Albert Chartier

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Albert Chartier est né le 16 juin 1912 à Montréal au Québec et est décédé le 21 février 2004 à 19h30 à Joliette, dans la région de Lanaudière à l'âge de 91 ans.

Fils de Joseph Chartier, un voyageur de commerce qui, après avoir vécu aux États-Unis, travailla pour la compagnie Lowney's, Albert Chartier hérita de son père un sens pratique inné pour les affaires et une maîtrise de l'anglais qui lui permirent de devenir un bédéiste de calibre international. Privilégié par un milieu familial bilingue, il décida de parfaire son anglais en s'inscrivant au Montreal High School car, à la fin des années 1920, l'anglais constituait un outil essentiel pour tout jeune qui rêvait de sortir de la misère noire qui touchait alors beaucoup de foyers canadiens. Après ses études secondaires, il fit un essai dans les bureaux d'une compagnie d'assurances pour découvrir, après une seule journée, que le travail de bureau n'était pas fait pour lui.

Charles Maillard, directeur de l'École des beaux-arts de Montréal, était un habitué de la maison Chartier et il encourageait le jeune Albert à poursuivre des études en arts. Au début de ses cours, Chartier apprécia la rigueur et le perfectionnisme de ses maîtres car ils répondaient très bien à ses attentes. Mais, très vite, il découvrit que le milieu plutôt traditionnel des beaux-arts ne lui convenait pas du tout. Dans cet univers particulier, l'illustration et la bande dessinée étaient perçues comme des formes d'art populaires, sans grande valeur artistique. À une quinzaine d'années du Refus global, qui allait sérieusement secouer la scène artistique et remettre en question bien des concepts, le milieu des beaux-arts restait largement conservateur et Chartier s'en accommodait mal. Son penchant pour l'illustration se faisant déjà sentir, il déplorait qu'on ne fasse même pas mention dans ses cours de certaines applications modernes de techniques artistiques appliquées à l'art figuratif qui l'intéressaient personnellement.

Fin 1935, avec un scénario du journaliste René Boivin, Chartier décrocha son premier contrat professionnel avec sa première bande dessinée, Bouboule, qui parut dans La Patrie jusqu'en mars 1937.

En 1940, Chartier quitta le Québec pour New York. Là, il travailla pour deux grandes maisons d'édition, la Columbia Comic Corporation et Big Top Comic. Après l'attaque de Pearl Harbor, les États-Unis entrèrent dans le conflit mondial et, comme le renouvellement de son permis de travail pouvait le forcer à s'enrôler dans l'armée américaine, Chartier décida de rentrer au pays, où les offres ne se firent pas attendre. Un premier contrat vint du Bureau d'Information en temps de guerre (Wartime Information Board) à Ottawa pour lequel il réalisa des bandes dessinées et des panel gags dans les publications gouvernementales diffusées pour distraire les soldats.

En 1943, une cousine proposa à Chartier de se présenter au Bulletin des agriculteurs comme illustrateur. On l'engagea alors pour illustrer les contes de Gabrielle Roy, ainsi que des romans et des nouvelles. En novembre de la même année, on lui offrit la possibilité de créer une bande dessinée. À l'image du Saturday Evening Post aux États-Unis, qui a connu un énorme succès grâce à la fidélité de son célèbre illustrateur Norman Rockwell, le Bulletin des agriculteurs allait connaître un succès similaire à partir de 1943 avec le bédéiste Chartier. Bien que le public ait été plus restreint et identifié au monde rural, la qualité de son attachement au personnage de Chartier n'en fut pas moins grande. En 1991, lors de la vente de la revue à la maison Maclean Hunter, il fut question de faire disparaître Onésime. Mais un tollé s'est élevé parmi les représentants des ventes et surtout le public du Bulletin, et l'idée fut vite abandonnée.

S'inspirant du milieu rural ciblé par la revue, de sa propre famille et des expériences sociales du pittoresque coin de pays non agricole de Saint-Jean-de-Matha, Chartier a créé avec la série Onésime une chronique de la vie à la campagne et, en filigrane, une histoire de l'évolution de la mentalité et de la société québécoises.

Il fut une des grandes figures de la BD québécoise.

Il a également réalisé des couvertures et des caricatures pour de nombreux magazines du Québec.