Banquise

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Les mouvements de la banquise entre mars et septembre
Les mouvements de la banquise entre mars et septembre
La vie est rare sur la banquise, mais plus développée sous l'eau. Au pied du mur de glace, de la banquise d'Explorer's Cove (New Harbor, détroit McMurdo), coquillages, oursins et organismes marins occupent densément le fond
La vie est rare sur la banquise, mais plus développée sous l'eau. Au pied du mur de glace, de la banquise d'Explorer's Cove (New Harbor, détroit McMurdo), coquillages, oursins et organismes marins occupent densément le fond

La banquise est une étendue de mer gelée. La banquise Continentale est une étendue de glace et des restes de calottes glaciaires sur la terre ferme.

Elle se forme durant l'hiver polaire, lorsque la température de l'eau de mer descend en dessous de -1,9°C. Au cœur de l'hiver, l'épaisseur de glace peut atteindre 1,5 à 2 mètres, sans compter la neige qui s'y accumule.

La flottabilité de la banquise est due à la différence de densité entre la glace et celle de l'eau liquide : la glace, moins dense, subit la poussée d'Archimède.

Une partie de la banquise ne fond jamais, mais il ne faut pas confondre cette glace de mer pérenne avec les calottes polaires (Groenland, Antarctique) qui sont constituées de glace continentale (eau douce).

Sommaire

[modifier] Formation de la banquise

A la fin de l’été, le froid polaire s’installe, parfois brutalement (-40°C); la surface de l’océan se refroidit mais en raison des mouvements de la mer (houle, vagues...), la glace ne prend pas d'un seul coup.

Quand la température de l'eau atteint -1,8°C, les premières paillettes de glace cristallisent puis s'agglomèrent jusqu'à former un début de croûte sur l'eau. Celle-ci va se solidifier assez rapidement, mais tant qu'elle n'atteint que quelques centimètres d'épaisseur, elle reste fragile et les mouvements de l'eau peuvent la fissurer.

Une fois la surface gelée, l’eau de mer se trouve isolée de l’air et le processus ralentit. La banquise s’épaissit alors lentement, par sa face inférieure, jusqu’à atteindre environ deux mètres. Au-delà d'une certaine épaisseur, la glace ne constitue plus qu'un seul bloc couvrant une vaste étendue: c'est la banquise proprement dite. L'eau de mer se dessale en gelant ("expulsion" du sel vers les eaux plus profondes).

Durant l'hiver, les précipitations neigeuses qui s'accumulent à sa surface en augmentent l'épaisseur.

[modifier] Débâcle

Icône de détail Article détaillé : Débâcle.
Banquise dans l'Atlantique nord
Banquise dans l'Atlantique nord

En plein hiver, la banquise s’étend sur près de 15 millions de km², dont près de la moitié fondra durant l’été. Lorsqu'elle redevient sujette aux mouvements de la mer, elle se fragmente, se brise, s’ouvre, se chevauche en grandes plaques puis en morceaux de plus en plus petits. Ces plaques servent fréquemment aux mammifères marins comme les morses, les phoques ou les otaries pour y prendre le soleil et s'y reposer.

La partie restante persistera deux, trois, quatre ans ou plus et son épaisseur atteindra alors 4 à 5 mètres. Pendant ce temps, cette croûte de glace traversera l’Océan Glacial, emportée par les courants : c’est la dérive arctique.

[modifier] La banquise et les navires

Tableau de C. D. Friedrich représentant un navire pris dans la banquise
Tableau de C. D. Friedrich représentant un navire pris dans la banquise

Les navires pris dans la banquise qui se forme n'ont en général pas d'autre solution que de rester sur place et de préparer leur hivernage. Seul un navire conçu pour supporter la pression exercée par la glace sur ses flancs a de bonnes chances de résister. Un tel navire a une coque formant un angle très incliné avec l'eau : lorsque la pression augmente sur la coque, au lieu de tenter d'y résister, elle s'élève mécaniquement.

Certains navires sont spécialement conçus pour passer à travers une épaisseur de glace (inférieure généralement à 2 mètres), ce sont les brise-glaces. Ils peuvent se frayer un chemin en brisant la glace sous leur masse ou leur simple poussée ; ils servent également à ouvrir la voie à d'autres navires.

[modifier] La banquise et le réchauffement climatique

Tous les modèles climatiques informatiques prédisent que le réchauffement climatique touchera plus fortement les régions polaires. Dans ces régions, l’élévation de la température sera environ le double de l’augmentation moyenne à la surface de la planète. Cette évolution est confirmée sur le terrain par un récent rapport de la NASA et du National Snow and Ice Data Center (NSIDC) qui révèle que l’étendue de la banquise du pôle Nord n’a jamais été aussi réduite depuis plus d’un siècle.

En septembre 2005, la superficie de la banquise arctique était de 25% inférieure à celle qu’elle avait en moyenne dans les années 1980. En septembre 2006, l'extension de la banquise était proche du record de 2005, sans toutefois le battre. À la date du samedi 16 septembre 2007, il n'y a plus que 4,13 millions de km² de glace qui reste dans l'arctique, ce qui bat le record de 2005 (5,32 millions de km²) de plus de 1 million de km². En général, les satellites comptent la superficie de la banquise là où il y a de la glace en concentration de 15% et plus. Il n'y a que 2,92 millions de km² de banquise avec une concentration de glace de 15% et plus. C'est de loin la plus petite superficie observée par les satellites. Ces données sont prises régulièrement par la NSIDC et la UIUC.

Chaque année est atteint un record de minimum de l'étendue de la banquise Arctique.
Chaque année est atteint un record de minimum de l'étendue de la banquise Arctique.

L’étendue de la fonte de la banquise est telle qu’un point de non-retour a probablement été atteint. En effet, les eaux sombres non recouvertes de glace de l’Océan Arctique absorbent bien davantage la lumière solaire que la très réfléchissante banquise. Ainsi, plus la banquise se réduit, plus l’Océan Arctique se réchauffe rapidement, accélérant ainsi la fonte du reste de la banquise et ainsi de suite. Ce cercle vicieux, en langage scientifique une rétroaction positive, pourrait conduire à une disparition totale de la banquise en août et septembre au plus tard vers 2100, une situation inédite depuis plus d’un million d’années. En revanche, la plupart des modèles confirment que la diminution drastique de la taille de la banquise en été ne se retrouvera pas aussi nettement en hiver.

Un risque supplémentaire d'accélération du processus de fonte est lié à la possible déstabilisation des gisements d'hydrates de méthane et du dégagement de CH4 imputable à la reprise de la fermentation bactérienne dans les toundras dont le pergélisol dégèle massivement depuis l'été 2005. Certains scientifiques estiment que les conditions d'accélération du réchauffement pourraient devenir telles que la majorité de la surface estivale de la banquise arctique pourrait disparaître encore plus tôt, peut-être déjà aux alentours de 2025[1].

« Si nous n'agissons pas immédiatement l'Arctique va rapidement devenir méconnaissable », a affirmé Tonje Folkestad, spécialiste du changement climatique au WWF. « Les ours polaires feront partie de l'Histoire, et nos petits-enfants n'en entendront parler que dans les livres. »

De retour de deux ans d'expédition à bord de la goélette Tara, les membres de l'expédition ont annoncé, fin octobre 2007, avoir constaté sur place plusieurs indices avérés des transformations en cours dans l'océan Glacial Arctique [2] :

  • le recul de la banquise : plus d'un million de km² perdus entre septembre 2005 et septembre 2007. La lisière de la glace ayant entre-temps reculé de 400 km.
  • Une augmentation de la vitesse de la dérive transpolaire, allant du détroit de Béring au détroit de Fram, entre l'été 2006 et l'été 2007. Ce phénomène peut contribuer à l'accélération de diminution de la surface de la banquise.
  • Une disparition progressive des glaces pluriannuelles au profit des glaces de l'année.
  • La présence accentuée de plaques de fonte à la surface de la banquise : elles couvrent désormais 50 % de sa surface en été ; ainsi qu'une augmentation de la pluviosité entre Groenland, Spitzberg et pôle nord géographique.

La perte de surface de la banquise serait actuellement de 500 000 km² par an. Compte-tenu de sa surface estivale, la banquise pourrait avoir complètement disparu en été d'ici 1 à 2 ans.

[modifier] Notes et références

  1. A. Coustou, Terre, fin de partie?, éditions Eons, 2005
  2. Conférence de presse Tara Damocles du 30 Octobre 2007