Conférence de Seelisberg

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La conférence de Seelisberg est une conférence internationale extraordinaire qui s'est tenue dans le petit village de Seelisberg en Suisse, du 30 juillet au 5 août 1947, pour étudier les causes de l’antisémitisme chrétien.

Parmi les 70 personnalités venues de 17 pays, on comptait :

Lors de cette conférence, les Chrétiens prirent conscience de l’état de l’enseignement chrétien à l’égard des Juifs et du judaïsme. Ils mesurèrent l’étendue de la responsabilité chrétienne dans le génocide hitlérien et comprirent qu’il fallait d’urgence corriger l’enseignement chrétien. Ils élaborèrent dix points, largement inspirés des dix-huit propositions de l’historien Jules Isaac pour éradiquer les préjugés contre les Juifs.

Sommaire

[modifier] Les dix points de Seelisberg

  1. Rappeler que c'est le même Dieu vivant qui nous parle à tous, dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament.
  2. Rappeler que Jésus est né d'une Vierge juive, de la race de David et du Peuple d'Israël, et que Son amour éternel et Son pardon embrassent son propre peuple et le monde entier.
  3. Rappeler que les premiers disciples, les Apôtres et les premiers martyrs étaient juifs.
  4. Rappeler que le précepte fondamental du Christianisme, celui de l'amour de Dieu et du prochain, promulgué déjà dans l'Ancien Testament, et confirmé par Jésus, oblige « Chrétiens et Juifs » dans toutes les relations humaines, sans aucune exception.
  5. Éviter de rabaisser le judaïsme biblique ou post-biblique dans le but d'exalter le Christianisme.
  6. Éviter d'user le mot « juifs » au sens exclusif de « ennemis de Jésus » ou de la locution « ennemis de Jésus » pour désigner le peuple juif tout entier.
  7. Éviter de présenter la Passion de telle manière que le caractère odieux de la mise à mort de Jésus retombe sur les juifs seuls. Ce ne sont pas les Juifs qui en sont responsables, car la Croix, qui nous sauve tous, révèle que c'est à cause de nos pêchés à tous que le Christ est mort. (Rappeler à tous les parents et éducateurs chrétiens la grave responsabilité qu'ils encourent du fait de présenter l'Évangile et surtout le récit de la Passion d'une manière simpliste. En effet, ils risquent par là d'inspirer, qu'ils le veuillent ou non, l'aversion dans la conscience ou le subconscient de leurs enfants ou auditeurs. Psychologiquement parlant, chez des âmes simples, mues par un amour ardent et une vive compassion pour le Sauveur crucifié, l'horreur qu'ils éprouvent tout naturellement envers les persécuteurs de Jésus, tournera facilement en une haine généralisée des Juifs de tous les temps, y compris ceux d'aujourd'hui.)
  8. Éviter de rapporter les malédictions, scripturaires et le cri d'une foule excitée : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants », sans rappeler que ce cri ne saurait prévaloir contre la prière infiniment plus puissante de Jésus : « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. »
  9. Éviter d'accréditer l'opinion impie que le peuple juif est réprouvé, maudit, réservé pour une destinée de souffrances.
  10. Éviter de parler des Juifs comme s'ils n'avaient pas été les premiers à être de l'Église.

[modifier] Bibliographie

  • Démann, Paul. De Seelisberg à Vatican II. Revue Sens. Nouvelle série n° 305, Février 2006, pp. 77-84.
  • Macina, Menahem R. Le rôle de Paul Démann à Seelisberg. Revue Sens 1999 no 51, pp. 434-439.
  • Mamie, Pierre : La Charte de Seelisberg et la participation du Cardinal Journet. In Judaïsme, anti-judaïsme et christianisme: Colloque de l'Université de Fribourg, 16-20 mars 1998. Editions Saint-Augustin, 2000, pp. 23-34.
  • Safran, Alexandre : Mes souvenirs de la Conférence de Seelisberg (1947) et de l'abbé Journet. In Judaïsme, anti-judaïsme et christianisme: Colloque de l'Université de Fribourg, 16-20 mars 1998. Editions Saint-Augustin, 2000, pp. 13-22.

[modifier] Voir aussi

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