Burushaski

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  Burushaski  
Parlé en Pakistan
Région
Nombre de locuteurs 87000
Classification par famille

 -  Hors classification (isolats)
    -  Burushaski

(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel et codes de langue
Officielle
en
ISO 639-1
ISO 639-2 mis
ISO/DIS
639-3
(en) bsk
SIL
Voir aussi : langue, liste de langues, code couleur

La langue burushaski (francisée en bourouchaski [1]; en ourdou بروشسکی - burū́šaskī) est un isolat parlée par environ 87 000 personnes (en 2000) dans les vallées des rivières Hunza, Nagar et Yasin, dans la partie la plus septentrionale du Pakistan. Quoiqu'elle ait incorporé un certain nombre de mots issus de langues géographiquement voisines (en particulier l'ourdou, le khowar, et le shina), elle recèle un vocabulaire propre assez original pour être distinguée de ces voisines.

Les aires linguistiques du burushaski sont séparées par une centaine de kilomètres et représentent trois dialectes distincts, l'intercompréhension étant possible.

Sommaire

[modifier] Origines et classification

L'origine de cette langue reste mystérieuse. Des propositions ont été faites pour relier le burushaski au sumérien, au basque, ainsi qu'aux familles caucasienne et dravidienne ; aucune n'a cependant réussi à faire l'unanimité des linguistes. C'est sans doute parce que la parenté à rechercher doit l'être sur une échelle plus vaste qu'une seule famille linguistique comme le pense le bascologue et comparatiste Michel Morvan.

Une théorie soutient que lors de l'expansion de son empire, Alexandre le Grand aurait donné l'ordre à ses troupes d'établir un camp dans la région de Hunza, il semblerait que certains mots aient une racine commune avec le macédonien, ce qui expliquerait pourquoi il existe deux dialectes burushaski.[réf. nécessaire]

Récemment,[2] un rapprochement a été proposé entre le burushaski et les langues ienisseïennes.

Le burushaski est une langue ergative de type SOV. Le système de numération est vigésimal, avec la particularité de construire les nombres 30, 50, 70 et 90 sur le même modèle que « quatre-vingt-dix » en français.

EX : 30 = altar-toorimi (« vingt-dix »), 50 = alto-altar-toorimi (« deux-vingt-dix »)...

[modifier] Phonologie

Le burushaski utilise 34 consonnes et 5 voyelles. Ces dernières ( /a, e, i, o, u/ ) peuvent être longues ou brèves, avec des variantes supplémentaires pour les voyelles longues.

[modifier] Lexique (exemples)

Mot Traduction Prononciation standard
terre tik
ciel ayatch
eau tchil
feu phu
homme hir
femme gus
manger
boire minaas
grand uyum
petit jot
nuit thap
jour gunts

[modifier] Grammaire

[modifier] Le nom

Le burushaski distingue morphologiquement quatre classes nominales, la logique de la répartition des noms entre ces classes étant dans l'ensemble plutôt respectée :

  1. êtres humains masculins
  2. êtres humains féminins
  3. animaux et objets comptables
  4. noms non-comptables et concepts abstraits

Il existerait (selon Dick Grune) quatre nombres : singulier, pluriel, indéfini (comme en basque par exemple) et collectif, la forme collective pouvant se mettre au pluriel (« double pluriel »). Toutefois Ernst Kausen n'indique que le singulier et le pluriel. Le pluriel se construit au moyen de divers suffixes, mais les règles comportent un grand nombre d'exceptions.

Le burushaski distingue trois cas primaires (selon Dick Grune) : absolutif, oblique et génitif, cinq selon Ernst Kausen, qui signale en outre le datif et l'ablatif. S'y ajoutent trois cas secondaires (spatiaux), à savoir, dans la terminologie de Kausen : le locatif, le terminatif et le séparatif, qui se construisent à partir de la forme oblique.

Les termes désignant des parties du corps et les termes de parenté, entre autres, sont obligatoirement précédés d'un préfixe possessif (comme en navajo ou en hopi par exemple). Pour les noms n'exigeant pas de préfixe possessif, la possession s'exprime en faisant précéder le nom d'un pronom personnel au génitif.

[modifier] Les pronoms personnels

A la troisième personne (singulier et pluriel), il existe 4 formes pronominales, correspondant aux 4 classes nominales ; de plus, il existe pour chacun d'entre eux une forme exprimant la proximité et une autre l'éloignement. Au cas oblique, on trouve en outre une forme courte pour chaque personne.

[modifier] Le verbe

La morphologie verbale du burushaski est très complexe. Elle tient compte des catégories suivantes [3]:

et possède un système à 11 positions possibles (slots), ces positions ne pouvant toutefois être toutes occupées dans une même forme verbale :

  1. préfixe négatif (a-)
  2. préfixe de l'intransitif ou de l'absolutif
  3. préfixes pronominaux (sujet intransitif, objet transitif)
  4. préfixe transitif secondaire
  5. radical du verbe
  6. suffixe pluriel
  7. indicateur du radical présent (présent, futur, imparfait)
  8. suffixe pronominal (1re sg) / voyelle de liaison (non significative)
  9. suffixes optatifs et autres
  10. suffixes pronominaux (personnes autres que 1re sg)
  11. flexion nominale et particules

Exemple de construction : verbe transitif phus (lier), au prétérit (les slots occupés sont 3, 5, 8, 9 et 10) :

  • i-phus-i-m-i « il l'a lié »
  • mu-phus-i-m-i « il l'a liée »
  • mi-phus-i-m-an « vous nous avez liés / ils nous ont liés ».

[modifier] Bibliographie

  • Backstrom, Peter: Burushaski. In: Languages of Northern Areas. Sociolinguistic Survey of Northern Pakistan. Bd 2. Islamabad 1992, 2002 (Repr.).
  • Berger, Hermann: Die Burushaski-Sprache von Hunza und Nager. 3 Bde. 1. Grammatik. 2. Texte mit Übersetzungen. 3. Wörterbuch. Harrassowitz, Wiesbaden 1998.
  • Berger, Hermann: Das Yasin-Burushaski (Werchikwar). Grammatik, Texte, Wörterbuch. Harrassowitz, Wiesbaden 1974.
  • Blazek, Vaclav: Lexica Dene-Caucasia. Central Asiatic J. vol. 39, p. 11-50, 161-164, 1995. (Comparaisons lexicales entre le burushaski, le basque, des langues caucasiennes et iénisséïennes, sino-tibétaines et na-déné)
  • Casule, Ilija: Basic Burushaski Etymologies, Lincom, 2002 (ISBN 978-3895860898)
  • Grune, Dick: Burushaski, J. Biddulph, 1998 (ISBN 978-1897999127) (voir aussi lien externe)
  • Kausen, Ernst: Burushaski. Gießen 2005. (Voir aussi lien externe)
  • Lorimer, David Lockhart Robertson: The Burushaski Language. Bd 1. Introduction and Grammar. Bd. 2 Histories, Bd. 3: Dictionary. Aschehoug, Oslo 1935.
  • Morin, Yves Charles und Etinne Tiffou: Dictionnaire complémentaire du bouroushaski de Yasin. Etudes bouroushaski 2, SELAF # 304, Peeters/SELAF, Paris 1989. (Complément à Berger et Tiffou)
  • Tiffou, Etienne et Jürgen Pesot: Contes du Yasin - Introduction au bourou du Yasin. Etudes bouroushaski 1, SELAF # 303, Peeters/SELAF, Paris 1989.
  • Van Driem, George: The Languages of the Himalayas. Brill, Leiden 2001.
  • Willson, Stephen: Basic Burushaski Vocabulary. Studies in Languages of Northern Pakistan. Bd 6. Islamabad 1999.
  • Willson, Stephen: A Look at Hunza Culture. Studies in Languages of Northern Pakistan. Bd 3. Islamabad 1999.

[modifier] Notes et références

  1. L'accent tonique est sur la 2e syllabe. Prononciation : bourouchaski, pouvant se réduire à b'rouchaski.
  2. Blažek et Bengtson, Lexica Dene-Caucasica, Central Asiatic J., vol. 39, p. 11-50, 161-164 (1995). George van Driem a proposé de regrouper le burushaski et les langues iénisséïennes au sein d'une famille linguistique karassouk, ainsi nommée d'après la culture karassouk.
  3. D'après E. Kausen (voir lien externe).
  4. Kausen utilise le terme de « conatif » pour exprimer l'idée de « s'apprêter à », « être sur le point de » : er wird gleich weinen « il s'apprête à pleurer », en burushaski : her-i).

[modifier] Liens externes