Classe préparatoire aux grandes écoles

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Les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) sont des classes d'enseignement supérieur situées généralement dans les lycées. Communément appelées classes prépas ou prépas et pour la plupart publiques, elles sélectionnent sur dossier et recommandations après le baccalauréat et préparent en 2 ans[1] les étudiants aux concours d'admission de certaines écoles de commerce, de certaines écoles d'ingénieurs, des Écoles normales supérieures (ENS), de l'École nationale des chartes et dans une certaine mesure des Instituts d'études politiques. 74 800 étudiants sont inscrits en classes préparatoires aux grandes écoles pour l'année universitaire 2005-2006 [2].

Sommaire

[modifier] Historique

Les classes préparatoires apparaissent dès le XVIIIe siècle. Initialement, elles sont exclusivement scientifiques. Il faut attendre le XXe siècle pour voir apparaître les classes préparatoires littéraires, puis enfin les classes préparatoires économiques.

L'apparition des premières classes préparatoires s'explique par la mise en place des premiers concours, destinés au recrutement dans les armes nécessitant des connaissances scientifiques (l'artillerie, par exemple). Le premier concours est instauré par Vauban en 1692 (admission dans le Génie). C'est dans le but de préparer les candidats à ces concours militaires que les premières institutions, en grande majorité privées, font leur apparition.

À l'origine, il fallait justifier d'une ascendance noble pour concourir. Après la Révolution française, ce critère de sélection est supprimé. L'ambition de la République d'ouvrir tous les postes à tous les citoyens avec pour seul critère de sélection leurs compétences, trouve son aboutissement dans la création de l'École polytechnique. Les anciennes institutions de préparation aux concours de l'Ancien Régime ne survivent pas à la Révolution. En 1802, Napoléon Bonaparte crée les lycées, dotés chacun d'une "classe de mathématiques transcendantes". En 1809, la 6e année de lycée devient la classe de « mathématiques spéciales ». En 1814 c'est la classe terminale de philosophie qui contient l'enseignement des mathématiques, puis apparait en 1821 une deuxième année de philosophie qui contient des enseignements plus poussés de mathématiques qui s'intitulent à nouveau « mathématiques spéciales » en 1840. Le baccalauréat ès lettres étant passé au terme de la première année de philosophie, celui-ci, et encore moins le baccalauréat ès sciences d'un niveau plus élevé, n'étant pas obligatoire pour l'admission au concours des écoles spéciales, les élèves suivent donc les cours de mathématiques spéciales essentiellement pour préparer le concours d'entrée à l'École polytechnique en négligeant les études classiques.

C'est en 1852 qu'est créée officiellement une classe de mathématiques spéciales postérieure au cursus secondaire, et dans seulement quinze lycées, dédiée à la préparation des concours d'entrée à l'École polytechnique et à l'École normale section sciences. Le programme de cette classe devient en même temps le programme officiel de ces concours et le baccalauréat ès-sciences devient un pré-requis pour l'admission. La classe de logique (terminale) prépare également au concours d'entrée à l'école militaire, l'école forestière et l'école navale.

Les prémisses des classes préparatoires littéraires se font à la fin du XIXe siècle afin de préparer les élèves au concours de l'École normale supérieure. Dans un premier temps, la préparation de ces concours s'est faite dans les classes de rhétorique des lycées, après le baccalauréat de philosophie. En 1880, quelques lycées ouvrent des classes de rhétorique supérieure préparant exclusivement au concours de l'École Normale Supérieure. La plupart de ces classes sont des subdivisions de la classe de rhétorique du lycée et sont rarement autonomes. Dès le début du XXe Louis-le-Grand et Henri-IV remplacent leur classe de rhéthorique supérieure par l'année d'« hypokhâgne » et de « khâgne ». Dès lors, les classes préparatoires littéraires jouissent d'une grande réputation mais commencent à peser d'un point de vue numérique qu'à partir des années 1960. [3]

Les classes préparatoires économiques n'apparaissent que dans les années 1970.

[modifier] Les CPGE de nos jours

Les concours ont beaucoup évolué, ne serait-ce que parce que le nombre d'écoles d'ingénieurs ou de commerce a considérablement augmenté.

En 2006, on comptait plus de 180 écoles à caractère scientifique. Les Écoles supérieures de commerce sont elles au nombre de 56.

L'enseignement a lieu dans les lycées et les enseignants sont des professeurs agrégés[4]. Les études s’inscrivent dans le système européen d’enseignement supérieur et les 2 ans de prépa sont équivalents à 120 crédits compatibles ECTS[5].

38 000 étudiants entrent en classe préparatoire par an, 28 000 sont admis dans une école, 2 000 rejoignent une école post-bac, 7 200 rejoignent l'université dont 5 600 en licence et 1 600 en DUT (IUT). En 2005, le ministère de l'éducation nationale a dépensé 13 560 euros par étudiant en classes préparatoires aux grandes écoles contre 7 210 euros par étudiant en université (hors IUT)[6].

Si les concours des écoles les plus prestigieuses restent très sélectifs, peu de candidats n'obtiennent pas de place à un concours au moins. En ce qui concerne les concours scientifiques en 2006, 18 552 candidats ont été classés sur 23 282. 17 460 ont été appelés, ce qui signifie qu'on leur a offert une place dans une école à l'issue du concours. 13 906 l'ont acceptée, les autres préférant le plus souvent refaire une année de prépa pour tenter d'obtenir une école leur convenant mieux ou poursuivre leurs études à l'université. Enfin, 1 433 places n'ont pas trouvé preneur. [7]

[modifier] Préparation aux concours

Quelle que soit la filière, ces classes préparatoires, comme leur nom l'indique, préparent les étudiants au passage des concours d'entrée des grandes écoles de commerce, d'ingénieurs, écoles normales supérieures, écoles militaires... (voir les articles détaillés)

Les élèves suivent donc un enseignement intensif (le surnom de la prépa scientifique résume bien ce fait) et assez théorique (surtout en filière scientifique comparé à d'autres filières non-prépa). Outre les travaux dirigés (TD) et les devoirs à la maison (DM), ils se préparent à la partie écrite des concours en subissant de nombreux devoirs surveillés (DS) qui peuvent être des énoncés de concours, entiers ou non (dans ce cas il peut s'agir d'un panel d'exercices ou de problèmes de différents concours). Les élèves se préparent également à la partie orale des concours, grâce à des interrogations orales (« colles » ou « khôlles » en argot scolaire) dont les examinateurs sont des « colleurs », qui peuvent être recrutés parmi les professeurs de classes préparatoires ou de secondaire de l'établissement (y compris ceux-là même des élèves) ou d'établissement voisin, parmi les anciens élèves de l'établissement ayant intégré, ou peuvent encore être des universitaires ou bien des étudiants de l'université.

[modifier] Les filières en 2008

Il existe 3 catégories de prépa: [8]

[modifier] Les classes préparatoires économiques et commerciales

La CPGE économique et commerciale — appelée « prépa HEC » ou « épice » en argot scolaire (parce qu'elle était censée former des « épiciers », terme péjoratif pour désigner des vendeurs) — prépare aux concours des Écoles supérieures de management, de commerce et de gestion. Elle se décline en voie scientifique (anciennement « voie générale »), voie économique et voie technologique. Il n'existe pas de préparation spécifique pour les littéraires, mais les concours des écoles leur sont ouverts au travers des épreuves qu'ils passent dans leur propre filière.

Voici quelques précisions sur les trois principales voies en prépa HEC :

  • la voie scientifique, majoritaire, destinée aux élèves issus de baccalauréats scientifiques.
  • la voie économique, destinée aux élèves issus principalement de baccalauréats économiques.
  • la voie technologique, destinée aux élèves issus de baccalauréats STG.
  • Il existe deux autres voies qui sont en fait les deux classes préparatoires à l'ENS Cachan. Les classes préparatoires économie droit et gestion, section D1 et la section D2 (économie/gestion) préparent à des concours spécifiques : ceux respectivement du département économie-droit et du département économie-gestion de l'ENS Cachan, mais permettent également de présenter une large gamme d'écoles de commerces.

Pour la voie scientifique, les matières enseignées et présentes aux épreuves écrites sont les mathématiques, l'histoire-géographie et la géopolitique du monde contemporain, la culture générale (au travers de la philosophie et du français), les langues vivantes (au nombre de deux, dont l'anglais) et le résumé de texte. L'économie est une option, et ne peut être passée aux concours. Dans la voie économique, l'analyse économique et historique des sociétés contemporaines (AEHSC) remplace l'histoire-géographie et la géopolitique, et dans la voie technologique, il s'agit d'une épreuve d'économie, et d'une épreuve de gestion et droit.

[modifier] les classes préparatoires littéraires

Icône de détail Article détaillé : Classes préparatoires littéraires.

La filière littéraire prépare aux écoles normales supérieures, écoles supérieures de commerce et de gestion, instituts d'études politiques, et à l'École nationale des chartes, entre autres. La première année se nomme officiellement « lettres supérieures » (hypokhâgne en argot scolaire) et la seconde année « première supérieure » (khâgne). Cette filière est exclusivement littéraire (avec du latin ou grec).

Il existe aussi la filière littéraire, mathématiques, économique et sociale nommée BL: les mêmes matières littéraires y sont enseignées (philosophie, lettres, histoire, géographie, deux langues vivantes) à l'exception du latin, et avec en outre les mathématiques et sciences économiques et sociales. Cette filière ouvre de plus aux concours de l'ENSAE et de l'ENSAI, subdivisions de l'Ecole Normale Supérieure de Cachan. Les BL passent l'ENS Lyon, Cachan et Ulm.

[modifier] Les classes préparatoires scientifiques

Icône de détail Article détaillé : Classe préparatoire scientifique.

La filière scientifique, dite « taupe » pour les matheux, les physiciens et les chimistes en argot scolaire (car comme l'animal particulièrement myope, les élèves, les « taupins », ne sont pas censés voir souvent la lumière du jour; une autre explication est que la taupe prépare à "Mine Paris") et « agro » pour les biologistes, prépare aux écoles d'ingénieurs, écoles normales supérieures et écoles nationales vétérinaires. Il existe plusieurs filières : MP, PC, PSI, PT, TSI, ATS, BCPST et TB.

[modifier] Filière technologique

Cette filière est dédiée aux élèves de classes terminales STG toutes options confondues. Elle existe depuis plus de 30 ans et reste encore méconnue du grand public. Peu de lycées proposent cette filière, cependant elle est présente dans plusieurs grandes villes de France (Bordeaux, Versailles, Toulouse, Brest, Montpellier, Grenoble, Valence, Lille, Lyon…)


[modifier] Classement des classes préparatoires

Il n'existe pas de classement officiel des classes préparatoires. Certains journaux publient chaque année un classement fondé sur certaines statistiques, mais on reproche parfois à ces journaux de ne pas prendre en compte la totalité des données (omission de certaines écoles, par exemple) ou de pondérer les statistiques de manière à avantager une classe préparatoire plutôt qu'une autre.

Deux types de classements peuvent être publiés : des classements sur la base des résultats aux concours préparés par ces classes et des classements évaluant la sélectivité à l'entrée de ces classes.

[modifier] En dehors de la France

Le système des grandes écoles et des CPGE est actuellement en développement en Chine avec l'École Centrale de Pékin.

[modifier] Homonymie

  • Lorsque les écoles de commerce ou les écoles d'ingénieurs ont des cursus de 5 ans, on parle de façon abusive, de « classe préparatoire intégrée ».
  • Il existe aussi dans des lycées des classes de préparation au diplôme de comptabilité et de gestion.

[modifier] Notes et références

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie