Collaboration dans l'Europe occupée par les nazis

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Au cours de la période 1940-1945, les nazis allemands se sont trouvés en position de dominer un certain nombre de pays européens. La collaboration désigne le fait d'avoir aidé sciemment l'Allemagne dans ses tâches de domination. Cela a pu se faire par le biais de gouvernements en place, comme en Norvège ou en France, d'administrations obéissant aux autorités d'occupation nazies, de partis politiques et de journaux favorables aux nazis, ou encore d'initiatives privées (dans l'entreprise, le monde de l'art et du spectacle, etc.).

Le collaborationnisme va au-delà de l'acte de la collaboration. Ce terme désigne le soutien de principe, l'apologie et la promotion de la collaboration sur tous les plans, y compris l'alliance militaire. Ils sont doublés d'une adhésion idéologique aux formes locales ou allemande de nazisme.

Sommaire

[modifier] Les différents types de collaboration selon Werner Rings

[modifier] La collaboration neutre

Le collaborateur dit: « J'accepte que la vie continue. En toute connaissance, et parce que c'est mon intérêt, je travaille directement ou indirectement pour la puissance occupante, sans pour autant adhérer aux principes politiques et idéologiques du National-Socialisme. Mon attitude est dictée par des circonstances qui échappent à mon pouvoir. La seule alternative serait la banqueroute, le chômage, la famine, le chaos et la ruine. Dans la mesure de mes moyens, je veux survivre à la guerre et à la défaite de mon pays[1] ».

L'auteur Werner Rings place dans cette catégorie l'action des administrations de pays comme la Belgique et les Pays-Bas dont les gouvernements se sont réfugiés en Grande-Bretagne. Il range aussi la collaboration économique des pays comme la France ou le Danemark.

En principe, le vainqueur peut imposer tout ce qu'il veut, au besoin par la force, mais il sait aussi qu'un pays pacifique et conciliant est plus facile à diriger et plus productif qu'un pays en révolte. D'après Rings, c'est pour cette raison que l'Allemagne reconnaît la souveraineté et la neutralité de la France et du Danemark qui conservent un gouvernement[2].

Pour Rings, non seulement les industriels qui font des affaires avec les occupants pratiquent une « collaboration neutre », mais également, à leur niveau, les travailleurs qui partent gagner leur vie en Allemagne.

[modifier] La collaboration inconditionnelle

Le collaborateur inconditionnel dit: « Je joins mes forces à celles de l'occupant parce que j'approuve ses principes et son idéal. Mon attitude n'est pas le fruit des circonstances, mais la conséquence d'une allégeance au National-Socialisme. Je suis prêt à faire des sacrifices pour la puissance occupante aussi longtemps que je pourrai servir notre cause commune. »[3].

C'est typiquement l'attitude de Vidkun Quisling qui s'installe au pouvoir en Norvège en 1942. Dans tous les pays occidentaux, on vit apparaître ce que Rings appelle des « Hitler en miniature » et qui auraient pu ou auraient voulu jouer le même rôle que Quisling, mais que les Allemands ne mettent pas au pouvoir. C'est le cas d'Anton Mussert aux Pays-Bas et de Frits Clausen au Danemark. Quisling, Mussert et Clausen sont les chefs de partis nazis locaux. Ils peuvent se revendiquer authentiquement nazis parce qu'ils sont considérés comme proches de la race Allemande par les nazis allemands. Dans les autres pays, il y a également des partis très proches du nazisme et qui voudraient que leurs pays deviennent de vrais alliés des Allemands. On les appelle généralement des « collaborationnistes ».

Parmi les collaborationnistes, on peut citer le parti national Flamand (VNV) de Staf De Clercq, le parti rexiste de Léon Degrelle en Wallonie, le Rassemblement national populaire de Marcel Déat et le PPF de Jacques Doriot, ou le Parti National Breton.

D'après Rings, aucun de ces leaders qu'il soit un pur nazi ou simplement un fasciste n'a jamais obtenu la confiance d'Hitler. Seule exception, la russe Bronislaw Kaminski qui bénéficie de la pleine confiance des occupants dans sa « République de Lokoty », près de Briansk[4].

[modifier] La collaboration conditionnelle

Le collaborateur conditionnel dit : « Je coopère avec la puissance occupante bien que je n'approuve que certains des aspects de la doctrine nazie. Avec réserve, je suis prêt à collaborer fidèlement parce que je veux changer les circonstances qui m'ont conduit à cette attitude »[5].

Selon Rings, la collaboration conditionnelle est la politique officielle de la France de Vichy et le gouvernement Danois la pratique partiellement. En octobre 1940, Pétain propose une collaboration qu'Hitler n'avait pas réclamée. Dans un discours radiodiffusé, il explique aux Français, que

« ...pour maintenir l'unité française, ..., dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre européen, que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration. Ainsi, dans un avenir prochain, pourrait être allégé le poids des souffrances de notre pays, amélioré le sort de nos prisonniers, atténuée la charge des frais d'occupation Ainsi pourrait être assouplie la ligne de démarcation et facilités l'administration et le ravitaillement du territoire. »

Pour Rings, l'attitude de Vlassov, fondateur du Comité russe de libération et de l'Armée russe de libération, ressortit également à la « Collaboration conditionnelle »

[modifier] La collaboration tactique

Le collaborateur tactique dit:

« J'accepte de collaborer malgré mon hostilité vis-à-vis du National-Socialisme et de l'Allemagne nazie. Je le fais pour un certain nombre de raisons: libérer le pays du joug étranger et recouvrer ma liberté, éviter, autant que possible, le massacre de masse de gens innocents, ... la collaboration dissimule la résistance et une forme de combat. »[6].

Pour illustrer cette forme de collaboration, Rings cite l'exemple d'employés de chemin de fer qui pouvaient faire circuler des trains le jour et pratiquer le sabotage la nuit. Autre exemple de cette sorte de collaboration: en janvier 1941, après que les Allemands aient menacé de bloquer l'approvisionnement en charbon du Danemark, ce dernier accepte de livrer des vedettes lance-torpille, mais après les avoir rendu pratiquement inutilisables. Une telle attitude a également été celle du président Emil Hácha de Bohême-Moravie, qui continue, en 1939, de rester en contact avec Edvard Beneš, réfugié à Londres.

D'après Rings, certains groupes ou organisations sont amenés à pratiquer la collaboration tactique: Les consistoires juifs, pour gagner du temps, les partis communistes avant juin 1941, pour exister politiquement.

Parfois également, certains groupes de résistants sont amenés à négocier avec l'occupant: Tito, en mars 1943, pour un échange de prisonniers, les Tchetniks, de façon beaucoup plus répétée, aussi bien avec les Allemands qu'avec les Italiens. En France, en 1944, l'OCM de Bordeaux, accepte de livrer aux Allemands 45 tonnes d'armes parachutées depuis Londres en échange de la libération de 300 prisonniers. En avril 1942, juste après son évasion, le général Giraud accepte de rencontrer Otto Abetz mais refusera les propositions qui lui sont faites.

Rings souligne que, sous la pression des évènements, la collaboration tactique ne peut pas durer longtemps: Bien vite, le gouvernement d'Emil Hácha doit passer de la collaboration tactique à la collaboration conditionnelle, puis, inconditionnelle à partir de l'été 1940. Les partis communistes passent carrément à la résistance à partir de juin 1941, et même au Danemark, la collaboration prudente gouvernement danois doit prendre fin en août 1943 date de sa dissolution.

[modifier] La Collaboration en France

En France, la politique de collaboration a été mise en place par le Maréchal Pétain sous l'occupation allemande, pendant la Seconde Guerre mondiale, et c'est Pétain lui-même qui a lancé ce terme dans son discours radiodiffusé du 30 octobre 1940, où il invitait les Français à collaborer avec l'ennemi.

Le maréchal Petain, qui avait alors quatre vingt quatre ans, avait grandi sous les régimes autoritaires du Second Empire et de la présidence du Général Mac Mahon. Il n'est donc guère surprenant qu'il ait réagi à la défaite de 1940 en fonction d'une idéologie réactionnaire et passéiste qui tournait le dos à toute la Troisième République. Il faut ici citer des paroles qu'il avait prononcées le 25 juin 1940: "Notre défaite est venue de nos relâchements. L'esprit de jouissance détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié. C'est un redressement intellectuel et moral que d'abord je vous convie. Français vous l'accomplirez et vous verrez, je le jure, une France neuve surgir de votre ferveur". Si le maréchal a jugé la Troisième République coupable de "relâchement", il a sans doute aussi été attiré par l'apparence d'ordre et de rigueur que présentait l'Allemagne nazie. Il a peut-être été séduit par l'action de Hitler contre les communistes et contre les franc-maçons (ce qu'il appelait la judeo-maçonnerie), ainsi que par le relèvement national réussi par les nazis dans leur propre pays (bien que ce redressement ait en fait été amorcé plus tôt sous la République de Weimar).

De 1940 à 1943, la vision du redressement national proposée par Pétain à la France recueillit l'assentiment d'une large partie de la population, car en dépit de leur hostilité profonde envers Hitler et même envers les collaborateurs, les français étaient alors à la recherche d'un renouveau. Dans un contexte politique où les élites de la Troisième République étaient très largement discréditées par la défaite, Pétain, l'ancien vainqueur de la bataille de Verdun, représentait paradoxalement un homme nouveau susceptible de régénérer le pays, ou en tout cas, de le protéger.

Selon Yves Durand le collaborationnisme est "l'engagement au côté de l'occupant, non par nécessité ou adaptation aux circonstances, mais par l'adhésion volontaire à l'idéologie nazie et recherche avec l'Allemagne d'une alliance étroite"[7]. En ces termes, Pétain est un collaborateur, même s'il n'adhéra jamais explicitement aux idéaux nazis, comme le fit Laval. En effet, il ne dénonça jamais les agissements de l'occupant autrement que de manière symbolique, et en aucun cas systématiquement. Certes, Pétain émit des protestations officielles, mais sans effet, lors de l'expulsion des Alsaciens-Lorrains hors de leurs territoires. Et il cautionna, ne serait-ce que tacitement, la politique "d'alliance étroite" avec les nazis menée par Laval et Darlan, jusque dans ses pires excès. Le sort des juifs le laissa indifférent, le Régime de Vichy promulguant sous son autorité des lois antisémites aussi dures que celles de l'Allemagne.

[modifier] La Collaboration en Belgique

En Belgique, le gouvernement Hubert Pierlot part en exil à Londres, en désaccord avec la capitulation décidée le 28 mai 1940 par le roi Léopold III se considérant comme prisonnier de guerre, mais sans apporter son soutien au gouvernement en exil. Divisant pour mieux régner, les Allemands essaient de susciter le collaborationnisme des Flamands en pratiquant la Flamenpolitik, tout en s'ingéniant à opposer ce mouvement aux Rexistes Wallons de Léon Degrelle.

[modifier] La Collaboration aux Pays-Bas

[modifier] La Collaboration en Yougoslavie

[modifier] La Collaboration au Danemark

Icône de détail Article détaillé : Occupation du Danemark.

[modifier] La Collaboration en Pologne

[modifier] La Collaboration aux Tchécoslovaquie

[modifier] La Collaboration en Norvège

  • la Norvège, dirigée par Vidkun Quisling, dont le nom servit pendant la guerre à désigner les dirigeants collaborateurs qualifiés par les alliés et les résistants de « Quislings »

[modifier] La Collaboration en Grèce

[modifier] La Collaboration en Union soviétique

En Union soviétique, dans les zones contrôlées par la Wehrmacht, de nombreuses personnes ont aidé les nouveaux occupants, que ce soit par antistalinisme ou par patriotisme (pour les régions comme les pays baltes annexés en 1940 par l'URSS). On les surnomme les Hiwi.

[modifier] Les pays alliés de l'Allemagne

[modifier] La Roumanie

[modifier] La Hongrie

[modifier] La Bulgarie

[modifier] Liens internes

[modifier] Notes

  1. Werner Rings, Life with the ennemy, Weidenfeld and Nicholson, 1982 p73 (traduit de l'Allemand Leben mit dem Feind, 1979)
  2. Rings, p.76
  3. Rings, p.86
  4. Rings, p.103
  5. Rings, p.106
  6. Rings, p.128
  7. Volontaire français sous l'uniforme allemand - Pierre Giolitto - page 24

[modifier] Voir aussi

wikt:

Le Wiktionnaire possède des entrées pour « collaboration » et « collaborationnisme ».