Division du travail

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La division du travail est une caractéristique fondamentale des sociétés humaines. Elle traduit le fait que les êtres humains différent les uns des autres par leurs aptitudes, innées ou acquises, et par l'environnement dans lequel ils vivent, et par le fait que leur raison leur a permis de découvrir qu'ils pouvaient mieux satisfaire leurs besoins en se spécialisant, en s'associant et en échangeant qu'en produisant chacun ce qu'il désire consommer de façon autarcique.

La division du travail suppose des institutions permettant la répartition des tâches et la circulation des marchandises. Ces institutions peuvent prendre deux formes fondamentales:

Ces deux formes coexistent dans les sociétés développées.

Sommaire

[modifier] La Cité chez Platon

En analysant dans La République la formation de la Cité, Platon décrit le regroupement volontaire d'individus ayant des besoins à satisfaire, mais ne pouvant tous les satisfaire eux-mêmes, tels que se nourrir, se vêtir, se loger, qui nécessitent différents savoirs pour labourer, tisser les vêtements, ou encore bâtir les édifices. C'est ainsi que Platon analyse involontairement une "division du travail", même si le terme n'est pas utilisé. C'est de la nécessité de satisfaire ses besoins que l'homme seul ne peut satisfaire, qu'est née la Cité ; Cité qui se caractérise donc avant tout par cette organisation du travail.

[modifier] La division moderne du travail

L'importance de la division du travail a été soulignée par un économiste classique, Adam Smith en 1776. S'inspirant de l'un des chapitres de l'Encyclopédie[1], Smith décrit une manufacture d'épingles au sein de laquelle les tâches ont été parcellisées et spécialisées entre les ouvriers, source d'une plus grande productivité : c'est la « division technique du travail ».

Cette pratique sera reprise par un ingénieur américain, Frederick Winslow Taylor, au début du XXe siècle (division horizontale du travail entre ateliers, verticale entre ouvriers, ingénieurs et direction). De nos jours, on étudie en outre la « division internationale du travail » avec le processus de globalisation productive.

[modifier] L'analyse marxiste

Dans Le Capital (1867), Karl Marx étudie, lui aussi, la division technique du travail, mais pour mieux en analyser les effets sociologiques et politiques comme l'exploitation du « surtravail » des prolétaires, « l'aliénation du travail ».

Marx précise que la division du travail diffère selon le mode de production social dans laquelle elle a lieu. La division du travail dans une manufacture est tout à fait différente de celle de l'atelier industriel d'aujourd'hui. En outre la division du travail dans un atelier, une usine diffère grandement de celle qui existe dans la société. La premiére étant déjà caractérisée par une réunion des travailleurs dans un lieu commun donc par une concentration et de moyens de production et de travailleurs appelés à fournir un produit collectif; la seconde apparait au contraire comme un ensemble d'activités productives appartenant à des capitaux différents. Dans la première on coopère pour la réalisation d'un produit commun, dans la seconde on échange les marchandises et on se concurrence pour les placer. Dans la première c'est l'organisation du travail collectif qui prime dans la seconde c'est la loi du marché[1], la loi de la concurrence.

[modifier] Analyse sociologique

Chez Émile Durkheim, la « division du travail social » (De la division du travail social, 1893) est un phénomène social plus qu'économique. En résumé, Durkheim distingue les sociétés traditionnelles (sociétés premières, communautés villageoises) des sociétés modernes (en voie d'urbanisation et d'industrialisation à son époque).

Dans les premières, la solidarité est dite « mécanique » car fondée sur la ressemblance, la similitude entre les membres ; la conscience collective y est forte et la tradition produit les normes et détermine la culture du groupe ; les activités sociales (productives, artistiques, politiques etc) sont peu diversifiées et donc peu spécialisées (mis à part les chamans, par exemple).

Dans les secondes, l'urbanisation, l'industrialisation et l'extension du salariat ont favorisé la multiplication des activités sociales et des métiers : le « travail social » est donc fortement divisé. Les individus se sont libérés de la pression du groupe (moins de conscience collective, montée d'un individualisme positif) et c'est désormais la loi qui régit la vie en société. La solidarité subsiste cependant, mais elle relève désormais davantage des interdépendances entre individus et groupes sociaux (qui se développent avec la division du travail social) : Durkheim parle alors de « solidarité organique ».

Même s'il a relevé plusieurs formes de pathologie de la division du travail social en cette fin du XIXe siècle, Durkheim a tenté de montrer comment les communautés humaines pouvaient créer de nouvelles règles et de nouvelles formes de solidarité, face aux grands changements provoqués par la Révolution industrielle. On retrouve bien là l'une des grandes préoccupations du sociologue : l'« harmonie sociale ».

[modifier] Voir aussi