Alexander MacDonnell

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Alexander McDonnell (1798-1835) était un maître d'échecs irlandais, qui à l'été 1834 a disputé une série de six matches contre Louis-Charles Mahé de La Bourdonnais, le meilleur joueur du monde de l'époque.

C'était le premier match de cette importance dans l'histoire d'échecs et aujourd'hui on le considère toujours comme le Championnat du Monde de 1834. Les parties ont été abondamment publiées et ont été annotées et discutées avec enthousiasme dans toute l'Europe. Au cours de cette rencontre de titans, les deux joueurs ont introduit plusieurs innovations, dont quelques-unes se rencontrent encore aujourd'hui. On pourrait même dire que l'ère moderne des échecs a commencé avec le match de 1834 entre McDonnell et La Bourdonnais.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Initiation aux échecs

Fils d'un chirurgien, Alexander McDonnell naquit à Belfast en 1798. On le prépara pour devenir commerçant et il travailla quelque temps aux Indes occidentales. En 1820, il s'installa à Londres, où il devint secrétaire du Committee of West Indian Merchants. Ce poste lucratif faisait de lui un homme aisé et lui laissait beaucoup de temps qu'il put consacrer à sa passion pour les échecs.

En 1825 il devint l'élève de William Lewis, qui était alors le meilleur joueur en Grande-Bretagne. Mais bientôt, il atteignit un tel niveau que Lewis, craignant pour sa réputation, refusa tout simplement de jouer contre lui.

[modifier] Rencontre avec La Bourdonnais

[modifier] Les joueurs

Le meilleur joueur du monde de l'époque était un aristocrate français, Louis-Charles Mahé de La Bourdonnais. Né en 1797 sur l'île de La Réunion, il gagnait sa vie comme joueur d'échecs professionnel après s'être ruiné dans des spéculations foncières malavisées.

En 1823, La Bourdonnais vainquit Lewis dans un match à Londres et, au printemps 1825, il avait joué contre les meilleurs joueurs que l'Angleterre pouvait lui opposer et les avait battus. Il revint pourtant neuf ans plus tard à Londres après qu'on eut publié un défi au nom de McDonnell.

Entre juin et octobre 1834, La Bourdonnais et McDonnell jouèrent une série de six matches et un total de quatre-vingt-cinq parties, au Club d'échecs de Westminster à Londres. Les parties furent enregistrées pour la postérité par George Walker, le doyen des fondateurs du club, qui resta aux côtés de McDonnell pendant toute la durée du match. Les parties commençaient généralement vers midi et certaines d'entre elles durèrent plus de sept heures. Ni La Bourdonnais ni McDonnell ne connaissaient un traître mot de la langue de l'autre. On dit que le seul mot qu'ils aient échangé au cours de leur rencontre historique était « Échec ! »

Après chaque partie, McDonnell revenait dans sa chambre épuisé et y passait des heures à faire lentement les cent pas, en proie à une agitation nerveuse. Pendant ce temps La Bourdonnais restait en bas, satisfait de lui-même devant l'échiquier. Il continuait à jouer après minuit passé, en fumant des cigares, en buvant un punch et en disputant d'autres parties. Une nuit, dit-on, il joua quarante parties avant de se coucher, alors qu'il devait affronter McDonnell au matin suivant.

McDonnell et La Bourdonnais avaient tous les deux le même talent, mais leurs styles de jeu étaient diamétralement opposés. Le Français était renommé pour la rapidité avec laquelle il jouait, répondant souvent en quelques secondes aux coups de son adversaire, alors que l'Irlandais pouvait prendre jusqu'à deux heures pour un coup des plus simples.

Mais ce côté réfléchi n'empêchait pas McDonnell d'être un joueur téméraire. Alors que le Français préférait se tromper par excès de prudence, l'Irlandais ne pouvait pas s'empêcher de lancer des attaques violentes et souvent irréfléchies, et c'est quelque chose qui le desservit pendant leur rencontre.

McDonnell était taciturne et imperturbable. Qu'il gagnât ou perdît, il ne laissait paraître aucune émotion à la table de jeu, habitude qui devait sans doute décontenancer son adversaire au caractère explosif.

[modifier] Les parties

Dans le premier match de la série ,le manque d'expérience de McDonnell en matière de grand match joua contre lui et il fut sévèrement battu par 16 défaites contre 5 victoires et 4 matches nul (+5-16 =4). Mais il se reprit bien vite et gagna le deuxième match par 5 parties contre 4 (+5-4).

Bien que le titre de Champion du Monde d'échecs n'ait pas existé jusqu'en 1886, les meilleurs joueurs du monde aux époques antérieures sont reconnus aujourd'hui comme des champions du monde officieux. On considère généralement La Bourdonnais comme le champion de 1821 jusqu'à sa mort en 1840 et on ajoute souvent qu'il a vaincu McDonnell dans leur rencontre titanesque en 1834. Mais le Championnat Mondial 1834 n'était pas un match : c'était une série de six matches, dont le deuxième a été gagné par McDonnell. On pourrait soutenir que McDonnell doit être considéré comme le champion du monde officieux pour le bref intervalle entre les deuxième et troisième matches de sa rencontre avec La Bourdonnais. Le Néerlandais Max Euwe (qui a vaincu Alexandre Alekhine en 1935 dans un match où le titre mondial était en jeu, mais a perdu la revanche de 1937) est considéré comme champion du monde, bien que peu prétendent sérieusement qu'il était meilleur joueur qu'Alekhine.

La Bourdonnais gagna le troisième match, par un score de +6-5 =1. Il gagna aussi les quatrième et cinquième matches respectivement par +8-3 et +7-4.

Le dernier match fut abandonné dans des circonstances obscures. Il semble que La Bourdonnais ait été contraint de revenir en France pour s'occuper de ses créanciers. McDonnell menait +5-4 à cette époque ; il semble que les joueurs aient vaguement décidé de remettre le match à une date ultérieure.

[modifier] Fin de règne

Mais McDonnell n'était pas en bonne forme. Il souffrait de la maladie de Bright, ancienne appellation de la néphrite. À l'été 1835 son état s'aggrava et il mourut à Londres le 15 septembre avant que son match contre La Bourdonnais pût reprendre.

Le Français ne put jamais arriver à rétablir sa situation financière. Il mourut pauvre à Londres en 1840, après avoir été forcé de vendre tout ce qu'il avait, et jusqu'à ses vêtements, pour satisfaire ses créanciers. Tout à fait par hasard, il fut enterré à un jet de pierre de son vieux rival au cimetière londonien de Kensal Green.

[modifier] Parties remarquables

[modifier] Liens externes


  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Alexander McDonnell ».