Antoinette Feuerwerker

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Antoinette Feuerwerker (née Antoinette, Antonia, Toni, Toibe Rochel Gluck), née le 24 novembre 1912 à Anvers (Borgherout), Belgique, était une éducatrice et juriste française.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Ses ancêtres

Antoinette Feuerwerker était la fille de Paul (Pinchas) Gluck-Friedman (1886-1964) et de Henia Shipper (1887-1968), nés respectivement à Tarnow et à Przemysl, Galicie, Autriche-Hongrie.

Son père était un descendant direct de maîtres hassidiques remontant au Magid Dov Baer de Mezeritch (1704-1772), le disciple et successeur du Baal Shem Tov (1698-1760), le fondateur du hassidisme.

[modifier] De Belgique en France

Ses parents vinrent s'établir de Pologne en Belgique. De là, ils partent vivre à Zurich en Suisse (durant la Première Guerre mondiale), où ses deux soeurs Rose Warfman et Hedwig [Heidi] Naftalis et son frère Salomon Gluck sont nés. Ils habiteront ensuite en Allemagne, et finalement à Strasbourg en France, où ils devinrent citoyens français.

[modifier] Strasbourg: du Lycée a la Faculté de Droit

Elle étudia au fameux lycée des Pontonniers (aujourd'hui appelé Lycée International des Pontonniers) à Strasbourg, où elle termina ses études secondaires. Après son baccalauréat, elle devint étudiante à la Faculté de Droit, ce qui était rare à cette époque pour une jeune femme. Un de ses professeurs, René Capitant (1901-1970), devint plus tard ministre français de l'éducation nationale (1944-1945) dans le gouvernement provisoire de la République française (1944-1946) et garde des sceaux et ministre de la justice (1968-1969) de Charles de Gaulle. Elle travailla dans l'étude de Capitant.

Elle termina également HEC. Pour ses études universitaires en droit et en économie, elle était boursière de l'état. Avec sa famille, elle quitta Strasbourg pour s'établir à Paris.

[modifier] A Paris

Elle fit connaissance de David Feuerwerker, un jeune rabbin, qui venait juste de terminer ses études rabbiniques (à l'Ecole rabbinique de France, à Paris). Ils se marient au début de la Seconde Guerre mondiale (en Novembre 1939). Pour pouvoir se marier, David Feuerwerker dut recevoir une permission spéciale pour quitter le front, la ligne Maginot qu'il rejoint quelques jours plus tard.

[modifier] Brive-la-Gaillarde et Edmond Michelet

Apres juin 1940, avec son époux, elle quitte la capitale et va s'établir à Brive-la-Gaillarde. David Feuerwerker est le rabbin de trois départements français: la Corrèze, la Creuse et le Lot. Ils s'engagent dans le mouvement de la Résistance "Combat" (l'organisation principale de la Résistance) avec Edmond Michelet( 1899-1970), le futur ministre de Charles de Gaulle: ministre des armées (1946), garde des sceaux et ministre de la justice (1959-1961).

[modifier] Honneurs

Combattante Volontaire de la Résistante, elle reçoit la Médaille de la France liberée (1944) pour sa participation à la libération de la France

Elle recevra d'autres médailles du gouvernement français: les Palmes académiques et la médaille de la santé publique, pour ses contributions à l'éducation publique et à la santé publique.

[modifier] Dans la Résistance, avec le Mouvement "Combat"

Voici comment le mouvement "Combat" décrit officiellement sa participation à la Résistance:

"Madame Antoinette Feuerwerker née Gluck a participé étroitement et activement à toutes les activités résistantes de son mari, le Rabbin Feuerwerker, en particulier pour la recherche et l'hebergement d'agents de liaison et la diffusion des journaux clandestins. Elle a pris en charge avec Germaine Ribière l'évacuation de jeunes gens recherchés par l'autorité occupante. En resumé le Mouvement "Combat" l'a considerée comme l'un de ses plus actifs agents. (Date d'entrée dans la Résistance: début combat janvier 1942 et jusqu'à la Libération)." Germaine Ribière (1917-1999), une héroine de la Seconde Guerre mondiale, a été reconnue comme une Juste parmi les nations (18 juillet 1967, Yad Vashem (Mémorial de Yad Vashem), Jérusalem, Israël).

[modifier] Sa famille

David et Antoinette Feuerwerker ont eu six enfants (Atara, Natania, Elie, Hillel, Emmanuel, et Benjamine). Seule l'aînée, Atara, est née (en 1943) durant la guerre, à Clairvivre, Salagnac, Dordogne. Les autres enfants sont nés plus tard a Paris XVIe (7, rue Narcisse Diaz).

[modifier] Lyon

Après la guerre, Antoinette Feuerwerker vit à Lyon, où son époux est le Grand-Rabbin ( 1944-1946).

[modifier] Neuilly-sur-Seine

Ils s'établissent ensuite à Neuilly-sur-Seine, où son époux est le rabbin (1946-1948).

[modifier] Au 14, Place des Vosges

Ils demeurent ensuite, au coeur de Paris, au 14, Place des Vosges, dans le quartier du Marais (1948-1966), où son époux devient le rabbin de la fameuse Synagogue de la rue des Tournelles.

[modifier] Collaboratrice de son époux

Elle fut la proche collaboratrice de son époux, dans le cadre de ses activités multiples, en particulier pour la recherche et la publication de son ouvrage classique sur l'Emancipation des Juifs en France de l'Ancien Régime A La Fin du Second Empire (1976).

[modifier] A Montréal

Ils s'établirent ensuite à Montréal, Québec, Canada, en 1966, avec leurs enfants.

Elle enseigne le droit et l'économie au Collège Français de Montréal.

David Feuerwerker est décédé le 20 juin 1980. Elle continue a maintenir son lieu de prières ("Chachmei Tzorfat", "Les Sages de France"), pendant plus de vingt ans.

[modifier] A Jérusalem

Elle passe les trois dernières années de sa vie en Israël. Elle est décédée le 10 février 2003. Elle est enterrée à Sanhedria, Jérusalem, Israël, aux côtés de son époux.

[modifier] Dans la clandestinité

Pour échapper aux nazis, dans les derniers mois de la Seconde guerre mondiale, elle dut se cacher, avec son bébé, Atara, dans un couvent catholique, survivant avec un régime de pommes de terre et d'eau. Elle fut plus tard cachée à Lyon par Germaine Goblot, [1] enseignante au Lycée des Pontonniers ( aujourd'hui appelé Lycée International des Pontonniers à Strasbourg, spécialiste de l'allemagne, et biographe de l'écrivain autrichien Karl Kraus (1874-1936). Germaine Goblot était la fille d'Edmond Goblot (1858-1935),[2] le célèbre philosophe des sciences, et dreyfusard (Affaire Dreyfus). Elle risqua, pour elle, sa vie et celle de sa mère et de son fils, le professeur de philosophie François Goblot (1904-1974) [3].

[modifier] Elle sauve de nombreuses vies

Elle sauva la vie de sa soeur, Rose Gluck-Warfman, qui fut déportée a Auschwitz. Seulement au retour de Rose, elle réalisa que ses actions avaient permis à sa soeur de survivre. Elle sauva de nombreuses autres vies, mais ne se consola jamais de ne pas avoir pu sauver la vie de son frère, un jeune médecin, le Dr. Salomon Gluck, agé de 29 ans. Il fut déporté de France par le convoi 73 [4], qui se termina à Kaunas en Lituanie et Revel (aujourd'hui appelé Tallin) en Estonie, pour ne jamais revenir.

[modifier] Elle participe à l'aventure du bateau "Exodus" (1947)

Elle contribua à l'aventure du fameux bateau l'"Exodus". L'argent destiné à l'"Exodus" lui fut confié à Neuilly-sur-Seine. Les pièces d'or, illégales en France à cette époque pour des privés, furent cachées par elle sous le lit de son mari, sans qu'il ne le sache. Elle avait pensé avec justesse que personne ne le soupçonnerait.

[modifier] Son influence

Elle eut une influence profonde et durable sur ceux qu'elle rencontra.

[modifier] Sa philosophie

Sa philosophie était: "ne jamais abandonner, jamais". Elle n'abandonna, jamais.

[modifier] Références

  • David Feuerwerker. L'Emancipation Des Juifs En France. De L'Ancien Régime A La Fin Du Second Empire. Albin Michel: Paris, 1976. ISBN 2-226-00316-9
  • John F. Sweets. The Politics of Resistance in France, 1940-1944. Northern Illinois University Press: De Kalb, 1976. ISBN 0-87580-061-0
  • Edmond Michelet. Rue de La Liberté. Dachau 1943-1945. Seuil: Paris, 1955, 1983. [Lettre-Préface de Charles de Gaulle; aussi avec Préface pour l'édition allemande de Konrad Adenauer]. ISBN 2-02-003025-X
  • Elie Feuerwerker. Le Rabbin Dr. David Feuerwerker, ZT'L (2 Octobre 1912-20 Juin 1980/21 Tichri 5673-6 Tamouz 5740). Le Combat d'Une Vie. Revue d'Histoire de la Médecine Hébraïque: Etudes Choisies De La Revue D'Histoire de La Médecine Hébraïque (1948-1980). Brill: Netherlands, 2003]. ISBN 978-900-412-522-3
  • Margaret L. Rossiter. Women In The Resistance. Praeger: New York, 1986. ISBN 0-03-005339-0
  • André Kaspi. Les Juifs pendant l'Occupation. Seuil: Paris, 1991. ISBN 2-02-013509-4
  • Susan Zuccotti. The Holocaust, The French, And The Jews. Basic Books: New York, 1993. ISBN 0-465-03034-3
  • Margaret Collins Weitz. Sisters in the Resistance. How Women Fought to Free France, 1940-1945. John Wiley: New York, 1995. ISBN 0-471-12676-4
  • Michèle Cointet. L'Eglise sous Vichy. 1940-1945. La repentance en question. Perrin: Paris, 1998. ISBN 2-262-01231-8
  • Catherine Poujol. David Feuerwerker, Rabbin, Résistant, Enseignant, Historien. Archives Juives, Paris, 2002.

[modifier] Notes et références

[modifier] Liens externes