l’immédiat après-guerre, l’ensemble des liaisons aériennes françaises, tant civiles que militaires et qui transportait le Prince Vinh San, s'est écrasé le 26 décembre 1945 à 18 h 30 GMT, près de M'BAIKI en République Centrafricaine (anciennement territoire de l’Oubangui-Chari - Tchad).

[modifier] Conclusion

L”autorité coloniale en Indochine intrônisait et détrônait qui bon lui semblait pour servir ses intérêts. Intrônisé à l’âge de 8 ans en 1907, le Prince Vinh San est devenu Empereur sous le nom Dynastique de Duy Tan et a découvert la résistance vietnamienne à l’adolescence. Combatif, il s’est joint au mouvement de résistance à la colonisation française qui a échoué. Détrôné en 1916, arrêté et exilé à l’île de La Réunion, il est entré en “Résistance” à l’appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle.

Le Général de Gaulle a semblé trouver en lui une contre-mesure ‘à Hô Chi Minh, pendant que d’autres ont trouvé en lui un soutien possible à Hô Chi Minh, celui d'un patriote authentique, empereur d’Annam détrôné pour patriotisme, afin de légitimer le nouveau gouvernement de la République Démocratique du Viêt Nam. Sa mort prématurée et opportune a laissé la question en suspens.

[modifier] Références bibliographiques

  • Thanh H. Vuong, colonisations du Viêt Nam et colonialisme vietnamien, dans Études Internationales, Vol. XVIII, No. 3 pp. 546-571, septembre 1987.