Avidyā

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Avidyā (sanskrit; pâli: avijjā ; tibétain: ma rig pa; japonais: mumyō), signifie ignorance, ou aveuglement. Dans le bouddhisme, avidyā est la source de toute souffrance, dukkha.

Moha (pâli) en est un synonyme.

Sommaire

[modifier] Introduction

  • Avidyā est, avec le désir et la haine, l'un des trois « poisons » ; cependant, elle est à l'origine des deux autres. L'ignorance est donc une passion, mais une passion toute faite d'illusions, et qui cause tous les désirs ;
  • Avidyā est le premier maillon de la coproduction conditionnée, qui décrit le conditionnement de tous les phénomènes. Cela ne fait pas de l'ignorance la cause de tous les phénomènes conditionnés. Simplement, selon la coproduction conditionnée, l'ignorance conditionne les activités volitionnelles, samskara ;
  • Avidyā est le dernier des dix liens, samyojana, qui retiennent les « êtres » prisonniers des renaissances dans le samsara. Lorsque la pratique amène à affaiblir voire détruire ces liens, comme l'orgueil, l'ignorance est le dernier à céder, car il conditionne tous les autres.

[modifier] Avidyā selon le Hinayâna

Dans le bouddhisme hinayâna, dont la seule école contemporaine est le theravada, avidyā est méconnaissance :

  • Des quatre nobles vérités : avidyā est donc ignorer la souffrance, ainsi que son origine, sa cessation et son remède ;
  • Avidyā est ignorer non seulement la souffrance impliquée par tout phénomène conditionné, mais également les autres particularités qui forment, avec la souffrance, les trois caractéristiques, à savoir l'impermanence et l'impersonnalité ;
  • Avidyā est ignorer la coproduction conditionnée ;
  • Avidyā, enfin, est l'ignorance du karma qui est associé à toute intention.

L'ignorance fait donc apparaitre la vie comme satisfaisante, durable, et comme propriété d'individus, là où il n'y a que phénomènes misérables, éphémères et sans soi.

[modifier] Avidyā selon le Mahâyâna

Dans le bouddhisme mahâyâna, avidyā est ignorance de la vacuité. Les phénomènes sont vides ; ils peuvent être compris comme illusoires, trompeurs, ce qui correspond au premier enseignement de la vacuité, dans le bouddhisme Madhyamika ; mais les phénomènes peuvent aussi être compris comme pure manifestation de la conscience, ce qui correspond à l'enseignement de la vacuité dans le Cittamatra.

Dans l'Atiyoga, ou Dzogchen, l'avidyā est spécifiquement la non-reconnaissance de sa nature primordiale, vidyā, ou rig pa en tibétain.

[modifier] Références

  • Voir aussi la notion de sagesse : prajna
  • Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme, Seuil, 2001