Carlos Reutemann

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Carlos Reutemann (à gauche) en compagnie du Président argentin Néstor Kirchner en 2005.
Carlos Reutemann (à gauche) en compagnie du Président argentin Néstor Kirchner en 2005.

Carlos Reutemann (né le 12 avril 1942 à Santa Fé (Argentine) est un ancien pilote automobile argentin. Figure majeure du championnat du monde de Formule 1 entre 1972 et 1982, il s'est reconverti dans la politique après l'arrêt de sa carrière sportive. Membre du Parti Justicialiste, il exerce actuellement un mandat de sénateur après avoir été à deux reprises gouverneur de la Province de Santa Fé.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Carrière sportive

Carlos Reutemann débute sa carrière à la fin des années 1960 en Argentine, d'abord dans des courses de voitures de tourisme, puis en monoplace. En 1970, il part en Europe pour y disputer le championnat d'Europe de Formule 2, au volant d'une Brabham engagée par l'Automobile Club d'Argentine. Rapidement, il s'affirme comme l'une des valeurs sures du championnat, dont il termine deuxième en 1971 derrière le Suédois Ronnie Peterson.

En 1972, il est engagé par Bernie Ecclestone dans l'écurie officielle Brabham en Formule 1. Dès son premier grand prix, en Argentine, il fait sensation en décrochant la pole-position. Avant lui, seul Mario Andretti en 1968 (qui avant sa pole à Watkins Glen, comptait une participation avortée au GP d'Italie) avait réalisé cette performance, et il faudra attendre Jacques Villeneuve en 1996 pour voir réédité pareil exploit. La performance de Reutemann est d'autant plus remarquable que contrairement à Andretti (et plus tard Villeneuve), il est loin de bénéficier de la monoplace la plus performante du plateau. Il connaît moins de réussite en course, où une usure prématurée de ses pneus le relègue en septième position, hors des points. Si l'on excepte une victoire au GP du Brésil (alors disputé hors-championnat), cette pole position reste son seul fait d'arme marquant de la saison. Il doit même attendre le GP du Canada en fin d'année pour inscrire ses premiers points, grâce à une quatrième place. A la décharge de Reutemann, et signe du potentiel limité de la Brabham, son coéquipier Graham Hill] n'a obtenu guère plus de résultats. En 1973, le niveau de compétitivité des Brabham s'améliore, et Reutemann décroche ses premiers podiums (en France, puis à Watkins Glen) et termine le championnat en septième position.

Carlos Reutemann en 1974 sur la Brabham BT44 lors de la Race of Champions à Brands Hatch.
Carlos Reutemann en 1974 sur la Brabham BT44 lors de la Race of Champions à Brands Hatch.

Les premiers succès arrivent en 1974. Au volant de la remarquable Brabham BT44, oeuvre de Gordon Murray, il remporte les grands prix d'Afrique du Sud, d'Autriche et des Etats-Unis. Mais il paye le manque de fiabilité de sa monture en ne terminant que sixième du championnat, sans jamais s'être immiscé dans la lutte pour le titre mondial. Scénario inverse en 1975, où il ne gagne qu'une seule course (sur le "vieux" Nurburgring en Allemagne) et fait preuve d'une remarquable régularité en multipliant les places d'honneur. Ces résultats lui permettent de terminer troisième du championnat, mais à distance respectable de Niki Lauda, le nouveau champion du monde.

En 1976, la progression de Brabham dans la hiérarchie est interrompue par la décision de Bernie Ecclestone d'abandonner le traditionnel moteur V8 Cosworth au profit d'un inédit Flat 12 Alfa Romeo. Prometteuse sur le papier, la nouvelle association est surtout la source de multiples problèmes techniques. Au beau milieu de l'été 1976, lassé par une série d'abandons imputables à sa monture, Reutemann quitte Brabham pour répondre à l'appel du pied de la Scuderia Ferrari, qui cherche un remplaçant à Niki Lauda, grièvement blessé lors du GP d'Allemagne. Reutemann effectue ses débuts pour sa nouvelle équipe à l'occasion du GP d'Italie. Contrairement à ce qui était prévu, il pilote une 3e voiture de la Scuderia, puisque Lauda a anticipé son retour à la compétition. Pour la fin de la saison, il doit d'ailleurs se contenter d'un rôle de pilote essayeur, mais avec l'assurance d'être titularisé pour la saison suivante à la place de Clay Regazzoni.

Reutemann aborde la saison 1977 avec des ambitions élevées et un statut lourd à porter. Non seulement il a comme prévu remplacé Regazzoni chez Ferrari, mais en raison des doutes qui entourent le niveau de compétitivité de Niki Lauda (qui a perdu la confiance d'Enzo Ferrari en abandonnant dès les premiers tours du GP du Japon 1976, décisif pour l'attribution du titre mondial), il fait figure de premier pilote au sein de la Scuderia Ferrari, et donc logiquement de favori pour le titre mondial. Une troisième place en Argentine, suivie d'une victoire au Brésil semblent conforter ce statut, mais la suite de la saison est plus difficile. Malgré une position délicate au sein de la Scuderia (il entretient des rapports très tendus avec Enzo Ferrari et son directeur sportif) Niki Lauda affirme sa supériorité sur Reutemann, lequel perd progressivement pied, battu sur la piste mais également hors-piste dans le combat psychologique. Et tandis que Lauda décroche son deuxième titre mondial, Reutemann doit se contenter d'une décevante quatrième place finale. Si personne ne songe à remettre en cause le talent de Reutemann, qui reste considéré comme l'un des pilotes les plus brillants du plateau, sa force mentale et sa capacité à répondre présent lorsqu'il est attendu, font débat.

Débarrassé de Niki Lauda qui a claqué la porte de la Scuderia sitôt son deuxième titre acquis, Reutemann retrouve les coudées franches chez Ferrari en 1978. De retour à son meilleur niveau, il prend facilement l'ascendant sur son coéquipier débutant Gilles Villeneuve, remporte quatre victoires, et s'affirme comme l'un des rares pilotes du plateau capable de concurrencer ponctuellement les redoutables Lotus 79 à effet de sol de Mario Andretti et Ronnie Peterson. Il termine troisième du championnat, en ayant tiré le meilleur du matériel dont il disposait.

En 1979, Reutemann quitte Ferrari pour rejoindre Lotus, où il remplace Ronnie Peterson, qui a trouvé la mort en fin de saison précédente. Reutemann s'attend à récupérer une voiture dominatrice, mais ne peut que tomber de haut en constatant que la concurrence a copié (et amélioré) le principe de l'effet de sol lancé par Lotus. Après un début de saison correct, Reutemann rentre inexorablement dans le rang et termine seulement sixième du championnat.

En vue de la saison 1980, il quitte Lotus pour rejoindre Williams, l'équipe qui a fait la plus grosse impression lors de la deuxième moitié de saison 1979. Cette fois-ci, le choix de carrière de Reutemann s'avère judicieux, mais comme en 1977 chez Ferrari, il subit les affres de la concurrence interne et se fait le plus souvent dominer par son coéquipier australien Alan Jones, lequel coiffe le titre mondial. Toujours chez Williams en 1981, Reutemann entend bien prendre sa revanche sur Jones, et cela malgré le statut de premier pilote dont bénéficie l'Australien, pilote historique de l'écurie. Visiblement plus à son aise que l'année précédente, Reutemann démarre la saison en trombe, avec notamment une victoire au Brésil. Mais paradoxalement, ce succès lui attire les foudres de son écurie, qui lui reproche d'avoir ignoré une consigne de course visant à laisser la victoire à Alan Jones. Confirmant tout au long de la saison sa supériorité sur Jones , Reutemann n'est pas pour autant assuré du titre mondial puisqu'il doit subir la remontée au championnat du jeune Brésilien Nelson Piquet, sur Brabham. En outre, l'ambiance au sein de l'écurie Williams reste très tendue depuis l'"affaire" du Brésil, et Reutemann est loin de bénéficier d'un soutien sans faille de la part de ses employeurs Frank Williams et Patrick Head. Inutile également de compter sur le soutien de son coéquipier Alan Jones, qui le déteste et ne s'en cache pas. Jones est en effet l'antithèse de Reutemann, dont le physique hollywoodien va de paire avec une grande timidité, qu'il cache derrière des airs taciturnes.
Reutemann arrive à Las Vegas, ultime manche du championnat du monde, avec un point d'avance sur Piquet. Qualifié en pole position tandis que Piquet a manqué ses essais, il semble avoir tous les éléments en main pour décrocher le titre mondial après lequel il court depuis plusieurs années. Mais dès le départ, il se fait surprendre par Jones, puis se laisse engluer dans le peloton. En proie à des problèmes de boite de vitesse, il glisse jusqu'en septième position et se fait rejoindre au 17e tour par Piquet, qui le passe à son tour sans grande difficulté. En accédant à la sixième place quelques tours plus tard, Piquet ravit virtuellement la première place du championnat du monde à Reutemann. En fin de course, le sort du championnat semble devoir basculer à nouveau, Piquet étant physiquement à la peine, mais il parvient à rester dans les points, tandis que Reutemann termine à une triste huitième place.
A l'issue de la course, Reutemann tente de justifier son échec en évoquant ses soucis de boite de vitesses, mais ne peut empêcher bon nombre d'observateurs d'estimer qu'il a à nouveau craqué mentalement.

Malgré l'attitude peu charitable de son employeur à son égard (à l'issue du GP de Las Vegas, Frank Williams s'est réjouit de la victoire de Jones, semblant se désintéresser du titre mondial perdu par son autre pilote), Reutemann reste chez Williams en 1982. Mais il prend tout le monde par surprise en annonçant brutalement l'arrêt de sa carrière à l'issue du GP du Brésil, deuxième manche de la saison.

[modifier] Carrière politique

Soutenu par le Président argentin Carlos Menem, Carlos Reutemann effectue ses premiers pas en politique à la fin des années 1980. Sous les couleurs du Parti Justicialiste, il se présente avec succès à l'élection pour le poste de gouverneur de la Province de Santa Fe, qu'il occupe de 1991 à 1995. La constitution lui interdisant de briguer un deuxième mandat consécutif, il doit attendre 1999 pour se présenter à nouveau, et est à nouveau élu. En raison de la grave crise économique qui touche l'Argentine, ce deuxième mandat s'avère plus difficile que le premier. Critiqué par certains pour sa politique fiscale conservatrice, la manière dont la police a réprimé les manifestations de décembre 2001, ainsi que pour sa gestion des inondations d'avril 2003, Reutemann n'en est pas moins resté une figure importante de la vie politique argentine, au point d'être plus d'une fois pressenti pour se porter candidat à la présidence, ce qu'il a systématiquement décliné.

En 2003, à l'issue de son deuxième mandat de gouverneur, Carlos Reutemann est élu au Sénat argentin. Il siège au sein du mouvement "Frente para la Victoria" (une tendance du Parti Justicialiste) de l'actuel Présidente Cristina Fernández de Kirchner.

[modifier] Palmarès

  • Vice-champion du monde en 1981
  • Victorieux de 12 GP (plus 2 victoires hors championnat).
  • 3e des championnats 1975, 1978, 1980.
  • 4e en 1977

A piloté pour :

  • Brabham (72-76)
  • Ferrari (76-78)
  • Lotus (79)
  • Williams (80-82)

A piloté en "Endurance" pour Ferrari (1973, 2 secondes places avec Schenken, abandon aux 24H du Mans alors que la voiture est en tête) et Alfa Roméo en 1974 (2 accessits avec Stommelen).

Vice-champion d'Europe de F2 en 1971 (derrière Peterson, un autre glorieux champion sans couronne).

2 participations à des manches du Championnat du monde des Rallyes :

  • Argentine 1980 : sur Fiat 131 Abarth (3e)
  • Argentine 1985 : sur Peugeot 205 T16 (3e)

Il est le seul pilote à avoir connu des podiums en F1 et rallye (depuis la création du championnat du monde des rallyes).

[modifier] Voir aussi