Ascq

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Gare d'Ascq
Gare d'Ascq

Ascq est un ancien village du nord de la France sur la Marque, qui fait aujourd'hui partie de la ville nouvelle de Villeneuve-d'Ascq. Ses habitants sont les Ascquois. Ascq est tristement connu pour le Massacre d'Ascq du 1er avril 1944, où les nazis massacrèrent 86 hommes.

Sommaire

[modifier] Étymologie du nom « Ascq »

Selon le dictionnaire étymologique de Dauzat et Rostaing, « Ascq » viendrait du flamand « ask » signifiant le frêne (« asch » en 1164). V. Becquart, érudit local, écrit dans son dictionnaire des communes de l'arrondissement de Lille qu'un cartulaire de 1200 donne à Ascq le nom de « Aqua » (l'eau en latin). Il explique ce nom par la présence des marais abondants dans la zone.

[modifier] Héraldique

Armes d'Ascq

Les armes d'Ascq se blasonnent ainsi : « D'or à la fasce d'azur, au sautoir de gueules brochant sur le tout. »

[modifier] Géographie

Le territoire d'Ascq d'autrefois était plus grand, et comprenait l'emplacement de l'actuelle Cité Scientifique et de Forest-sur-Marque. Il était sur les pentes crayeuses du Mélantois et possédait des terres très fertiles, qui eurent un très bon rendement jusqu'au XXe siècle, et étaient considérées comme parmi les plus fertiles de la région. Situé sur la Marque, Ascq faisait partie du canton de Lannoy.

[modifier] Histoire

[modifier] Les temps anciens

On ne connait pas grand chose sur le passé du village. Étant donné qu'on a retrouvé des traces de séjour de Gaulois dans les environs, on peut penser que des champs s'étendait sur l'emplacement d'Ascq. Au XIe siècle, on sait qu'on y cultive intensivement le blé.

Au XIIIe siècle, Ascq qui fait partie du Comté de Flandre est géré depuis la mairie comtale d'Annappes, et entretient des relations étroites avec ses voisins, les villages d'Annappes et de Flers.

Bien que le territoire soit riche, la population paysanne vit de manière très précaire, et doit subir plusieurs famines au XIVe et au XVe siècle, notamment durant l'année 1316 suite à de mauvaises récoltes l'année d'avant. Un autre malheur s'abat sur la région, la guerre. De 1297 à 1304, les troupes des français de Philippe IV de France et celles des flamands ravagent les cultures et brûlent le village. En 1340, c'est la Guerre de Cent Ans, et le village est occupé militairement. En 1349, c'est la peste noire qui s'abat sur la région. À cette époque, la population du village diminue.

AU XVe siècle, l'économie du village se redresse doucement, malgré les pestes périodiques, les mauvaises récoltes et la présence presque constante de militaires. Le blé n'étant plus rentable, on se met à cultiver la guède pour colorer le linge en bleu, le lin et le chanvre, et l'élevage de moutons s'intensifie. Des tisserands de drap de laine travaillent à Ascq. Après avoir été brûlée par les troupes de Louis XI, l'église est reconstruite - on notera que cette église n'a probablement rien à voir avec l'église Saint-Pierre actuelle[réf. nécessaire].

En 1449, des enquêtes fiscales comptent 99 habitants à Ascq. Après les affrontements entre Charles le Téméraire de Bourgogne et Louis XI de France, la population est en 1498 de 600 habitants à Ascq. En 1505, on dénombre 650 ascquois. Le bétail devint aussi plus nombreux. Ainsi le cheptel du village cette même année est estimé à 80 chevaux, 30 poulains, 243 vaches, 343 moutons. Cependant, une proportion entre 30% et 50% de la population, parfois plus, est très pauvre et ne peut pas payer d'impots, alors que se multiplient les seigneurs qui ont des droits tant sur les hommes que sur les choses. La région est encore touchée par les maladies, notamment une peste en 1534.

Vers 1640, Forest-sur-Marque est détachée d'Ascq, et devient une commune à part entière.

La région est déchirée par les guerres, et le village appartiendra successivement au Duché de Bourgogne, aux Pays-Bas espagnols avant de devenir française en 1668 par le Traité d'Aix-la-Chapelle, suite à la prise de la région par Louis XIV.

[modifier] XVIIIe siècle

Gare d'Ascq vers 1900
Gare d'Ascq vers 1900

Le village subit constamment les maux de la guerre: logements des troupes, réquisition en tous genre, ravages et exaction des soldats. De 1708 à 1713 la région est occupée par les Hollando-Britanniques de Marlborough, qui reviendront en 1744.

Peu à peu l'alphabétisation progresse. Entre 1737 et 1789, 38% des hommes et 22% des femmes savent signer leur acte de mariage à Ascq. La vie culturelle se développe aussi, avec des ducasses deux fois par an. On y fête aussi la Saint Jean, la Saint Martin et la Saint Eloi. On note l'apparition des cabarets, ou viennent se détendre villageois et villageoise; le plus connu des environs est l'auberge de Maison-Celle à Ascq, lieu de rencontre pour les jeunes gens.

Comme à Lille, il n'y a pas de révolution populaire chez les paysans en 1789; de plus les événements parisiens leur arrivent avec plusieurs jours de retard, et ils sont occupés par la répartition de leur marais communanux. En janvier 1790, Charles Renard est élu maire d'Ascq.

En avril 1792, lors de la guerre contre l'Autriche, des régiments se regroupent, entre Lille et Baisieux, pour être dirigés vers l'ennemi. Mais à l'approche de l'ennemi, ils battent en retraite vers Lille, où la foule massacrera le général Dillon. Les autrichiens dirigés par le duc de Saxe Teschen occupent la région après avoir pris Roubaix, Tourcoing et Lannoy. Cependant, ils lèvent le siège le 8 octobre face à l'impossibilité de s'emparer de la ville de Lille. Entre 1792 et le début de 1794, la Marque sépare les troupes de la République française de celles des coalisés. La coalition formée contre la France envahit le village en 1794, mais la victoire de Tourcoing (18 mai 1794) repousse l'ennemi vers Tournai.

Sous la Terreur, les biens des émigrés sont confiqués. De même, l'argenterie et les objets de cultes de l'église Saint-Pierre d'Ascq sont inventoriés, envoyé à Lille et récupérés par l'État. L'église sera même vendue le 29 septembre 1798 aux enchères en même temps que celle d'Annapes et celle de Flers, mais ne sera pas démolie. Après le Concordat, elle sera reprise par les religieux.

[modifier] XIXe siècle

Eglise Saint-Pierre d'Ascq
Eglise Saint-Pierre d'Ascq

A partir de 1800, les maires sont nommés par le préfet. Le premier sera Ch.L. Desquiens pour Ascq. En 1809, suite au blocus continental du Royaume-Uni par Napoléon Ier, on commence à cultiver la betterave à sucre.

Les guerres de l'Empire sont gourmandes en individus, et les hommes du village sont très nombreux à se mutiler ou à se cacher dans les carrière de Lezennes. En 1814, à la suite de la campagne de France, la frontière Nord est menacée. On enlève les ponts sur la Marque pour tenter de retarder l'invasion. Le général Maison, fuyant devant les Russes, fait camper ses soldats aux abords d'Ascq qui pendant douze jours pillent et volent pour se nourrir. Fin mars 1814, l'ennemi est là, mais la capitulation de Paris met fin aux hostilités. Des escadrons français reviennent se loger à Ascq lors des Cent-Jours.

Durant la première moitié du siècle, l'activité d'Ascq reste essentiellement artisanale et agricole. Ainsi, on dénombre environ 150 fermes à Ascq en 1850. Encore à cette époque, les villages souffrent d'épidémies et de conditions de travail difficiles (repos dominical pas respecté, travail des enfants etc.).

Au milieu du XIXe siècle, la progression de l'industrie fait se développer considérablement Lille et surtout Roubaix. Le chemin de fer désenclave Ascq en le rattachant à Lille en 1865 et en 1885 à Roubaix par la ligne charbonnière. Cette dernière ligne de Somain à Halluin a désormais disparu, mais un reste de pont est encore visible dans la campagne aux abords d'Ascq. Ces nouveaux moyens de transport développent à Ascq l'industrie liée au textile, à la métallurgie et à l'alimentaire. L'agriculture se modernise aussi: en 1896, Ascq voit arriver sa première moissonneuse-lieuse Samuelson. De nombreuses fêtes locales rythment la vie monotone des paysans et des ouvriers.

[modifier] XXe siècle

La France entre dans la Première Guerre mondiale, où beaucoup de villageois moururent. À partir d'octobre 1914, les allemands occupent la région, jusqu'à la libération par les troupes portugaises en octobre 1918.

Avec la montée en puissance de la métropole lilloise, de plus en plus de gens commencent à habiter en périphéries, et la population du village augmente considérablement. En 1939, Ascq compte environ 4000 habitants, de toutes catégories socio-professionnelle.

La région entre dans la Seconde Guerre mondiale dès septembre 1939; des troupes britanniques du corps expéditionnaire de Lord Gort stationnent dans les villages voisins et à Ascq d'octobre 1939 à mai 1940.Les troupes allemandes s'y installent dès le 1er juin 1940.Hitler, en tournée d'inspection, vient loger au château d'Annappes ce même jour.Le fait le plus marquant de l'occupation est le Massacre d'Ascq. Dans la nuit du 1er avril 1944, un sabotage de la résistance locale vise un train de marchandise.Si le sabotage n'a pas de conséquences humaines contre les occupants du train dont la locomotive déraille, il s'avère que c'est un transport de troupes de la 12ème division blindée SS "Hitlerjugend". En représailles, les nazis massacrent 86 hommes. Pendant cette période, Ascq dépend du commandement allemand de Bruxelles. L'occupation allemande durera de mai 1940 à septembre 1944, et la zone sera libérée le 3 septembre par les Britanniques.

Après la guerre, le bourg encore sous le choc du massacre continue de se transformer, et sur ses champs apparait la cité scientifique en 1964. Les terres étant très fertiles, beaucoup de paysans de la région sont indignés.

Le 4 février 1970, lors d'une conférence de presse, les mairies d'Annapes, d'Ascq et de Flers-lez-Lille annoncent que leurs communes vont fusionner pour donner « Villeneuve-en-Flandre ». Le 20 février, les conseils municipaux acceptent mais retiennent le nom de « Villeneuve-d'Ascq » en mémoire du Massacre d'Ascq. La ratification a lieu 5 jours plus tard. Le 25 février 1970, le décret de création de la commune de Villeneuve-d'Ascq est publié, et Ascq n'est plus que le plus célèbre quartier de la ville. Ascq comptait alors 4000 habitants.

[modifier] Célèbres résidents

  • Wuaflart de la Croix, chevalier brigand de la guerre de Cent Ans.
  • Seigneur de Roques, seigneur d'Ascq au XVIe siècle.
  • Famille Déliot, bourgeois lillois possèdant le fief de la Motte à Ascq vers le XVIe siècle.
  • Famille Le Vasseur, bourgeois lillois possèdant le fief de la Motte à Ascq après les Déliot.
  • Charles Renard, maire d'Ascq en 1790.
  • Charles Louis Desquiens, maire d'Ascq nommé par le préfet en 1800.
  • Georges Delebart, maire d'Ascq au moins de 1941 à 1944.
  • Gaston Baratte, fondateur de l'US Ascq, dirigeant d'un tissage, résistant, fusillé d'Ascq en 1944.

[modifier] Curiosités

On notera que l'église d'Ascq s'appelle Saint-Pierre en Antioche, à la différence de celle de Flers-Bourg. Ne pas confondre !

Endroits touristiques:

  • Église Saint-Pierre d'Ascq (XVe siècle)
  • Château Claeys (Maison de quartier)
  • Mairie
  • Gare de chemin de fer (construite en 1865)
  • Poste (Place de la Gare)
  • Tertre des Massacrés et Mémorial Ascq 1944
  • Collège Rimbaud

Chaque dimanche des rameaux depuis 1945 sans exception, le souvenir du massacre est célébré à Ascq. Une double commémoration a lieu tous les cinq ans avec une marche aux flambeaux.

Ascq possède une équipe de football depuis 1929, l'US Ascq.

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