Christian Matthias Theodor Mommsen

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Theodor Mommsen
Theodor Mommsen

Christian Matthias Theodor Mommsen (1817-1903) fut un historien allemand, et le plus influent spécialiste de la Rome antique du XIXe siècle. Il est l'auteur d'une monumentale Histoire romaine et d'un Corpus inscriptionum latinarum encore actualisé et mis à jour.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né à Garding (Schleswig-Holstein), fils de pasteur, Mommsen est né citoyen danois mais s'est toujours reconnu allemand d'origine et de cœur. Il étudie de 1831 à 1838 à Altona, puis à l' université de Kiel, où il se spécialise à la fois en histoire, droit et philologie.
Brillant élève, Mommsen obtient une bourse qui lui permet de voyager en France et en Italie, dernier pays où s'affirment son goût et son habileté à déchiffrer les inscriptions antiques. Il travaille d'arrache-pied de 1845 à 1850 sur les dialectes de l'Italie méridionale (marse, osque, messapien, etc.), ce qui fait déjà de lui un érudit de grande envergure.

Il fit un voyage en France et en Italie (1844-1847), puis s'engagea dans la politique, soutenant les idées nouvelles dans un journal local alors qu'il enseigne le droit à Leipzig en 1848. Révoqué peu après à cause de ses opinions libérales, Mommsen enseigne quelque temps à Zurich (1852), puis à Breslau (1854), et enfin à Berlin (1858) où il est chargé de l'histoire en 1861.

Chargé par l'Académie prussienne d'un monumental Corpus inscriptionum latinarum, il fait de celui-ci la base, encore valable aujourd'hui, de toute recherche épigraphique.

Ce chercheur hors pair, capable de maîtriser de multiples domaines, fonde par ses travaux et son enseignement une école historique qui dépasse les frontières allemandes[1]. Reçu par Napoléon III aux Tuileries, il est alors une sommité reconnue de l'histoire antique, non seulement par l'Empereur qui prépare son Histoire de Jules César (1865), mais aussi par les savants qui épaulent le monarque dans cette entreprise, dont Victor Duruy alors ministre de l'Instruction publique.

Proches des milieux libéraux, Mommsen participe à la vie politique de son pays. Il se réjouit, en 1870, de l'unité allemande. Très souvent qualifié de francophobe, il a certes manifesté le plus grand mépris pour la politique française et ce, jusqu'à sa mort, ce que la communauté scientifique française ne lui pardonna pas. (Fustel de Coulanges, dans une série d'articles, qui furent réédités sous le titre de Questions contemporaines, polémiqua contre Mommsen). Mommsen était cependant un admirateur de Racine, Musset et de Voltaire. En outre, il s'opposa politiquement à Bismarck, attitude qui lui valut une condamnation à quelques mois de prison. Il abandonna ainsi le siège de député au Reichstag en 1882 qu'il occupait depuis 1873.

Secrétaire perpétuel de l'Académie de Prusse depuis 1878, il reçoit au crépuscule de sa vie, en 1902, le prix Nobel de littérature. Il se consacra ensuite uniquement à son œuvre, en tant que professeur à Berlin, et secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences de Prusse. Il eu seize enfants avec son épouse Marie dont certains moururent en bas âge. Ses petits-enfants Hans et Wolfgang sont des historiens reconnus.

[modifier] Ouvrages principaux

Theodor Mommsen est un spécialiste de l'histoire antique du XIXe siècle. Il ne s'appuie que sur l'épigraphie, et laisse de côté le corpus de légendes sur l'histoire romaine.

  • Son Droit public romain fut considéré à l'époque comme une bible, et fut inclus dans le Manuel des Antiquités romaines de Marquardt ;
  • Philologue émérite, il étudia les dialectes italiotes, et révisa les éditions des Agronomes Latins[2] et de Pline le Jeune ;
  • L'Histoire de la monnaie romaine (1860) est à la fois une codification de l'ensemble de la monnaie romaine, et une avancée dans le domaine combinant droit, métrologie, épigraphie latine et histoire.
  • son Histoire romaine (1854-1886, 8 volumes) est un monument également admiré à l'époque, mais peu référencé.

[modifier] Le Corpus inscriptionum latinarum

Ce Recueil des inscriptions latines était attendu dans de nombreuses universités, et certaines avaient même entamé des travaux pour le réaliser. Ceux-ci, quand ils n'avortaient pas, n'aboutissaient qu'à des recueils partiels, dispersés, de valeur inégale. L'Académie de Berlin elle-même avait amorcé une compilation de ce genre, mais en rangeant les inscriptions par catégories, ce qui demandait beaucoup plus de labeur, un long travail de conception, des discussions ardues, et des mises à jour difficiles.

Mommsen, lors de son voyage en Italie, avait recopié l'ensemble des inscriptions du Royaume de Naples, pensant qu'il était plus pertinent de procéder par région, puis par localité. Il compléta ce recensement par de nombreuses tables détaillées facilitant la recherche. Sa publication eut un grand succès, et sa méthode fut saluée par l'Académie de Berlin, qui le chargea de poursuivre ses travaux.

Il dirigea la publication à partir de 1863, rédigeant plusieurs volumes lui-même, suivant de près ses collaborateurs pour les autres. Il mourut à Charlottenburg avant d'avoir achevé sa tâche, qui fut continuée et constamment actualisée depuis.

À sa mort, le CIL contenait plus de 100 000 transcriptions graphiques d'inscriptions latines. Les 16 tomes correspondent pour 14 d'entre eux à une région, excepté le premier, réservé aux inscriptions antérieures à la mort de Jules César, et le seizième, consacré aux diplômes militaires.

Il reçut la médaille pour le Mérite et le prix Nobel de littérature en 1902.

Son frère Auguste Mommsen, s'est aussi distingué dans l'archéologie.

[modifier] Notes

  1. C. Jullian, peu suspect de germanophilie, suit ses cours en 1883 et ne cache pas son admiration pour le maître.
  2. On appelle ainsi les auteurs (connus ou anonymes) qui ont traité d'agronomie dans leurs écrits. On inclut généralement dans ce groupe d'auteurs: Caton l'Ancien, Varron, le Virgile des Géorgiques, Columelle.

[modifier] Oeuvres

  • Theodor Momsen, Histoire romaine, 2 volume, Collection Bouquins, Robert Laffont, 1985.

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Christian Matthias Theodor Mommsen.

[modifier] Liens externes

  • (de) Theodor Mommsen, « « Römische Geschichte » », (1857), Gutenberg Project. Consulté le 21 juin 2007
  • Theodor Mommsen, Histoire de la monnaie romaine , traduction par Le duc de Blacas sur le site gallica.
    Tome I Tome II Tome IV


Précédé de :
Sully Prudhomme
Prix Nobel de littérature
1902
Suivi de :
Bjørnstjerne Martinus Bjørnson