Délinquance

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La délinquance est une conduite caractérisée par des délits répétés, considérée surtout sous son aspect social mais également pénal. Elle est considérée comme un premier pas vers la criminalité[réf. nécessaire] et à ce titre, elle est réprimée. Il s'agit principalement de délits opérés à petite échelle, et la connotation péjorative du mot est dirigée globalement vers un ensemble de personnes, dont la nature délinquante est plus déterminante que l'acte de délinquance lui-même.[réf. nécessaire] Comme le terme inclut la notion de répétition, ce sont les auteurs qui sont visés et non point une action en soi.[réf. nécessaire] Si la notion de classes dangereuses était utilisée[réf. nécessaire] au XIXe siècle, il semble que la seconde moitié du XXe siècle ait changé le regard social en associant plus fréquemment la délinquance aux jeunes.[réf. nécessaire]Exploitant la valeur négative du terme, des notions comme celles de délinquance financière sont également apparues.[réf. nécessaire]

La délinquance concerne les modalités d'action et non ses motivations : ainsi, un émeutier est considéré comme un délinquant à partir du moment où on lui dénie des motivations politiques, ou tout du moins, à partir du moment où l'on ne les prend pas en compte.[réf. nécessaire] Elle peut être dirigée aussi bien contre les biens matériels que contre les personnes, mais le degré de tolérance est moins élevé dans le cas des attaques contre les personnes (le délit deviendra plus facilement un crime, aussi bien pénalement que médiatiquement).[réf. nécessaire] La non-soumission à des normes sociales ou à des lois, sans qu'il y ait dégradation ou agression, est aussi une attitude délinquante. C'est notamment le cas de la consommation ou de la vente de produits prohibés.

Sommaire

[modifier] Lutte contre la délinquance

[modifier] Le débat sur l'exemple new-yorkais

Comme dans le reste des États-Unis, la criminalité et la délinquance ont diminué depuis le début des années 1990 à New York. Certains considèrent que[réf. nécessaire] cette baisse fut consécutive aux politiques du maire Rudolph Giuliani, entre 1993 et 1998. Durant cette période, le nombre de meurtres par an a été divisé par plus de trois[1]. Certains ont alors considéré que[réf. nécessaire] cela était le fruit des faits suivants :

Nombres de chercheurs contestent ce point de vue[réf. nécessaire] arguant notamment qu'à la même époque la criminalité a également baissé dans une mesure équivalente dans d'autres villes américaines (Houston, San Diego, Dallas, etc.) par le biais de politiques différentes, Steven Levitt et Stephen Dubner[réf. nécessaire] constatant, notamment que la baisse avait déjà commencé avant la mise en place de ces politiques, fournissent pour leur part une explication générationnelle. Le sociologue et anthropologue Loïc Wacquant[réf. nécessaire] justifie lui, pour sa part, la baisse du crime par la fin de l'épidémie du crack, très importante à New-York entre 1985 et 1991[2], qui serait un facteur criminogène d'envergure. Celui-ci a fortement critiqué l'importation en Europe, des principes de la théorie de la « vitre brisée » à l'origine des politiques de « tolérance zéro ». Cette théorie est d'ailleurs récusée par une large majorité des chercheurs, mais l'on peut toutefois citer Sébastian Roché en tant que contre-exemple.[réf. nécessaire]

[modifier] Associations de prévention de la délinquance

Issu en 1992 du Forum Européen pour la Sécurité Urbaine, le Forum Français pour la Sécurité Urbaine[3] réunit plus de cent trente collectivités territoriales. Il est dirigé par un Comité Exécutif de vingt et un membres élus représentatifs des sensibilités politiques et des diversités urbaines de la France.
Le Forum Français pour la Sécurité Urbaine dit se reconnaître dans les principes de la Charte "Démocratie et Sécurité". Pour cela, il demande le renforcement du rôle des collectivités territoriales et des élus locaux et présente sa politique de sécurité selon trois axes : prévention, répression et solidarité.

[modifier] Statistiques

[modifier] L'insécurité

[modifier] France

Les statistiques de la délinquance en France sont réalisés à partir de l'État 4001, un fichier réalisé sur la base des chiffres enregistrés par la police. Ces statistiques sont soumises à controverse.
Elles ne mesureraient pas la déliquance mais plutôt l'activité policière, elle-même sujette au fait que la victime dépose ou non une plainte. Laurent Mucchielli[4] considère que la hausse d'une infraction dans les statistiques traduit moins la délinquance que l'action de la police, même si les deux sont liés. Ainsi, la hausse des homicides, des coups et blessures volontaires et des vols avec violence témoigne bien d'une plus grande violence sociale, mais celle des outrages à policiers ou des ports d'armes prohibées traduirait plutôt la sévérité accrue de la répression dans les quartiers « sensibles ». À l'inverse, certaines infractions connues de la police n'apparaissent pas dans les statistiques.

Ces statistiques sont à analyser avec prudence, mais elles constituent une source d'information et peuvent être complétées par les enquêtes de victimation. Ces enquêtes interrogent un échantillon représentatif de la population française au sujet des délits subis, en général sur une période de 24 mois avant l'enquête. Elles existent depuis les années 1990 ; il leur est repproché d'ignorer les actes de délinquance « discrets » comme la corruption ou la fraude fiscale.

L' Observatoire national de la délinquance, en collaboration avec l'Insee, tente chaque année de mieux cerner la délinquance en France, en se démarquant des statistiques de la police et de la Gendarmerie nationale.

[modifier] Allemagne

Nombre de délits enregistrés pour 100 000 habitants en 2005[5] :

  1. Francfort-sur-le-Main : 17 213
  2. Berlin : 14 966
  3. Hambourg : 14 111
  4. Düsseldorf : 14 035
  5. Cologne : 13 595

[modifier] Sociologie de la délinquance

[modifier] Délinquance et stigmatisation

La figure du délinquant hante l'opinion publique, les médias, et même la criminologie. À une époque où chacun estime légitime d'être protégé contre les risques de l'existence, la montée de la délinquance et de la violence manifeste est ressentie comme intolérable. Picca[6] insiste sur le lien entre sentiment d'insécurité et isolement, mais aussi vulnérabilité objective. La peur de la délinquance est aussi l'expression symbolique d'un sentiment de mise en danger sociale et économique de la part des classes moyennes.[réf. nécessaire] Il ne faut cependant pas oublier que les victimes des délinquants se recrutent avant tout dans leur propre environnement, c'est-à-dire la partie la plus défavorisée de la société. Selon Laurent Mucchielli[7], « les enquêtes de victimation indiquent que l'augmentation des agressions est réelle mais ciblée : elle s'exerce surtout au sein des milieux populaires ». Elles débordent cependant de ce contexte, dans la mesure où elles se développent en milieu scolaire ou dans les transports, sans oublier le cas des policiers, des pompiers ou encore des médecins de quartier.

Malgré la dilution des normes religieuses et morales, la société n'a pas renoncé à se définir par opposition à ce qu'elle rejette, ou à ce qui la met en danger.[réf. nécessaire] Elle crée même de nouvelles normes, comme le politiquement correct ou l'intolérance à l'égard des fumeurs.

La sévérité vis-à-vis d'un acte ne se confond pas avec sa gravité objective ou juridique. Edwin Lemert distinguait[réf. nécessaire] ainsi la déviance primaire (la transgression de la norme) et la déviance secondaire (la stigmatisation). La délinquance primaire tend à se banaliser dans tous les milieux sociaux[réf. nécessaire] mais Georges Picca[8] note que l'opinion n'est pas sans éprouver de la connivence avec certaines de ses formes, comme l'escroquerie. Laurent Mucchielli[9] établit un parallèle entre les « agriculteurs en colère » et les émeutes des banlieues.

Tout se passe comme si l'acte lui-même, ou ses conséquences pour la victime, comptait moins que sa visibilité, ou que l'étiquette du délinquant, soit parce qu'il appartient à une classe identifiée comme dangereuse, soit au contraire en raison de la faillite à une mission publique ou sociale particulière (notables, prêtres, médecins, enseignants, hommes politiques). Il faut sans doute rattacher ce phénomène au concept de « rôle », que le délinquant joue trop bien un rôle donné, ou qu'il le transgresse.[réf. nécessaire]

[modifier] Exclusion ou suradaptation ?

Néanmoins, sans faire comme au XIXe siècle du délinquant un type médical, il est possible constater que certains facteurs sociologiques facilitent l'entrée en délinquance (vols, agressions, trafic de drogue, racket, etc.). Les criminologues mentionnent les normes de virilité agressive, la ségrégation sexuelle, la soumission de l'individu au groupe dès la préadolescence, la maîtrise insuffisante du verbe et des codes sociaux.[réf. nécessaire] Mucchielli[10] évoque certaines situations familiales : reproduction intergénérationnelle de la violence, pertubation du rôle préventif de la famille. La montée de la délinquance est moins la traduction des difficultés économiques que de l'urbanisation croissante du pays. Les populations et les individus se côtoient sans vivre ensemble.[réf. nécessaire] Selon les sociologues de l'École de Chicago[réf. nécessaire], la famille immigrée se voit confrontée à l'individualisme occidental, d'où une incertitude morale qui facilite la révolte des adolescents, qui se fabriquent alors leur propre sous-culture. Les ghettos jouent le rôle d'un terreau pour le crime organisé : un gang en formation a besoin d'un enracinement sociologique solide, note de Maillard[11]. Il se substitue, en développant le clientélisme, à l'État-providence, ou en distribuant de l'« emploi », à l'entreprise. Le crime est ainsi l'activité professionnelle normale de certains individus. Mucchielli[12]estime que la délinquance des élites (fraude, corruption, abus de confiance) est elle aussi de l'ordre de la délinquance professionnelle.

Le milieu est finalement moins inadapté que suradapté à la société, dont il exploite les failles, remarque Picca[13] : les sociétés développées sont fondées sur la libre entreprise, la recherche du profit, le succès matériel, autant de fins que reconnaissent aussi les délinquants, car « le crime paie » ; les systèmes de contrôle social cèdent du terrain, au nom de la liberté individuelle et du refus de la contrainte, tandis que l'économie de marché multiplie les tentations. On peut même considérer que le manque de distance critique à l'égard de la société contemporaine constitue un facteur au moins aussi essentiel que la célèbre « exclusion ». C'est en tout cas moins la pauvreté qui explique la criminalité que le sentiment de frustration et d'injustice devant l'opulence des « inclus »[réf. nécessaire].

[modifier] Notes

  1. KASPI A., DURPAIRE F., HARTER H., LHERM A., La civilisation américaine, Paris, PUF, 2004, page 145
  2. cf Philippe Bourgois
  3. http://www.ffsu.org
  4. name Mucchielli
  5. « Francfort, haut lieu de la délinquance », dans Courrier International, web, 16/05/2006
  6. name Picca
  7. name Mucchielli
  8. name Picca Georges Picca, La Criminologie, PUF, 1983/2000.
  9. Laurent Mucchielli, Familles et Délinquance, CESDIP, 2000.
  10. name Mucchielli
  11. Jean de Maillard, Un Monde sans loi. La criminalité financière en images, Stock, 1998.
  12. name Mucchielli
  13. name Picca

[modifier] Bibliographie délinquance juvénile

  • Einaudi (Jean Luc).- Les mineurs délinquants.- Fayard, 1995.-308p
  • L'Encyclopédie de l'Agora, Délinquance, http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Delinquance
  • Esterle Maryse, « Contribution à l'étiologie de la conduite délinquante à travers l'étude d'une bande », Revue Internationale de Criminologie et de Police Technique 2/90, p.203
  • L'Express, Insécurité en France, Violence des jeunes, http://www.lexpress.fr/info/societe/criminalite/dossier.asp?ida=427357, Etat des lieux : Gouverneur Cédric, Lebourcq Sébastien, La loi du silence, Albert Laurence, Bodet Cédric, Pelletier Eric, Spirale de l'ultraviolence, ..., Quelles solutions ?
  • Jacques Trémintin, Qu’est donc devenue la délinquance juvénile ?, ed.Lien social. Publication n° 730 du 18 novembre 2004
  • Faugeron (C.), Le Boulaire (J.M.), Quelques remarques à propos de la récidive, Paris, CESDIP, 1992, ftp://ftp.msh-paris.fr/pub/cesdip/edp65.pdf
  • Futuribles, Délinquance (La) des jeunes, Série d'articles, Futuribles 2002, n°274 : 3 - 96

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

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