Alfredo Stroessner

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Alfredo Stroessner (3 novembre 1912 à Encarnación au Paraguay - 16 août 2006 à Brasilia au Brésil) était un militaire, un homme politique et un chef d'état, président de la république du Paraguay de 1954 à 1989.

Sommaire

[modifier] Un militaire de carrière

Fils d’un brasseur d’origine bavaroise, Hugo Stroessner, arrivé dans le pays en 1895, et d’une Paraguayenne, Heriberta Matiauda, Alfredo Stroessner s'engage dans l'armée à l'âge de dix-sept ans. Une carrière militaire fulgurante allait le mener au sommet de la hiérarchie militaire paraguayenne en moins de 20 ans.

Il est ainsi nommé lieutenant deux ans seulement après son engagement. En 1932, lorsque la Guerre du Chaco éclate, il est envoyé au front. Très vite, il monte régulièrement en grade, récompense du courage et de l’habileté dont il fait preuve sur le terrain et à sa loyauté envers le général Higinio Moríñigo.

Il reçoit après la guerre deux décorations : la Cruz del Chaco et la Cruz del Defensor.

En 1948, il est propulsé au rang de général en chef des forces armées. À 36 ans, il est le général le plus jeune d’Amérique du Sud.

[modifier] Le coup d'état du 4 mai 1954

Juan Perón et Alfredo Stroessner en 1954
Juan Perón et Alfredo Stroessner en 1954

Être promu au grade de général en pleine période d’instabilité offre à Alfredo Stroessner la possibilité de prendre le pouvoir par un coup d'État, ce qu'il fait six ans plus tard, en comptant notamment sur l’appui du Parti Colorado, auquel il avait adhéré en 1951. Le 4 mai 1954, il renverse Federico Chávez, puis est nommé président par la junte militaire dans le cadre de laquelle il avait mené à bien le coup d'État. Il est alors soutenu par l'argentin péroniste, qui s'inquiète de l'état d'instabilité chronique de ce pays alors sous son influence.

[modifier] La présidence Stroessner (1954-1989)

Alfredo Stroessner conserve le pouvoir pendant plus de 34 ans, devenant ainsi le président sud-américain le plus longtemps au pouvoir après un autre dictateur sud-américain, le président Fidel Castro de Cuba. Stroessner est réélu à huit reprises, tous les cinq ans, de 1958 à 1988.

Pendant la période où il a été au pouvoir, le Paraguay a connu une croissance économique relativement stable, d'environ 3 ou 4% par an, à l'exception du boom économique de 1976-1981 pendant laquelle elle dépassa 10% par an. Sa politique économique a reposé principalement sur les grands travaux, avec la construction du barrage d'Itaipu, et une relative libéralisation des échanges avec les pays voisins (l'Argentine, le Brésil et le Paraguay). Le traité du Río de la Plata, signé en 1973, facilita ces échanges en réglant des différends frontaliers qui persistaient depuis la fin du XIXe siècle.

Cependant, le fait que le pays soit tenu relativement à l'écart de la communauté internationale, en raison des violations des droits de l'homme qui s'y produisaient, a entravé le développement économique du pays.

De fait, certains observateurs du Paraguay estiment qu'entre 1954 et 1989, Stroessner a commandité au moins un millier d'assassinats et de disparitions et que deux millions de Paraguayens (environ le tiers de la population) ont choisi l'exil pour des raisons politiques ou économiques sous son régime.

Sur le plan extérieur, Stroessner a rompu dès 1960 les relations diplomatiques qu'entretenait le Paraguay avec Cuba, à la suite de la révolution cubaine. Il effectue de nombreux voyages à l'étranger, au Japon, aux États-Unis et en France, mais surtout en Allemagne, pays pour lequel il éprouvait une véritable fascination, même si les relations entre les deux pays se détériorèrent peu à peu alors que plusieurs criminels nazis comme le médecin d'Auschwitz, Josef Mengele, se réfugiaient dans son pays.

Dans les années 1970, il appuie activement l'Opération Condor qui vise à éliminer des opposants aux régimes dictatoriaux en Amérique du Sud et donne asile au président nicaraguayen déchu Anastasio Somoza. Quand celui-ci est assassiné en 1980 par un commando de guérilleros argentins, Stroessner réclame la tête des coupables provoquant un durcissement du régime mais révélateur de sa faiblesse, puisque le Paraguay s'avère incapable de lutter contre les montoneros argentins qui s'infiltrent dans le Sud du pays.

À la fin des années 1980, la démocratie revient au Brésil et en Argentine, ce qui fragilise Stroessner. La population descend régulièrement dans les rues pour protester contre les abus du régime. Ces manifestations pacifiques, organisées par les syndicats et les mouvements de gauche, sont durement réprimées. Les États-Unis, qui avaient toujours soutenu le président, finissent par l'abandonner, tandis que l'isolement diplomatique du pays avait des conséquences catastrophiques sur son économie.

En 1987, lors de la convention du Parti Colorado, des rumeurs circulent au sujet d'une maladie dont serait atteint Stroessner, et certains envisagent de choisir son fils Gustavo Stroessner comme candidat. Mais aux élections de 1988, Alfredo Stroessner est réélu triomphalement avec 88,8% des voix. Il reçoit la même année la visite du pape Jean-Paul II, qui appelle ouvertement dans ses déclarations à l'évolution du régime vers la démocratie.

Le 3 février 1989, Stroessner est finalement renversé par autre coup d'État, mené par le général Andrés Rodríguez Pedotti, soutenu par les États-Unis. Stroessner s'exile alors au Brésil, et s'installe à Brasilia.

En 2004, son petit-fils est candidat pour la présidence du Parti Colorado dans le département d'Alto Parana - où Stroessner était très populaire - mais il est largement battu.

En août 2006, Alfredo Stroessner décède d'une pneumonie, à la suite d'une intervention chirurgicale pour une hernie, alors qu'il ne pèse plus que 45 kg pour 1,90 m. Il est enterré le 17 août au cimetière Campamento de la Paz de Brasilia, au cours d'une cérémonie privée. Le transfert de ses restes au Paraguay est envisagé.

Malgré son régime dictatorial, Stroessner avait des admirateurs qui ont baptisé des hôpitaux, des écoles, des villages et des villes de son nom ou de celui de ses proches.

[modifier] Source


Précédé par
Tomas Romero Pereira

Président du Paraguay
1954 - 1989
Suivi par
Andrés Rodríguez Pedotti