Catastrophe de Seveso

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La catastrophe de Seveso intervient le 10 juillet 1976. Un nuage contenant de la dioxine s'échappe d'un réacteur de l'usine chimique Icmesa, située dans la commune de Meda, et se répand sur la plaine lombarde en Italie. Quatre communes, dont Seveso, sont touchées.

Cet accident industriel est dû à la surchauffe d'un réacteur fabricant du 2,4,5-trichlorophénol qui a libéré un nuage toxique contenant plusieurs produits mal identifiés sur le moment. On a d'abord pensé qu'il s'agissait seulement de 1,2,4,5-tétrachlorobenzène et de polyéthylène glycol, les réactifs de départ. C'est seulement au bout de quatre jours, quand apparurent les premiers cas de chloracné, que les laboratoires Hoffmann-Laroche identifièrent l'agent responsable, le 2,3,7,8-TCDD, produit plus connu sous le nom de dioxine de Seveso, dont 1 à 5 kg ont été dispersés. L'usine Icmesa, située à Meda, commune limitrophe de Seveso appartient à la société Givaudan, filiale du groupe suisse Roche.

À l'époque, la toxicité de la dioxine pâtit d'une absence quasi complète de données scientifiques. On sait en revanche que l'une des substances libérée est composante des défoliants utilisés au Viêt Nam par l'armée américaine (L'Agent Orange). La question de dangers éventuels pour la santé est rapidement posée.

Peu après l'accident, les feuilles des arbres jaunissent et les animaux familiers meurent par dizaines. Il n'en faut pas plus pour faire basculer Seveso de « catastrophe environnementale » à « la plus grande catastrophe depuis Hiroshima ».

Le bilan exact sera connu sept ans plus tard, au moment de l'ouverture du procès des responsables des différentes sociétés incriminées. 193 personnes, soit 0,6 % des habitants de la zone concernée, ont été atteintes de chloracné, essentiellement des enfants. Aucune n'est décédée, un petit nombre seulement a gardé des séquelles. Parallèlement, la moyenne des cancers et des malformations fœtales n'a pas augmenté de manière significative. La seule victime indirecte fut le directeur de l'usine qui a été assassiné par les Brigades Rouges.

En revanche, sur le plan écologique, la catastrophe est tangible : outre les 3 300 animaux domestiques morts intoxiqués, il faut abattre près de 70 000 têtes de bétail. Par ailleurs, les sols agricoles et les maisons nécessiteront de lourds travaux de décontamination.

Cet accident, qui a donné son nom depuis à tous les sites de production classés à risques en Europe (1 249 rien qu'en France), a étalé au grand jour les dangers des activités industrielles chimiques, notamment en milieu urbain. En 2001, l'usine AZF classée seveso a explosé à Toulouse.

Sommaire

[modifier] L'épisode des fûts de dioxine

L'incinérateur de Bâle qui a en 1985 brûlé les derniers déchets toxiques, résidus de la catastrophes de Seveso
L'incinérateur de Bâle qui a en 1985 brûlé les derniers déchets toxiques, résidus de la catastrophes de Seveso

En août 1982, les déchets chimiques, contenant de la dioxine, sont enlevés du réacteur, en vue du démantèlement des installations, et transférés dans 41 fûts pour être envoyés par route à l'usine Ciba de Bâle afin de les incinérer.

Mais curieusement leur trace se perd après le passage de la frontière à Vintimille et ils disparaissent quelque part en France. On les découvrira en mai 1983 à Anguilcourt-le-Sart (Aisne) dans un abattoir désaffecté, où ils avaient été transportés illégalement. Ils seront finalement incinérés chez Ciba en novembre 1985.

Cette affaire, très médiatisée, sera officiellement conclue par un rapport de mai 1986.

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