Décolonisation de l'Afrique

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La décolonisation de l'Afrique correspond au retrait des puissances coloniales de l'Afrique après la Seconde Guerre mondiale.

Sommaire

[modifier] État des lieux

Icône de détail Article détaillé : Partage de l'Afrique.
Cecil Rhodes: projet du Chemin de fer Le Cap-Le Caire. Fondateur de la compagnie De Beers, une des premières compagnies mondiale du diamant, Rhodes était aussi le propriétaire de la British South Africa Company, qui s'est approprié la Rhodésie. He wanted to "paint the map British red", une de ses déclaration célèbre : "Toutes ces étoiles... ces mondes immenses qui restent hors d'atteinte. Si je le pouvais, j'annexerais les autres planètes".
Cecil Rhodes: projet du Chemin de fer Le Cap-Le Caire. Fondateur de la compagnie De Beers, une des premières compagnies mondiale du diamant, Rhodes était aussi le propriétaire de la British South Africa Company, qui s'est approprié la Rhodésie. He wanted to "paint the map British red", une de ses déclaration célèbre : "Toutes ces étoiles... ces mondes immenses qui restent hors d'atteinte. Si je le pouvais, j'annexerais les autres planètes".[1]

Durant le partage de l'Afrique à la fin du XIXe siècle, les puissances européennes ont divisé l'Afrique et ses ressources en zones politiques à la Conférence de Berlin de 1884-85. En 1905 Le territoire africain est complètement contrôlé par les forces européennes à l'exception notable du Liberia et de l'Abyssinie. La Grande-Bretagne et la France avaient les plus grandes possessions, mais l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, la Belgique et le Portugal n'étaient pas en reste. L'Afrique a souffert, à long terme, des effets de la colonisation et de l'impérialisme, avec la perte d'importantes ressources naturelles comme l'or et le caoutchouc, l'effondrement économique, le bouleversement culturel, une division géopolitique et un assujettissement politique.

Les Européens ont souvent justifié cela en utilisant la théorie de White Man's Burden ("mission de l'homme blanc"), une obligation de "civiliser" les populations d'Afrique.

[modifier] Causes

Sur le plan africain, la Seconde Guerre mondiale a vue les colonies aider leurs colonisateurs dans une bataille contre un ennemi inconnu, mais sans mention de l'indépendance pour les nations africaines. Certains leader, comme Hendrik Verwoerd et John Vorster d'Afrique du Sud ont supporté Hitler tandis que la plupart des gouverneurs coloniaux français ont montré leur loyauté au Régime de Vichy jusqu'en 1943. La propagande allemande durant la guerre n'est pas étrangère à cette méfiance envers l'autorité britannique. Du fait que la conquête impériale japonaise ait commencé en Extrême-Orient, elle a fait face à une insuffisance en matière première telle que le caoutchouc et divers minerais. L'Afrique était alors forcée de compenser cette pénurie et a beaucoup bénéficié de ce changement. Un autre problème clé auquel les européens ont dû faire face était la présence d'U-boots (sous-marins allemands) qui patrouillaient dans l'Océan Atlantique. Ceci a réduit la quantité de matières premières transportées vers l'Europe et a poussé à la création d'industries locales en Afrique. Ces industries ont, à leur tour, causé l'agrandissement et la création de nouveaux quartiers. Avec l'accroissement des zones urbaines et de l'industrie est venue celle des syndicats. En plus des syndicats, l'urbanisation a encouragé la lecture et l'écriture, qui ont favorisé la naissance de journaux pro-indépendance.

En 1941, Roosevelt et Churchill se rencontrent pour discuter du monde de l'après guerre. Il en résulte la Charte de l'Atlantique. L'une des clauses de ce document, introduite par Roosevelt, était l'autonomie des colonies impériales. Après la seconde guerre mondiale il y avait donc une pression sur les britanniques de se conformer aux termes de la Charte de l'Atlantique. Lorsque Churchill a introduit la charte au parlement, il a expressément transposé les colonies en pays récemment conquis à l'Allemagne pour pouvoir la faire passer. Après la guerre, les colonies africaines étant toujours considérées "infantiles" et "immatures", des gouvernements démocratiques n'ont été introduit qu'à l'échelle locale.

Durant les années 1930, les puissances coloniales ont pris soin d'entretenir une minorité d'élites leaders, formées dans les universités occidentales et familières avec des idées comme l'autodétermination. Ces leaders, dont quelques nationalistes majeurs comme Kenyatta (Kenya), Kwame Nkrumah (Côte-de-l'Or, Ghana), Léopold Sédar Senghor (Sénégal) et Félix Houphouët-Boigny (Côte d'Ivoire), ont mené la bataille pour l'indépendance.

[modifier] Conséquences

Dans la plupart des colonies britanniques et françaises, la transition à l'indépendance a été relativement pacifique. Certains colons désapprouvaient cependant l'introduction de gouvernements démocratiques.

À la suite de la décolonisation, l'Afrique a affiché une instabilité politique, un désastre économique et une dépendance à la dette. L'instabilité politique est arrivée avec l'introduction des influences marxiste et capitaliste ainsi que les frictions permanentes dues aux inégalités entre les races. Ceci menait à la guerre civile, des mouvements nationalistes noirs ont participé à des attaques violentes à l'encontre des colons blancs, tentant de mettre fin à la "dominance de la minorité blanche" dans les gouvernements.

D'autres violences ont lieu à cause du désaccord relatif au découpage géographique fait durant la colonisation. Malgré une acceptation très répandue de ce découpage, des conflits frontaliers comme ceux entre le Tchad et la Libye, l'Éthiopie et la Somalie et le Nigeria et le Cameroun surgissent, parfois encore aujourd'hui.

Un autre résultat du colonialisme, suivi de la décolonisation, fut l'appauvrissement en ressources naturelles de l'économie africaine sans possibilité de diversification de l'exportation de ses cultures commerciales vers les pays colons. Souffrant de famine et de sècheresse, l'Afrique a lutté pour industrialiser sa main-d'œuvre frappée par la pauvreté, avec des fonds insuffisants.

Dans une tentative d'influencer le Tiers Monde pour qu'il adopte, soit l'idéologie du capitalisme, soit celle du communisme, les États-Unis et l'Union soviétique ont prêté de la nourriture et de l'argent à l'Afrique. Pour nourrir, éduquer, et moderniser ses populations, l'Afrique a emprunté des sommes importantes à diverses nations, banques et compagnies. En retour, les créanciers ont contraint les pays africains à dévaluer leurs monnaies et ont tenté d'exercer une influence politique en Afrique. Cependant, l'argent emprunté ne relèva pas l'économie dévastée. Les énormes capitaux empruntés étant habituellement dilapidés par la mauvaise gestion des dictateurs corrompus, les problèmes sociaux comme l'éducation, la santé, et la stabilité politique ont été ignorés.

Les dérivés de la décolonisation, l'instabilité politique, les conflits frontaliers, l'écroulement économique, et une dette énorme continuent de ronger l'Afrique aujourd'hui.

À cause de l'occupation militaire actuelle, le Sahara espagnol (aujourd'hui Sahara occidental), n'a jamais été complètement décolonisé. La majorité du territoire est sous administration marocaine, la partie restante étant administrée par la République arabe sahraouie démocratique.

[modifier] Chronologie

Dates d'indépendance des pays africains
Dates d'indépendance des pays africains
Pays africains par ordre d'accès à l'indépendance
Pays africains par ordre d'accès à l'indépendance
Pays Nom de la colonie Puissance coloniale Date d'indépendance Premier chef d'état
Éthiopie fondée en tant que royaume d'Axoum 1er siècle avant JC  ?
Libéria Commonwealth du Libéria American Colonization Society 26 juillet 1847 Joseph Jenkins Roberts
Libye Libye Italie 24 décembre 1951 Idris al-Mahdi
Égypte Égypte Grande-Bretagne 1922/1936/1953 n/a
Soudan Soudan Grande-Bretagne 1er janvier 1956 Ismail al-Azhari
Tunisie Tunisie France 20 mars 1956 Muhammad al-Amin Bey
Maroc Maroc France 7 avril 1956 Mohammed V
Ghana Côte-de-l'Or Grande-Bretagne 6 mars 1957 Kwame Nkrumah
Guinée Afrique occidentale française France 2 octobre 1958 Sékou Touré
Cameroun Cameroun France, Grande-Bretagne 1 janvier 1960 Ahmadou Ahidjo
Togo Togoland français France 27 avril 1960 Sylvanus Olympio
Mali Afrique occidentale française France 22 septembre 1960 Modibo Keïta
Sénégal Afrique occidentale française France 20 juin 1960 Léopold Sédar Senghor
Madagascar Protectorat malgache France 26 juin 1960 Philibert Tsiranana
République démocratique du Congo Congo belge Belgique 30 juin 1960 Joseph Kasa-Vubu
Somalie Somalie italienne, Somalie britannique Italie, Grande-Bretagne 1 juillet 1960 Aden Abdullah Osman Daar
Bénin Afrique occidentale française France 1 août 1960 Hubert Maga
Niger Afrique occidentale française France 3 août 1960 Hamani Diori
Burkina Faso Afrique occidentale française France 5 août 1960 Maurice Yaméogo
Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire France 7 août 1960 Félix Houphouët-Boigny
Tchad Afrique équatoriale française France 11 août 1960 François Tombalbaye
République centrafricaine Afrique équatoriale française France 13 août 1960 David Dacko
Congo Afrique équatoriale française France 15 août 1960 Fulbert Youlou
Gabon Afrique équatoriale française France 17 août 1960 Léon Mba
Nigéria Nigéria Grande-Bretagne 1 octobre 1960 Abubakar Tafawa Balewa
Mauritanie Afrique occidentale française France 28 novembre 1960 Moktar Ould Daddah
Sierra Leone Sierra Leone Grande-Bretagne 27 avril 1961 Milton Margai
Tanzanie Tanganyika Grande-Bretagne 9 décembre 1961 Julius Nyerere
Rwanda Ruanda-Urundi Belgique 1 juillet 1962 Grégoire Kayibanda
Burundi Ruanda-Urundi Belgique 1 juillet 1962 Mwambutsa IV
Algérie Algérie France 5 juillet 1962 Ahmed Ben Bella
Ouganda British East Africa Grande-Bretagne 9 octobre 1962 Milton Obote
Kenya British East Africa Grande-Bretagne 12 décembre 1963 Jomo Kenyatta
Malawi Nyasaland Grande-Bretagne 6 juillet 1964 Hastings Kamuzu Banda
Zambie Rhodésie du nord Grande-Bretagne 24 octobre 1964 Kenneth Kaunda
Gambie Gambie Grande-Bretagne 18 février 1965 Dawda Kairaba Jawara
Botswana Bechuanaland Grande-Bretagne 30 septembre 1966 Seretse Khama
Lesotho Basutoland Grande-Bretagne October 4, 1966 Leabua Jonathan
Swaziland Swaziland Grande-Bretagne 6 septembre 1968 Sobhuza II
Guinée équatoriale Guinée espagnole Espagne 12 Octobre 1968 Francisco Macías Nguema
Guinée-Bissau Guinée portugaise Portugal 24 Septembre 1973 Luis Cabral
Mozambique Afrique orientale portugaise Portugal 25 juin 1975 Samora Machel
Cap-Vert Cap-Vert Portugal 5 juillet 1975 Aristides Pereira
Angola Angola Portugal 11 novembre 1975 Agostinho Neto
Djibouti Territoire français des Afars et des Issas France 27 juin 1977 Hassan Gouled Aptidon
Zimbabwe Rhodésie du Sud Grande-Bretagne 18 avril 1980 Robert Mugabe
Namibie Afrique du sud-ouest Afrique du Sud 21 mars 1990 Sam Nujoma
Érythrée Érythrée Éthiopie 24 mai 1993 Issayas Afeworki
Afrique du Sud Afrique du Sud Afrique du Sud (apartheid) 27 avril 1994 Nelson Mandela
République arabe sahraouie démocratique 1 Sahara espagnol Espagne 27 février 1976 El-Ouali Moustapha Sayed

1 L'administration coloniale espagnole sur le Sahara Occidental s'est achevée de facto quand le territoire a été partagé entre la Mauritanie et le Maroc (qui a annexé la totalité du territoire en 1979), rendant la déclaration d'indépendance de la République arabe sahraouie démocratique caduque (elle ne contrôle qu'une portion limitée à l'est du Mur marocain). Puisque l'Espagne n'avait pas le droit de céder le Sahara Occidental, sous le droit international, le territoire est toujours, de jure sous administration espagnole. L'administrateur, dans les faits, reste cependant le Maroc (Voir Liste des territoires non-autonomes selon l'ONU).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et Références

  1. Sarah Millin, Rhodes, London, 1933, p.138

[modifier] Source

  • (en) Kevin Shillington (1995). History of Africa (1st ed.). Palgrave Macmillan; Revised edition ISBN 0-312-12598-4