Butō

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Le butō (舞踏) est une forme de danse contemporaine japonaise. Butō vient du mot bu qui signifie danser, et qui signifie taper au sol.

Souvent très lente, cette « danse des ténèbres » a été créée d'abord en réaction à l'occidentalisation du Japon, inspirée entre autre par l'expressionnisme allemand, l'Après-midi d'un faune interprété par Nijinsky, par la littérature des « maudits d'Occident », Artaud, Lautréamont, Bataille, Genet, etc., également d'une réaction à une tradition sclérosante des arts vivants japonais mais dans la lignée du (lenteur, envoûtement, minimalisme, poésie, même extrême...). La bombe d'Hiroshima fut un coup de boutoir pour se remémorer la douleur ou pour tenter de répondre à la question : « comment peut-on encore danser après l'horreur d'Hiroshima ? » En général cette danse est faite par des hommes et des femmes quasi nus et souvent peints de blanc (le blanc et le crane rasé furent amené par la troupe des Dairakudakan).

La « naissance » du butō date d'un spectacle de Tatsumi Hijikata en 1959, intitulé Kinjiki et qui fit grand scandale, il fut même assimilé au japon à un spectacle pornographique. Hijikata s'associa ensuite à Kazuo Ōno, et la première femme danseuse de butō fut Tomiko Takai au cours des années 1960.

La rencontre par les danseurs japonais de l'expressionnisme allemand fut en effet un choc, mais ce fut surtout par rapport aux contraintes de leur propre culture et de leurs moyens d'expression. La possibilité par eux entrevue de laisser libre cours à un mode d'expression totalement affranchi des conventions et des symboliques extrêmement élaborées de leur pays laissa un champ immense à parcourir.

L'histoire d'Hiroshima n'est que contingente à cette dynamique. Le fait est qu'en 1945 beaucoup d'artistes japonais se posèrent la question de ce que signifiait toute représentation esthétique dans la culture japonaise maintenant (après la capitulation sans condition et après Hiroshima et Nagasaki). L'exploration des continents inédits entrevus par l'émergence de la danse contemporaine en Allemagne, disons entre le cabaret et Mary Wigman, les amena progressivement à parcourir le champ libre du corps comme matérialité. Ce qui suscita rejet, voire dégoût, dans la culture nippone de l'époque. Par contre en Europe, l'aspect auto-référent ou parodique de la scène occidentale passa complétement inaperçu et suscita une véritable fascination pour cette danse de l'extrême et de l'exacerbation totale.

Maintenant trois générations de butō se sont succédé...

  • Seule Tomiko Takai continue la voie des premiers explorateurs avec une grâce et un talent particulièrement exceptionnels.
  • La troisième (les années 1950) : Atsuschi Takenutchi, Maki Watanabe...et des danseurs émergents qui sont bien plus jeunes.

A l'heure actuelle, on peut considérer que la question du butō ne se pose plus contre la tradition. Il existe seulement une danse contemporaine japonaise d'inspiration butō. Quant à la problématique des danseurs occidentaux qui revendiquent l'appartenance butō" c'est une question d'« auto-certification ». Jusqu'où en effet est-il possible de partager et de vivre une autre culture ? La question s'est déjà posée par rapport au zen...

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