Cyclone de Bhola

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Cyclone de Bhola Cyclone catégorie 3
Cyclone de Bhola le
11 novembre 1970 à 08h58 TU
Apparition : 7 novembre 1970
Dissipation : 13 novembre 1970
Catégorie
maximale :
Cyclone catégorie 3
Pression
minimale :
966 hPA mb / hPa
Vent maximal : 205 km/h (sur 1 minute)
185 km/h (sur 10 minutes)
Dommages
confirmés :
86,4 millions $US de 1970
Morts
confirmés :
300 000 à 500 000 (Le plus meurtriers de tous les temps)
Blessés
confirmés :
Zones touchées: Inde, Pakistan oriental (Bangladesh)
Trajectoire dans
le golfe du Bengale
Échelle de Saffir-Simpson
D T 1 2 3 4 5
Saison cyclonique 1970 (Océan Indien nord)

Le cyclone de Bhola fut le cyclone le plus meurtrier, non seulement du XXe siècle, mais également de l'histoire écrite, en plus d'être l'une des catastrophes naturelles les plus importantes des temps modernes. Il s'abattit sur le Bangladesh, alors Pakistan oriental, et l'État du Bengale occidental en Inde les 12 et 13 novembre 1970.

Le 8 novembre, un cyclone tropical naît dans le golfe du Bengale et atteint les côtes du delta du Gange la nuit du 12 au 13 novembre avec la force d'un cyclone de catégorie 3. Les vents, dépassant les 200 kilomètres par heure, combinés à une onde de tempête exceptionnellement forte, de cinq à six mètres, touchent aux premières heures du matin la côte de cette région particulièrement peuplée (900 habitants par kilomètre carré) et en grande partie presqu'au niveau de la mer.

Le décompte officiel fait état de plus de 150 000 morts et 100 000 personnes disparues, sutout par noyade. Cependant beaucoup d'estimations atteignent la barre de 500 000 victimes. Les zones les plus touchées furent les îles du delta du Gange, au sud de Dhâkâ. L'île de Bhola paya un lourd tribut, avec plus de 100 000 victimes et les villes de Charfasson et Tazumuddin furent dévastées, perdant 45% de leur population. La ville de Chittagong fut également touchée.

Le gouvernement pakistanais fut sévèrement critiqué pour la mauvaise gestion de l'aide à la suite de la tempête par les élites locales et les médias internationaux. Le parti de la ligue Awami en tira beaucoup de capital politique et gagna les élections au Pakistan oriental ; ce qui aggrava les tensions avec le gouvernement central. Ceci mena finalement à la sécession pour créer le Bangladesh en 1971.

Sommaire

[modifier] Évolution météorologique

La tempête tropicale Nora traversa la mer de Chine en provenance du Pacifique. Le 5 novembre, les restes de ce système atteignirent la péninsule malaise[1],[2]. Une fois passé dans l'Océan Indien, un redéveloppement donna une dépression dans la partie centrale du Golfe du Bengale le matin du 8 novembre. Le système s'intensifia en se dirigeant lentement vers le nord et le service météorologique indien le reclassa comme tempête tropicale le lendemain. Après avoir fait du sur-place à 14,5° N, 87° E durant quelques temps, la tempête accéléra vers le nord le 10 novembre[3]. Elle devint un cyclone tropical le 11 novembre et tourna vers le nord-est en approchant de la côte. Un œil bien dégagé se forma en son centre et le cyclone atteignit la catégorie 3 un peu plus tard dans la journée avec des vents soutenus sur une minute de 205 km/h et une pression centrale de 966 hPA.

Le cyclone toucha terre au Pakistan oriental le soir du 12 novembre à peu près au même moment que la marée haute, les vents la rehaussant et donnant une onde de tempête de cinq à six mètres. Après son entrée, la friction sur le continent l'affaiblit graduellement, mais il demeura un cyclone jusqu'à environ 100 km à l'intérieur des terres, au sud-sud-est de Agartala. Par la suite, il faiblit rapidement et devint une dépression extratropicale en passant sur l'Assam le soir du 13 novembre[3].

[modifier] Préparatifs

Après voir reçu plus de rapports de navires de la baie du Bengale, le gouvernement indien avait une bonne idée de la force du cyclone. Cependant, il n'est pas clair de savoir si ces informations ont été échangées avec le gouvernement pakistanais, vu les relations tendues entre les deux pays[4]. C'est en partie pourquoi une large portion de la population du Pakistan oriental fut prise par surprise[5].

De plus, plusieurs indices montrent que le système d'alerte cyclonique de ce pays n'était pas connu de la population, ceci coûtant des dizaines de milliers de vies[6]. En octobre 1960, deux cyclones avaient causés la mort d'au moins 16 000 au Pakistan oriental[7]. Le gouvernement pakistanais avait demandé au gouvernement américain son assistance pour le développement d'un système d'alerte aux populations afin de faire face à cette menace. Gordon Dunn, le directeur du National Hurricane Center, avait alors fait faire une étude exhaustive de la situation du Pakistan et remis son rapport en 1961. Cependant, le gouvernement pakistanais n'avait pas suivi toutes ces recommandations[4].

Le service météorologique pakistanais avait ainsi émis un bulletin appelant à la « préparation au danger » pour les régions côtières le 12 novembre. Un autre bulletin fut radiodiffusé pour « grand danger imminent » lorsque le cyclone s'approcha de la côte, mais des survivants déclarèrent ne pas savoir ce que ces deux bulletins signifiaient vraiment. Bien que le premier bulletin fut reconnu comme un avertissement à un danger et que l'on estime que 90% de la population de la côte l'avait entendu, moins de un pour cent de celle-ci chercha refuge dans des abris paracyclonique[8].

[modifier] Impacts

La côte de la baie du Bengale est un endroit où touchent terre de nombreux systèmes tropicaux annuellement. Au moins six cyclones tropicaux importants ont tué plus de 100 000 personnes[2]. Le plus puissant cyclone a frappé en 1991 mais le cyclone de Bhola fut le plus meurtrier de tous les temps, pas seulement pour cette région. Le total exact des morts avec ce système ne sera jamais connu étant donné le manque de données sur la population mais on estime qu'il s'élève entre 300 000 et 500 000 personnes[9]. Du point de vue des autres catastrophes naturelles, il se situe au même niveau que le tremblement de terre de Tangshan en 1976 et du tsunami dans l'océan Indien de 2004.

[modifier] Inde

Le cyclone de Bhola donna d'importantes pluies aux Îles Andaman et Nicobar les 8 et 9 novembre. Port Blair a rapporté 130 mm le 8 novembre et des inondations affectèrent l'archipel. Le navire MV Mahajagmitra, un cargo de 5 500 tonneaux en route de Calcutta vers le Koweït, a coulé le 12 novembre avec ses cinquante cinq membres d'équipage. Le signal de détresse lancé par le navire mentionnait des vents de force d'ouragan[3],[10]. La pluie affecta ensuite le Bengale occidental et le sud de l'Assam, causant des dommages aux habitations et aux récoltes. Les plus grandes pertes se sont produites dans la partie la plus au sud des deux États[3].

[modifier] Pakistan oriental

Carte du Pakistan oriental (Bangladesh) avec le Bengale occidental à gauche et l'Assam/Tripura à droite
Carte du Pakistan oriental (Bangladesh) avec le Bengale occidental à gauche et l'Assam/Tripura à droite

La station météorologique de Chittagong, à 95 km à l'est du point de chute du cyclone, a rapporté des vents de 144 km/h avant que l'anémomètre ne se brise à 22h TU. Un navire ancré dans le port a quant à lui noté des rafales de 222 km/h quarante-cinq (45) minutes plus tard[2]. L'onde de tempête dans le delta du Gange, où le cyclone a touché terre, était de 10 mètres[9] et dans le port de Chittagong, la marée a été de 4 mètres au-dessus du niveau moyen de la mer avec l'onde de tempête valant 1,2 mètre du total[2].

La radio pakistanaise a signalé que tous les habitants des treize îles près de Chittagong avaient péri. Un vol au-dessus de l'île de Bhola montra une dévastation totale du côté sud et que les récoltes de riz de cette île, de celle de Hatia et de la côte continentale adjacente était anéantie[11]. Plusieurs des navires océaniques dans les ports de Chittagong et Mongla ont été endommagés. Les aéroports de Chittagong et de Cox's Bazar se sont retrouvés sous un mètre d'eau durant plusieurs heures[12].

Plus de 3,6 millions de personnes furent affectés par le cyclone et les dommages se montèrent à 86,4 millions $US de 1970, soit 450 millions $US de 2006[13]. Jusqu'à 85 % des maisons de la zone sinistrée furent détruites ou endommagées sérieusement selon les survivants, les plus forts dégâts se retrouvant le long de la côte[14]. Du côté de la mer, 90 % des pêcheurs subirent des pertes importantes, incluant celle de 9 000 bateaux de haute mer. 77 000 pêcheurs côtiers et 46 000 hauturiers se sont noyés et 40 % des survivants étaient blessés sévèrement. Au total 65% de la capacité de pêche fut perdue dans une région où 80 % de l'apport en protéines vient des poissons. Les pertes agricoles s'élevèrent à 63 millions $US et 280 000 têtes de bétail[2].

Trois mois après les évènements, 75 % de la population était encore nourrie sur le programme d'aide alimentaire, dont 150 000 personnes comptaient sur celui-ci pour combler au moins la moitié de leurs besoins[15].

[modifier] Mortalité

Carte Préfecture/
Upazila
Population pré-cyclone Morts Mortalité (%)
Kalapara
Amtali
Galchipa
Char Fasson
Lalmohan
88 000
41 000
319 000
171 000
104 000
8000
2 000
45 000
38 000
23 000
9
5
14
22
22
Tazumuddin
Hatiya
Ramgati
Sudharam
167 000
219 000
217 000
35 000
77 000
18 000
24 000
6 000
46
8
11
17
Total 1 361 000 241 000 17,7

Deux études furent menées par le Cholera Research Laboratory de la branche pakistanaise de l'Organisation du traité de l'Asie du Sud-Est, en novembre 1970 puis en février/mars 1971, pour connaître les besoins immédiats et à long terme des régions affectées[16]. La première étude a conclu que l'eau de surface et des puits des régions dévastées contenaient une quantité de sel équivalente sauf dans le district de Sudharam où l'eau était pratiquement impropre à la consommation en surface avec 0,5% de contenu en sel. La mortalité fut estimée à 14,2% de la population pré-cyclone soit environ 240 000[17]. La prévalence des blessures chez les survivants montra surtout des blessures mineures consistant surtout en abrasions aux bras, jambes et torses subies lorsque ceux-ci s'agrippèrent à des arbres pour ne pas être emportés par les flots[17]. On a craint un moment une épidémie de choléra et de typhoïde dans les premières semaines après le cyclone[18], mais l'étude ne montra aucune émergence de ces maladies ni d'aucune autres comme la très crainte variole[17].

La seconde étude a suivi près de 1,4 % de la population des régions, ce qui sous-estime probablement plusieurs groupes de la population. Les 100 000 travailleurs agricoles migrants, les familles complètement disparues et les gens qui sont partis durant les trois mois entre les deux études furent également éliminés des interviews pour ne pas fausser les estimations par des oui-dire[16]. Elle conclut que la mortalité due au cyclone serait au minimum de 224 000 personnes dont le plus grand nombre fut dans l'upazila de Tazumuddin avec 46,3 % de perte. Le taux moyen de morts dans les régions affectées est alors estimé à 16,5 %[19].

Le plus haut taux de survie fut pour les hommes de 15 à 49 ans et plus de la moitié des morts sont survenus chez les enfants de moins de 10 ans, qui ne représentaient seulement qu'un tiers de la population. Ceci suggère que les plus faibles (enfants, personnes âgés et malades) n'ont pu se battre contre les effets du cyclone et de l'inondation. Dans les trois mois suivant la tempête, la mortalité des gens d'âge moyen fut plus basse que dans la population d'une région non affectée près de Dhaka, la capitale du Pakistan oriental, montrant une sélection des éléments les plus forts par la tempête[20].

[modifier] Secours

[modifier] Réponse gouvernementale pakistanaise

Le lendemain de la frappe du cyclone, trois canonnières de la Marine pakistanaise et un navire hôpital quittèrent Chittagong, avec des vivres et du matériel médical, pour Hatia, Sandwip and Kutubdia[12]. les équipes de l'Armée furent également envoyées vers les régions sinistrées qu'elles atteignirent deux jours plus tard[21]. Durant les dix premiers jours, un avion de transport militaire et trois avions d'épandage furent envoyés pour aider à la distribution de l'aide[22] mais le gouvernement déclara qu'il n'avait pu envoyer des hélicoptères militaires depuis le Pakistan-occidental car leur passage avait été refusé par le gouvernement indien, chose que nia ce dernier[18].

Le président pakistanais, Yahya Khan, écourta un voyage en République populaire de Chine et survola la région frappée par le cyclone le 16 novembre. Il ordonna que tout soit mis en œuvre pour venir en aide aux survivants[8] et que tous les drapeaux soient mis en berne pour une journée de deuil national le 21 novembre pour les morts[23]. Le président prit en charge les opérations le 24 novembre. Le gouvernement du Pakistan avait alloué jusqu'à ce moment 116 million $US (de 1970) aux opérations d'aide[24]. le gouverneur du Pakistan oriental, le vice-amiral Asham nia que les forces armées n'avaient pas agi assez rapidement et affirma que les vivres et médicaments étaient arrivées à bon port, seulement des secteurs isolés n'étant pas encore atteints[25].

Une semaine après le passage du cyclone, le président pakistanais déclara que certaines erreurs et manques de coordinations s'étaient produits dans les efforts d'aide du gouvernement, principalement à cause d'un problème d'évaluation de l'ampleur du désastre. Il mentionna également que les élections prévues en décembre ne seraient pas reportées mais que huit ou neuf circonscriptions de la zone sinistrée pourraient avoir des problèmes logistiques[26]}}.

[modifier] Réponse internationale

Au début de décembre, 40 millions $US avaient été trouvés auprès de 41 pays, organisations non-gouvernementales et groupe privés[27]. L'Inde est l'un des premiers pays à avoir offert son aide au Pakistan, malgré les relations tendues entre les deux pays. À la fin de novembre, il avait déjà offert 1,36 million $US (6,9 millions $US de 2006) en aide[28] mais le gouvernement pakistanais ne permet à celle-ci d'atteindre les zones sinistrées que par la lente voie terrestre, refusant le passage aux avions de transport indiens[29]. De plus, l'offre d'utiliser des avions, hélicoptères et navires militaires indiens, envoyés depuis le Bengale occidental, pour aider l'effort pakistanais fut refusé[30].

Le président américain Richard Nixon envoya dix millions $US (53 millions $US de 2007) en vivres, dont 200 000 tonnes de blés, et autres denrées essentielles alors que l'ambassadeur de ce pays déclara qu'il ferait tout en son pouvoir pour assister le Pakistan oriental[31],[32]. On envoya également des tentes, des couvertures et autres effets. Les délais dans la distribution de l'aide américaine par le gouvernement pakistanais a fait que 7,5 millions $US n'étaient toujours pas utilisés en mars 1971. La plupart de cet argent devait servir à construire des abris en cas de cyclone et à la reconstruction de maisons[33].

Six hélicoptères furent envoyés par le gouvernement américain pour l'effort de secours[34]. Une flotille de Royal Navy, incluant le porte-avions léger HMS Intrepid et le bateau de débarquement HMS Triumph, quitta Singapour pour assister aux secours[31]. À l'aide de ses huit hélicoptères et huit barges de débarquement, elle devait ravitailler les îles éloignées. Cinquante soldats et deux hélicoptères sont partis en éclaireurs et lors de son arrivée, le 24 novembre, 650 troupes ont débarqué pour livrer les vivres et apporter une assistance médicale[35],[25].

À la fin novembre, on comptait trente-huit hélicoptères, dont dix britanniques et autant américains, plus environ cinquante petits navires américains et soixante-dix britanniques pour la distribution des vivres[28]. Au début de 1971, quatre hélicoptères soviétiques opéraient encore dans les zones les plus durement touchées. Ce pays avait été largement critiqué par les Bengalais pour son implication tardive et ces appareils remplacèrent ceux envoyés dès la fin du cyclone par les britanniques et les américains[32].

Le Disasters Emergency Committee britannique récolta 1,5 million £(33 millions £ de 2005)[28],[36]. Le gouvernement canadien a promis 2 millions $CAN. La France et l'Allemagne de l'Ouest ont envoyé chacun deux hélocptères et des denrées pour une valeurs de 1,3 million $US[28],[35]. Le pape Paul VI anonça qu'il visiterait Dhâkâ, la capitale du Pakistan oriental, lors de sa tournée en Extrême-Orient, demanda aux fidèles de prier pour les victimes[37] et plus tard le Saint-Siège offrit 100 000 $US[28]. La population d'Italie et de Suisse n'ont cependant pas suivi considérant après le premier choc que l'événement était trop éloigné et que d'autres s'en occuperaient. Seulement 5 500 $US en biens fut levé en novembre en Italie[28].

Le gouvernement de Singapour envoya une antenne médicale militaire qui arriva le 1er décembre dans la région de Sandwip où on traita près de 27 000 personnes et vaccina la population contre la variole. La mission retourna à Singapour le 22 décembre après avoir utilisé pour 50 000 $US de médicaments et distribué 15 tonnes de nourritures aux victimes[38]. Le gouvernement du Japon approuva une une aide de 1,65 million $US en décembre après avoir été critiqué pour sa faible donation antérieure[39]. La République populaire de Chine envoya 50 000 doses de vaccins contre le choléra[29], qui ne furent pas nécessaires puisque le Pakistan en avait une stock suffisant,et 1,2 million $US en argent[28]. Le Chah d'Iran, Mohammad Reza Pahlavi, déclara que le désastre touchait son pays et envoya deux avions remplis de secours quelques jours seulement après le cyclone[40]. Plusieurs pays pauvres de l'Asie ont tenu à contribuer à l'effort d'aide par des dons minimes[28].

La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a récolté 3,5 millions $US en vivres et autres biens pour les victimes à la fin de novembre[28]. Les Nations unies donnèrent 2,1 millions $US en argent et nourriture et l'UNICEF lança une campagne de levée de fonds qui rapporta un autre million $US [28]. Cette dernière organisation envoya du personnel pour rétablir l'approvisionnement en eau potable, dont la réparation de 11 000 puits, dans les mois qui suivirent le sinistre[41]. Le secrétaire général de l'ONU, U Thant, fit un appel à l'aide en août 1971 pour les victimes du cyclone et celle de la guerre civile qui a suivi dans deux programme distincts. Il mentionna que seulement 4 des 29,2 millions $US visés avait été récoltés jusqu'à ce moment[42]. L'organisation charitable CARE arrêta l'envoi d'aide au Pakistan la semaine après les événements parce qu'elle ne faisait pas confiance au gouvernement du pays pour la distribution[43] , cependant elle en arriva à un accord en janvier pour la construction de 24 000 habitations en blocs de ciment, au coût de 1,2 million $US (6,1 millions $US de 2007)[32]. Le Peace Corps américain offrit d'envoyer des volontaires mais le gouvernement pakistanais refusa, voyant cet organisation trop inféodée au gouvernement américain[28].

[modifier] Épilogue

La Banque mondiale estima qu'il en coûterait 185 millions $US pour la reconstruction de la zone sinistrée et remis au gouvernement pakistanais un plan détaillé des travaux, incluant les habitations, le réseau d'eau potable et les autres infrastructures détruites par le cyclone. Il était prévu une articulation avec un programme de prévention des inondations et de développement futur[27]. La banque rendit disponible un crédit immédiat de 25 millions $US pour aider l'économie du Pakistan oriental et pour la construction d'abris contre les cyclones. C'était la première fois que l'Association internationale de développement de la banque fournissait de tels crédits[44].

[modifier] Retombées politiques

Le premier drapeau du Bangladesh
Le premier drapeau du Bangladesh

Le Croissant-Rouge pakistanais commença à oeuvrer indépendamment du gouvernement après une dispute sur la possession de vingt radeaux fournis par la Croix-rouge britanniques[43]. Une compagnie de pesticides dut attendre deux jours pour recevoir la permission d'utiliser ses avions d'épandage pour larguer des vivres et médicaments aux zones sinistrées. Le gouvernement pakistanais n'envoya qu'un seul hélicoptère du Pakistan occidental, le président déclarant plus tard que c'était parce que les appareils ne pouvaient transporter une grande charge utile sur une telle distance[8]. Un reporter du journal Pakistan Observer passa une semaine dans la zone la plus atteinte au début de janvier et écrivit qu'il ne vit aucune tente fournie par les agences internationales et que les montants pour la reconstruction étaient insuffisants. Ce même journal a souvent utilisé à la Une des titres comme « Aucune coordination des secours » dans lesquels le gouvernement parle de « les opérations de secours vont bon train ». En janvier, le mois le plus froid de l'année, le comité pour les secours et la réhabilitation, dont le directeur était également l'éditeur du journal Ittefaq, déclara que des milliers de survivants devaient passer leurs journées dehors. Un porte-parole mentionna que les familles sans abris recevaient une aide de 250 roupies, soit 55 $US (279 $US de 2007), pour rebâtir leur maisons mais que les ressources étant chères et difficiles à obtenir, il était probable que cet argent ne pourrait servir qu'à se nourrir[32].

La lenteur des secours mis sur pieds par le gouvernement pakistanais suscita une vive réaction de la part des élites politiques au Pakistan oriental. Le 15 novembre, Sheikh Mujibur Rahman le chef de la ligue Awami, le plus important mouvement politique de la province, déclare : « Nous avons une armée mais ce sont les Marines britanniques qui prennent soin de nos morts »[45]. Un communiqué émis par onze de ceux-ci dix jours après les événements critique vertement Karachi qu'il charge « de négligence et d'indifférence coupables » et le président de jouer à la « star » avec les médias[24]. Le 19 novembre, des étudiants organisèrent une marche de protestation à Dhâkâ[40] et le 24, le chef politique Maulana Abdul Hamid Khan Bhashani fit un discours devant 50 000 personnes où il accusa le président du Pakistan d'incompétence, demandant sa résignation[25].

La ligue Awami balaie les élections tenue en décembre malgré la catastrophe, en partie à cause du ressentiment de la population envers le gouvernement qui vient exacerber un fort sentiment d'aliénation des Bengalis. L'élection est cependant retardée au 18 janvier 1971 dans neuf circonscriptions nationales et dix-huit provinciales à cause de la tempête[46]. En mars, la tension monte à tel point entre le gouvernement et les élus de la ligue que des troubles sont appréhendés et les ressortissants étrangers sont invités à partir[33]. Les bureaux de deux organismes gouvernementaux d'aide aux sinistrés à Dhâkâ sont fermés durant deux semaines, d'abord par une grève générale et ensuite par une interdiction de leur travail par la ligue Awami. Le travail se continua dans les zones dévastées mais la planification des tâches fut retardées[33].

Les troubles débouchèrent sur la guerre d'indépendance du Bangladesh ce même mois et sur un conflit Indo-pakistanais en décembre 1971, alors que l'Inde venait en aide à la province sécessioniste. C'est peut-être la première fois qu'une catastrophe naturelle déclenche une guerre civile[47].

[modifier] Protection accrue

La Croix-Rouge internationale publia un plan préliminaire en décembre 1970 à propos de la conduite à prendre dans une situation similaire. On y mentionne que les travailleurs envoyés au Pakistan oriental étaient mal formés et que l'organisme devrait composer une liste de spécialistes dans différents domaines nécessaires à ces interventions[48]. Déjà en 1966, le Croissant-Rouge avait débuté un programme d'alerte cyclonique pour prévenir la population de la région du delta du Gange[49]


L'Assemblée générale de l'ONU adopta une proposition concernant l'amélioration de la distribution des secours en zones sinistrées. Elle passa également, le 20 novembre, une résolution exprimant la sympathie des pays membres envers le Pakistan et enjoignant ses agences, les gouvernements et les organisations non-gouvernementales à venir en aide au Pakistan dans ses efforts à court et long terme de reconstruction et de développement. De cette résolution sortit le Plan de préparation contre les cyclones tropicaux de 1972. Ce plan, administré maintenant par le gouvernement du Bangladesh et le Croissant-Rouge de ce pays, est centré sur l'éducation du public aux dangers des cyclones et la formation du personnel d'urgence[49].

Pour faire face à la menace, plus de deux cents abris paracycloniques furent construits le long des côtes dans les trente années suivant le cyclone de Bhola. En 1991, à l'approche du cyclone Gorky, les volontaires du programme ont averti la population de deux à trois jours avant l'arrivée de la tempête. Plus de 350 000 personnes remplirent les abris, d'autres structures solides en briques ou fuirent vers les hauteurs. Bien que plus de 138 000 périrent, le compte a été bien moindre que celui de 1970, en grande partie à cause du plan[50]. La construction d'autres abris et le perfectionnement de la formation de la population a permis depuis d'amoindrir encore le nombre de victimes. Ce fut le cas en 2007 avec le cyclone Sidr qui ne fit qu'entre 3 000 et 10 000 morts.

[modifier] Bibliographie

  • Hervé Kempf, Le Bangladesh a mis en place un système exemplaire de réaction aux cyclones, Le monde, 17 janvier 2005

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. (en)Joint Typhoon Warning Center, « Western North Pacific Tropical Storms 1970 », 1970, Annual Typhoon Report 1970. Consulté le 2007-04-15[pdf]
  2. abcde (en)Frank, Neil et Husain, S. A., « The deadliest tropical cyclone in history? », juin 1971, Bulletin of the American Meteorological Society, American Meteorological Society. Consulté le 2007-04-15[pdf]
  3. abcd (en)Service météorologique indien, « Annual Summary - Storms & Depressions (pages 10 et 11) », 1970, India Weather Review 1970. Consulté le 2007-04-15[pdf]
  4. ab (en)Jack Anderson, « Many Pakistan flood victims died needlessly », 31 janvier 1971, Lowell Sun. Consulté le 2007-04-15[pdf]
  5. (en)Walter Sullivan, « Cyclone May Be Worst Catastrophe Of The Century », dans New York Times, 22 novembre 1970
  6. (en)Staff writer, « East Pakistan Failed To Use Storm-Warning System », dans New York Times1er décembre 1970
  7. (en)Gordon Dunn, « The tropical cyclone problem in East Pakistan », dans Monthly Weather Review, 28 novembre 1961, American Meteorological Society [texte intégral]. Consulté le 2007-04-15[pdf]
  8. abc (en)Arnold Zeitlin, « The Day The Cyclone Came To East Pakistan », 11 décembre 1970, Stars and Stripes, Associated Press. Consulté le 2007-04-15
  9. ab (en)Kabir, M. M., Saha B. C. et Hye, J. M. A., « Cyclonic Storm Surge Modelling for Design of Coastal Polder », Institute of Water Modelling. Consulté le 2007-04-15[pdf]
  10. (en)Associated Press« Cyclone Toll Still Rising », dans Florence Morning News, 11 novembre 1970 [texte intégral]. Consulté le 2007-04-15[pdf]
  11. (en)Associated Press« Pakistan Death Toll 55,000; May Rise to 300,000 », dans New York Times, 16 novembre 1970
  12. ab (en)Associated Press« Thousands of Pakistanis Are Killed by Tidal Wave », dans New York Times, 14 novembre 1970
  13. (en)EM-DAT: the International Disaster Database, « Disaster List for Bangladesh », 2007, Centre for Research on the Epidemiology of Disasters. Consulté le 2007-04-15
  14. (en)Alfred Sommer et Wiley Mosley, « East Bengal cyclone of November, 1970: Epidemiological approach to disaster assessment (page 9) », 13 mai 1972, The Lancet. Consulté le 2007-04-15[pdf]
  15. (en)Alfred Sommer et Wiley Mosley, « East Bengal cyclone of November, 1970: Epidemiological approach to disaster assessment (page 11) », 13 mai 1972, The Lancet. Consulté le 2007-04-15[pdf]
  16. ab (en)Alfred Sommer et Wiley Mosley, « East Bengal cyclone of November, 1970: Epidemiological approach to disaster assessment (page 6) », 13 mai 1972, The Lancet. Consulté le 2007-04-15[pdf]
  17. abc Alfred Sommer et Wiley Mosley, « East Bengal cyclone of November, 1970: Epidemiological approach to disaster assessment (page 5) », 13 mai 1972, The Lancet. Consulté le 2007-04-15[pdf]
  18. ab Schanberg Sydney, « Pakistanis Fear Cholera's Spread », dans New York Times, 22 novembre 1970
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[modifier] Source

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « 1970 Bhola cyclone ».