André Dumortier

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Le pianiste André Dumortier est né à Comines, dans le Hainaut occidental belge, le 1er octobre 1910 et mort à Tournai, le 3 septembre 2004. Il fut lauréat du Concours Eugène Ysaÿe (futur Concours Musical International Reine Elisabeth de Belgique) en 1938, aux côtés d'autres prodiges comme, Emil Guilels et Arturo Benedetti Michelangeli.

Après la guerre, il devint professeur au Conservatoire royal de Bruxelles, puis directeur du Conservatoire de Tournai. Il poursuivit en même temps une carrière internationale de soliste et de chambriste et fut plusieurs fois appelé à faire partie du Jury du prestigieux Concours Reine Elisabeth.

André Dumortier réalisa une série d'enregistrements, bien trop rares toutefois pour ceux qui ont eu le bonheur de l'entendre. On retiendra, entre autres, les sonates Appassionata, Pathétique et Clair de Lune, de Beethoven, les sonates de Guillaume Lekeu et César Franck (avec le violoniste belge Henri Koch), les deux concertos de Carl Maria von Weber, un concerto de Jean Absil (que le compositeur belge lui a dédié), ainsi que des œuvres de Poulenc, Haendel, Rameau... Les enregistrements originaux sont sur microsillons et donc quasi introuvables hors médiathèques publiques. Certains (Absil, Franck, Lekeu, Weber) ont toutefois été réédités en CD. La Maison de la Culture de Tournai est, à ce sujet, une bonne source de renseignements.

Devenu un retraité actif, André Dumortier lança les master-class de Tournai (1988) au cours desquelles se réunissaient, chaque année, autour de lui, des jeunes pianistes prometteurs de nationalités diverses. Depuis 1996, une biennale de haut niveau porte son nom, à Leuze-en-Hainaut (dans le Tournaisis) : des pianistes venus des quatre coins de la planète se présentent à ce Concours André Dumortier, certains d'entre eux avec le Reine Elisabeth en point de mire.

Magnifique interprète, André Dumortier a pourtant choisi de consacrer la plus grande part de sa vie professionnelle à la transmission de son savoir. Il est ainsi un maillon essentiel d'un lignée pianistique qui, de Maître à Maître, trouve sa source chez Franz Liszt.

Le livre de référence sur ce pianiste, pédagogue et humaniste, est dû au journaliste et écrivain Bruno Lestarquit : Entretiens avec André Dumortier, publié, en 2001 (trois ans avant le décès du Maître), par la Maison de la Culture de Tournai. On y découvre notamment ce qu'il appelait la Septologie, qui résume de manière saisissante sa vision du jeu et de l'interprétation vers lesquels devrait tendre tout pianiste accompli, chacun avec sa personnalité :

  1. Dans un corps assemblé, immuablement centré mais détendu complètement, sentir, en cours de jeu, le parcours des surfaces articulaires convexes et concaves.
  2. Au départ d'un dos présent, une gestique rationnelle qui préserve l'idée d'une ligne droite imaginaire joignant le sommet de l'épaule au bout du doigt et utiliser l'énergie de la pression émanant des membres inférieurs.
  3. Une main-outil qui appartient en permanence au clavier tout en exerçant la préhension et l'extraction du son.
  4. L'initiative d'un délié digital tridimensionnel à l'attache du métacarpe, délié, qui concilie cercle et droite et pénètre au cœur du son.
  5. En fonction de la qualité du matériau-son que requiert l'œuvre à interpréter, considérer le positionnement global du corps et la part du contact pulpeux.
  6. Assurer la concordance des sensations auditives et des sensations tactiles, la respiration du texte et la conscience affective des volumes sonores.
  7. Perfectionner la qualité du sensible, dépasser le vouloir et aspirer à l'état d'aperception, à l'état musical proprement dit.
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