Arthur Rubinstein

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Arthur Rubinstein
Arthur Rubinstein photographié par Carl van Vechten (1937)

Naissance 28 janvier 1887
Łódź, Pologne
Pays d’origine  Pologne
Décès 20 décembre 1982 (95 ans)
Genève, Suisse
Profession(s) Interprète
Instrument(s) Piano

Arthur Rubinstein (né le 28 janvier 1887 à Łódź, Pologne - mort le 20 décembre 1982 à Genève) est le pianiste polonais virtuose le plus ovationné du XXe siècle.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né dans une famille juive de Lodz, Arthur Rubinstein n'a aucun lien de parenté avec le célèbre pianiste et compositeur russe Anton Rubinstein (1829-1894).

Il donne son premier concert dans sa ville natale en 1894, et, dès 1898, le violoniste Joachim le prend sous sa protection, et l’envoie étudier à la Hochschule für Musik de Berlin. Il débute sa carrière dans la capitale allemande, et commence très vite à jouer dans d’autres pays, notamment en Pologne. Pendant son adolescence, il ne va pas au lycée, mais son précepteur lui donne une culture si solide que, dès ses quatorze ans, il lit les littératures polonaise, russe, française, anglaise, et allemande dans le texte.

En 1904, il se rend à Paris, où il rencontre Ravel, Dukas, et joue même le Second Concerto pour piano de Saint-Saëns en présence du compositeur. Pourtant, en 1908, endetté et profondément déprimé, il tente de mettre fin à ses jours. La tentative échoue. C’est le signe du destin. Dès lors débute une vraie carrière internationale entre les États-Unis, l’Australie, l’Italie, la Russie, et la Grande-Bretagne. Durant la première guerre mondiale, il vit surtout à Londres, et entame des tournées en Espagne et en Amérique du Sud, qui lui permettent de mieux connaître les compositeurs tels que Falla, Granados, Albeniz, ou même Villa-Lobos. Ce dernier lui dédie d’ailleurs une pièce.

Mais il faut attendre les années 1930 pour que le pianiste jouisse vraiment d’une renommée internationale. En effet, jusqu’à cette date, les grands pianistes tels que Sergueï Rachmaninov ou Josef Hofmann font de l’ombre à Rubinstein, et plus globalement à tous les autres pianistes. Mais les années 1930 marquent la fin de carrière de ces deux géants, et laissent la place aux « jeunes ». Or, la plupart sont peu intéressants, et percutent le piano. Rubinstein, avec son tempérament romantique, trouve alors sa place : à la fois successeur des grands pianistes post-romantiques, et représentant d’une nouvelle génération.

En 1932, le pianiste se retire quelques mois de la scène pour travailler sa technique et son répertoire.

Durant la Seconde Guerre, il s’installe aux États-Unis, et devient citoyen américain à part entière en 1946. Puis il refuse à jamais de se produire à nouveau sur le sol allemand après l’Holocauste (en fait dès après le commencement de la guerre en 1914, il ne joua plus jamais en Allemagne comme le premier tome de son autobiographie l'affirme). Ce qui ne l’empêche pas de parcourir encore le monde durant trente ans, malgré un début de cécité qui se déclare en 1975. Son dernier concert a lieu en juin 1976 à Londres.

Il publie sa biographie en 1980 avant de s'éteindre deux ans plus tard, toujours jeune et plein d'humour mais presque aveugle, à l'âge de 95 ans, à Genève en Suisse.

À la question de Jacques Chancel lors de l'émission de télévision française Le Grand Échiquier qui lui est consacrée : « Croyez-vous à l'au-delà? », il répond: « Non, mais ça me ferait une bonne surprise! ». Le 20 décembre 1983 (premier anniversaire de sa mort), une urne contenant ses cendres est enterrée en Israël, sur un terrain dédié maintenant surnommé "Forêt Rubinstein" qui surplombe la forêt de Jérusalem. (Cela fut décidé avec les rabbins pour que la forêt principale ne tombe pas sous le coup des lois religieuses gouvernant les cimetières.)

[modifier] Le style de Rubinstein

Sculpture représentant Arthur Rubinstein dans la rue Piotrkowska de Łódź, sa ville natale.
Sculpture représentant Arthur Rubinstein dans la rue Piotrkowska de Łódź, sa ville natale.

Rubinstein est l'interprète inoubliable des Romantiques, promenant sur le clavier la grâce naturelle de son talent là où d'autres émergeaient à force de travail opiniâtre. Il contribue de façon majeure à faire sortir le compositeur Frédéric Chopin du ghetto sucré de « compositeur pour jeunes filles », dans lequel plusieurs générations d'interprétations malheureuses l'avaient confiné. Il propage par le disque, nouvellement apparu, une interprétation lyrique et sans fards qui tâcha de souligner, selon ses mots, « la magnifique qualité d'esprit virile qui se cachait en Chopin ».

En effet, s’il garde l’esprit romantique, Rubinstein épure son style, et enlève tout le maniérisme qui peut émaner du jeu des pianistes comme Paderewski. Il garde les meilleurs éléments du courant romantique, mais en rejette les excès.

Pour Rubinstein, l’interprète doit refléter le message du compositeur tout en l’interprétant. Car sinon, un robot pourrait tout aussi bien le faire. Dans cette optique, il jette un regard peu laudatif sur la jeune génération des années 1960 : dans une interview donnée en 1964, il critique ces jeunes, qui « sont trop précautionneux avec la musique, n’osent pas assez, et jouent automatiquement et pas assez avec leur cœur ». Rubinstein joue en effet avec son cœur, sans larmoiement. Ce qui est particulièrement appréciable dans des musiques, comme celles de Chopin, qui portent facilement à ce type de dérive. Le pianiste Eugen Indjic rapporte que Rubinstein supportait mal, surtout vers la fin de sa vie, que les temps ne soient pas respectés. Autrement dit, il existe une fine limite entre le rubato approprié, et le rubato de mauvais goût. Limite que Rubinstein ne franchissait pas.

Son jeu très apprécié lui a permis d’obtenir de nombreuses récompenses, notamment un Grammy award pour ses interprétations de Beethoven et Schumann, mais aussi des Grammy awards récompensant ses interprétations en musique de chambre avec Pierre Fournier (violoncelle) et Henryk Szeryng (violon); le pianiste lui-même a donné son nom à un concours de piano à Tel-Aviv, qui récompense de jeunes pianistes talentueux.

[modifier] Références

  • Sélection du Reader's Digest. Novembre 1948.Rubinstein l’aristocrate du piano par Winthrop Sargeant.
  • Sélection du Reader's Digest. Août 1966. Rubinstein virtuose de la vie. Condensé de Time.
  • Bernard Gavoty, Arthur Rubinstein. Édit. Kister, Genève 1955. Collect. « Les grands interprètes ».


[modifier] Liens externes