Démocratie populaire

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Le terme de démocratie populaire a été utilisé par les Partis communistes pour qualifier les nouveaux régimes politiques apparus, après la Seconde Guerre mondiale, dans les États d'Europe centrale et orientale : RDA, Tchécoslovaquie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Yougoslavie, Albanie et Bulgarie. Aujourd'hui encore, la Chine, la Corée du Nord, Cuba, le Laos et le Viêt Nam se définissent comme des « démocraties populaires ».

Le terme de « démocratie populaire » est employé à but de propagande par les régimes se disant « à idéal communiste », pour se distinguer des démocraties libérales, que les démocraties populaires désignent plutôt sous le terme de « républiques bourgeoises » ou de « pays capitalistes ».

Sommaire

[modifier] Définition

Le terme « démocratie populaire » est un pléonasme étymologique, puisque démocratie vient du grec demos (peuple) et kratos (pouvoir). Ce pléonasme s'explique cependant dans le cadre de l'analyse marxiste de la démocratie.

En effet, pour certains, le terme même de démocratie met en avant sa contradiction interne : il pose l'identité entre le gouvernant et le gouverné (la démocratie est « le gouvernement du peuple par lui-même ») tout en se classant dans les formes d'État, donc de gouvernement des hommes. S'il y a État, c'est qu'il y a gouvernement d'une partie du peuple par une autre, c'est qu'il y a des contradictions internes au sein du peuple : on rejoint l'analyse de la lutte des classes selon laquelle le peuple n'est en fait que le rapport des classes. La démocratie, puisqu'elle est « confinée dans le cadre étroit de l'exploitation capitaliste, [...] reste toujours quant au fond une démocratie pour la minorité, pour les classes possédantes »[1], ne serait pour certains que la dictature de la classe dominante.

Il faut selon la propagande de ces régimes entendre par « démocratie populaire » une démocratie où le pouvoir appartiendrait réellement au peuple, à l'opposé de la « démocratie libérale ». Les bolchéviques, dont Trotsky, la différencient de la « démocratie prolétarienne » dans la mesure où elle doit concerner non seulement le prolétariat mais également la classe paysanne avec laquelle le prolétariat doit faire alliance pour conquérir le pouvoir.

[modifier] Critiques

D'une part, la démocratie populaire ne correspond pas aux critères qui permettent de définir une démocratie dans la science politique occidentale, notamment à cause de l'absence d'élections libres et régulières et de multipartisme, ce qui empêche la constitution d'une opposition libre. Elle se rapproche donc selon ses critiques de la dictature d'un parti unique, voire d'un groupe social, et non d'un régime démocratique. Les régimes dits de « démocratie populaire » étaient basés sur la domination d'un parti unique et l'interdiction des autres partis, et sur l'absence de contrôle populaire des dirigeants de l'État et de l'économie.

D'autre part, le passage à la domination d'un parti unique impose le recours à la force : passage progressif (tactique du salami) ou brutal (coup de Prague en 1948).

Le terme de « démocratie populaire », qu'on ne retrouve ni chez Marx, ni chez Lénine, a été également vivement critiqué parmi les marxistes, notamment par des penseurs et mouvements trotskystes : ils lui reprochent d'être un terme vague, contrairement au terme de démocratie prolétarienne ou de dictature du prolétariat. La conception de la « démocratie populaire » comme un régime politique en soi est également accusée de participer à l'abandon progressif du communisme au profit d'un « État socialiste ».

Des marxistes anti-staliniens ont dénoncé une formule contraire à la réalité : par exemple, il s’agissait selon Daniel Singer d’« un pouvoir stalinien brutal agissant d'en haut, déguisé avec une certaine ironie en "démocratie populaire" »[2].

[modifier] Citations

« La dictature du prolétariat] est un élargissement considérable de la démocratie, devenue pour la première fois démocratie pour les pauvres, démocratie pour le peuple et non pour les riches. » LÉNINE, L'État et la révolution, 1917.

« Mais en tout cas, nous pouvons d'ores et déjà affirmer avec certitude que la Chine aussi bien que l'Inde ne pourront arriver à une véritable démocratie populaire, c'est-à-dire ouvrière et paysanne, qu'au moyen de la dictature du prolétariat. » TROTSKY (Léon), La Révolution permanente, 1936.

[modifier] Notes

  1. Lénine, L'État et la révolution, 1917.
  2. Daniel Singer, A qui appartient l'avenir ?, Complexe, 2004.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens internes

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