Béla IV de Hongrie

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Béla IV dans le Chronicon Pictum, 1360
Béla IV dans le Chronicon Pictum, 1360

Béla IV Árpád est roi de Hongrie du 21 octobre 1235 au 3 mai 1270. Il succède à son père André II le 21 octobre 1235.

Alerté par l’invasion de la Russie par les Tartares, il dépêche plusieurs moines dominicains chargés de rechercher des Hongrois qui étaient restés « dans la patrie des ancêtres » lors de la migration de 895. En 1237, il accueille en Hongrie quarante mille Coumans, peuple de pasteurs turcs chassés du bas Danube par les Mongols, et les établit dans la zone marécageuse entre la Tisza et le Danube. Il espère ainsi avoir à sa disposition des troupes contre l’oligarchie nobiliaire.

Sommaire

[modifier] Les Invasions mongoles

Le chef mongol Batu Qân entre en Moravie et en Hongrie où il prend Pest à l’issue d’une belle victoire à Mohi sur les rives du Sajó (11 avril 1241) sur les troupes de Béla IV. Les Mongols pillent le pays et massacrent une partie de la population. Béla doit se réfugier auprès du prince Frédéric d’Autriche, qui au lieu de l’aider, profite de l’occasion pour lui arracher trois comtés. Il prend alors le chemin de la Dalmatie et s’installe à Trau (Trogir), en attendant l’aide de l’Occident.

En mars 1242, l’avant-garde de Batu atteignit l’Adriatique et le roi Béla IV ne dut son salut qu’en embarquant sur un navire en rade de Trogir. À l’annonce de la mort d’Ögödei (11 décembre 1241), le chef mongol et ses troupes refluent vers l’Orient pour participer au quriltay organisé pour l’élection de son successeur. L’Europe centrale fut ainsi sauvée.

[modifier] La Reconstruction

Béla IV, de retour en Hongrie, trouve un pays ravagé et doit tout reconstruire. Parmi les résidences royales, il privilégie la forteresse de Buda et laisse Esztergom à la disposition de l’archevêque. Il repeuple le pays dévasté en faisant appel à des colons allemands établis comme hôtes (hospites), qui jouissent d’un statut particulier. Il autorise les grands à construire des châteaux forts de pierre. Les comitats (comtés) deviennent des comitats nobiliaire : l’ispan, nommé par le roi, est assisté de juges choisis par la noblesse locale. Les comitats obtiennent le droit d’envoyer leurs représentants à la diète. Le système des ordres débute, qui caractérise par la suite la Hongrie, qui devient une oligarchie de barons.

La Transylvanie, ravagée par les Mongols, est soumise à la même féodalisation que la Hongrie. Elle est divisée en comitats autour de châteaux désormais en pierre. Les chefs valaques sont intégrés dans la noblesse des ispans. Les privilèges des Saxons et des Szeklers sont renouvelés. Les premiers peuvent élire leur comte, qui dépend directement du roi ; les seconds désignent leurs juges qui administrent les sept sièges (Stühle) qu’ils forment.

Béla IV accorde un nouveau statut municipal à Székesfehérvár (Albe royale) qui devient le modèle du développement urbain en Hongrie. Il fonde la forteresse de Buda, y transfère la population survivante de Pest et en fait le centre commercial principal du pays. Une vingtaine d’autres villes sont construites, bénéficiant de privilèges royaux, d’une topologie ordonnée et de la construction d’enceintes.

Le roi dispose de nombreux revenus domaniaux et régaliens comme les mines, le sel, les taxes et les péages, ainsi que l’entretient de la cour. Il accroît ses revenus par la frappe de monnaie d’argent, confiée à l’archevêque d’Esztergom, qui l’afferme à un Juif venu de Vienne, Henel. Cette monnaie sure stimule l’activité économique, commerciale et les rentrées fiscales. La Hongrie exporte des bœufs, du vin, du sel, importe des draps, de la soie, des épices, de Venise, d’Allemagne et de Moravie. Les droits régaliens provenant des mines (argent, or, sel) sont partagés entre le fisc, les nouveaux entrepreneurs (notamment allemands) et la bourgeoisie des villes minières qui participe à l’exploitation. Ces activités fournissent autant ou davantage de revenus que les anciens impôts en nature. Le redressement économique s’effectue par la mise en valeur des régions périphériques ou dépeuplées, particulièrement dans le Nord (Slovaquie actuelle), où de nouvelles villes ou bourgades sont fondées. Le royaume compte alors deux millions d’habitants et est peuplé d’une mosaïque de peuples de toute provenance : Allemands, Wallons, Latins, des « réfugiés » des steppes, Petchenègues, Coumans, Iazygues, des Juifs et des Ismaélites, des paysans « russes » de Galicie, des Roumains, des Polonais, des Moraves et autre Slaves.

[modifier] La Révolte d'Istvan

En 1262 et 1265, son fils Istvan (le futur Étienne V de Hongrie), qui gouverne en Transylvanie, tourne les armes contre son père. Il bénéficie de l’appui des Coumans (il a épousé une princesse coumane) et des troupes des barons félons qu’il attire dans son camp. Excellent chef militaire, au contraire de son père, il guerroie avec succès contre Ottokar II de Bohême et contre la Bulgarie. Il finit par battre son père et se fait proclamer « roi-junior » de la moitié orientale de la Hongrie en 1265.

A la mort de Béla IV le 3 mai 1270, le problème de la succession se pose à nouveau et l’anarchie féodale triomphe en Hongrie.


Précédé par Béla IV de Hongrie Suivi par
André II de Hongrie
(1205-1235)
Souverains de Hongrie

Béla IV
(1235-1270)
Étienne V de Hongrie
(1270-1272)


[modifier] Sources

  • Gyula Kristo Histoire de la Hongrie Médiévale Tome I le Temps des Arpads Presses Universitaires de Rennes (2000)(ISBN 2-86447-533-7).