Chambre à gaz

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Chambre.

La chambre à gaz est un dispositif destiné à la mise à mort par empoisonnement par voies respiratoires.

Sommaire

[modifier] Peine de mort

Un certain nombre de pays et 5 états américains (Arizona, Californie, Maryland, Missouri et Wyoming) utilisent la chambre à gaz pour exécuter la peine de mort.[1] Dans ces États, les condamnés à mort ont le choix entre la chambre à gaz et l'injection létale, excepté au Wyoming où la chambre à gaz n'est utilisée que si la méthode courante est jugée anticonstitutionnelle.

Depuis 1976, 11 personnes ont été exécutées par gaz létal aux États-Unis.[2] La dernière fut Walter LaGrand le 3 mars 1999.[3]

[modifier] Shoah

Cette technique d'exécution a été poussée à un niveau industriel à Auschwitz par les nazis pour exterminer — entre autres — des handicapés mentaux, des Juifs, des Roms, des homosexuels, des franc-maçons et des communistes pendant la Seconde Guerre mondiale. Le gaz employé à Auschwitz fut l'acide cyanhydrique, dégagé par le Zyklon B de la firme IG Farben. Dans certains autres camps d'extermination, ce sont des gaz d'échappement qui ont été utilisés de façon exclusive, qui tuaient les victimes par intoxication au monoxyde de carbone, soit dans des chambres à gaz (Treblinka), soit dans des camions mobiles comme ce fut le cas, par exemple, à Chelmno à partir de décembre 1941.

[modifier] Bâtiments

À Auschwitz, les locaux de gazage faisaient partie des crématoires (on appelle alors "crématoire" un bâtiment incluant en un même lieu les salles de déshabillage, chambres à gaz et salles des fours). A Auschwitz il y a cinq crématoires appelés K I, II, III, IV et V (K I à Auschwitz I, les autres à Auschwitz II c’est-à-dire Birkenau). En plus de ces Krematorium, il y avait dans le bois à la lisière extérieure du camp de Birkenau des chambres à gaz dans deux lieux appelés Bunker. Les deux Bunker ont été utilisés avant la construction des K II à V. Il s'agissait au départ de bâtiments existant antérieurement au camp et appartenant à des paysans Polonais qui en ont été expropriés. Ils ont ensuite été l'objet de travaux destinés à les adapter à leurs fonctions sur ordre de R. Höß le commandant du camp, qui tenait lui-même ses ordres de H. Himmler. La capacité de ces Bunker était bien inférieure à celle des crématoires. Les Bunker 1 et 2 ont cessé d'être utilisés lorsque les Krematorium ont été terminés. Le Bunker 1 (deux chambres à gaz) a alors été détruit. Le Bunker 2 (quatre chambres à gaz) en revanche a été conservé et remis en service lors des transports massifs de Juifs Hongrois durant l'année 44 car les quatre crématoires n'y suffisaient pas. Pour certaines, les chambres à gaz prenaient l'apparence anodine de salles de douches pouvant contenir simultanément jusqu'à 3 000 personnes pour les K II et III et 2 000 pour les K IV et V.

[modifier] Méthode

Une fois les portes fermées, un officier SS versait les cristaux de Zyklon B par des ouvertures dans le toit qu'il obturait ensuite par des dalles en béton (aux K I, K II et K III) ou par des lucarnes de bois en haut des murs (aux Bunkers et aux K IV et K V). Dans le premier cas, le produit tombait dans des colonnes creuses jalonnant la chambre d'où le gaz commençait à diffuser. La mort survenait progressivement après 6 à 20 minutes (variable selon la quantité de personnes dans la salle et la chaleur) de convulsions et d'étouffement accompagnés d'une angoisse extrême. Après un délai qui était jugé convenable par un médecin SS regardant pour cela dans la pièce par un judas, on ouvrait les portes. Peu après, dans les crématoires équipés de ventilation, les cadavres étaient sortis de la chambre à gaz. Là, un Kommando était chargé de raser les cheveux des femmes et de récupérer les objets de valeur, y compris les dents en or. Ensuite, ces prisonniers devaient empiler les cadavres dans des monte-charges vers la salle des fours aux K II et III parce que les chambres à gaz y étaient au sous-sol.

[modifier] Négationnisme

Les négationnistes déclarent que les descriptions faites par les survivants sont inexactes, la toxicité du Zyklon B étant telle qu'il était impossible d'entrer dans les chambres à gaz sans masques avant plusieurs heures, ce qui rendrait impossible le rendement admis par tous les historiens. En fait, ils profitent des différences de fonctionnement des lieux de gazage qui ne sont évidemment pas connues du grand public. Au Bunker 1 par exemple, il était nécessaire d'attendre plusieurs heures avant de faire venir le Sonderkommando des prisonniers chargés de sortir les corps (pour que les gaz se soient suffisamment dissipés), ou bien il fallait les équiper de masques à gaz. Forts de cette expérience, les travaux ordonnés par les SS au Bunker 2 ont prévu deux portes se faisant face pour chacune des quatre chambres à gaz afin d'en faciliter l'aération. Aux K, les SS ont demandé aux entreprises de prévoir des systèmes de ventilation. Il est important de souligner que jamais l'eau n'a coulé dans ces pseudo-douches de Birkenau. Les pommeaux étaient là seulement pour obtenir le calme des victimes en leur faisant croire aussi longtemps que possible qu'ils allaient réellement prendre une douche désinfectante avant de pouvoir pénétrer dans le camp. Dans ce but, les SS d'Auschwitz avaient également placé des pancartes Zum Baden sur les portes, ainsi que des crochets numérotés dans les vestiaires où les Juifs se déshabillaient (on leur disait alors de bien retenir le numéro). À Treblinka, les pommes de douches n'étaient pas raccordées à l'eau non plus. Comme à Birkenau, les prisonniers devaient utiliser des tuyaux d'arrosage avant de sortir les corps.

La présence des chambres à gaz et leur utilisation par les SS est paradoxalement l'objet d'une méconnaissance du grand public utilisée par les négationnistes pour tenter de nier leur existence. La confusion provient également d'une mauvaise connaissance de la différence entre les camps d'extermination (Chelmno, Belzec, Sobibor, Treblinka, ou les camps mixtes Auschwitz, Majdanek) qui en disposèrent — ou qui utilisèrent le procédé des camions, selon les cas —, pour certains dès 1941, à fins d'assassinats en masse principalement des Juifs (dès leur arrivée dans ces véritables centres de mise à mort), et les camps de concentration qui servaient de camp de travail (Dachau, Buchenwald, Mauthausen,...) qui n'en firent qu'un usage limité, afin d'éliminer les déportés trop épuisés ou malades, devenus inaptes au travail (procédé permettant qu'il y ait le moins de traces possible pour évaluer leur nombre avec précision), ou encore les camps de transit (Drancy,...) qui étaient une étape avant transfert.

[modifier] Handicapés

Des gazages utilisant les gaz d'échappement furent expérimentés par les nazis pour assassiner les handicapés (ou les malades étiquetés « vies inutiles ») dans un vaste plan improprement qualifié d'euthanasie, qui fit au total, selon les estimations, de 70 000 à plus de 100 000 victimes, très majoritairement entre 1939 et 1941, le plan ayant officiellement cessé suite aux protestations de l'Église catholique (il y eut ensuite une campagne d'élimination sauvage, n'utilisant plus de gaz et faisant nettement moins de victimes).

[modifier] Abattage d'animaux

Les chambres à gaz sont également largement utilisées comme moyen d'abattage massif d'animaux.

[modifier] Bibliographie

  • Manuscrits des Sonderkommandos d'Auschwitz-Birkenau, Des voix sous la cendre, Livre de poche, 2006
  • Auschwitz vu par les SS, trois documents commentés par des historiens, écrits par des officiers SS du camp : R. Höss le commandant, J.P. Kremer médecin et P. Broad, éd. Musée d'état d'Auschwitz-Birkenau, 2004
  • Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, éd. Fayard, 1988 ; rééd. Gallimard, 3 vol., 1992
  • Eugen Kogon, Hermann Langbein, Adalbert Rückerl, Les chambres à gaz secret d'État. Seuil, Points Histoire, 1987
  • Jean-Claude Pressac, Les Crématoires d'Auschwitz, éd. du CNRS 1993 (épuisé puis réédité)
  • Rudolf Höß, Le Commandant d'Auschwitz parle, éd. La Découverte, 2005
  • Germaine Tillion, Ravensbrück, Seuil, 1988
  • Georges Wellers, Les chambres à gaz ont existé. Des documents, des témoignages, des chiffres, éd. Gallimard, collection « Témoins », 1981.
  • Robert Faurisson, Ecrits révisionnistes(1974-1998), Edition privée

[modifier] Notes et références

  1. Portail d'informations sur la Peine de Mort. Gaz létal. juin 2005.
  2. (en)Death Penalty Information Center. Facts About the Death Penalty. 1 mars 2008.
  3. (en)Death Penalty Information Center. Searchable Database of Executions. Page consultée le 30 mars 2008.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes