Benjamin Delessert

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Benjamin Delessert.
Benjamin Delessert.

Jules Paul Benjamin Delessert, né à Lyon le 14 février 1773 et mort à Paris le 1er mars 1847, est un homme d'affaires et naturaliste français.

Sommaire

[modifier] Origine

Sa famille, protestante, est originaire du canton de Vaud en Suisse (on a longtemps cru qu'elle s’était exilée de France après la révocation de l’édit de Nantes vers 1685). Des membres de sa famille sont venus en France en 1735. Son père est Étienne Delessert (1735-1816), un homme d’affaires ayant créé des sociétés d’assurance et une caisse d’escompte.

Sa mère entretenait des relations d’amitié avec l’écrivain pour la jeunesse Arnaud Berquin (1747-1791), le savant Benjamin Franklin (1706-1790), le géologue Jean André Deluc (1727-1817) et Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) qui lui dédia, ainsi qu'à sa fille, ses Lettres sur la botanique.

[modifier] Jeunesse

Durant sa jeunesse, Benjamin Delessert voyage beaucoup et rencontre à Édimbourg Dugald Stewart (1753-1828), John Playfair (1748-1819) et Adam Smith (1723-1790). À Birmingham, Benjamin et son frère rencontrent James Watt (1736-1819) qui leur fait une démonstration de sa machine à vapeur. Jean André Deluc, qu'il rencontre à Windsor, l’initie aux nouveaux développements de la géologie.

De retour en France, il étudie à l’école d’artillerie de Meulan où il obtient rapidement un grade de capitaine et entre dans la Garde nationale. Il sert en Belgique sous Jean-Charles Pichegru (1761-1804), puis le général Charles Édouard Jennings de Kilmaine (1751-1799) le choisit comme aide de camp. Il participe à plusieurs campagnes militaires, notamment au siège de Maubeuge.

[modifier] Homme d'affaires

Il est rappelé en 1795 par son père qui lui confie ses biens et la direction de la maison de banque. Il fonde en 1801 une raffinerie de sucre à Passy où il introduit des procédés nouveaux, puis bientôt une vingtaine d’autres établissements du même genre dans différentes régions françaises. Lors du blocus de la France, c’est Delessert qui, en se basant sur les recherches du chimiste allemand Franz Karl Achard (1753-1821), met au point la méthode d’extraction du sucre à partir de la betterave, méthode qu’il nomme Bonmatin. En récompense des services rendus, Napoléon le fait chevalier de la Légion d'honneur. En 1812, il accède au titre de baron d’Empire.

Il importe d'Angleterre l'institution de la caisse d'épargne en 1818. Il siège pendant 25 ans à la Chambre des députés, dont il est deux fois élu vice-président. Il propose de décerner une récompense nationale au duc de Richelieu après la libération du territoire français, et il fait abolir la loterie ainsi que les maisons de jeu.

[modifier] Botaniste

Delessert est élu membre libre de l'Académie des sciences en 1816. Botaniste amateur et collectionneur acharné, sa fortune lui permet d’acheter successivement de grands herbiers. Il a formé de magnifiques collections botaniques et conchyliologiques, dont celles de Louis-Guillaume Le Monnier (1717-1799), d’Étienne Pierre Ventenat (1757-1808), de Philibert Commerson (1727-1773), de Nicolaas Laurens Burman (1734-1793), de Jacques-Julien Houtou de La Billardière (1755-1834), d’Ambroise Marie François Joseph Palisot de Beauvois (1752-1820), de René Desfontaines (1750-1831) et bien d’autres.

En outre, il reçoit des spécimens des plus grands naturalistes de son époque comme Alexander von Humboldt (1769-1859), Aimé Bonpland (1773-1858), Robert Brown (1773-1858), Augustin Pyrame de Candolle (1778-1841), Joseph Paul Gaimard (1796-1858) ou Charles Gaudichaud-Beaupré (1789-1854). De même qu’il reçut de nombreux spécimens de la Compagnie anglaise des Indes orientales. Son herbier finit par réunir 250 000 spécimens représentant 87 000 espèces. Cet herbier, ainsi que sa bibliothèque, est l’un des plus riches d’Europe. Delessert permis à de très nombreux scientifiques de venir étudier ses collections. Il fait paraître de 1820 à 1846 les cinq volumes des Icones selectatae plantarum contenant 500 planches en couleur, qui ont été décrites par Augustin Pyrame de Candolle (1778-1841) dans ses Icones selectes plantarum.

Son intérêt ne se limite pas qu’aux végétaux. Il constitue également une très riche collection de 100 000 coquillages représentant 23 000 espèces ainsi qu’une très riche bibliothèque. Il fait paraître en 1842 un Recueil de coquilles inédites, décrites par Lamarck dans son Histoire naturelle des animaux sans vertèbres et non encore figurées et dont le texte est signé Jean-Charles Chenu (1808-1879). Ses collections sont notamment enrichies par l’acquisition des collections de Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829), de Louis Dufresne (1752-1832), de Pierre François Keraudren (1769-1858), de Jacques Teissier (1780-1814). De Louis-Claude Marie Richard (1754-1821), il détenait une coquille que le botaniste avait précédemment acquise pour 6 000 francs, une véritable fortune pour l’époque.

Delessert ne limite pas là son action en faveur des arts et des sciences. Il soutient activement les travaux anatomiques du docteur Jean-Baptiste Marc Bourgery (1797-1849). Par ailleurs, il rachète, à des prix élevés, les ouvrages ou les revues détenus par des scientifiques démunis. Il enrichit ainsi sa bibliothèque tout en offrent une aide matérielle aux savants. Delessert assure également le financement d’ouvrages savants qui ne trouvent pas d’éditeur.

[modifier] Homme politique et action sociale

Vers 1800, il fonde des soupes populaires qui distribuent, durant certains hivers, jusqu’à quatre millions de repas. À partir de 1815, il s’implique dans la vie politique française, date à laquelle il est élu député de Paris, puis à nouveau de 1817 à 1824, puis de 1827 à 1842 député de Saumur. Il est battu à l'élection du 9 juillet 1842. Durant ses quarante-trois ans de mandats, il siège au centre-gauche. Il se bat pour améliorer les conditions des malades dans les hôpitaux et pour l’abrogation de la peine de mort.

Il participe en 1818 à la création des Caisse d’épargne en France qu’il dirige durant près de vingt ans, et du livret A. Il offre le contrôle de l’établissement au gouvernement en 1835. Au moment de sa mort, il existait en France trois cent cinquante caisses d’épargne ayant récolté quatre cent millions de francs.

Pendant la Révolution de 1830, il fait partie de la délégation de cinq membres envoyée le 30 juillet par la Chambre des députés au Palais du Luxembourg pour discuter avec les Pairs afin de convaincre la chambre haute de soutenir la proclamation du duc d'Orléans comme lieutenant général du royaume. Il fait ensuite partie de la commission de douze députés qui, dans la soirée, se rend au château de Neuilly afin de notifier à Louis-Philippe d'Orléans la délibération l'appelant à la lieutenance générale du royaume.

Il est l'un des principaux membres de la Société philanthropique et l'un des fondateurs de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale. Fervent propagateur de l'instruction primaire, il est le patron des salles d'asile. Surnommé le « père des ouvriers », il lègue160 000 francs à la Caisse d'épargne, à la charge de donner des livrets de cinquante francs à trois mille ouvriers choisis chaque année.

Outre des discours politiques et des écrits sur les caisses d'épargne, il est l'auteur d'un Guide du bonheur paru en 1839.

[modifier] Iconographie

  • Un timbre français d'une valeur de 75 cts lui a été consacré en 1935 gravé par A. Delzers d'après un dessin de René Grégoire, deux autres dessinateurs de timbres avaient proposé leurs esquisses : René Cottet et Claudie-Frédérique Korthals. Source: Charles Lemasson, «Pour vos placements, pensez à la Caisse d'épargne.. de 1935» , Timbres magazine, novembre 2007 pp. 56-57.
  • René Grégoire qui était aussi sculpteur réalisa pour une place de Saumur une statue en bronze fondue sous l'Occupation.

[modifier] Sources partielles



Deless. est l'abréviation botanique officielle de Benjamin Delessert.
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