Autoportrait

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Jean-Baptiste Siméon Chardin
Jean-Baptiste Siméon Chardin

L'autoportrait, figure du peintre par lui-même, est un exercice que rarement les auteurs de peinture n'ont pas essayé. Le genre est certainement très ancien, mais c’est à la Renaissance qu’il prend vraiment son essor, lorsque l’individu devient en soi un centre d’intérêt majeur.

[modifier] Histoire de l’autoportrait

Dürer : Autoportrait à la fourrure
Dürer : Autoportrait à la fourrure

La création de la peinture a été rapportée à la vision de Narcisse se contemplant dans son miroir (Alberti) et se réfère donc directement à l’autoportrait. Au delà du narcissisme, l'autoportrait fut une manière commode d'exercer sa technique (le modèle le plus facilement disponible étant soi-même).

On note l’apparition des premiers autoportraits dès le XIIe siècle dans les enluminures mais ils sont en fait des signatures (souvent accompagnés du nom de l'exécutant) plus que de réelles expressions picturales.

Albrecht Dürer est sans doute le grand créateur du genre en peinture. Il se dessine dès l'âge de treize ans en 1484, puis peint trois grands autoportraits en 1493, 1498 et 1500. Celui de 1500 est particulièrement remarquable car Dürer s’y peint de face, un angle de vue que peu de peintres ont utilisé pour se représenter. Dürer est également le premier artiste à se représenter nu (1503). Il reprend aussi un artifice déjà utilisé avant lui par Sandro Botticelli et peut-être par Fra Angelico, celui de se peindre parmi les personnages d’un événement, sorte de signature visuelle du tableau (Ce procédé a été utilisé dès 1359 dans l’Assomption de la Vierge par Andréa Orcagna). On le voit ainsi traverser avec un ami le paysage du Martyre des 10 000 (1508). Enfin il n'hésite pas à se dessiner sous les traits du Christ, en 1522 et 1523, soit quelques années avant sa mort.

Les grands peintres italiens de la Renaissance ont réalisé assez peu d’autoportraits. Le premier est sans doute celui du Pérugin vers 1500 (collège du Cambio de Pérouse). On connaît un dessin de Léonard de Vinci (1512). Quant à Michel-Ange, il a donné son visage à la dépouille de saint Barthélemy dans le Jugement dernier de la chapelle Sixtine (1536-1541. Raphaël nous est plus connu : on le voit parmi les personnages de l'École d'Athènes (1510), ou encore avec un ami auquel il tient l’épaule (1518). À noter aussi deux beaux portraits de Titien en vieillard dans les années 1560. Véronèse apparaît pour sa part en violiste vêtu de blanc dans les Noces de Cana, tableau où il représente Titien jouant de la viole de gambe (1562).

Francisco de Zurbarán en saint Luc peintre devant la crucifixion
Francisco de Zurbarán en saint Luc peintre devant la crucifixion

À l'exception peut-être d'Annibal Carrache, les Italiens ne sont pas vraiment des adeptes du genre : Le Caravage s’est sans doute peint en Bacchus au début de sa carrière, puis il apparaît incidemment dans certains de ses tableaux comme spectateur. On notera cependant qu’il a donné sa tête à celle de Goliath, brandie comme trophée par David (1607). Au XVIIe siècle, Flamands et Néerlandais sont plus exhibitionnistes : Van Dyck et Rubens nous ont laissé de nombreuses images d’eux-mêmes, et Rembrandt a accumulé les autoportraits. En Espagne, on connaît plusieurs autoportraits de Murillo ou de Vélasquez. Quant à Zurbarán, il s’est représenté en saint Luc aux pieds du Christ en croix (vers 1635). À remarquer Léopold de Médicis qui collectionna les nombreux autoportraits de son époque (XVIIe siècle) et qui sont exposés depuis dans le corridor de Vasari de Florence (et complétés).

Dans les années 1800, Goya s'est représenté en peinture à de nombreuses reprises.

Dans la France du XVIIe siècle siècle, on connaît surtout les autoportraits de Poussin. Au XVIIIe siècle, Jean Siméon Chardin renouvelle le genre, n’hésitant pas à se peindre à plusieurs reprises en bonnet et lorgnons. Quentin de La Tour a également laissé beaucoup d’autoportraits où il apparaît tantôt en chemise en sans perruque, tantôt en costume d’apparat.

Par la suite, on peut dire que chaque grand peintre nous a laissé au moins un autoportrait, mais le genre a été particulièrement prisé par les expressionnistes du début du XXe siècle, peut-être sous l’influence des autoportraits de Van Gogh. À signaler en particulier les nombreux autoportraits de Munch, Schiele, Beckmann et Kokoschka.

En sculpture, l’autoportrait est marqué à la Renaissance par celui de Lorenzo Ghiberti avec son buste à la porte du paradis au baptistère de Florence.

À signaler pour le XXIe siècle Arnaud Prinstet artiste contemporain dont la démarche consiste à peindre son autoportrait tous les jours.

[modifier] Techniques de représentation

L’autoportrait suppose en principe l’utilisation d’un miroir, instrument qui se développe à partir du XVe siècle. Mais les premiers miroirs utilisés étaient convexes, entraînant des déformations que l’artiste s’est parfois plu à conserver, à l’image d’un amusant tableau réalisé par Parmigianino en 1524 (Autoportrait au miroir). Le miroir permet des compositions surprenantes comme celle du Triple autoportrait de Johannes Gumpp (1646), ou plus près de nous celle de Salvador Dalí peignant Gala (1970-72). Cette utilisation du miroir a pour conséquence amusante que les peintres gauchers se représentent généralement en droitier (et inversement).

Pour la représentation proprement dite, le peintre peut choisir de se montrer en buste, sans attributs particuliers, parfois de face mais le plus souvent de trois-quarts. Cependant les autoportraits à la palette ou au pinceau ne manquent pas, de même que les représentations de l’artiste dans son atelier. Dans cette catégorie, l’exemple le plus connu est peut-être L'Atelier du peintre, de Gustave Courbet (1855), immense capharnaüm d'objets et de personnages hétéroclites, mais on n'oubliera pas, bien qu'il ne s'agisse pas ici d'un atelier, Diego Vélasquez peignant les Ménines (1656).

L’artiste se plaît parfois à se déguiser, ou du moins à revêtir un costume qui n’est pas le sien habituellement. C’est déjà le cas avec Dürer, et Rembrandt multipliera ce genre de métamorphose. Il peut aussi se peindre avec un ou des amis, ou encore évoquer sa vie familiale. Rubens se représente avec trois de ses proches dans les Quatre Philosophes (1615), mais aussi avec sa première femme Isabella Brant en 1610, puis avec la seconde, Hélène Fourment, en 1639.

Même si Ingres ne s’est jamais peint avec un violon, nombreux sont les artistes qui se sont mis en scène avec un instrument de musique, par exemple Lavinia Fontana jouant du clavicorde (1578), Courbet du violoncelle (1847) ou Beckmann du saxophone (1930). D’autres ont préféré évoquer des moments importants de leur vie, notamment des maladies : Goya se fait soigner par un docteur (1820), et Munch se peint convalescent après avoir échappé à la grippe espagnole (1919).

Enfin, il convient de signaler les nombreux cas, déjà évoqués plus haut, où le peintre se représente à l’intérieur d’une scène dont il n’est pas l’élément principal. Le premier exemple certain est celui de Benozzo Gozzoli dans le Cortège des rois mages (1459), son nom étant inscrit sur son bonnet. Il est imité quelques années plus tard par Sandro Botticelli, spectateur de l’Adoration des Mages, qui se détourne de la scène pour nous regarder (1475), comme Filippino Lippi dans une des fresques du Martyre de saint Pierre de la chapelle Brancacci de Santa Maria del Carmine, ou même Piero della Francesca se représentant au pied du Christ en résurrection (museo civico à Sansepolcro), en soldat endormi.

[modifier] Les grands maîtres de l'autoportrait

Le plus célèbre et le plus fécond des autoportraitistes est sans conteste Rembrandt, dont on a conservé une bonne centaine de tableaux, dessins ou gravures où il se représente. Son premier autoportrait connu date de 1627, son dernier de 1669, quelques semaines avant sa mort. Les raisons d’une telle « frénésie » ne nous sont pas connues, chacun ayant donné sa propre interprétation. Toujours est-il que nous pouvons le voir vieillir au fil des années et sous des déguisements divers, depuis le jeune homme à l’air timide qui se peint à contre-jour alors qu’il vient d’avoir vingt ans, jusqu’au vieil homme fatigué, ridé, au nez bourgeonnant de 1669.

Aucune complaisance dans les tableaux de Rembrandt, aucune non plus chez Van Gogh, qui s’est peint trente-sept fois entre 1886 et 1889. Dans tous ces autoportraits on est frappé par le regard du peintre, rarement porté sur nous, et qui même lorsqu'il nous fixe semble regarder ailleurs.

Même s'ils sont moins connus, les nombreux autoportraits d'Egon Schiele méritent l’intérêt, car aucun autre que lui n’est allé aussi loin dans l’exhibitionnisme, se représentant nu à de nombreuses reprises, de face, de profil, agenouillé, se masturbant parfois ou brandissant dans Eros (1911) un énorme sexe rouge en érection.

Avec Frida Kahlo les choses sont différentes. On sait qu’à la suite d’un terrible accident elle dut passer de nombreuses années de sa vie alitée, n’ayant qu’elle-même pour modèle. On lui doit de nombreux autoportraits en buste, mais aussi des représentations cauchemardesques dont beaucoup symbolisent les souffrances physiques qu’elle a vécues.

A noter que l’une des plus belles collections d’autoportraits se trouve près du musée des Offices à Florence, précisément dans le Corridor de Vasari : elle a été rassemblée par le cardinal Léopold de Médicis dans la deuxième partie du XVIIe siècle et poursuivi jusqu’à nos jours. Elle comprend plus de 200 portraits, essentiellement de commande, avec notamment ceux de Pierre de Cortone, Charles Le Brun, Jean-Baptiste Camille Corot et Marc Chagall.

[modifier] Psychanalyse de l'autoportrait

Arnaud Prinstet : Autoportrait (2003)
Arnaud Prinstet : Autoportrait (2003)

Se représenter est une tendance des plus générales chez l'être humain, à partir de cette jubilation première qui fait exulter le bébé à découvrir sa propre image, dans et sans le miroir puisque les yeux de la mère y suffisent. Et plus tard tous les yeux ! Cette tendance peut donner lieu à l'autoportrait du peintre proprement dit qui décide de se représenter ou de suggérer sa propre image; ou comme il est de mode chez les cinéastes de se fondre en clin d'œil comme un simple figurant Alfred Hitchcock. Cette représentation de soi peut être non consciente et se manifester de nombreuses façons : on se donne à voir en tant que persona (Carl Gustav Jung). Cette forme d'auto-portrait est à la base du maquillage, de l'habillement, et des moindres gestes ou attitudes qui tendent à révéler/masquer une certaine image préalable de soi (image directrice du philosophe Ludwig Klages) qui crée le portrait avant que n'existe son modèle[1] qui imprègne en permanence et à l'insu de son auteur, toutes les formes d'expression.

[modifier] Autres acceptions

L'autoportrait est également un genre littéraire s'apparentant à l'autobiographie, mais s'en éloignant étant donné qu'il n'est pas un récit à proprement parler.

[modifier] Autoportraits d'hommes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Autoportrait.

[modifier] Autoportraits de femmes

[modifier] Exposition

  • Moi! Autoritratti del XX secolo, exposition de la galerie des Offices de Florence

[modifier] Articles connexes

[modifier] Thèmes artistiques

[modifier] Bibliographie

  • Bernard Auriol, L'image préalable, l'expression impressive et l'autoportrait, Psychologie Médicale, 19, 9, 1543-1547, 1987
  • Belle, Julian (Ed.): Five Hundred Self-Portraits. Phaidon Press Limited, London/ Phaidon Press Inc., New York, first published 2000, reprinted in paperback 2004, 548 p., about 500 coloured pictures, Text engl., (ISBN 0-7148-4384-9) Self-Portraits in chronological order from ancient Egypt to the present.
  • Belle, Julian (Hrsg.): Fünfhundert Selbstporträts. Phaidon Press Limited, London 2000, 548 S., ca. 500 überwiegend farb. Abb., Text dt., (ISBN 0-7148-9139-8) Selbstporträts bildender Künstler vom Alten Ägypten bis in die Gegenwart.
  • Bonafoux, Pascal: Les peintres et l'autoportrait, 1984
  • Bonafoux, Pascal / Rosenberg, David: Moi! Autoportraits du XXe siècle siècle. Musée du Luxembourg (Paris) / Skira Editore (Milano) (Ed.), Exhibition catalogue. 31.3.-25.7.2004, 294 p., Text french, Paris 2004, (ISBN 88-8491-854-5) The book presents 155 artist (fine art) of the 20th century by showing their self-portraits added by informative texts.
  • Borzello, Frances: Wie Frauen sich sehen  –  Selbstbildnisse aus fünf Jahrhunderten. Karl Blessing Verlag, München 1998, (ISBN 3-89667-052-2) Der Band wird ergänzt durch Anmerkungen, Kurzbiographien, Auswahlbibliographie, Abb.-Verzeichnis und Register.
  • Calabrese, Omar: Die Geschichte des Selbstporträts. Deutscher Kunstverlag, München 2006, 224 S. , farb. u. s/w-Abb., (ISBN 3-7774-2955-4)
  • Calmejane, Yves: Histoire de moi ou L'histoire des autoportraits, Thalia Edition, Paris, 2006
  • Collectif, Rembrandt par lui-même, catalogue de l'exposition des autoportraits de Rembrandt à la National Gallery du 9 juin au 3 septembre 1999 avec des textes de Ernst van de Wetering, Volker Manuth, Marieke de Winkel, Ben Bross, trad. fr. Flammarion, Paris, 1999
  • Goldschneider, Ludwig: Fünfhundert Selbstporträts von der Antike bis zur Gegenwart (Plastik.Malerei.Graphik). Phaidon-Verlag, 528 S., s/w.-Abb. u. sieben farb. Abb., Wien 1936, o.ISBN
  • Moulin, Joëlle: L'autoportrait au XXe siècle, éd. Adam Biro, Paris, 1999
  • Pfisterer, Ulrich / Rosen, Valeska von ~ (Hrsg.): Der Künstler als Kunstwerk. Selbstporträts vom Mittelalter bis zur Gegenwart. Reclam, Stuttgart 2005, (ISBN 3-15-010571-4) (Rezension)

[modifier] Références

  1. Autoportrait imaginaire, Journées de Printemps de la Société Française de Psychopathologie de l'Expression

[modifier] Liens externes