Chabbat

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« Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour : c'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié." --Ex. 20:8-11 »

La table typique du chabbat : une coupe de kiddouch, deux hallot et deux bougies.
La table typique du chabbat : une coupe de kiddouch, deux hallot et deux bougies.

Le chabbat ou shabbat (hébreu : שבת - abstention) ou shabbes en yiddish est le jour de repos assigné au septième jour — le chiffre 7 se dit cheva en hébreu — de la semaine juive, qui commence le dimanche.
Il est observé, du vendredi avant le coucher du soleil au samedi après la sortie des étoiles, par beaucoup de Juifs, indépendamment de leur degré de pratique. Il existe des tableaux (lou'hot) des heures dites distribuées dans la plupart des communautés.

Le chabbat est également jour chômé officiel en Israël, et outre les magasins, les transports publics ne fonctionnent pas.

Le mot a donné « sabbat » en français, sabbath en anglais, sabt (السبت) en arabe, chabat (Շաբաթ) en arménien, sabado en espagnol, et ŝabato en espéranto.

De façon plus indirecte, « samedi » en est dérivé à partir de « sambe-di » en vieux français, ainsi que « Samstag », « samedi » en allemand, à travers le gothique, sambaz-tac puis samez-tac.

Le concept d'« année sabbatique » y est également associé, bien que le concept dérive aussi du concept juif de l'année de jachère chemitta.

Sommaire

[modifier] Étymologie

Religion
Religions abrahamiques :
Judaïsme - Christianisme - Islam -
Cet article fait partie de la série
Judaïsme
Commémorations
Rosh Hashana - les Jours Redoutables
Yom Kippour - Jeûne de Guedaliah
Souccot - Hoshanna Rabba
Chemini Atseret - Sim'hat Torah
Hanoucca - 10 Tevet
Tou Bichvat - Taanit Esther - Pourim
Jeûne des premiers-nés - Pessa'h et le Seder
Le décompte du Omer - Chavouot
17 Tammouz - les trois semaines
les neuf jours - 9 Ab - Tou BeAv
Commémorations nationales en Israël
Yom HaShoah - Yom Hazikaron
Yom Ha'atzmaout - Yom Yeroushalayim
Événements
Brith milah - Zeved habat
Rachat du Premier né
Bar Mitsva - Bat Mitsva
Prières
Modé Ani - Chema Israël
Amidah - Birkat Hamazone
Textes Fondateurs
et Littérature rabbinique
Tanakh - Torah - Mishna - Talmud
Mishné Torah - Zohar - Choulhan Aroukh
Pensée juive
Exégèse - Philosophie juive - Kabbale - Ethique
Grandes figures du Tanakh
Moïse - Samuel - David - Salomon
Les Sages d'Israël
Les Sages de l'ère mishnaïque
Les Sages de l'ère talmudique
Les maîtres des académies talmudiques
Grandes figures du Haut Moyen Âge
Gdes figures du Bas Moyen Âge à nos jours
Occurrences particulières au Judaïsme
Cacher - Chabbat - Kippa - Talit - Téfiline
Mezouzah - Miniane - Mikvé - Rabbin
Lieux saints
Mont du Temple - Tombeau des Patriarches
Tombeau de Rachel
Courants théologiques
au sein du Judaïsme rabbinique
Judaïsme réformé - Judaïsme reconstructionniste
Judaïsme orthodoxe - Mouvement Massorti
Hassidisme - Ultra-orthodoxes
Courants théologiques
au sein du judaïsme karaïte
Ashérisme
Groupes ethno-culturels
Ashkénaze - Séfarade - Falasha
Karaïte - Samaritains - Juifs indiens - Juifs iraniens

La racine billitère de chabbat est shev (שב), d'où lashevet (לשבת), s'asseoir. Shabbat, bien que couramment rendu par « repos », signifie donc plutôt « abstention (du travail) », « cessation », qui comporte une nuance de repos, mais pas nécessairement, comme dans shevita, qui signifie « (faire la) grève » -- c'est une abstention active et voulue. En revanche, il n'y a pas de rapport (immédiat) entre chabbat (שָׁבַת) et cheva (שְּבַע).
Yom chabbat ne signifie donc pas « le septième jour », qui se dit yom hachevii (יוֹם הַשְּׁבִיעִי), mais « le jour d'abstention », même s'il tombe le septième jour de chaque semaine.

Ceci répond par ailleurs à la question théologique pourquoi Dieu l'omnipotent Se serait reposé. Cela étant, si l'abstention d'activité créatrice fut choisie par Dieu afin de permettre le libre arbitre (entre autres), l'abstention des activités quotidiennes humaines est pour l'homme l'occasion de se reposer, et de "régénérer son âme".

[modifier] Institution biblique du chabbat

Le chabbat trouve son origine dans la création du monde elle-même

Genèse 2:2-3 : Dieu acheva au septième jour Son œuvre, qu'il avait faite, et Il S'abstint au septième jour de toute son œuvre, qu'il avait faite.
Et Dieu bénit le septième jour, et Il le sanctifia, car en ce jour, Il S'abstint de toute Son œuvre qu'il avait créée en la faisant.

L'observance du shabbat est mentionnée en de nombreuses occurrences dans la Torah, les plus notables étant Exode 20:8-11 et Deutéronome 5:12-15.

Exode 20:8-10
Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier.
Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage.
Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes.
Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et Il s'est reposé le septième jour: c'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié.


Le Shabbat est présenté ici comme un trait d'union entre l'humain et le divin, créature et Créateur, marquant les deux rythmes, les synchronisant, chacun à son échelle. "Soyez saints comme Je suis Saint"

Deutéronome 5:12-15
Observe le jour du repos, pour le sanctifier, comme l'Éternel, ton Dieu, te l'a ordonné.
Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage.
Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne, ni aucune de tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes, afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi.
Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d'Égypte, et que l'Éternel, ton Dieu, t'en a fait sortir à main forte et à bras étendu : c'est pourquoi l'Éternel, ton Dieu, t'a ordonné d'observer le jour du repos.

Le chabbat n'est pas seulement le tribut à "Dieu le Créateur" ("Elohim"), il est aussi celui à « Dieu le Sauveur » ("YHWH"), qui exige l'abolition des barrières non seulement professionnelles mais aussi sociales en ce jour. Toutefois, ainsi que le rappelle le Shema Israël, YHWH Est Elohim, Il Est Un, et ces versets apparemment différents ne le semblent que du fait de l'inaptitude de l'homme à saisir « l'image globale ».

Il existe d'autres occurrences importantes à Ex. 31:12-37, Ex. 35:2-3,Lev. 19:3,Lev. 19:30,Lev. 23:3, et Nu. 28:9-10.

D'autres citations directes dans le Tanakh incluent Is. 56:4-6, Ezéchiel (ch. 20, 22, 23) et Neh. 9:14, sans compter les nombreuses allusions et citations dont le shabbat n'est pas le sujet central.

[modifier] Statut dans le judaïsme

Le chabbat est le principe fondamental du judaïsme. Observer le chabbat, cesser tout travail à l’approche de la nuit de vendredi soir, c’est faire publiquement la profession de foi que Dieu a créé l’univers en partant de rien, que Son Esprit domine la matière, qu’Il Est le Maître de notre force de travail, de notre vie.
Source : Choulhan Aroukh abrégé du Grand Rabbin E. Weill zatsal, cité par Joseph-Elie Charbit, in Siddour Pata’h Eliyahou

Le Tanakh et le Siddour (livre de prières juives) décrivent trois rôles au Shabbat :

  • Une commémoration de la rédemption des Israélites de l'esclavage en Égypte ;
  • Une commémoration de la création du monde par Dieu, et de l'abstention qu'Il fit au septième jour ;
  • Un avant-goût du monde aux temps messianiques.

Bien que la plupart des autres cultures et religions ne considèrent pas le Shabbat comme un jour saint (exception faite des Sabbatarianistes), le judaïsme lui accorde au contraire un statut prééminent, quasiment inégalé, au sein des célébrations religieuses :

  • le chabbat est le premier jour saint mentionné dans le Tanakh, et Dieu fut LE PREMIER À L'OBSERVER (cf. supra).
  • la liturgie qualifie le chabbat de fiancée (kala), l'arrivée du chabbat, le vendredi soir, étant comparée à celle d'une fiancée, que tout le monde doit accuillir à l'entrée du foyer ou de la synagogue, et de reine (malka), qu'un festin accompagne pour son départ (Mélavè Malka, cf. infra).
  • Le Sefer Torah est lu lors de la lecture de la Torah, partie intégrante de l'office du samedi matin, et la lecture est plus longue que celles du lundi et jeudi (instaurées par Ezra).
    La Torah, comportant 54 parachiot est entièrement lue au cours du cycle annuel, à raison d'une paracha par chabbat (parfois deux).
    À chabbat, la lecture est divisée en sept sections, encore une fois plus nombreuses que le nombre de sections lues lors d'une autre célébration, y compris Yom Kippour.
    Après la Torah est lue la haftara, passage des livres prophétiques.
  • Rabbi Chimon bar Yohaï a enseigné que le Messie viendrait le jour où tous les Juifs observeront correctement deux chabbats consécutifs (Talmud, traité chabbat 118).
    • si c'est sur l'enseignement de ce Sage qu'est basé le Zohar, il ne faut pas y voir un message exclusivement ésotérique : l'observance impeccable d'un Shabbat requiert déjà des efforts fortement considérables de la part d'une personne (certains n'ont jamais observé un seul chabbat de leur vie) ; l'observance du Shabbat par l'ensemble d'un peuple, y inclus les assimilés et les apostats, et ce pendant plus d'un chabbat, donc pas pour "marquer un coup" mais de façon continue, voire routinière, reviendrait à dire de ce peuple qu'il possède de si grandes vertus que le royaume de Dieu serait déjà sur terre. (voir également mitzvah et principes de foi du Judaïsme)
  • La pire des punitions infligées aux temps bibliques était infligée à qui n'observait pas le chabbat.

[modifier] Observance

Le Shabbat est un jour de célébration autant que de prière. Trois somptueux repas (ou, du moins, meilleurs que l'ordinaire), les shalosh seoudot, sont offerts à la fin de chaque office :

  1. Seouda richona à Erev chabbat, le vendredi soir
  2. Seouda chenit après chaharit + Moussaf, le samedi, un peu après midi
  3. Seouda chlichit, entre Minha et Arvit de Motsei chabbat (la prière du soir qui clôture chabbat), en fin d'après-midi Les meilleures denrées sont réservées pour chabbat. Dans certains milieux moins favorisés, c'est le seul jour où l'on mange de la viande, bien qu'il n'y ait pas de stricte obligation à en consommer, comme ce serait le cas à Yom Tov.

"Melave Malka" représente le dernier repas à la sortie de shabbat destiné à retarder le départ de ce jour saint: seuls les plus pratiquants ajoutent ce dernier repas. L'affluence des fidèles est également plus importante à Shabbat qu'en semaine (même si elle n'égale pas Yom Kippour). Elle est pour certains le seul jour de "pratique religieuse", un peu comme la messe dominicale chez les chrétiens.

Le chabbat étant un jour de fête et de réjouissance, tout jeûne est interdit. Tout autre jeûne que celui de Yom Kippour (qui n'est pas un jour de deuil malgré les signes extérieurs de mortification) tombant un chabbat doit être reporté au jeudi précédent, en règle générale. De même, les endeuillés en période de chiv'ah doivent se conduire "normalement" à chabbat, sans exprimer ouvertement les signes extérieurs de deuil (comme la Qeri'ah). Ils restent toutefois astreints au deuil en privé, ne se lavant pas et se réfrénant de toute activité joyeuse ou sexuelle.

[modifier] Activités mandatoires

Les rabbins interprètent Shamor vezakhor (Garde et souviens-toi) par une série de prohibitions d'activités (shamor) et d'activités spécifiques à ce jour (zakhor)., chamor et zakhor étant symbolisées par l'allumage de deux bougies avant l'entrée du chabbat (pas plus tard que 18 minutes avant l'heure prévue de coucher de soleil). Il s'agit d'une mitzvah spécifiquement réservée aux femmes (l'épouse ou la mère).

Bien que la plupart des lois chabbatiques soient restrictives (cf. infra), le Talmud enseigne que le quatrième des Dix commandements contient les allusions aux prescriptions positives du chabbat, à savoir :

  • la récitation du kiddouch chel yom chabbat (sanctification du jour de chabbat) sur une coupe de vin cachère, au commencement du chabbat, avant le premier repas (Séouda richona, cf supra) et après les prières du matin, lors du second repas (séouda chènit, cf. supra).
  • manger trois repas somptueux (cf. supra), les deux premiers repas lll devant être entamés avec deux tresses de 'hallah (pain traditionnel). Le troisième repas, la Seoudah chlichit, est généralement léger et souvent parve ("neutre") ou halavi (laitier), ce qui contraste avec les précédents.
  • la récitation de la Havdalah, ou "séparation", à la fin de la nuit de samedi, réalisée sur une coupe de vin, des épices odorantes et une bougie à deux mèches.
  • le délice du chabbat (Oneg chabbat), obligation de profiter de ce jour et de s'en réjouir : beaux habits, bonnes chaussures, bonne nourriture etc. sont recommandés, et, dans une certaine mesure, les rapports conjugaux, pour autant que l'union soit légitime et que chaque partenaire en éprouve du plaisir.
  • l'honoration du chabbat (Kavod chabbat), en faisant un effort pendant la semaine afin de préparer chaque chabbat à venir. Ceci peut inclure une douche le vendrerdi soir (avant Shabbat), une coupe de cheveux, des vêtement spéciaux, de préférence beaux et confortables, mais aussi s'abstenir de tenir des conversations déplaisantes.

[modifier] Activités interdites

Voir les 39 catégories d'activité prohibées à chabbat

La loi juive interdit toute forme de melakha (plur. "melakhot") à Shabbat.
Cette occurrence, qu'on traduit généralement par "travail" ne correspond ni à la définition usuelle, ni à la définition physique du travail. Elle provient de Gen. 2:2-3

Gen 2:2: וַיִּשְׁבֹּת בַּיּוֹם הַשְּׁבִיעִי, מִכָּל-מְלַאכְתּוֹ אֲשֶׁר עָשָׂה
Vayichbot bayom hachevyi mikol-melakhto acher assa (Et Il S'abstint au septième jour de toute sa 'melakha' qu'Il avait faite)
Gen 2:3 : כִּי בוֹ שָׁבַת מִכָּל-מְלַאכְתּוֹ, אֲשֶׁר-בָּרָא אֱלֹהִים לַעֲשׂוֹת
Ki bo Shabbat mikol melakhto asher bara Elokim la'assot (car en ce jour Il S'abstint de toute la 'melakha' qu'Elohim avait créée pour la faire)

Les Sages ont enseigné qu'il y a trois degrés de création :

  1. la beri'a, création ex nihilo ou de novo
  2. la yetsira, formation
  3. la assi'a, finition, passage de la forme à la fonction.

Sur base de juxtapositions de passages bibliques correspondants, ils ont interdit toutes les activités qui avaient été nécessaires à la construction du Tabernacle, en d'autres termes, les activités "de finition", ou qui, selon une autre interprétation, permettent d'exercer un contrôle sur l'environnement.

[modifier] Les 39 travaux interdits à Shabbat

Selon la Michna chabbat 7:2, ces activités sont :

  1. - Labourer
  2. - Semer
  3. - Moissonner (ou cueillir)
  4. - Lier en gerbes (amasser)
  5. - Battre les céréales pour les dégager
  6. - Vanner au vent
  7. - Trier pour séparer grains et déchets
  8. - Passer au crible pour trier
  9. - Moudre
  10. - Pétrir
  11. - Cuire au four
  12. - Tondre
  13. - Laver la laine
  14. - Peigner la laine
  15. - Teindre la laine
  16. - Filer
  17. - Ourdir
  18. - Faire des boucles de tissage pour lier
  19. - Tisser deux fils
  20. - Séparer deux fils de la trame
  21. - Faire un nœud
  22. - Défaire un nœud
  23. - Coudre deux points
  24. - Découdre
  25. - Capturer
  26. - Abattre la bête (tuer)
  27. - Écorcher ou dépecer
  28. - Tanner
  29. - Racler
  30. - Tracer des traits, régler, retirer les poils
  31. - Découper la peau
  32. - Écrire plus de deux signes ou lettres
  33. - Effacer plus de deux signes ou lettres (Gratter le parchemin pour écrire dessus)
  34. - Construire
  35. - Démolir (en vue de bâtir)
  36. - Éteindre un feu
  37. - Allumer un feu
  38. - Finir une œuvre
  39. - Transporter d’un domaine privé dans un domaine public, ou sur une distance de plus de quatre coudées dans le domaine public. Ne pas porter un sac.

Interdiction supplémentaire : Ne pas mettre les Tefilines (phylactères).

[modifier] Statut des prohibitions

Chaque melakha entraîne des prohibitions dérivées. Par exemple, "produire un feu" s'étend à toute forme de courant ; "découdre" entraîne "déchirer", etc. En conséquence, la plupart des activités quotidiennes sont interdites.
Réaliser une toledah (engendrement, c'est-à-dire activité directement dérivée) fait encourir une peine aussi sévère que l'accomplissement d'une melakha. Des activités plus indirectement dérivées, instituées par les Sages sous le nom de chevout, sont passibles de peines plus légères.

Par ailleurs,les melakhot ne sont pas tant des activités que des "catégories d'activités". Par exemple, le "tri" pour séparer grains et déchets, qui devrait se rapporter aux travaux des champs, est à comprendre au sens talmudique, c'est-à-dire séparation entre comestible et incomestible : filtrer l'eau pour la rendre potable, ôter le noyau des pêches, les arêtes des poissons, etc. Le gefilte fisch, la traditionnelle "carpe farcie" a été inventée par les Ashkénazes pour pallier cette situation.
Autre exemple, utiliser un interrupteur tombe sous l'activité de "construire" ou "démolir" (le mot hébreu pour définir cela peut être interprété comme "détruire en vue de reconstruire"). La solution classique est l'emploi de minuteries pré-réglées, encore que celle-ci ne fait pas l'unanimité parmi les Posqim.

En clair, le Talmud interdit pratiquement toute activité de travail et recense trente-neuf activités prohibées qui sont adaptées au monde moderne par les Sages (cuisiner, saler les aliments, écrire, éteindre un feu, transporter un objet hors la ville, utiliser l'électricité -- si une lumière est allumée, on ne l'éteint pas, etc.)

[modifier] Limites à ces interdictions

Dans toute situation où sa vie est en danger (pikoua'h nefech), un Juif a le devoir de transgresser toute règle religieuse pouvant compromettre le sauvetage de cette vie. Bien que non réservée au chabbat, cette règle fut instituée après la mort de Hassidim qui avaient refusé de se défendre un chabbat lors de la révolte des Macchabées.
Les règles de chevout peuvent être transgressées dans des situations moindres (ex : un patient grippé).
Il importe de préciser qu'il ne s'agit pas d'une entorse aux règles tolérée, mais d'un devoir humain et religieux.

D'autres principes légaux déterminent avec exactitude quelle activité constitue une désécration du chabbat.

Exemple : principe du shinouï (changement) - une violation normalement sévère, comme l'écriture, ne le serait pas si l'acte a été réalisé de façon inhabituelle pour un jour de semaine, par exemple, écrire de la main gauche pour un droitier.
Ce principe s'applique toutefois en post-facto (bedi avad) uniquement et dans des circonstances très spécifiques.

Si les franges orthodoxes et "traditionalistes" du judaïsme adhèrent à ces prohibitions de façon littérale, les mouvements progressistes pensent que, s'il faut étudier ces prohibitions, comme part de la Loi juive, c'est en dernier ressort à chacun de choisir lesquelles suivre, ou s'il faut les suivre. Ils tolèrent par exemple l'écriture à des fins de loisir, puisque ça contribue à l'"Oneg chabbat".

[modifier] Circonvenir légalement à la Loi

Lorsqu'un besoin humain ou médical se présente, sans être une situation d'urgence, il est possible de réaliser des actes interdits à première vue en modifiant la technologie qui les réalise de façon à ne pas enfreindre la loi :

  • "l'ascenseur chabbatique" s'arrête à tous les étages, évitant aux gens d'appuyer sur les boutons d'appel et d'étage.
  • les minuteries évitent d'utiliser les interrupteurs. On peut aussi laisser la lumière ou l'appareil fonctionner toute la journée. À ne pas confondre avec certains "interrupteurs" spéciaux, confectionnés de sorte à ne pas allumer/éteindre la lumière au cas où on activait malencontreusement l'interrupteur.
  • il n'est permis de porter que ses vêtements. Comment porter ses clés ? Certains religieux ont trouvé la solution en les "incorporant", par exemple en les attachant à leur ceinture, de sorte qu'elles sont considérées comme des vêtements.

Bien que dialectiquement et techniquement irréprochables, ces artifices ne sont pas toujours dans l'"esprit du jour", et beaucoup d'autorités rabbiniques tendent à les restreindre aux personnes faibles ou malades, ou aux situations pratiques (comme les clés)…

[modifier] Activités permises

Les activités suivantes sont au contraire encouragées à Shabbat :

  • Passer le chabbat en famille.
  • Rendre visite à la famille et aux amis (endéans la distance de marche permise, à moins qu'un erouv n'ait été institué ;
  • Inviter des hôtes (hakhnassat or'him, "faire entrer les invités" -- hospitalité, autrement dit) ;
  • Chanter les zemirot de chabbat, chansons spécialement conçues pour le chabbat, généralement pendant ou après les repas.
  • Avoir des rapports conjugaux avec son épouse, en particulier le vendredi soir. Le Shoulhan Aroukh en parle comme d'une "double mitzvah", vu qu'elle combine la procréation avec la réjouissance du chabbat, tous deux considérés comme des commandements toraniques.
  • Selon le judaïsme réformé, "l'on devrait éviter les activités ou professions habituelles quand c'est possible (ce qui indigne les orthodoxes) et ne s'engager que dans des activités procurant de la joie, du repos et de la sainteté à ce jour." (d'après le site shamash.org).

[modifier] Pratiques karaïtes

Tout comme les Juifs rabbanites, les Karaïtes se consacrent tout entiers à la prière dans les synagogues. Toutefois, leurs prières sont différentes, quasi-exclusivement constituées de passages bibliques. Ils pratiquent également la prosternation totale, ce que les autres Juifs ne font normalement qu'à Rosh Hashana et Yom Kippour.

À la différence des Juifs rabbanites, les Karaïtes n'accueillent pas le Shabbat à la lumière des chandeliers. Au contraire, estimant qu'il s'agit d'une contravention à l'interdiction de faire un feu à Shabbat, telle qu'énoncée dans la Torah, certains appliquent celle-ci à la lettre, et éteignent tout feu domestique, naturel ou artificiel. Cependant, comme d'autres lectures de ce passage existent, il ne s'agit pas là d'une coutume universelle parmi les Karaïtes.

Par ailleurs, les Karaïtes s'abstiennent de relations sexuelles avec leurs partenaires durant le chabbat.

[modifier] Perceptions du Chabbat dans les autres religions abrahamiques

[modifier] Dans le Nouveau Testament

Icône de détail Article détaillé : sabbath chrétien.

Marc 2:27-28:

Puis il leur dit : Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat, de sorte que le fils de l'homme est maître même du sabbat.

[modifier] Dans le Coran

Sourate 2: 65. Vous avez certainement connu ceux des vôtres qui transgressèrent le Sabbat. Eh bien Nous leur dîmes : "Soyez des singes abjects! " 66. Nous fîmes donc de cela un exemple pour les villes qui l'entouraient alors et une exhortation pour les pieux.

Sourate 16: 123. Puis Nous t'avons révélé : "Suis la religion d'Abraham qui était voué exclusivement à Allah et n'était point du nombre des associateurs". 124. Le Sabbat n'a été imposé qu'à ceux qui divergeaient à son sujet. Au Jour de la Résurrection, ton Seigneur jugera certainement au sujet de ce dont ils divergeaient.

[modifier] Traditions

Le principe d'un jour saint, consacré à Dieu au détriment des occupations quotidiennes, a été adopté dans toutes les religions abrahamiques. D'ailleurs tous les textes sont d'accord quant au terme sabbat et à sa signification liée à la création des cieux et de la terre.

  • Les premiers chrétiens, (voir judéo-chrétien), des juifs convertis à l'enseignement de Jésus de Nazareth, suivaient l'ensemble de la Loi juive et en particulier le Sabbat. Mais très tôt dans l'histoire du christianisme, le Sabbat a été déplacé au dimanche, Jour du seigneur afin de marquer la rupture théologique et historique avec le judaïsme.
  • Ceux qu'on appelle les judéos-nazaréens continuèrent de suivre le Sabbat. C'est un courant minoritaire.
  • Les musulmans l'ont institué le vendredi même. Toutefois, selon le Tongdian de Du Huan (un texte chinois rédigé vers le IXe siècle de l'ère commune), volume 192 & 193, ainsi que selon des sources contemporaines non-musulmanes, ils l'observèrent pendant au moins les deux siècles qui suivirent la mort de Muhammad le jour de Chabbat même, d'une façon assez proche de celle prescrite dans le judaïsme : "En plus de la prohibition portant tant sur le travail que le commerce, il est commun pour les musulmans de boire en ce jour."
  • Suite à la Réforme, certains courants protestants font retour à la Loi juive et donc au Sabbat. Particulièrement en Europe de l'Est.
  • L'église Adventiste du Septième Jour, ainsi que d'autres mouvances du christianisme, ont institué le sabbath chrétien du vendredi soir au samedi soir.

Toutefois, toutes ces observances peuvent différer fortement de la tradition juive.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Shabbat.

Liens en français :


Liens en anglais :

[modifier] Bibliographie

  • Article Chabbat dans le Dictionnaire enyclopédie du judaïsme, Cerf, Paris, 1996.


Aspects du judaïsme dans la vie quotidienne
Naissance: Brit milah (circoncision) | Rachat du Premier né (Pidyon Haben) | Zeved habat | Nomination hébraïque
"Rites de passage": Upsherin | Bar Mitsva | Bat Mitsva
Chabbat: lecture de la Torah (section hebdomadaire) | Haftara | Travaux interdits
Adulte: Ablutions dans le judaïsme | Prières et bénédictions (liste) | Action de grâce postprandiale
La Femme : Entremise | Mariage dans la tradition juive | Niddah | Mikvé | Pudeur | Divorce
Judaïsme : mitzvot (nombre et liste)| Coutumes | étude de la Torah | Etude quotidienne du Talmud
Culturel: Israël | Diaspora | Immigration en Israël | Tsedaka
Objets et tenues de culte: Sefer Torah | Tsitsit | Talit | Téfiline | Kippa | Menorah | Hanoukkia | Mezouzah
Décès : Hevra kaddicha | Tahara | Tehillim | Kaddish | Shiv'ah | Yahrzeit | Yizkor
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