Clavier (musique)

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En musique, et plus précisément, en organologie, le clavier est un ensemble de touches que l'on enfonce en général à l'aide des doigts (soit d'une seule main, soit des deux mains) pour jouer de certains instruments.

Les touches peuvent aussi être actionnées avec les pieds (pédalier de l'orgue) ou avec les poings (carillon).

Le clavier de l'accordéon diffère de celui des autres instruments, avec des touches rondes disposées en quinconce ; on dit qu'il s'agit d'un « clavier à boutons ». Les accordéons italiens sont hybrides : clavier à touches de type piano, pour la main droite et clavier à bouton, pour la main gauche (les touches de type piano des accordéons sont toutefois plus étroites que celles du piano).

Sommaire

[modifier] Histoire

On doit à Ctésibios l'invention de l'ancêtre du clavier, au IIIe siècle avant notre ère, destiné à faire fonctionner l'hydraule, ancêtre de l'orgue qui est également de son invention. Au Moyen Âge sont apparus plusieurs instruments utilisant un clavier, l'organistrum et la chifonie, ancêtres de la vielle à roue, le clavicorde et le clavicythérium, équivalents médiévaux du clavecin dont l'origine viendrait d'Angleterre, l'organetto et l'orgue positif, petits orgues de table à soufflet rappelant l'accordéon et l'harmonium, ainsi que les premières orgues d'église utilisant plusieurs claviers.

[modifier] Instruments à clavier

L'octave d'un clavier de do à do
L'octave d'un clavier de do à do
L'octave de ré à ré sur un clavier de piano
L'octave de à sur un clavier de piano

On trouve un ou plusieurs claviers sur les instruments suivants : accordéon, célesta, clavecin, épinette, virginal, clavicytherium, clavicorde, piano-forte, harmonium, orgue, piano, synthétiseur, Ondes Martenot, vielle à roue, carillon, etc.

[modifier] Construction du clavier du type « piano »

Le clavier se présente comme un alignement de touches. Dans le langage technique, les touches larges au bord du clavier s'appellent les marches (ce sont les touches de couleur blanche du clavier de piano) ; les touches plus étroites situées en retrait par rapport au bord du clavier s'appellent les feintes (ce sont les touches de couleur noire du clavier de piano). La géométrie du clavier est facile à reconnaître grâce à la disposition alternée des touches noires ou feintes : 2, 3, 2, 3… et ainsi de suite.

La conception de la touche d'un clavier de type « piano » pose un problème de proportions qui n'a pas de solution rigoureuse :

  • on pose que les 7 marches diatoniques do, , mi, fa, sol, la, et si doivent être toutes de largeur identique ;
  • on pose aussi que les 5 feintes chromatiques do#, ré#, fa#, sol#, et la# doivent être toutes de largeur identique.

Il en résulte que l'octave comporte deux zones :

  • de do à mi, dont l'axe de symétrie est  ;
  • de fa à si, dont l'axe de symétrie est sol#.

La marche est constituée d'une partie utile large, la palette, et d'une partie étroite, la queue.

Il reste deux exigences à remplir :

  • répartir les feintes do#-ré#, dans la zone do-mi, soit 5 queues/feintes sur 3 marches ;
  • répartir les feintes fa#, sol#, si♭, dans la zone fa-si, soit 7 queues/feintes sur 4 marches.

Il va de soi que 5/3 ne vaut pas 7/4. Il faut que le doigt passe entre les feintes. On cherche donc à avoir le même espace entre chaque feinte, en élargissant la répartition des 2 feintes autour du , de manière à obtenir les mêmes espaces qu'autour du sol#.

Il en découlera que la largeur des queues de do et fa ne vaudra pas celles de si et , ce qui importe peu.

Dans la pratique le facteur se sert de « règles à clavier » qu'il dessine selon le compromis ci-dessus.

En ce qui concerne les dimensions des touches et du clavier des pianos, en Allemagne est en vigueur la norme DIN 8996 ("Klaviatur für Pianos und Flügel; Maße") : largeur des marches, 23,6 mm; largeur des feintes, 11,5 mm; largeur de l'octave (7 marches), 165,2 mm; largeur du clavier (88 touches), 1227 mm (+4/-0 mm); et cætera.

Dans le piano, les parties invisibles (extrémités opposées des touches) vont rejoindre le mécanisme de production sonore par un léger biais. Dans l'orgue et l'harmonium les queues sont toutes d'égale largeur.

Certains suivent les principes décrits par le père Mersenne (1588 - 1648), permettant d'avoir un tracé optimal compte tenu de ces contraintes mais moins subtil.

La couleur du clavier n'a été fixée pour le piano, le synthétiseur et les autres instruments modernes que récemment, à partir du XIXe siècle : naturelles blanches et feintes noires.

Sur les instruments précédents les facteurs suivaient les usages de leur temps et du lieux, en s'autorisant des apports de décorations en tabletterie, gravures, marqueterie.

Dans les instruments nordiques, flamands, les marches sont en os, les feintes en ébène, ce qui modifie, par le poids de l'os le point d'équilibre de la touche.

Dans les claviers français les marches sont plaquées d'ébène ou en ébène massive et les feintes en poirier noirci plaquées d'os ou bien en érable massif ou en ébène blanche.

Sur les clavecins ou d'autres instruments du XVIe et XVIIe siècles, deux particularités peuvent se présenter, parfois simultanément :

  • l'octave « courte » : les touches correspondant à certaines notes graves peu utilisées servaient en fait à produire des notes plus graves que leur position sur le clavier ne l'aurait fait penser. Ceci permettait aux instrumentistes de jouer des accords de neuvième ou plus, impraticables sur un instrument moderne ;
  • les touches divisées (« feintes brisées ») pour produire deux notes distinctes en fonction de la position du doigt.

[modifier] Articles connexes