Distinction T-V

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La distinction T(u)-V(ous) ─ ou « distinction entre le tutoiement et le voussoiement/vouvoiement » ─ est un concept grammatical et linguistique familier aux locuteurs de langues indo-européennes (sauf dans l'anglais courant, et dans certaines langues nordiques comme l'islandais).

Il s'agit d'une opposition entre deux deuxièmes personnes (servant à s'adresser à un interlocuteur), le premier (tutoiement : « tu, te, toi, ton », etc.) utilisé pour les proches, les subalternes ou dans un registre de langue familier (voire insultant par sa familiarité) et le second (vouvoiement : « vous, votre ») pour les personnes auxquelles on doit un certain respect, ce qui peut comprendre les inconnus, les supérieurs, les personnes âgées, etc.

Le terme peut fonctionner dans plusieurs langues romanes ou slaves : en effet, on note que dans ces langues la personne du tutoiement débute par un t, celle du vouvoiement par un v (tu, tu, tu, ti ~ você, vous, voi, vi en portugais, français, ancien italien et slovène).

verbe du T verbe du V nom du T nom du V
allemand duzen siezen
catalan tutejar
espagnol tutear tratar de usted el tuteo
français[1] tutoyer vouvoyer tutoiement vouvoiement
hongrois tegez magáz tegezés magázás
italien dare del tu dare del lei
slovène tikati vikati tikanje vikanje

Sommaire

[modifier] Variétés de distinctions

Cette distinction permet donc dans les grandes lignes de s'adresser d'une manière polie ou neutre (ce qui peut s'avérer familier dans certains contextes). Dans les faits, on constate que les types de personnes et situations appelant le choix entre tutoiement ou vouvoiement varient énormément entre les langues, les locuteurs, les situations, etc. C'est un jeu subtil et très subjectif qu'il n'est pas aisé de décrire grammaticalement, d'autant plus qu'il s'agit souvent d'automatismes peu pensés. La publicité castillane, italienne ou néerlandaise, par exemple, tutoie très facilement son lectorat adulte, ce qui, pour le français de France, manquerait quelque peu de tenue. Des locuteurs d'une même langue auront une approche différente du vouvoiement selon la zone géographique. Ainsi, de nombreuses situations nécessitant le vouvoiement en Europe francophone donneront lieu à du tutoiement au Québec. De même, le tutoiement entre inconnus arrive plus vite en castillan qu'en français. À l'inverse, le vouvoiement est généralisé en wallon, y compris par exemple avec de très jeunes enfants ou des animaux, le tutoiement étant considéré comme grossier[2]. Le tutoiement en anglais est un archaïsme sorti des usages courants sans pour autant que le vouvoiement de fait soit une marque de respect puisque tout le monde le pratique forcément.

[modifier] Expression grammaticale de la distinction

Les moyens utilisés pour exprimer grammaticalement la distinction T-V sont très variés. Dans les langues indo-européennes concernées, c'est surtout le choix des pronoms et déterminants personnels qui marque l'opposition. Les verbes, quant à eux, suivent le modèle de conjugaison d'une autre personne. De plus, on considère que la personne non marquée (celle des paradigmes) est celle du tutoiement. C'est le plus souvent une personne héritée étymologiquement, tandis que le vouvoiement est une innovation.

Ce qui semble bien partagé entre les langues, toutes familles confondues, c'est qu'on retrouve très souvent comme indication du vouvoiement l'utilisation du pluriel à la place du singulier (avec, ou non, le pronom de 2e personne), ce qui ne permet pas d'opposer un locuteur vouvoyé à plusieurs locuteurs vouvoyés. Souvent même, la 2e personne de politesse est aussi confondue avec le pluriel de la 2e personne neutre. Notons parmi les exceptions l'espagnol et le portugais.

[modifier] En allemand

En allemand, le vouvoiement consiste à utiliser à la place de du (personne neutre du singulier : « Hörst du mich? »), « Sie » (« Hören Sie mich? » ; noter la majuscule), qui n'est autre que la troisième personne du pluriel, à laquelle s'accorde le verbe. Sie ne demande pas d'accord au singulier.

À l'origine, le "pluralis majestatis" correspondait à la deuxième personne du pluriel (« Hört Ihr mich? »). Dans quelques régions, c'est le forme générale, particulièrement au Rhine. La troisième personne était utilisée dans l'administration pour s'adresser aux officiers - qui voulut utiliser la troisième personne du singulier a d'autre (« Hat Er mich gehört? »). Effectivement, on retrouve toutes les formes en deuxième et troisième personne du pluriel et du singulier mais la distinction T-V générale est le "du" (deuxième personne du singulier) et "Sie" (troisième personne du pluriel).

[modifier] En anglais

La langue anglaise actuelle n'utilise plus qu'un seul pronom de 2e personne, qui n'est donc ni neutre ni poli, you, qui sert au singulier comme au pluriel.

En moyen anglais (anglais parlé à la suite des invasions de Guillaume le Conquérant au XIe siècle jusqu'au XVe), cependant, il existait plus de formes :

Nombre Cas sujet Cas régime Génitif¹
Singulier Thou Thee Thy/thine
Pluriel Ye You Your/yours

¹ : déterminant possessif (ton, votre, etc.) puis pronom possessif (le tien, le vôtre, etc.).

Le verbe recevait avec thou une désinence -st (sauf avec le verbe be, « être ») : thou lovest (« tu aimes »), thou loved(e)st (« tu aimas »), thou art (« tu es »). Thou et ye s'employaient sans opposition de registre de politesse. C'est par influence avec le français apporté par Guillaume le Conquérant après 1066 que la cour s'est mise graduellement à employer le pluriel pour s'adresser à un dignitaire, un roi, un seigneur. Ainsi, thou pouvait être senti familier, ye plus poli. L'usage n'a cependant jamais été fixé autant qu'en français et l'on rencontre de très nombreuses attestations (chez Shakespeare, par exemple) semblant incohérentes dans le choix des pronoms quant au degré de politesse attendu.

À la moitié du XVIIe siècle, la langue anglaise ayant simplifié la flexion des pronoms, c'est you / your / yours qui a remplacé chacune des autres formes, faisant ainsi disparaître thou / ye en même temps que thy, thee, etc. (sauf dans quelques variantes dialectales et dans des communautés, comme chez les Quakers jusqu'à il y a peu). Cependant que la distinction entre le singulier et le pluriel de la 2e personne devenait impossible dans la langue d'alors, les philologues traduisant des textes antiques, dont la Bible, l'on fait perdurer dans la langue liturgique. L'édition King James du texte sacré (première édition : 1611), en est la preuve. Depuis, thou est senti comme plus solennel, plus respectueux que you mais reste d'emploi littéraire et très limité : on l'utilise dans les textes religieux pour s'adresser à Dieu, dans des comptines, des poèmes…

[modifier] En catalan

En catalan, il existe deux possibilités pour vouvoyer. La première consiste à utiliser le pronom vós avec, comme en français, un verbe à la 2e personne du pluriel et des adjectifs pouvant être accordés au singulier. Il existe un autre pronom, vostè, évolution phonétique de vostra mercè, calqué sur l'espagnol vuestra merced, usted. Il s'utilise, comme en espagnol, avec un verbe à la 3e personne du singulier.

Vostè en étant venu à détrôner vós, ce dernier se retrouve maintenant cantonné à des emplois limités : pour s'adresser respectueusement à Dieu, aux personnes âgées, aux proches à qui l'on témoigne un certain respect, tandis que vostè sert à s'adresser avec plus de distance aux étrangers, aux personnes peu connues. Le tutoiement avec tu se limite aux proches. Il s'agit de thou.

[modifier] En espagnol

L'espagnol possède un pronom distinct des autres pour marquer le vouvoiement, tant au singulier qu'au pluriel : usted/ustedes (abrégés en Vd. et Vds. ou Ud. / Uds.). Le verbe et les autres déterminants concernés se mettent à la troisième personne, au nombre voulu : en effet, usted est le résultat par usure phonétique de vuestra merced, « votre grâce » (on pourrait traduire usted está cansada par « Votre Grâce est fatiguée »). Le système est donc complet et, du moins quand les pronoms sont utilisés, sans ambigüité :

  • singulier
    • neutre → (tú) cantas : « tu chantes »,
    • poli → (usted) canta : « vous (seul) chantez »,
  • pluriel
    • neutre → (vosotros) cantáis : « vous chantez »,
    • poli → (ustedes) cantan : « vous (tous) chantez ».

Le pronom personnel sujet ne servant que pour l'insistance, on rencontrera plus souvent des verbes seuls, dont la personne peut être ambigüe : canta, par exemple, peut signifier tout aussi bien « il / elle chante » que « vous (seul) chantez ». On ne peut cependant jamais confondre tutoiement et vouvoiement, dont les terminaisons sont toutes différentes.

Note : on rencontre parfois des étymologies populaires pour expliquer qu'usted viendrait de l'arabe أُسْتاذ (ʾustād), « professeur ». Outre que la date d'apparition du terme espagnol est trop ancienne pour que le mot ait été emprunté à l'arabe, le lien entre vuestra merced et usted est très clair et bien attesté.

Ce système est différent largement en Amérique du Sud. En effet, le pronom neutre pluriel vosotros a été évincé au profit de ustedes. De plus, dans certains pays d'Amérique latine (comme en Colombie), n'est que rarement utilisé, même entre proches. Enfin, on note l'existence de vos, pronom neutre singulier équivalent à .

[modifier] En espéranto

L'espéranto ne distingue pas le tutoiement et le vouvoiement. Le pronom personel vi signifie tu si une personne espérantophone s'adresse uniquement à une autre personne espérantophone, et vous si elle s'adresse à plusieurs personnes espérantophones.[3]

[modifier] En français

Ce qu'on vient de dire s'applique très bien en français, par exemple, où le vouvoiement consiste à utiliser à la place de tu (personne neutre du singulier : « tu t'entends ? »), « vous » (d'où vou-voiement : « vous vous entendez ? »), qui n'est autre que le pluriel de tu. Le verbe suit la flexion du pluriel de la 2e personne.

En somme, le vouvoiement ne permet de préciser le degré de politesse qu'au singulier : au pluriel, en effet, le même pronom est utilisé (ce qui n'est pas forcément le cas dans d'autres langues, comme le portugais). En sorte, « vous » peut s'adresser à :

  • une personne qu'on vouvoie ;
  • plusieurs personnes qu'on tutoie ;
  • plusieurs personnes qu'on vouvoie.

Les mots dépendant d'un pronom de vouvoiement (adjectifs, participes) peuvent subir la syllepse : on accorde le plus souvent avec le sens. Par exemple :

  • vous m'êtes amical → un interlocuteur masculin ;
  • vous m'êtes amicale → un interlocuteur féminin ;
  • vous m'êtes amicaux → plusieurs interlocuteurs masculins, etc.

Autres langues fonctionnant selon ce principe (dans l'ordre : 2e sg neutre ~ 2e sg formel = 2e pl. neutre = 2e pl. formel) :

Certaines pratiques sociales instituent le tutoiement dans la communication, comme par exemple les radioamateurs, les enseignants, les échanges sur forums de la toile ou les courriels. La distinction T-V varie également en fonction de la région : un Québécois, par exemple, utilisera plus facilement le tutoiement qu'un Français.

[modifier] En hongrois

Il existe en hongrois une distinction d'une part entre deux niveaux de politesse en plus du tutoiement, d'autre part de formes permettant toujours de différencier le nombre des personnes auxquelles on s'adresse.

tutoiement « vouvoiement 1 » « vouvoiement 2 »
verbe à la : 2e pers. 3e pers. 3e pers.
Singulier te maga ön
Pluriel ti maguk önök

On a donc six formes là où le français en a deux (tu, vous), l'allemand trois (du, ihr, Sie) et l'espagnol standard quatre (tú, vosotros, usted, ustedes).

Remarques :

  • le tutoiement (te/ti) est globalement d'emploi plus répandu qu'en français ;
  • le « vouvoiement 1 » utilisant maga / maguk est typiquement employé par respect de la distance existant entre des personnes qui ne se connaissent pas, mais dont on peut penser qu'elles pourraient se tutoyer, si elles se connaissaient ; l'usage de du « vouvoiement 2 » n'est alors pas envisagé. Maga / maguk peut aussi, dans certains contextes, être employé avec une intention de mise à distance d'autrui qui relève d'une certaine rudesse ;
  • le « vouvoiement 2 » ön / önök, ressenti comme plus poli, est employé par égard à la position sociale de l'interlocuteur : âge, statut social, position hiérarchique ; mais cela ne signifie pas que la personne ainsi honorée doive tutoyer en retour. Dans un milieu professionnel hiérarchisé, le vouvoiement ön / önök est utilisé, par exemple, entre enseignants d'université. En revanche, les enseignants et leurs étudiants se tutoient.

Grammaticalement, te et ti sont des pronoms personnels, tandis que maga / maguk et ön/önök sont traités comme des substantifs (noms). Maga / maguk est une forme également utilisée comme pronom réfléchi de troisième personne. Comme dans d'autres langues européennes (portugais, italien...), le vouvoiement est fréquemment exprimé par la reprise du titre porté par la personne, le verbe étant conjugué à la troisième personne : « Doktor úr szeretne még egy kávét? » = « Monsieur le Docteur aimerait-il encore un café ? »

Dans une langue qui peut-être considérée comme provinciale ou désuète, le verbe plaire (tetszik, « il (vous) plaît) est utilisé comme auxiliaire de vouvoiement : « Honnan tetszik jönni ? » = « D'où vous plaît-il de venir ? (D'où venez-vous ?) ». Cet usage est à l'origine de la forme figée tessék, universellement employé comme auxiliaire de vouvoiement de l'impératif : « Tessék leülni » = « Qu'il vous plaise de vous asseoir (Veuillez vous asseoir) ». On peut rapprocher ces usages du verbe plaire de la formule française de demande polie « S'il te/vous plaît ».

La langue plus ancienne faisait également l'usage de pronoms tels que kend, issu de kegyelmed = « ta grâce ».

[modifier] En italien

En italien, il existe, en plus du tutoiement, une forme de politesse utilisant le pronom lei, signifiant « elle » (en forme accusative) accompagné du verbe à la 3ième personne du singulier. Le lei s'écrit parfois avec un L majuscule en signe de respect, particulièrement dans la correspondance administrative ou commerciale. Il est également possible d'utiliser Ella pour signifier une niveau encore plus élevé de politesse, mais cette forme est très rarement utilisée et est perçue comme archaïque ou snob depuis qu'en italien les pronoms egli (« il »), essi (« ils ») et particulièrement ella (« elle ») ont cessé d'être utilisés dans la langue courante, étant remplacés par lui (« lui »), loro (« eux ») et lei (« elle » accusatif). Pour plus d'information sur l'utilisation du féminin singulier de la troisième personne comme pronom de politesse, voir la section Origine du Lei de politesse, ci-dessous.

De nos jours, lei s'accorde avec le genre de la personne à qui l'on s'adresse. Le pronom lui-même peut ne pas être présent dans la phrase puisque l'italien ne requiert par l'utilisation des pronoms. En cas d'absence, la forme de politesse est exprimée par le verbe conjugué à la troisième personne.

  • « Êtes-vous déjà allé à Rome? »
  • « [Lei] è mai stato a Roma?» (-o : masculin)
  • « [Lei] è mai stata a Roma?» (-a : féminin, ou un masculin très formel)

La forme de politesse au pluriel utilisant loro (« eux ») accompagnée par le verbe à la troisième personne du pluriel n'est utilisée que très rarement aujourd'hui. Voi est normalement utilisé autant dans un contexte formel qu'informel lorsqu'on s'adresse à plus d'une personne. Loro est utilisé principalement dans les restaurants, où les serveurs continuent de s'adresser aux clients à la troisième personne du pluriel.

  • « Que désirez-vous manger? »
  • « Che cosa desiderate mangiare?» (Voi est sous-entendu)
  • « Che cosa desiderano mangiare?» (Loro est sous-entendu)

Lei s'utilise habituellement comme le « vous » en français : dans les situations formelles, ou avec des étrangers. L'usage est réciproque entre adultes, mais n'est pas nécessairement réciproque lorsque des jeunes personnes s'adressent à des étrangers plus âgés ou plus respectés.

Les enseignants tutoient leurs étudiants jusqu'à la fin du lycée. À l'université, le lei est utilisé. Les écoliers peuvent tutoyer leurs instituteurs à l'école primaire, mais utilisent le lei au lycée. Actuellement, les adultes de moins de trente ans tendent à tutoyer les étrangers du même âge. Le tutoiement est également la norme lorsqu'on s'adresse à des étrangers sur Internet. Plusieurs formes différentes peuvent être utilisées lors de la rédaction de guides d'utilisation : tu, lei et voi sont tous acceptables. Les instructions peuvent aussi être rédigées de façon impersonnelle en utilisant des verbes à l'infinitif, ce qui permet d'éviter de choisir un pronom. Dans la publicité, les compagnies tutoient habituellement leur clientèle, car le lei est trop distant. Le tu suggère une relation plus rapprochée entre le client et l'entreprise.

Voi est parfois utilisé au lieu de lei, surtout dans le sud de l'Italie, mais cette forme est souvent perçue comme vieillotte.

[modifier] Origine du Lei de politesse

Au début de son histoire, durant le Moyen Âge, la langue italienne utilisait la distinction T(u)-V(oi) comme les autres langues romanes. Dans La Divine Comédie (débutée en 1307), Dante tutoie les gens qu'il rencontre, mais il utilise voi lorsqu'il veut exprimer le respect, comme par exemple lorsqu'il rencontre son ancien professeur (« Siete voi qui, ser Brunetto? »).

L'utilisation de lei comme pronom poli apparait durant la Renaissance et se confirme sous l'influence de l'Espagnol. Son origine se situe dans les expressions telles que « Votre Seigneurie, Éminence, Majesté, Sainteté, etc. » qui sont toutes de genre féminin (Vostra Signoria/Eminenza/Maestà/Santità/...) et auxquelles on applique la troisième personne du singulier. Durant quelques siècles (probablement entre les XVIe et XXe siècles), un système de trois pronoms est utilisé, tu/voi/lei étant employés avec un degré croissant de politesse. Cet usage est visible dans le roman Les Fiancés de Manzoni, écrit en 1840-42 et se déroulant en 1628-30 : Les personnages parlent en utilisant les trois pronoms, souvent de façon non réciproque, les combinaisons étant basées sur l'âge et le statut social.

En 1938, les dirigeants fascistes de l'Italie interdisent l'utilisation de lei pour des raisons nationalistes, la forme tu/voi étant considérée « plus italienne ». Cet interdit ne sera en vigueur que durant quelques années, jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et n'aura donc laissé que peu de traces. Cependant, dans certaines régions d'Italie, en particulier dans le sud, voi a toujours été la forme préférée de politesse et continue de l'être localement, alors que lei représente la forme V standard au niveau national.

  • Sources : Cette section sur la Distinction T-V en italien est issue d'une traduction de la version anglaise de Wikipédia, intitulé « T-V distinction in Italian »

[modifier] En mandarin

Il existe en mandarin actuel un pronom de vouvoiement, qui ne s'emploie normalement pas au pluriel : 您 nín. On obtient alors un tel système :

  • neutre : sg → 你 , « tu », pl. → 你們/你们 nǐmen, « vous (tous) » ;
  • poli : sg. → 您 nín, « vous (seul) », pas de pluriel.

Il est plus fréquent dans la langue écrite et d'emploi plus limité que le vouvoiement français. On passe en effet très vite au tutoiement, surtout dans la langue orale.

La langue classique, quant à elle, distinguait d'autres pronoms personnels marquant la politesse, comme 君 jūn, « gentilhomme » (terme d’adresse honorifique) et 卿 qīng, très respectueux, à utiliser entre époux ou pour une personne noble ; on peut donc le traduire par « chéri(e) » ou « Sire », selon le contexte.

[modifier] En polonais

Le polonais possède une forme de vouvoiement simple et originale, puisqu'il utilise le mot « Monsieur/Madame ».

On trouvera ainsi les formes pan (Monsieur), pani (Madame), panowie (Messieurs), panie (Mesdames), państwo (Mesdames et Messieurs). Le verbe se met logiquement à la troisième personne du singulier ou du pluriel.

À l'inverse, un vouvoiement par l'usage de wy (vous) sera souvent mal perçu, car considéré comme une imitation du vouvoiement russe et rappelant la période soviétique.

[modifier] En néerlandais

Il existe une forme de vouvoiement, qui utilise le pronom U, de la deuxième personne du singulier, à la place du pronom jij ou je. La forme du verbe reste donc identique. L'utilisation du vouvoiement est plus rare qu'en français, en particulier à l'oral.

Cas sujet Cas régime Génitif
Tutoiement Jij/Je Jou/Je Jouw/Je
Vouvoiement U U Uw

[modifier] En russe

Le russe utilise essentiellement le même mécanisme que le français, faisant alterner ты (tu) et вы (vous, parfois avec majuscule). Néanmoins, le système est plus dynamique, et un dialogue commencé sur un tutoiement peut emprunter le vouvoiement quand un interlocuteur veut marquer son désaccord.

De plus, le russe dispose d'une particule de déférence, -сь -s´. Contraction jusqu'à l'excès de сударь soudar´ (monsieur), utilisée à l'origine par une certaine classe sociale, surtout les fonctionnaires, elle indique souvent une déférence abusive et est maintenant perçue comme persiflante ou comique. Un exemple de Pouchkine peut aider à faire comprendre le sens originel.

« Attendez-s´
— Comment osez-vous me dire : attendez ?
— J'ai dit : attendez-s´ Votre Excellence. »

Pour un autre exemple de son utilisation, voir le personnage de Lebedev dans l'Idiot de Fedor Dostoïevski, qui en use et abuse, à chaque contestation polie d'une personne de rang supérieur :

« Comment se peut-il que vous ne l'ayez pas remarqué à l'endroit principal ?
— C'est justement-s´, j'y ai regardé-s´. Je ne me souviens que trop bien d'y avoir regardé-s´. »


[modifier] Notes

  1. (il existe également les termes vieillis voussoyer et voussoiement)
  2. Et dès lors en certaines circonstances, le vouvoiement en wallon peut être considéré comme amical et informel alors que le tutoiement est agressif et formel, ce qui peut apparaître comme une utilisation inversée par rapport à celle de la plupart des autres langues. À l'inverse, les néerlandophones s'exprimant en français auront sous l'influence du néerlandais tendance à tutoyer facilement.
  3. La distinction T(u)-V(ous) n'existe pas en espéranto ; bien qu'il existe cependant une 2e personne du singulier, (ci) elle ne s'emploie réellement qu'en poésie. (Joguin 2001, p. 144)

[modifier] Articles connexes