Anne Teresa De Keersmaeker

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Anne Teresa De Keersmaeker, née le 11 juin 1960 à Malines en Belgique, est une danseuse et chorégraphe belge flamande. Elle est une figure majeure de la danse contemporaine belge et mondiale[1],[2] qui s'est imposée au début des années 1980 grâce à la volonté de renouveller le lien intense entre danse et musique[3].

Sommaire

[modifier] Biographie

Durant son enfance passée à Wemmel, et à Bruxelles où elle a fait ses études secondaires, Anne Teresa De Keersmaeker[4] a commencé par faire de la musique (de la flûte traversière) avant de prendre ses premiers cours de danse, à sa demande, à l'âge de 10 ans[5]. Elle suit ensuite des cours de ballet classique à l'École Lilian Lambert de Bruxelles[6] où elle fait la connaissance de ses futurs partenaires de création artistique Michèle Anne De Mey et son frère le musicien Thierry De Mey[6]. Pendant sa formation de 1978 à 1980 à l'École Mudra (fondée par Maurice Béjart) elle assiste entre autres aux cours du musicien et pédagogue Fernand Schirren qu'elle avait rencontré plus tôt chez Lambert[6]. Elle part ensuite deux ans aux États-Unis pour étudier à la Tisch School of the Arts de la New York University où elle découvre la danse postmoderne américaine. Durant cette période américaine, elle est en contact avec de nombreux mouvements artistiques new-yorkais. En autres, la découverte de la musique de phase, dite musique minimaliste, de Steve Reich que lui avait fait découvrir Thierry De Mey[6], sera décisive dans l'orientation de ses compositions chorégraphiques tout au loin de sa carrière[7]. Ainsi, après avoir obtenu un vif succès avec sa pièce Fase (1982), un duo inspirée des compositions Violin Phase (1967), Piano Phase (1967), Come Out (1966) de Reich, elle crée la Compagnie Rosas en 1983. Fase deviendra une pièce essentielle du répertoire contemporain et toujours dansée ponctuellement par De Keersmaeker 25 ans plus tard[8].

Avec Fase, elle renoue le lien en partie distendu entre danse et musique[3] depuis les travaux de Merce Cunningham et John Cage[9] et dès lors l'ensemble de son œuvre est intimement liée à une utilisation presque radicale de la musique (classique, contemporaine, jazz, musique du monde, folk musique) comme support premier de son discours chorégraphique énergétique, rigoureux, souvent épuré mais toujours émotionnel. Sa danse se développe ainsi sur des bases de géométries scéniques (cercles, courtes spirales, diagonales impeccables) et sonores extrêmement strictes, et en adéquation permanente. À ce titre, la musique est très souvent jouée en direct lors des représentations.

Choisie par le nouveau directeur Bernard Foccroulle, comme compagnie résidente au Théâtre de la Monnaie, la Compagnie Rosas s'installe à Bruxelles en 1992. En 1995, De Keersmaeker fonde l'École P.A.R.T.S. (Performing Arts Research and Training Studios) en étroite collaboration avec La Monnaie, afin de théoriser et transmettre son langage chorégraphique. Elle justifie cette démarche également par la volonté de combler le vide laissé par le départ de Béjart pour Lausanne[5]. Après des créations incorporant dans ses spectacles des aspects plus théatraux, comme Just Before (1997) qu'elle écrit en collaboration avec sa sœur Jolente De Keersmaeker, ou des vidéos comme Erwartung (1995), Anne Teresa De Keersmaeker fait un retour remarqué à la danse pure avec la pièce Drumming (1998), puis son chef-d'œuvre Rain (2001) une fois encore sur la musique de Steve Reich, Music for 18 Musicians (1976). Suivront des créations plus intimistes où Anne Teresa De Keersmaeker est seule sur scène comme pour Once (2002) sur la musique de Joan Baez, ou accompagnée de quelques danseurs comme pour Desh et Raga for the rainy season (2005) utilisant la musique traditionnelle indienne et le chef-d'œuvre de John Coltrane, A Love Supreme.

En 2002, Thierry De Mey réalise, pour les vingt ans de la compagnie, une version cinématographique de Fase.

En 2004, elle met en scène l'opéra Hanjo du japonais Toshio Hosokawa, au Festival d'Aix-en-Provence et déclare : « Il y a dans cette musique, un rapport de connivence aussi étroit entre le son et le silence qu'il y en a, pour moi, entre le mouvement et l'immobilité. J'y vois aussi une très grande économie de moyens, un désir d'austérité, de lenteur ». Ce désir d'austérité et une sècheresse apparente qui cherchent cependant « à faire jaillir la vie »[10] sont depuis le début des années 1980 les marques d'identités d'Anne Teresa De Keersmaeker.

[modifier] Principales chorégraphies

[modifier] Filmographie

[modifier] Prix et distinctions

[modifier] Références et notes

  1. Panorama de la danse contemporaine. 90 chorégraphes, par Rosita Boisseau, Éditions Textuel, Paris, 2006, p.301.
  2. (en) «Its [Violin Phase] blunt magnificence illustrates how and why she first gained international prominence a quarter of a century ago» («Sa [Violin Phase] grandeur immédiate explique comment et pourquoi elle a obtenu rapidement une proéminence internationale il y a un quart de siècle») dans Dance to the Music of Steve Reich par Allen Robertson dans The Times du 2 octobre 2006.
  3. ab Isabelle Ginot et Marcelle Michel, La Danse au XXe siècle, Éditions Larousse, 2002, p.195-197 (ISBN 2-0350-5283-1).
  4. Sur le plan personnel, De Keersmaeker est mère de deux enfants. Le Monde du 21 avril 2002.
  5. ab Anne Teresa de Keersmaeker - En phase dans Les Inrockuptibles nº72 du 20 mars 1996, p.30.
  6. abcd Entretien avec Anne Teresa De Keersmaeker dans le bulletin du Kaaitheater de mars-avril 2008.
  7. À ce jour, quatre chorégraphies importantes de De Keersmaeker sont écrites sur des compositions de Steve Reich : Fase (1982) avec Piano Phase, Violin Phase, Come Out, Clapping Music; Drumming (1998) avec Drumming; Rain (2001) avec Music for 18 Musicians; et Steve Reich Evening (2007) reprenant différentes œuvres du compositeur.
  8. Anne Teresa De Keersmaeker revient sur son passé dans Le Figaro du 30 avril 2007.
  9. Rosita Boisseau, op. cit. p.137.
  10. Une chorégraphe subversive rattrapée par les héritages par Dominique Frétard dans Le Monde du 21 et 22 avril 2002.
  11. Anne Teresa de Keersmaeker a remporté le 24 septembre à New York un Bessie Award dans Le Monde du 30 septembre 1999.

[modifier] Liens externes

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