Avalon (film, 2001)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Avalon (homonymie).

Avalon est un film nippo-polonais réalisé par Mamoru Oshii, sorti en 2001.

Cet article fait partie de la série
Science-fiction
La SF à l’écran
autre-A-B-C-D-E-F-G
H-I-J-K-L-M
N-O-P-Q-R-S-T
U-V-W-X-Y-Z
Le monde de la SF
Auteurs - BD de SF
Fandom - Prix littéraires
Thèmes et genres
Catégorie:science-fiction

Sommaire

[modifier] Synopsis

Dans un avenir proche, le jeu de guerre illégal Avalon est un jeu vidéo sur lequel les joueurs branchent directement leur cerveau, et qui provoque des comportements addictifs. Certains joueurs sont tellement plongés dans le jeu que leur esprit y reste bloqué, leur corps demeure inerte, dans un état végétatif dont ils ne sortent plus : ce sont les non-revenus. Le nom « Avalon » provient de l'île de légende où vont les âmes des guerriers (dont celle du roi Arthur).

Comme dans tout jeu de tir subjectif, les personnages du jeu commencent avec des possibilités réduites et armés uniquement d'un pistolet et d'un chargeur, dans la classe C ; au fur et à mesure qu'ils remplissent des missions, ils accumulent des points qui leur permettent soit d'améliorer les capacités de leur personnage, soit d'acquérir du nouveau matériel, mais qui peuvent aussi être convertis en argent que touche le joueur dans le monde réel. En progressant, ils accèdent à des missions de plus en plus difficiles, avec plus de contraintes (par exemple un temps limité pour réaliser la mission), dans la classe B puis la classe A. Certains joueurs montent des équipes pour réaliser des missions en commun.

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

Les programmeurs du jeu sont connus sous le pseudonyme des « Neuf sœurs ». Les personnages les plus puissants sont les Bishops (évêques), seuls les joueurs les plus expérimentés arrivent à mener leur personnage à ce niveau. Le pouvoir de décider de leur réalité ultime, illusoire aussi, les anime, et les 'jeux' ressemblent terriblement à des interventions à partir de documentaires de guerres réelles, passées, datant du milieu du XXe siècle...

L'héroïne, Ash, ne vit que pour le jeu, et par le jeu : elle a atteint un niveau suffisant (classe A) pour lui permettre de gagner sa vie en jouant. Elle faisait partie d'une équipe réputée, les Wizards, qui fut dissoute pour une raison mystérieuse. Elle rencontre un de ses anciens partenaires, Stunner, qui lui apprend que Murphy, un des membres de l'équipe, est un non-revenant. Il aurait essayé d'accéder à un niveau caché, la classe Spécial A (SA), ou encore appelée classe Réelle, un image du monde réel courant, qui permettrait d'accumuler un nombre de points d'expérience faramineux. Désireuse que son personnage devienne Bishop, Ash décide de tenter d'accéder elle aussi à cette classe SA. Pour cela, elle se met à la recherche, dans le jeu, du point d'accès : une petite fille qui apparaît furtivement et surnommée l'Ombre (Ghost) ...

Il existe une ambiguité -sans doute voulue par l'auteur- entre les 'non-revenus' et l'un des personnages centraux, revenu au Spécial A qui démontre que l'ultime but est de revenir dans un monde quasi-réel mais toujours au moins aussi incertain. Monde parallèle où la lancinante musique évocatrice d'Avalon reprend son thème et fait pressentir graduellement quelque chose de tragique avant la décision du personnage final d'en finir avec ces aller-retours virtuel-réel, déstabilisants, désespérants, car l' espoir d'aimer en chemin se trouve trahi par un malentendu kafkaïen : qu'est-ce que être ? Pas seulement exister, en tous les cas.

[modifier] Commentaires

Avalon est un film qui met plus en scène une ambiance et un univers qu'une histoire. L'ambiance déshumanisée du monde post-industriel, gris et terne ne procure au spectateur aucun repère de temps ni de lieu (le film a été tourné à Varsovie et à Wrocław, en Pologne). Elle n'est pas sans évoquer celle de certains films d'Andreï Tarkovski, en particulier Stalker, qui « brouille » aussi le rapport monde physique/métaphysique, réel/virtuel. Le totalitarisme esthétique du film trop peu connu "1984" de Michael Radford n'est pas loin. Cette ambiance est accompagnée par la musique, alternativement symphonique et électronique. L'utilisation de chœurs et d'une cantatrice donne une belle puissance, d'un lyrisme un peu appuyé, au combat mené par les acteurs dans le film. Le reste de la musique originale est en parfaite symbiose avec l'ambiance assez désincarnée d'une partie du film, quelquefois presque arythmique de lenteur, sèche et métallique. Les images du film ont presque toutes été modifiées par ordinateur, pour donner un style proche d'un Sepiatone orangé aux images, renforçant l'ambiance désuète et triste du monde réel du film. Les dernières scènes, qui se déroulent dans le monde du jeu Avalon, sont par contre en couleurs normales, de manière à renforcer l'impression de préférence pour un monde imaginaire qui semble pour les joueurs plus vivant que le réel.

L'héroïne est une guerrière sans émotion mais non sans sensibilité, comme le montre son seul échange avec un autre être vivant, la confection de la pâtée de son chien : elle lui cuisine un ragoût à base de viande, de légumes frais et de riz (aliments de luxe par rapport au niveau de vie) alors qu'elle même ne se nourrit que de céréales. Le Basset artésien normand apparaissait déjà dans le film d'animation Ghost in the Shell et était également associé à un personnage célibataire. Ce chien au regard triste, personnage récurrent des films de l'auteur, représente probablement ici la solitude urbaine mais aussi le contact avec le « réel », lien fragile qui finit par se briser lorsque le chien disparaît sans explication.

La plupart des gens restent figés, immobiles, lorsqu'ils n'ont pas une tâche spécifique à accomplir.

L'ambiance sépia accentue le sentiment de voyage dans un monde étrange. Dans le domaine du cyberpunk, ce film minimaliste (avec peu d'effets spéciaux) est plutôt à classer du côté de films comme eXistenZ de David Cronenberg ou d'Eraserhead de David Lynch : un film suscitant une réflexion sur l'évolution de la société plus qu'un film à grand spectacle.

On remarquera que Ash et Bishop sont les noms des androïdes dans le film Alien.

Le thème de ce film serait la perception de la réalité, la frontière avec le virtuel. En effet, tel un joueur de jeu vidéo (parfaitement capable de distinguer le réel du virtuel), il arrive que le spectateur ressente plus de sentiments de vie à l'intérieur du monde virtuel (passage en mode couleur dans le film, avec des personnages plus vivants que ce qui est ressentis dans la réalité, c'est-à-dire la première partie)

« La beauté et le style de ce chef-d'œuvre dépassent tous les films de science-fiction réalisés jusqu'à ce jour. » James Cameron

[modifier] Fiche technique

[modifier] Distribution

  • Malgorzata Foremniak : Ash
  • Wladyslaw Kowalski : Maître du jeu
  • Jerzy Gudejko : Murphy
  • Dariusz Biskupski : Bishop
  • Bartlomiej Swiderski : Stunner
  • Katarzyna Bargielowska : Réceptionniste
  • Alicja Sapryk : Gill
  • Michal Breitenwald : Murphy des 9 Sœurs
  • Zuzanna Kasz : Ghost
  • Adam Szyszkowski : Joueur A
  • Krzysztof Szczerbinski : Joueur B
  • Marek Stawinski : Joueur C
  • Jaroslaw Budnik : Cooper (voix)
  • Andrzej Debski : Cusinart (voix)

[modifier] Lien externe