Anne d'Autriche (1601-1666)

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Anne d'Autriche peinte par Rubens en 1625
Anne d'Autriche peinte par Rubens en 1625

Anne d'Autriche (Ana Maria Mauricia), infante d'Espagne, née le 22 septembre 1601 à Valladolid et morte le 20 janvier 1666 à Paris d'un cancer du sein, fut reine de France et de Navarre de 1615 à 1643 en tant qu'épouse de Louis XIII.

Elle est la fille du roi Philippe III (1578-1621), roi d'Espagne (et autres terres) (1598-1621) et de l'archiduchesse Marguerite d'Autriche (1584-1611). Par sa naissance, elle porte les titres d'infante d'Espagne, infante de Portugal, archiduchesse d'Autriche, princesse de Bourgogne et princesse des Pays-Bas. Elle est la mère du roi Soleil (Louis XIV).

Sommaire

[modifier] Un mariage politique

Fiancée à l'âge de dix ans, en gage de l'alliance franco-espagnole voulue par Marie de Médicis, elle épouse, le 18 octobre 1615 à Burgos, Louis XIII, fils de Henri IV, roi de France et roi de Navarre, et de Marie de Médicis. Ce 18 octobre 1615, Louis XIII n'est pas physiquement présent à son mariage, mais représenté par le duc d'Uceda. Le même jour, à Bordeaux, Elisabeth, sœur de Louis XIII épouse l'infant Philippe, frère d'Anne, futur Philippe IV d'Espagne. Les princesses ont ensuite été "échangées" sur l'île des Faisans, située dans la Bidassoa, près d'Hendaye. Le mariage en France, d'Anne d'Autriche et Louis XIII, est célébré à Bordeaux le 21 novembre suivant.

Bien que les jeunes mariés n'aient que quatorze ans, Marie de Médicis, alors régente, ne veut pas qu'on puisse remettre en question cette union et s'ingénie à ce que ce mariage soit immédiatement consommé, ceci, pour des raisons politiques. Cependant, du fait de l'inexpérience des mariés, la nuit de noces semble s'être assez mal passée.

Le jeune roi la vit comme une véritable humiliation. Il en gardera longtemps rancune contre sa mère, mais surtout, il ne s'approchera plus de son épouse pendant les trois années suivantes.

[modifier] L'épouse espagnole

Anne d'Autriche peinte par Rubens en 1622
Anne d'Autriche peinte par Rubens en 1622

Installée dans les appartements du Louvre avec sa suite, Anne d'Autriche reçoît tout les égards dû à son rang mais est délaissée. D'une part, Marie de Médicis continue à porter avec hauteur le titre de reine de France, sans la moindre déférence à l'égard de sa belle-fille. D'autre part, Louis XIII continue à se désintéresser d'elle. Il est vrai que le roi a une nature complexe et sa timidité l'empêche de s'accorder avec elle. En outre, Anne d'Autriche n'est à ses yeux qu'une espagnole, c’est-à-dire une ennemie. Entourée par une petite cour peuplée d'une centaine de dames espagnoles, elle continue à vivre à la mode espagnole et son français est encore très hésitant. Anne éprouve ainsi des difficultés à communiquer avec sa nouvelle famille. Enfin, Anne d'Autriche partage avec son époux une timidité et une inexpérience qui n'arrange pas la situation.

Il faut attendre le coup d'état de Louis XIII contre sa mère en 1617 pour voir les choses évoluer. Conscient du problème diplomatique et dynastique que cause l'indifférence du roi à l'égard de la reine, le duc de Luynes tente par tous les moyens d'y remédier. Tout d'abord, il fait chasser la cour espagnole d'Anne d'Autriche et fait remplacer les dames d'atours espagnoles par des françaises. Parmi elles, on trouve notamment la princesse de Conti, ou encore Marie de Rohan, la propre femme du duc de Luynes (la futur duchesse de Chevreuse). Le duc organise des rendez-vous intimes entre Anne et le roi. Sous l'influence de Mme de Luynes, la reine commence à s'habiller et à se comporter comme une française. On lui fait porter des décolletés. Au printemps 1619, Luynes finit par forcer le roi à coucher avec la reine. A partir de ce moment, les relations entre Anne et Louis XIII ne cesseront de s'améliorer. L'amour que porte le roi pour Anne s'intensifie au point qu'il est au bord du désespoir lorsque Anne tombe gravement malade.

[modifier] La mésentente

[modifier] Sous l'influence de la duchesse de Chevreuse

Anne d'Autriche (portrait des années 1620)
Anne d'Autriche (portrait des années 1620)

Après quelques années de bonheur, la mésentente s'installe à nouveau entre les souverains. Tout d'abord, Anne fait plusieurs fausses couches qui désenchantent le roi. Le 14 mars 1622, alors qu'elle jouait avec ses dames d'atours, Anne tomba dans un escalier et fit une fausse couche (c'était la deuxième). Louis XIII lui en veut, mais plus encore à Mme de Luynes impardonnable à ses yeux d'avoir entraîné la reine enceinte dans une telle imprudence. À partir de cette époque, le roi supporte de plus en plus mal l'influence déplorable que Mme de Luynes exerce sur Anne. L'antipathie de la duchesse pour le roi est réciproque et lourde de conséquence pour le couple royal. La situation se détériore d'autant plus que le duc de Luynes, responsable de l'entente conjugale, est mort et que le roi est complètement occupé par la guerre contre les protestants.

Anne devint complètement inséparable de la duchesse et défendit sa cause lors de son mariage avec son amant le duc de Chevreuse. Grosse imprudence de la part de la Reine !

[modifier] L'adversaire politique de Richelieu

[modifier] Des époux profondément brouillés

La mésentente perdure entre les souverains, pour deux raisons.

  • La première est qu'Anne reste stérile pendant seize ans.
  • La seconde raison est la présence, au plus près du roi, de son ministre Richelieu, avec qui la reine ne s'entend pas car celui-ci mène la lutte contre la Maison d'Autriche dont elle est issue, mais surtout contre les Grands du royaume avec qui la reine s'entend.

Toujours sous l'influence néfaste de la duchesse de Chevreuse, la reine se laissa entraîner dans l'opposition, défiant la politique absolutiste du cardinal de Richelieu, nouveau premier ministre du roi à partir de 1624. La Chevreuse la compromet dans plusieurs complots contre celui-ci. Plusieurs rumeurs de trahison ont été portées à l'encontre de la reine, mais sans réel élément à charge, notamment concernant sa participation aux conspirations de Chalais puis de Cinq-Mars.

[modifier] La Reine entre deux feux

En 1635, la France déclare la guerre à l'Espagne, plaçant Anne d'Autriche dans une position encore plus délicate. En effet, la correspondance secrète qu'elle entretient avec le roi d'Espagne Philippe IV, son frère, va au-delà des nécessités de la simple affection fraternelle. Deux ans plus tard, en août 1637, Anne est suspectée. Richelieu l'oblige à signer des aveux concernant cette correspondance, et son courrier est désormais ouvert. Son entourage est épuré (la trop remuante duchesse de Chevreuse est exilée) et ses sorties sont surveillées!

Anne d'Autriche et son fils Louis XIV
Anne d'Autriche et son fils Louis XIV

Malgré ce climat de méfiance, la reine est enceinte peu après.

[modifier] Rumeurs et réalités

  • La rumeur attribue ce rapprochement inespéré des deux époux à un orage providentiel qui, empêchant Louis XIII de rejoindre Saint-Maur, l'aurait forcé à passer la nuit chez la reine, au Louvre mais la chronologie dément cette rumeur puisqu'elle indique que le couple royal séjournait à St Germain lors de la semaine du 23 au 30 novembre 1637 (semaine présumée de la conception de Louis XIV). Après 2 (ou 4) fausses couches, Louis Dieudonné (qui porte bien son nom) naît le 5 septembre 1638, à Saint-Germain-en-Laye. Mais cette naissance, suivie d'une deuxième, ne suffit pas à rétablir la confiance entre les deux époux.
  • Toujours au chapitre des rumeurs, de nombreux opuscules, le plus souvent hollandais (alors fortement hostiles à le France) affublent la Reine d'une liste impressionnante d'amants, parmi ceux ci:
  1. Mazarin,
  2. Un certain CDR (Cardinal de Richelieu),
  3. un cettain CDB (Charles de Beaufort, gentilhomme de la Reine ou bien encore le Comte de Buckingam...)
  4. D'Artagnan, L'homme au masque de fer, etc...etc.

La principale source de ces anecdotes réside un petit livre anonyme, assez rare imprimé à Cologne en 1692, sous ce titre: Les amours d'Anne d'Autriche, épouse de Louis XIII, avec M. le C. D. R., le véritable père de Louis XIV, roi de France; où l'on voit au long comment on s'y prit pour donner un héritier à la couronne, les ressorts qu'on fit jouer pour cela, et enfin le dénouaient de cette comédie.

Mais la troisième édition de ce libelle, imprimée en 1731, porte sur son titre le cardinal du Richelieu, au lieu des initiales C. D. R., mais on pense qu'il laut plutôt lire le comte de Rivière, ou, selon M. Paul Lacroix, le comte de Rochefort. On en tira l'induction que cet heureux amant pouvait bien être le prisonnier masqué. Lenglet-Dufresnoy, dans son Plan de l'histoire générale et particulière de la monarchie française, publiée en 1754, en parlant de la disparition du duc de Beaufort (voir ce nom) devant Candie en 1669 en fait d'ailleurs L'homme au masque de fer...

En fait l'imaginaire populaire mais aussi littéraire devant une situation très particulière (intrigues multiples autour d'une reine délaissée) a donné libre cours à son imagination, et ce essentiellement pour des raisons de phantasmes ou de manœuvres politiques.

[modifier] Descendance

Seuls deux enfants mâles sont issus de cette union :

[modifier] Régente

Anne d'Autriche par Moncornet en 1660
Anne d'Autriche par Moncornet en 1660

Lorsque Richelieu meurt en 1642, suivi par Louis XIII le 14 mai 1643, Anne d'Autriche est nommée Régente du royaume (1643-1651). Avec l'aide du chancelier Pierre Séguier, elle fait casser, par le Parlement de Paris, le testament de Louis XIII, qui limitait ses prérogatives. À la stupéfaction générale, elle nomme le cardinal Mazarin, déjà présent dans le Conseil de régence, comme son principal ministre. On la soupçonne d'ailleurs d'avoir ultérieurement contracté un mariage secret avec lui (sans qu'aucun élément probant fût jamais apporté, mais avec des indices). Son rôle politique ne s'arrêta pas à la majorité légale de Louis XIV en 1651, à 13 ans, mais dura tout le reste de la vie du cardinal Mazarin, après la mort duquel le roi s'empara réellement du pouvoir. Principal soutien de la Compagnie du Saint-Sacrement, elle se retira ensuite jusqu'à sa mort au Val-de-Grâce, bien que toujours tenue en grande vénération par son fils.

[modifier] Inspirations littéraires et cinématographiques

On lui a prêté une intrigue amoureuse avec George Villiers de Buckingham, intrigue qui constitue une partie de la trame des Trois Mousquetaires, roman-feuilleton (1844) d'Alexandre Dumas. Mais là encore, rien ne fut jamais prouvé, en dehors des visibles assiduités de Buckingham à son égard et la grande piété de la Reine plaide plutôt pour une relation amicale ou un amour platonique.Son génie politique en tant que régente est traité dans le film de Roger Planchon: "Louis, enfant roi" (1992). Egalement, on prête à Anne d'Autriche une relation plus qu'intime avec le Mousquetaire D'Artagnan, laquelle intrigue est développée dans le film de Randall Wallace, L'Homme au Masque de fer (The Man in the Iron Mask) réalisé en 1998.

[modifier] Bibliographie

  • François Bluche, Dictionnaire du Grand Siècle, Fayard, rééd. 2005 (ISBN 2213621446)
  • Philippe Delorme, Anne d'Autriche, Histoire des Reines de France, Ed. Pygmalion, 2000 (ISBN 2857045719)
  • Claude Dulong, Anne d'Autriche, Hachette, 1980, rééd. 2000 (ISBN 2262016011)
  • Hoefer (Histoire de France), Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours ... De Hoefer (Jean Chrétien Ferdinand) et Johann Cyriacus Höfer. Paris. Chez Firmin-Didot, frères, fils et cie. Paris, 1855, 1861.

voir: [1]

[modifier] Voir aussi

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