Antifascisme

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L'antifascisme désigne au sens large l'opposition organisée au fascisme et à l'extrême droite[1], et dans une acception plus restreinte une idéologie tendant à s'opposer également à la droite dite « dure ».

Sommaire

[modifier] Origines

Affiche de la CNT/FAI lors de la Révolution espagnole de 1936.
Affiche de la CNT/FAI lors de la Révolution espagnole de 1936.

À l'origine, l'antifascisme est un mouvement visant à s'opposer au fascisme et, par extension, aux idéologies et pratiques issues des régimes hitlérien et mussolinien. Ce mouvement est né en Italie, comme le mouvement qu'il combat.

Les principales forces sociales antifascistes sont :

En revanche, en tant qu'instrument du capitalisme visant avant tout à enrayer une révolution sociale en marche (Espagne) ou menaçante (France), les Fronts populaires ont rempli leur rôle, comme le démontrera Léon Blum lui-même lors de son procès à Riom, sous Vichy[réf. nécessaire]. Par ailleurs, les staliniens ont utilisé l'antifascisme assez systématiquement pour discréditer leurs opposants (les anarchistes devenant "anarcho-fascistes", etc.) depuis les années 1930 jusqu'aux années 1980, lorsque l'un des slogans du PCF était Gauchistes, Fascistes, Assassins[réf. souhaitée].

En France, le courant antifasciste s'incarne d'abord dans le Front populaire, puis dans la Résistance, dont les gaullistes, les sociaux-démocrates et le PCF prennent la tête.

Pour le trotskisme, et l'anarchisme des Amis de Durruti, le véritable antifascisme ne peut se baser sur la tactique du Front populaire, mais sur l'action directe et révolutionnaire des masses ouvrières, et éventuellement sur le Front unique de leurs organisations. C'est faute de ce Front unique entre parti communiste et social-démocratie que Hitler l'emporte en Allemagne, selon Trotsky[3].

Actuellement, la tradition antifasciste est maintenue par les anciens résistants et leurs organisations. Elle est revendiquée par des mouvements politiques de l'extrême gauche (SCALP-No Pasaran, Francs-tireurs partisans…).

[modifier] Critique de l'antifascisme

Pour Amadeo Bordiga et les communistes de gauche d'Italie, l'antifascisme est une idéologie bourgeoise, visant à mêler les intérêts du prolétariat et à ceux de la bourgeoisie, pour sauvegarder le capitalisme en crise. Ils rejettent aussi bien le Front populaire que le Front unique. Pour eux, le fascisme est un phénomène typique, mais non extra-ordinaire, de la contre-révolution victorieuse après l'écrasement des ouvriers consécutif à la Première Guerre mondiale et à l'échec de la vague révolutionnaire des années 1920. La contre révolution se caractérise par la montée du fascisme et du stalinisme en Europe. Ce phénomène aboutit à la deuxième guerre impérialiste mondiale. C’est donc un phénomène historique et mondial que l'on ne peut pas combattre par la défense de la démocratie ou des libertés avec les bourgeois libéraux. C'est une politique du capitalisme dans sa phase de crise historique.

Certains analystes reprochent au mouvement antifasciste contemporain des combats à géométrie variable : pour Pierre-André Taguieff, philosophe et politologue, l'indignation des antifascistes vis à vis de certaines dictatures est davantage motivée par des motifs politiques que par un réel intérêt pour le sort des populations sous le joug de dictateurs. Il écrit ainsi que « depuis les années 1970, les "antifascistes" les plus résolus ne se mobilisent jamais contre les dictateurs en exercice dans le monde et ne semblent pas s'indigner devant les multiples régimes tyranniques qui privent de liberté des millions d'hommes »[4]. Pour Taguieff, l'antifascisme tombe dans le manichéisme avec ses figures sacrées comme Fidel Castro ou Mao et ses obsessions comme les États-Unis ou l'extrême droite. Ainsi, selon lui, « la posture antifasciste à force de se rigidifier, se confond avec le simplisme manichéen de la mentalité libertaire la plus sectaire et obtuse »[5].

Il considère par ailleurs que l'antifascisme a été trop instrumentalisé pour masquer les crimes commis par les gouvernements communistes, notamment l'Union soviétique de Staline.

[modifier] Une évolution contemporaine

Un antifascisme plus radical, parfois violent, est apparu dans les années d'après-guerre, puis a grossi à partir des années 1960 et 1970, ne s'opposant plus seulement aux groupes néo-nazis et intégristes, mais par généralisation à toute politique de droite dite « dure », qu'elle soit sécuritaire, conservatrice ou patriotique, voire « néo-libérale ». Ainsi certains politiciens de droite comme Nicolas Sarkozy en France ou Oskar Freysinger en Suisse, ou leurs partis, sont fortement critiqués, voire attaqués (le plus souvent verbalement), par les mouvements antifascistes actuels[6]. On constate aujourd'hui que certains mouvements se réclamant de l'antifascime s'opposent non plus uniquement à l'extrême-droite, mais à la droite en général, et notamment au capitalisme.

La mouvance antifasciste est aussi fortement liée à la scène « skinhead de gauche » par le biais des organisations type RASH (Red and Anarchist SkinHead) et SHARP (SkinHead Against Racial Prejudices), ainsi qu'à une partie de la mouvance altermondialiste et anticapitaliste.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Antifascisme avant 1945

[modifier] Antifascisme contemporain

[modifier] Bibliographie

[modifier] Personnalités antifascistes

[modifier] Notes et références

  1. Serge Cosseron, Dictionnaire de l'extrême-gauche, Paris, Larousse, 2007, p. 77-79.
  2. Voir Serge Audier, Le socialisme libéral, La Découverte, 2006, ou Philippe Nemo, Histoire du libéralisme en Europe, PUF, 2007, 3e partie. Parmi les personnages historiques représentatifs figurent Piero Gobetti, Luigi Einaudi, Carlo Rosselli, Benedetto Croce
  3. Léon Trotsky, « Aux Bolcheviks-Leninistes de l'URSS », 17 août 1934.
  4. Pierre-André Taguieff, Les contre réactionnaires, 2005, p. 27.
  5. Taguieff, ibid., p. 29.
  6. Bündnis Alle gegen Rechts :
    « Das Bündnis "Alle gegen Rechts" bekämpft nicht "nur" die NazischlägerInnen auf den Strassen und den wiederaufkeimenden Faschismus und Antisemitismus in der Politik und an den Stammtischen. Unser Kampf richtet sich auch gegen alle anderen unterdrückerischen und ausbeuterischen Strukturen und Systeme (Staat, Patriarchat, Kapitalismus, Sexismus…) mit denen eine freie, emanzipierte, selbstbestimmte und solidarische Gesellschaft nicht möglich ist! » (« L'Alliance "tous contre la droite" ne combat pas "que" les nazis dans les rues et le retour du fascisme et de l'antisémitisme dans la politique et dans les bistrots. Notre combat se dirige aussi contre tous les systèmes et structures oppressifs et productifs (État, patriarcat, capitalisme, sexisme, etc.) avec lesquels une société libre, émancipée, autogérée et solidaire n'est pas possible »)