Démographie de la Grèce

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Avec une population estimée à 11 125 200 habitants en date du 1er janvier 2006 [1], la Grèce présentait un accroissement de 42 500 (0,38 %) habitants par rapport à l'année précédente, dont seulement 2 500 dus au solde naturel, le reste provenant de l'immigration. Le taux de fécondité est l'un des plus bas d'Europe (1,28), et le pays serait menacé de dépopulation rapide si une immigration soutenue ne générait un accroissement fort sensible depuis la fin des années 1980.

Sommaire

[modifier] Historique depuis 1812

Lors de l'indépendance en 1830, le pays comptait bien moins d'un million d'habitants, mais sur une superficie nettement réduite par rapport à la situation actuelle. Tout au long du XIXe siècle et jusqu’à la Première Guerre mondiale, la taille de la Grèce s'accrût considérablement, ce qui provoqua une hausse importante de la population, parfois liée principalement à l'accroissement territorial. Les données démographiques suivantes doivent donc être associées à la mention de la superficie de l'époque.

Année Superficie
en km²
Population
1812 940 000
1840 47 516 850 000
1853 47 516 1 040 000
1870 50 211 1 460 000
1889 63 606 2 190 000
1907 63 211 2 630 000
1920 127 000 5 020 000
1940 127 000 7 340 000
1951 131 957 7 606 215

[modifier] Natalité - Mortalité - Fécondité - Mouvement naturel de la population

Sources :

  • INED jusqu’à l'année 2002 [2].
  • Par après : INSEE [3] et CBS néerlandais [4].
Année Population
1er janvier
Naissances Taux natalité Taux fécondité Nbre de décès Taux mortalité Solde naturel
1951 7 606 215 155 422 20,3 2,46 57 508 7,5 97 914
1960 8 300 399 157 239 18,8 2,21 60 563 7,2 96 666
1965 8 528 503 151 448 17,7 2,24 67 269 7,8 84 179
1970 8 780 401 144 928 16,4 2,40 74 009 8,4 70 919
1975 8 986 169 142 273 15,7 2,32 80 077 8,8 62 196
1980 9 587 543 148 134 15,3 2,23 87 282 9,0 60 852
1981 9 698 500 140 953 14,4 2,09 86 261 8,8 54 692
1982 9 760 200 137 275 14,0 2,02 86 345 8,8 50 930
1983 9 821 100 132 608 13,4 1,94 90 586 9,1 42 022
1984 9 872 100 125 724 12,7 1,82 88 397 8,9 37 327
1985 9 919 501 116 481 11,7 1,67 92 886 9,3 23 595
1986 9 949 100 112 810 11,3 1,60 91 783 9,2 21 027
1987 9 985 326 106 392 10,6 1,50 95 656 9,5 10 736
1988 10 015 863 107 505 10,7 1,50 92 407 9,2 15 098
1989 10 058 103 101 657 10,0 1,40 92 720 9,1 8 937
1990 10 120 892 102 229 10,0 1,39 94 152 9,2 8 077
1991 10 192 911 102 620 10,0 1,38 95 498 9,3 7 122
1992 10 319 672 104 081 10,0 1,38 98 231 9,4 5 851
1993 10 420 059 101 799 9,7 1,34 97 419 9,3 4 380
1994 10 510 996 103 763 9,8 1,35 97 807 9,2 5 956
1995 10 595 074 101 495 9,5 1,32 100 158 9,4 1 337
1996 10 673 696 100 718 9,4 1,30 100 740 9,4 -22
1997 10 744 649 102 038 9,4 1,31 99 738 9,2 2 300
1998 10 808 358 100 894 9,3 1,29 102 668 9,4 -1 774
1999 10 861 402 100 643 9,2 1,28 103 304 9,4 -2 761
2000 10 903 757 103 267 9,4 1,29 105 219 9,6 -1 952
2001 10 931 206 102 282 9,3 1,25 102 559 9,3 -277
2002 10 968 708 103 569 9,4 103 915 9,4 -346
2003 11 006 377 9,5 9,6
2004 11 041 100
2005 11 082 700 9,4 1,28 9,2
2006 11 125 200
Population Naissances Taux natalité Taux fécondité Nbre de décès Taux mortalité Solde naturel
Évolution démographique
Évolution démographique

Entre 1950 et 1975, les taux de natalité et de fécondité étaient suffisants pour alimenter une croissance régulière de la population ainsi qu'un flux assez important d'émigration, principalement à destination de l'Europe occidentale, des deux Amériques et de l'Australie. Mais dès 1975, la fécondité des femmes grecques se mit à baisser et atteignit le seuil de non-renouvellement en 1982, suivant avec un léger retard un mouvement de fond atteignant progressivement tous les pays européens. Rappelons que ce seuil fut atteint en Allemagne d'abord, dès 1970, en France en 1975, en Italie en 1977 et en Espagne en 1981. Depuis lors, la fécondité de la Grèce a connu une plongée quasi linéaire et continue, pendant deux décennies pour atteindre un plus bas de 1,25 en 2001. Le nombre de naissances a donc beaucoup chuté lors des années 1980 et 1990, si bien que dès 1996, on pouvait observer certaines années un solde naturel négatif de la population grecque. Les années 2003-2005 semblent montrer une très légère reprise de la fécondité, mais il est trop tôt pour savoir si elle sera durable. Quant à l'immigration, importante depuis 1975 et surtout dans les années 1990, elle semble n'avoir aucun effet sur la tendance de fond.

[modifier] Structure de la population

Structure de la population de la Grèce
Pyramide des âges de la Grèce, 2005
Pyramide des âges de la Grèce, 2005
Population 10 688 058 habitants
Densité de la population 81,0 hab./km²
Taux de croissance de la population 0,18 %
Âge médian (population totale)
 - Hommes
 - Femmes
40,8 ans
39,7 ans
42,0 ans
Structure par âge
 - 0-14 ans
 - 15-64 ans
 - 65 ans et plus

14,3 %
66,7 %
19,0 %
Rapport de masculinité (population totale)
 - À la naissance
- Moins de 15 ans
- 15-64 ans
- 65 ans et plus
0,96 homme/femme
1,06 homme/femme
1,06 homme/femme
1,00 homme/femme
0,79 homme/femme
Part de la population urbaine 61 %
Sources: The World Factbook, CIA[5]; ONU[6]; FAO


[modifier] Mortalité infantile - Espérance de vie

Mortalité en Grèce
Taux brut de mortalité 9,2 
Taux de mortalité infantile (population totale)
- Hommes
- Femmes
5,43 
5,97 
4,86 
Espérance de vie à la naissance (population totale)
 - Hommes
 - Femmes
79,24 ans
76,72 ans
81,91 ans
Source: The World Factbook, CIA[5]


[modifier] Immigration

La Grèce fut traditionnellement un pays d'émigration, jusque vers 1975. À partir de cette date, elle s'est transformée radicalement en pays d'immigration. L'immigration d'étrangers a été surtout sensible depuis la fin des années 1980, atteignant un maximum vers 1992-1996. Depuis lors, quoique ralentie, l'immigration d'étrangers continue, avant tout depuis les pays de l'Europe de l’Est (Albanie), ainsi qu'au départ des pays d'Afrique et surtout d'Asie.

[modifier] Solde migratoire par période quinquennale

Période Nombre net
de migrants
1951-1955 -75 000
1956-1960 -130 000
1961-1965 -210 000
1966-1970 -190 000
1971-1975 -70 000
1976-1980 280 000
1981-1985 60 000
1986-1990 150 000
1991-1995 465 000
1996-2000 305 000

Depuis 1976 jusque 2000, soit en 25 ans, pas moins de 1 260 000 immigrants nets sont venus habiter la Grèce, ce qui est considérable et correspondrait pour la France à une arrivée nette de plus de sept millions de personnes. Il est à noter que ces migrants ne sont pas tous étrangers. Une importante partie d'entre eux sont des Grecs anciennement émigrés à l'étranger (notamment en Allemagne), et revenus au pays après le premier choc pétrolier (1973-75), et surtout plusieurs centaines de milliers de Grecs pontiques qui habitaient de longue date en URSS, surtout en Géorgie, et qui ont décidé de se réinstaller en Grèce durant les années 1990. Leur qualité de Grecs leur a facilité l'acquisition de la nationalité grecque.

La première vague d'étrangers date du début des années 1980. Elle était surtout composée d'Asiatiques ( Philippins et Pakistanais occupés dans l'importante marine marchande ) ou de Sri Lankais, mais également d’Éthiopiens, de Soudanais et Égyptiens. À partir des années 1990, une deuxième vague d'immigrants bien plus importante s'est formée, constituée, surtout des immigrés originaires des anciens pays de l'est, et en particulier des Albanais, des Polonais, et des ressortissants de l'ensemble des pays pontiques (entourant la Mer Noire).

[modifier] Répartition des étrangers par nationalité

Source :[7]

Années
1991 2001
Total Général 167.276 797.091
Afrique 8.665 16.360
-- Afrique du Sud 564 1.185
-- Égypte 4.012 7.846
-- Éthiopie 1.100 1.171
-- Nigeria 503 2.021
Amérique 20.872 32.803
-- Canada 4.717 6.909
-- États-Unis 13.927 22.507
Asie 43.463 113.203
-- Arménie - 7.808
-- Chypre 14.651 19.084
-- Géorgie - 23.159
-- Inde 1.720 7.409
-- Irak 2.131 7.188
-- Iran 850 1.064
-- Kazakhstan - 2.269
-- Pakistan 1.911 11.192
-- Philippines 3.605 6.861
-- Syrie 2.104 5.638
-- Turquie 11.088 8.297
Océanie 6.506 10.020
-- Australie 6.313 9.677
Europe 86.525 623.887
-- Albanie 20.556 443.550
-- Allemagne 8.525 15.303
-- Bulgarie 2.413 37.230
-- France 3.415 6.513
-- Italie 4.156 7.953
-- Moldavie - 5.898
-- Pologne 9.624 13.378
-- Roumanie 1.923 23.066
-- Royaume-Uni 10.998 15.308
-- Russie 12.918 18.219
-- Serbie/Montenegro 1.334 4.051
-- Ukraine 61 14.149
Total Général 167.276 797.091
1991 2001

[modifier] Les naturalisations d'étrangers

Le code de la nationalité est fondé essentiellement sur le droit du sang. Est Grec quelqu'un né au moins d'un parent grec ou d'un grand-parent grec né en Grèce. Pour les non-Grecs l'obtention de la nationalité grecque est longue et coûteuse et soumise à une série de conditions.

Une loi votée en 1991 accorde aux immigrés d'origine grecque un statut légal privilégié. Il s'agit des exilés politiques de la guerre civile (fin des années 1940), des grecs déchus de leur nationalité pendant la dictature (1967-74), de Grecs émigrés qui avaient perdu leur nationalité pendant le séjour à l'étranger suite aux lois sur la nationalité en vigueur dans leur pays d'accueil.

Les immigrés d'origine grecque provenant de la région du Pont (Mer Noire) et d'Albanie où existe historiquement une région ethniquement grecque, peuvent résider en Grèce, munis d'un visa de rapatriement au lieu d'un permis de séjour et sont dispensés de l'obligation d'avoir un permis de travail. Ils bénéficient d'une procédure simplifiée d'acquisition de la nationalité.

L'installation dans certaines régions du pays peut être interdite aux étrangers, mais pas à ceux d'origine grecque.

[modifier] Conditions à l'acquisition de la nationalité

  • Faire la demande dans la commune de résidence, en présence du maire et de deux témoins grecs. Cependant l'étranger d'origine grecque résidant à l'étranger se contente de déposer sa demande auprès de l'autorité consulaire du lieu de résidence qui fera suivre.
  • Être adulte au moment de la demande.
  • Ne pas avoir été condamné pour une série de crimes définis par le code ou pour tout autre crime, à un an ou plus d'emprisonnement.
  • Avoir légalement résidé en Grèce pendant dix ans (délai abaissé à cinq ans pour les apatrides et les réfugiés), sur les douze années précédant la demande.
  • Avoir une connaissance suffisante du grec, de l'histoire et de la civilisation grecques pour les étrangers qui ne sont pas ethniquement d'origine grecque.
  • Payer une taxe se montant à 1 470 euros en 2004.

Le mariage n'entraîne pas l'acquisition de la nationalité, mais il faudra suivre la procédure standard. Toutefois aucun délai de résidence n'est imposé dans ce cas.

[modifier] Nombre de naturalisations

Aucune statistique précise n'est disponible. On a calculé que de 1980 à 1995, il y a eu annuellement plus ou moins 10 naturalisations pour mille étrangers, la plupart étant des réintégrations de Grecs de la diaspora ayant perdu leur nationalité. C'est fort peu, mais du même ordre de grandeur qu'en Italie ou en Espagne.

On dipose aussi des chiffres suivants fournis par le Ministère de l'Intérieur grec :

Année Effectif -- Année Effectif
1990 1.100 2000 1.000
1991 900 2001 2.100
1992 1.200 2002 2.100
1993 1.800 2003 1.900
1994 300 2004 1.400
1995 3.700 2005 1.500
1996 1.400 2006
1997 2.300
1998 2.500
1999 2.000

[modifier] Composition culturelle et religieuse

Migration et composition
 culturelle en Grèce
Taux de migration nette 3,7 
Composition ethnique
- Grecs
- Autres

93,17 %
6,83 %
Religions
- Église orthodoxe de Grèce
- Islam
- Autres

98,04 %
1,25 %
0,71 %
Composition linguistique
- Grec (officiel)
- Anglais
- Français

98,83 %
Source: The World Factbook, CIA[5]


[modifier] Les minorités ethniques

Il est difficile de chiffrer avec exactitude l'effectif des différentes minorités ethniques de la Grèce, étant donné qu'aucun recensement linguistique n'a plus eu lieu depuis 1951. Adoptant une attitude ultra-chauvine, les autorités grecques escamotent le problème des minorités en niant purement et simplement l'existence de minorités ethniques en Grèce sauf quelques Turcs en Thrace occidentale (l'existence de ces derniers est reconnue et leur statut protégé par le traîté international de Lausanne signé en 1923). Mais les faits sont têtus et à part les juifs peu nombreux (entre 2.000 et 5.000 personnes) et les Arméniens catholiques et éparpillés sur le territoire (20.000 personnes), on doit admettre qu'il existe aujourd'hui huit peuples ou ethnies minoritaires (parlant sept langues) sur le territoire de la Grèce.

Dans la classification soviétique de 1962, les Pomaks ont été repris parmi les Turcs musulmans, malgré qu'ils soient en fait des Bulgares musulmans. Cela s'explique par les liens étroits entre les deux ethnies. Quant aux tsiganes, souvent turcophones, ils ont été en grande partie catalogués comme Turcs, les non-turcophones ayant été considérés comme grecs ou membre de différentes ethnies d'après la langue qu'ils parlaient habituellement.

On constate une baisse importante du nombre d'Aroumains (ou Vlaques) résultat d'une répression systématique de cette ethnie sur base d'une prétendue collaboration, durant la deuxième Guerre Mondiale, avec les fascistes italiens et roumains, dans la région du Pinde. Il y a aussi une baisse importante du nombre des Macédoniens, car beaucoup de slavophones auraient délaissé leur langue pour le grec. Il est en fait fort difficile d'estimer le nombre réel des slavophones orthodoxes (Macédoniens ou Bulgares). Ils atteignent probablement les 10 000 ou 30 000 et on estime en outre que les trois quarts des Gréco-Macédoniens (hellénophones) auraient une certaine connaissance de la langue macédonienne [8].

Quoiqu'il en soit, l'estimation moyenne québécoise de 2004 dénombrait au moins 700 000 personnes faisant partie de minorités ethniques en Grèce. Si on additionne les 800 000 étrangers recensés en 2001, on doit admettre qu'un million et demi d'habitants du pays sur un peu plus de 11,4 millions ne font pas partie de l'ethnie grecque, soit plus de 5,5 %.

[modifier] Autres indicateurs sociaux

Autres indicateurs sociaux
 en Grèce
Taux d'alphabétisation (population totale)
- Hommes
- Femmes
97,5 %
98,6 %
96,5 %
Nombre moyen d'années passées à l'école 15 ans
Taux de séropositivité au VIH/SIDA
(chez les adultes)
0,2 %
Taux d'accès à l'eau potable N/D %
Taux de chômage 10,8 %
Sources: The World Factbook, CIA[5]; ONU[9]


[modifier] Sources

  1. (nl) Bevolkingstrends - Bulletin trimestriel de la démographie des Pays-Bas [pdf]
  2. Institut national d'études démographique (INED) - France
  3. INSEE - Évolution de la population dans les pays de l’Union européenne (Excel)
  4. (nl) Bevolkingstrends - Bulletin trimestriel de la démographie des Pays-Bas [pdf]
  5. abcd (en) The World Factbook, CIA (2006)
  6. (en) ONU (2004)
  7. (en) Migration Information Source
  8. LECLERC, Jacques. "Grèce" dans L’aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval, 13 février 2006 - consulté le 5 avril 2007
  9. (en) ONU (2000/2001)

[modifier] Voir aussi


Démographie des pays d'Europe

Albanie • Allemagne • Andorre • Arménie • Autriche • Azerbaïdjan • Belgique • Biélorussie • Bosnie-Herzégovine • Bulgarie • Chypre • Croatie • Danemark • Espagne • Estonie • Finlande • France • Géorgie • Grèce • Hongrie • Irlande • Islande • Italie • Lettonie • Liechtenstein • Lituanie • Luxembourg • République de Macédoine • Malte • République de Moldavie • Monaco • Monténégro • Norvège • Pays-Bas • Pologne • Portugal • Roumanie • Russie • Saint-Marin • Serbie • Slovaquie • Slovénie • Suède • Suisse • République tchèque • Turquie • Ukraine • Union européenne • Royaume-Uni • Vatican