Ayurveda

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Dhanvantari, la divinité associée à l'Ayurveda
Dhanvantari, la divinité associée à l'Ayurveda

L'Ayurveda (आयुर्वेद sanskrit âyus : vie et veda : connaissance, science) ou « médecine ayurvédique » est une médecine indienne qui puise ses sources dans les textes sacrés des Veda (environ - 3 900 ans av. J.-C. à - 1500 ans av. J.-C.) et dont les principes sont ceux de ce qu'on appelle aujourd'hui la « médecine naturelle », ce qui signifie qu'ils respectent les lois de la Nature (à définir). En l'occurrence il s'agit d'une approche dite holistique de la culture védique qui constitue les prémices de l'hindouisme.

L'Ayurveda s'est surtout développée à partir du Ve siècle av. J.-C. jusqu'au moyen âge, et a été conservé dans son essence malgré les différentes influences étrangères (grecques, chinoises, perses, tibétaines). Ce système est tombé en désuétude pendant plusieurs siècles à la suite des invasions musulmanes au nord de l'Inde à partir du VIIIe siècle de notre ère. Parallèlement à la renaissance en Europe, l'Ayurveda a retrouvé une nouvelle jeunesse. Avec les différentes colonialisations européennes, surtout britanniques, cette médecine a subi de nombreuses pressions n'étant pas accessible à la compréhension occidentale et ainsi assimilée à des pratiques magiques. En 1830, l'Ayurveda a été désavouée par les Anglais. C'est seulement avec l'Indépendance en 1947, sous l'influence du Mahatma Gandhi, que l'Ayurveda a pu retrouver ses lettres de noblesse. Aujourd'hui, l'Ayurveda semble susciter plus d'intérêt pour son approche du bien-être holistique que pour son aspect médical (ce dernier étant peu développée faute de moyens, de recherches et d'expérimentation).

Sommaire

[modifier] Les origines

Il y a quatre Veda: (Rig-Veda, Sama-Veda, Yajur-Veda et Atharva-Veda). L'Ayurveda est une branche de l'Atharva-Veda. Il est donc Upaveda, Veda subordonné.

À l'origine, les principes de guérison exposés dans l'Atharva-Veda reposaient essentiellement sur le son ou la parole. Les hymnes étaient alors des moyens de guérison et leur simple récitation avait, selon le texte, le pouvoir de soigner toute chose. Les médicaments, tels qu'on les connait aujourd'hui, n'étaient pas encore développés. Par la suite, deux traités médicaux, la Charaka Samhita et la Sushruta Samhita sont venus détailler et "matérialiser" l'Ayurveda.

Dans les universités indiennes, les étudiants utilisent l'Astanga Hrdayam de Vagbhata, un résumé simplifié des deux premières compilations, ceci surtout dans le sud de l'Inde.

[modifier] Principes de base

L'utilisation du mot Veda, qui signifie Connaissance, indique l'importance de l'Ayurveda en Inde. L'Ayurveda propose un bien-être durable dans la vie, tant individuelle que familiale et sociale. Elle replace l'homme dans sa dimension à la fois physique et spirituelle.

Les trois dosha, nommés respectivement Vata, Pitta et Kapha, sont les trois "humeurs" à partir desquelles l'Ayurveda fait principalement son diagnostic de l'équilibre du corps et de son harmonie avec l'univers.

Le Panchakarma (Pancha:cinq, Karma: action) est un des soins ayurvédiques dont l'objectif est de purifier le corps :

  • Vamana : le vomissement thérapeutique,
  • Virechana : la purgation,
  • Basti : le lavement,
  • Nasya : élimination des toxines par le nez,
  • Raktamoksha : la saignée,

Le médecin ayurvédique, le Vaidya, examine le patient au moyen d'un ensemble de techniques telles que l'observation, l'interrogation, la palpation (dont la prise du pouls, nadipariksha) par lesquels il déduit les déséquilibres présents. Il prescrit ensuite les soins ou les remèdes (Rasayana) adaptés à chacun.

Le massage sous forme d'oléation, abhyanga, est donné au corps préalablement à ces thérapies spécifiques mais ne constitue pas une thérapie d'une puissance comparable aux techniques du Panchakarma, contrairement à l'idée répandue actuellement en Occident. Il est destiné à pousser les toxines vers le système digestif et donc à l'élimination pour permettre aux techniques du Panchakarma de déployer tous leurs effets. Charaka, considéré comme le père de l'Ayurveda déclare que le massage est akarma, (a: privatif, karma: action), n'a pas d'action " thérapeutique" dans le sens du Pancha "karma". Ce sera principalement l'usage des huiles médicinales (phytothérapie par voie externe) qui déterminera l'effet thérapeutique de l'abhyanga.

Aucune formation d'État en massothérapie clinique, aucun diplôme d’État de massothérapeute ayurvédique n’est délivré par les Universités ayurvédiques d’État, en Inde. [réf. nécessaire]

Il existe une branche de l'Ayurveda qui traite de chirurgie : le Salya Tantra (très peu développée, tout comme la branche liée aux maladies psychiques, le Bhuta Tantra).

Il existe de nombreux « centres de cures ayurvédiques » non reconnus par l'ordre des médecins. Il est recommandé de se référer à des autorités légales et compétentes du ministère indien de la santé (voir liens ci-dessous). L'ayurveda est comme toute médecine, définie et protégée par des lois. En 2005, l'Office central Santé Canada avait dressé une liste de médicaments ayurvédiques, fabriqués en Inde et distribués au Canada, et contenant plusieurs métaux lourds. [1]. Ces remèdes ne sont pas distribués en France. La médecine Ayurvédique n'est pas enseignée ni reconnue par les Facultés de Médecine Françaises ni par l'Ordre des Médecins français.


[modifier] La Charaka samhita, texte fondateur

La Charaka samhita est un texte fondateur de l’Ayurveda rédigé par Chakrapanidatta au XIe siècle.

Ce texte est un « samhita », c’est-à-dire une « collection qui forme un ensemble ». La datation de l’ouvrage est incertaine, il s’agit d’un texte ancien (entre 175 av. J.-C. et 120 ap. J.-C.), maintes fois remanié et affiné.

[modifier] La forme du texte

Le texte est principalement rédigé en vers (sloka) de 32 syllabes. Cette versification est courante, elle est également celle d’autres textes traditionnels comme le Mahabharata et le Ramayana.

Tous les textes d’autorité en sanscrit sont insérés dans une tradition, plus ou moins objective mais dont le rappel introduit le corps de chaque ouvrage. Du dieu jusqu’à l’humain qui a transcrit le texte, toute la lignée est traditionnellement listée en avant-propos. Il s’agit du mangala ou « paragraphe de bon augure » jugé indispensable pour que l’œuvre puisse être menée à son terme sans obstacle et pour qu’elle soit dite complète.

Le mangala contient le nom de l’auteur, le sujet de l’ouvrage (visaya), la motivation de l’ouvrage (prayojana), la méthode d’exposition (samgati) et le public ciblé (adhikarin).

Dans le cas de la Charaka samhita, la lignée commence avec Brahma, le créateur et se termine par l’auteur Chakrapanidatta. Ce dernier ne se considérant pas véritablement comme « auteur » mais comme « rapporteur » d’une connaissance qui existe depuis toujours. Même les grands philosophes, comme Shankara, ne se présentaient jamais comme des novateurs, mais comme des commentateurs d’une connaissance éternelle.

Le cadre du texte est une sorte de colloque de sages (Rishi) sur un flanc de l’Himalaya.

[modifier] Le propos du texte

A l’origine de l’Ayurveda, la science médicale, on trouve l’AtharvaVeda, texte plus ancien, dans lequel sont réunis des hymnes curatifs. La médecine était alors « vocale », c’était par la voix que l’on soignait [2]

La Charaka samhita offre, elle, un second type de médecine, plus récente et plus proche de ce que nous entendons par ce terme aujourd’hui (même si cette médecine était associée à la quête du bonheur et de la délivrance spirituelle, ce qui est absent de la médecine moderne occidentale).

[modifier] Les principes

Quelques axes principaux évoqués par la Charaka samhita et que l’on retrouve plus ou moins dans l’Ayurveda tel qu’il est compris aujourd’hui :

  • La vie vécue normalement est un état de bonheur
  • L’hygiène de vie permet de restaurer l’harmonie de l’homme avec son environnement
  • L’alimentation, la digestion et l’assimilation sont des questions essentielles pour la santé
  • Les médicaments sont de nature végétale (341 recensés dans l’ouvrage), animale (177 recensés) ou minérale (64 recensés)
  • La parole comme méthode de soin, présente dans l’Atharvaveda, est associée à ces médicaments (Rasayana).
  • La médecine est plus préventive que curative
  • La maladie est considérée comme la conséquence d’une erreur alimentaire et d’une mauvaise compréhension de l’univers, ainsi que d’une mauvaise harmonie entre le corps et l’esprit.

Le Yoga tel qu’on le connaît en Occident, c’est-à-dire le Yoga des postures, était également mentionné comme un médicament.

Le diagnostic médical par la prise du pouls (nadipariksha) est un autre élément important de la médecine (bien que plus tardif) décrit dans la Charaka Samhita. On y mesure l’équilibre ou le déséquilibre des trois doshas dans le corps (vata, pitta et kapha, parfois traduits par « humeurs ») qui sont associés aux trois divinités (Shiva, Vishnu et Brahma respectivement)

[modifier] L’homme, l’univers et le Soi

Selon la Charaka Samhita et la philosophie védique en général, l'homme est comme l’univers, il est structuré comme lui et constitué des mêmes éléments. (« je suis fait de l’univers et l’univers est fait de moi ») On parle par exemple du feu en l’homme, comme on le fait aujourd’hui, par l’inflammation, la fièvre brûlante, ou le feu digestif. Ce dernier étant le plus important dans la perspective de la santé. Mais de manière plus fondamentale encore, le corps est considéré comme un ensemble d’éléments matériels périssables qui constituent un vêtement provisoire pour l’atman (le Soi) qui, lui, est éternel.

[modifier] Bibliographie française

  • La Caraka Samhita "traité de vie naturelle" tome 1, par Michel Angot, 1993 édition privée
  • Caraka Samhita, Traduction Jean-Papin, Editions Almora, 2006
  • Prakriti Robert Svoboda, éditions Turya
  • Ayurvéda Science de l'Auto-guérison Dr Vsant Lad, éditions Guy Trédaniel
  • Traité de l'Ayurvéda, tome I et II Gerard Edde, editions Guy Trédaniel
  • La Santé par l'Ayurveda David Frawley, ed. Turya
  • La Divinité des Plantes David Frawley, ed. Turya
  • Yoga et Ayurveda - Autoguérison et Réalisation de soi" D.FrawleyEdTurya, diff."Inner Quest".
  • La Doctrine classique de la médecine indienne Jean Filliozat, éd. Ecole Franç. d'Extr.Orient
  • Médecine Orientale Editions Olizane (plusieurs auteurs)
  • Plusieurs livres du Dr Deepak Chopra sont à l'origine d'un certain engouement pour l'ayurveda aux États-Unis.

[modifier] Bibliographie anglaise

  • Ayurvedic Healing, Lotus Press, Twin Lakes, Wisconsin David Frawley

[modifier] Article connexe

[modifier] Liens externes

[modifier] Références

  1. Santé Canada - La page que vous cherchez a été déplacée
  2. Voir, par exemple, l’hymne pour se soigner des vers intestinaux Atharvaveda II 31