Américium

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Données  v · d · m 
Plutonium - Américium - Curium
Eu
Am
-
 
 
 
 
95
Am
 
               
               
                                   
                                   
                                                               
                                                               

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Général
Nom, Symbole, Numéro Américium, Am, 95
Série chimique Actinides
Groupe, Période, Bloc L/A, 7, f
Masse volumique 13 670 kg/m3
Couleur blanc argenté
Propriétés atomiques
Masse atomique 241,06 u
Rayon atomique (calc) 173 (ND) pm
Rayon de covalence ND pm
Rayon de van der Waals ND pm
Configuration électronique [Rn]5f77s2
Électrons par niveau d'énergie 2, 8, 18, 32, 25, 8, 2
État(s) d'oxydation 6, 5, 4, 3
Oxyde  ??
Structure cristalline hexagonal
Propriétés physiques
État ordinaire Solide
Température de fusion 1449 K
Température de vaporisation 2284 K
Énergie de fusion 14,39 kJ/mol
Énergie de vaporisation 238,12 kJ/mol
Volume molaire 17,78×10-6 m3/mol
Pression de la vapeur  ??
Vélocité du son  ?? m/s à 20 °C
Divers
Électronégativité (Pauling)  ??
Chaleur massique  ?? J/(kg·K)
Conductivité électrique (à 20°C) 1,5×106 S/m
Conductivité thermique 10 W/(m·K)
1er potentiel d'ionisation 576,39 kJ/mol
Isotopes les plus stables
iso AN période MD Ed MeV PD
240Am {syn.} 50,8 h β+ 1,379 240Pu
241Am {syn.} 432,2 a α 5,638 237Np
242Am {syn.} 16,02 h β- 0,661 242Cm
242mAm {syn.} 141 a IT 0,049 242Am
243Am {syn.} 7370 a α 5,438 239Np
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.
Échantillon d'Américium
Échantillon d'Américium

L'Américium est un élément chimique transuranien de symbole Am et de numéro atomique 95.

Sommaire

[modifier] Caractéristiques notables

L'américium est un élément radioactif de la famille des actinides. Sous forme métallique, il a une couleur blanche et un lustre argenté (plus argenté que le plutonium ou le neptunium). À température ambiante, il se ternit lentement dans l'air sec.

Du fait de son instabilité, l'américium n'est pas présent dans la croûte terrestre. C'est un élément artificiel produit lors de réactions successives intervenant dans le cœur des réacteurs nucléaires, et il est actuellement considéré comme un déchet radioactif.

[modifier] Isotopes

Parmi les dix-huit isotopes connus de l'américium (231Am à 247Am), seuls trois ont une période radioactive supérieure à un an[1]. Ces isotopes les plus stables sont 241Am (demi-vie 432 ans), 242mAm (demi-vie 141 ans), et 243Am (demi-vie 7370 ans). L'américium-241 et l'américium-243 émettent majoritairement des rayonnements alpha (ils se décomposent respectivement en 237Np et 239Np), tandis que l'américium-242m subit essentiellement une transition isomérique vers son état stable, l'américium-242 (demi-vie 16 heures). Ce dernier se désintègre par radiation bêta (83%, ce qui donne du curium-242) ou capture électronique (17%, donnant du plutonium-242)[2].

L'américium 241, qui fait partie de la chaîne de désintégration du plutonium 241, est le plus fréquent du fait de son apparition en équilibre avec le plutonium produit dans les centrales nucléaires. Il décroît par désintégration alpha (demi-vie de 432 ans) en neptunium 237, lui-même un émetteur alpha et gamma avec une période de 2 millions d'années.

241Am (demi-vie 432 ans), 242mAm (demi-vie 141 ans) et 243Am sont en outre fissibles.[3] L'américium 241 aurait une masse critique (sphère nue) comprise entre 60 et 100 kg. L'américium 242m a une masse critique très faible (entre 9 et 18 kg), ce qui fait envisager son utilisation comme combustible spatial. La masse critique de l'américium 243 varie suivant les estimations, entre 50 et 150 kg.

[modifier] Applications

La forte radiotoxicité de l'américium le rend peu compatible avec une utilisation en quantité importante, et il est uniquement utilisé pour des applications liées à son rayonnement ionisant. Il est conservé dans des sources scellées et conditionnées dans une double enveloppe cylindrique en acier inoxydable.

Les applications concernent surtout l'isotope 241Am, dont l'élaboration sous forme pure est la plus aisée. L'américium a ainsi trouvé une application domestique : la plupart des modèles de détecteurs de fumée contiennent une petite quantité de 241Am, sous forme d'oxyde AmO2 dont les émissions alpha alimentent une chambre d'ionisation. Ce même isotope est également utilisé comme source de rayons gamma dans le domaine de la cristallographie. Enfin, mélangé au béryllium ou au bore, il constitue une source de neutrons indirects avec des applications dans la radiographie. Dans la source 241Am-Be, les neutrons sont ainsi produits selon deux reactions successives :

{}^2{}^{41}_{95}\hbox{Am}\;\to\;{}^2{}^{37}_{93}\hbox{Np}\;+\alpha,
{}^{9}_{4}\hbox{Be}\;+\alpha\;\to\;{}^{12}_{6}\hbox{C}\;+\;{n}.

L'américium-242 a aussi été utilisé en radiographie, mais son coût de production est très élevé.

[modifier] Historique

L'américium a été nommé en référence au continent américain, par analogie avec l'europium, élément de la famille des lanthanides dont il est l'homologue chimique. Tout comme les autres éléments plus lourds que l'uranium, il a été découvert relativement récemment. Le développement de la physique nucléaire expérimentale dans les années 1940 a permis de le créer artificiellement.

Il fut synthétisé pour la première fois par Glenn T. Seaborg, Leon Morgan, Ralph James, et Albert Ghiorso vers la fin de l'année 1944 au laboratoire métallurgique de l'université de Chicago (connu maintenant sous le nom d'Argonne National Laboratory). Cette équipe créa un isotope d'américium-241 en soumettant du plutonium-239 à plusieurs réactions successives de capture de neutrons dans un réacteur nucléaire. On crée alors du 240Pu puis du 241Pu (demi-vie 14,2 ans) qui se transforme en 241Am par émission bêta selon la chaîne de réaction suivante (identique à celle prenant place dans les réacteurs nucléaires actuels) :

{}^2{}^{39}_{94}\hbox{Pu}\;+\;{n}\;\to\;{}^2{}^{40}_{94}\hbox{Pu},
{}^2{}^{40}_{94}\hbox{Pu}\;+\;{n}\;\to\;{}^2{}^{41}_{94}\hbox{Pu},
{}^2{}^{41}_{94}\hbox{Pu}\to\;{}^2{}^{41}_{95}\hbox{Am}\;+\;{e^-}\;+\;\bar{\nu}_e.

Suite à la mise en place dans les années 1970 de parcs de réacteurs nucléaires destinés à la fabrication d'électricité, des quantités non négligeables d'américium ont été et sont toujours produites dans plusieurs pays (en France: environ 1 tonne par an, mélangé aux autres actinides et aux produits de fissions). Ceci a eu pour conséquence un déploiement important de recherches concernant les propriétés physico-chimiques de l'américium et de ses composés.

L'américium fait encore actuellement l'objet de recherches dans différent domaines liés à l'industrie nucléaire : caractérisation de sa stabilité dans les différentes matrices envisagées pour son stockage de longue durée, études dans l'objectif de pouvoir le séparer des autres déchets radioactifs (amélioration du procédé PUREX), études en vue de son utilisation dans des réacteurs nucléaires incinérateurs destinés à la transmutation.

[modifier] Propriétés chimiques

L'américium est un métal dont l'état solide présente trois formes cristallographiques, notées α (jusqu'à 1042 K), β (entre 1042 et 1350 K), et γ (entre 1350 et 1449 K). Il devient liquide à 1449 K et gazeux à 2284 K.

Il existe de nombreux composés chimiques de l'américium :

En milieu aqueux, l'américium est essentiellement à l'état d'oxydation +3. Le cation Am3+ est susceptible de se complexer avec différents ligands (CO32-, OH-, NO2-, NO3- et SO4-2) :

Il existe également en milieu aqueux des complexes de l'ion américyle AmO2+ :

  • AmO2CO3-, AmO2(CO3)23- et AmO2(CO3)35-.

[modifier] Aspects sanitaires et environnementaux

L’américium-241 mesuré dans l’environnement provient soit d’un rejet direct, soit indirectement de la décroissance du 241Pu. On distingue trois causes majeures de rejets[4]: les essais nucléaires atmosphériques (estimées à 80% du total), les rejets des installations nucléaires lors du traitement du combustible et les rejets dus à des accidents (principalement l'explosion de la centrale de Tchernobyl en 1986).

Après dissémination dans l’environnement, l’américium peut être incorporé dans tous les constituants de la chaîne alimentaire et présenter diverses formes chimiques plus ou moins solubles. L’américium est un composé moyennement transférable, qui se dépose principalement dans le squelette, le foie et les gonades, quelle que soit l’espèce considérée[5]. A ce titre, il a un comportement proche de ceux des autres éléments transuraniens. Il se distingue toutefois du plutonium par un temps de rétention dans les organes moins important et une toxicité moins prononcée. La CIPR retient une période biologique de 20 ans.

[modifier] Références

wikt:

Voir « américium » sur le Wiktionnaire.

  1. These fact sheets
  2. Universal Nuclide Chart and Radioactive Decay Applet, Institut des Transuraniens, http://www.nuclides.net/applets/radioactive_decay.htm
  3. Données des masses critiques d'après Challenges of Fissile Material Control, David Albright and Kevin O'Neill, ISIS 1999 (chap. 5).
  4. Fiche radionucléide : Américium-241 et environnement, IRSN, http://net-science.irsn.org/net-science/liblocal/docs/docs_DEI/fiches_RN/Americium_Am241_v1.pdf
  5. Fiche radionucléide : Américium-241 - aspects sanitaires, IRSN, http://net-science.irsn.org/net-science/liblocal/docs/docs_DPHD/fiches_RN_DPHD/Am241SAN.pdf