Alain Resnais

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Alain Resnais
Naissance 3 juin 1922 (1922-06-03) (86 ans)
France Vannes (France)
Nationalité France Français
Profession(s) Réalisateur et scénariste
Films notables Nuit et brouillard
Hiroshima mon amour
l'Année dernière à Marienbad
Muriel
L'Amour à mort
Mélo
Smoking / No Smoking
On connaît la chanson
Fiche IMDb

Alain Resnais est un réalisateur, scénariste, producteur, monteur, assistant réalisateur, éditeur et acteur français né le 3 juin 1922 à Vannes en France.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Apprentissage

Alain Resnais naît en 1922 à Vannes, en France. Dès l'âge de quatorze ans, il tourne ses premiers courts-métrages dont une adaptation de Fantomas. Parallèlement au cinéma, il se passionne pour la photographie, la bande dessinée, et la littérature, il affectionne particulièrement les œuvres d'Harry Dickson, Marcel Proust, et André Breton. En 1942, il tient un petit rôle dans Les Visiteurs du soir. Il imagine un moment de devenir libraire mais passe finalement le concours de l'IDHEC où il est admis en 1943 dans la section montage.
En 1946, en Allemagne, il participe au Théâtre aux Armées sous la direction d'André Voisin. La même année il est assistant-réalisateur et monteur sur le long-métrage documentaire Paris 1900. Sa carrière comme réalisateur commence avec Van Gogh, en 1948, un court-métrage documentaire produit par Pierre Braunberger. Il tourne pendant une dizaine d'années des documentaires. Les thèmes abordés sont très variés : la Guerre d'Espagne vue par Picasso ou l'usine Péchiney. En 1956, il obtient le prix Jean-Vigo pour Nuit et brouillard, devenu depuis, grâce à Henri Michel, qui en avait pris l'initiative et en était le conseiller historique, un film de référence sur les camps de déportation.

[modifier] Les longs métrages

En 1959, Alain Resnais réalise son premier long-métrage de fiction, écrit par Marguerite Duras : Hiroshima mon amour. Le film a beaucoup de retentissement; il est apprécié à la fois par la critique et le public. Selon Louis Malle, "ce film a fait faire un bond dans l'histoire du cinéma". Il enchaîne avec L'année dernière à Marienbad, en 1961, sur un scénario d'Alain Robbe-Grillet. Il commence à définir son style, teinté de surréalisme, et de psychanalyse. Dans ses films, on retrouve également souvent un engagement social et politique. On peut citer par exemple Muriel en 1963, qui traite des suites de la Guerre d'Algérie, La guerre est finie (dont le script est signé Jorge Semprún), en 1966, qui raconte l'histoire d'un militant gauchiste, Stavisky en 1974, qui évoque le scandale financier de la IIIe République. Les thèmes abordés même s'ils sont variés tournent toujours autour des mécanismes psychologiques, de la question du libre-arbitre (voire de son pendant, le conditionnement dans Mon oncle d'Amérique où il illustre les recherches d'Henri Laborit). Dans les années 1990, Alain Resnais s'ouvre à de nouvelles collaborations, notamment avec le duo de scénaristes-acteurs Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui, puis développe l'aspect ludique de son cinéma, explorant le théâtre avec le diptyque Smoking / No smoking en 1993, où les comédiens Sabine Azéma et Pierre Arditi jouent chacun cinq rôles, la comédie musicale avec On connaît la chanson ou l'opérette en 2003, avec Pas sur la bouche.

[modifier] Principales caractéristiques de son œuvre

L'œuvre de Resnais dénote une profonde unité, mettant en cause les codes de la narration cinématographique traditionnels, "trop soumis aux péripéties", selon le cinéaste André Delvaux. Le metteur en scène abolit le récit à intrigue et tente d'explorer les combinatoires narratives possibles et les analogies fictionnelles, promptes à explorer l'idée d'une réalité aléatoire et d'équations non-linéaires. Ces dernières font généralement s'entrecroiser différents personnages ou différentes époques dans un même lieu (comme dans La Vie est un roman) ou dans un univers volontairement artificiel et théâtral. Cette fusion du théâtre et du cinéma permet de produire des "expériences", au sens scientifique du terme (procédé défini explicitement par le biais du témoignage du professeur Laborit dans Mon oncle d'Amérique). Elles révèlent, dans ce sens, une vérité indicible sur les êtres humains, enfermés comme des animaux dans une cage. Ceux-ci font de leur mieux pour "se débattre dans cette toile d'araignée qu'est l'existence" selon l'expression du comédien André Dussolier. A cette recherche, s'ajoute le travail minutieux de montage qui juxtapose différents espaces et temps pour sonder la mémoire, collective ou individuelle; procédé qui permet au réalisateur d'illustrer le chaos de l'existence fait d'images contradictoires, de mélange de souvenirs, d'événements vécus, de moments imaginés et de fantasmes, plus proches de la réalité sensible que l'ordre et la régularité voulus par une fiction classique. Cette construction régit le "temps sensible", cher à Proust, en une composition filmique proprement musicale, d'ordre symphonique, voire opératique (très palpable dans des films tels qu' Hiroshima mon amour, Je t'aime, je t'aime et Providence). Ce type de narration, complexe et généralement polyphonique, qu'il soit grotesque (au sens esthétique du terme), comique ou alors dramatique, amène en toute logique le cinéaste à une forme iconoclaste, ironique et renouvelée de comédie musicale, notamment dans ses œuvres tardives comme On connaît la chanson et Pas sur la bouche. Son film le plus récent: Cœurs (2006), écrit par l'homme de théâtre Jean-Michel Ribes, se veut un genre de synthèse de toutes ses préoccupations artistiques.

« Je souhaite approcher par le film la complexité de la pensée, son mécanisme interne. Dès qu'on descend dans l'inconscient, l'émotion naît. Et le cinéma ne devrait être qu'un montage d'émotions ».

[modifier] Méthodes

Que ce soit dans ses films documentaires ou de fiction, Alain Resnais est réputé pour son travail de documentation méticuleux. « Je commence en général par repérer tout seul les lieux de tournage. Quand je suis arrivé à Hiroshima pour la première fois, j'ai quitté l'hôtel à trois heures du matin et je suis parti au hasard à travers la ville... Dans ces moments-là, le Leica est bien commode. Je m'en sers comme d'un bloc-notes où j'inscris pêle-mêle les images les plus diverses. Elles me serviront ensuite à matérialiser l'histoire, à fabriquer une autre réalité avec des matériaux pris un peu partout. C'est toujours le problème de l'assemblage... ». Resnais colle ensuite ces photos directement sur le découpage pour que décorateurs et producteurs sachent exactement ce qu'il désire[1]. Il exige aussi de ses scénaristes qu'ils établissent une fiche biographique complète de tous les personnages, pour leur donner une certaine profondeur. Il est également réputé pour sa fidélité dans le travail : on retrouve régulièrement dans ses films les acteurs Sabine Azéma, André Dussolier, Pierre Arditi.

[modifier] Vie Privée

Alain Resnais n'accorde pas souvent d'interview aux journaux. Il a épousé en 1969 Florence Malraux, la fille d'André Malraux. Elle deviendra son assistante pour les six films suivants, jusqu'à Mélo, en 1986. Mais, depuis la fin des années 1980, il partage la vie de Sabine Azéma qu'il épouse en 1998.

[modifier] Notes et références

  1. Dans un entretien avec Bernard Pingaud in « Jouer avec le temps », L'Arc, n°31, 1967. Les photos de répérages de Resnais ont par ailleurs fait l'objet d'un recueil : Alain Resnais & Jorge Semprun, Repérages, Paris, Chêne, 1974.

[modifier] Filmographie

[modifier] Réalisateur

Année Titre français Titre original (si différent) Remarque
1936 L'Aventure de Guy
1946 Schéma d'une identification
1946 Ouvert pour cause d'inventaire
1947 Visite à Oscar Dominguez
1947 Visite à Lucien Coutaud
1947 Visite à Hans Hartung
1947 Visite à Félix Labisse
1947 Visite à César Domela
1947 Van Gogh (film, 1947)
1947 Portrait d'Henri Goetz
1947 Le Lait Nestlé
1947 Journée naturelle
1948 Van Gogh (film, 1948)
1948 Malfray
1948 Les Jardins de Paris
1948 Châteaux de France
1950 Guernica
1950 Gauguin
1952 Pictura
1953 Les Statues meurent aussi
1955 Nuit et brouillard
1956 Toute la mémoire du monde
1957 Le Mystère de l'atelier quinze
1958 Le Chant du styrène
(documentaire)
1959 Hiroshima mon amour
1961 l'Année dernière à Marienbad
1963 Muriel
1966 la Guerre est finie
1967 Loin du Viêt Nam
1968 Je t'aime, je t'aime
1968 Cinétracts
1973 L'An 01
de Jacques Doillon (tournage de la séquence américaine)
1974 Stavisky...
1977 Providence
1980 Mon oncle d'Amérique
1983 la Vie est un roman
1984 L'Amour à mort
1986 Mélo
1989 I Want to go home
(Je veux rentrer à la maison)
1991 Contre l'oubli
1992 Gershwin
1993 Smoking
1993 No smoking
1997 On connaît la chanson
2003 Pas sur la bouche
2006 Cœurs

[modifier] Monteur

Année Titre français Titre original (si différent) Remarque
1947 Van Gogh
1947 Transfo transforme l'énergie du pyrium
1947 L'Alccol tue
1947 Paris 1900
1948 Van Gogh
1948 Jean Effel
1948 Châteaux de France
1950 Guernica
1950 Gauguin
1952 Saint-Tropez, devoir de vacances
(Saint-Tropez)
1953 Aux frontière de l'homme
1955 Une visite
1955 Nuit et brouillard
1956 Toute la mémoire du monde
1956 La Pointe Courte
1957 L'Oeil du maître
1958 Le chant du styrène
1958 Broadway by light
1959 Novembre à Paris

[modifier] Scénariste

Scénaristes

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

Année Titre français Titre original (si différent) Remarque
1948 Châteaux de France
1961 L'année dernière à Marienbad
(Last year at Marienbad)
1968 Je t'aime, je t'aime
1986 Mélo

[modifier] Chef-opérateur

Année Titre français Titre original (si différent) Remarque
1947 Transfo transforme l'énergie du pyrium
1947 L'alcool tue
1948 Jean Effel
1948 Châteaux de France

[modifier] Acteur

acteurs et actrices

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

Année Titre français Titre original (si différent) Remarque
1942 Les Visiteurs du soir
1997 Quand le chat sourit

[modifier] Producteur

Année Titre français Titre original (si différent) Remarque
1947 Paris 1900

[modifier] Assistant réalisateur

Année Titre français Titre original (si différent) Remarque
1947 Paris 1900

[modifier] Monteur

Année Titre français Titre original (si différent) Remarque
1947 Paris 1900

[modifier] Nominations et Récompenses

[modifier] Divers

Un cinéma porte son nom (Cinéma Alain Resnais) à Clermont-l'Hérault.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Alain Resnais (3e édition), de Gaston Bounoure. Paris, Editions Seghers, 1974
  • Alain Resnais: The Role of Imagination, James Monaco. Londres: Oxford University Press, 1978
  • Resnais, arpenteur de l'imaginaire, de Robert Benayoun. Paris: Édition Ramsay, 1986
  • L'atelier d'Alain Resnais, de François Thomas. Paris: Édition Flammarion, 1989
  • Hiroshima mon amour, de Marguerite Duras (scénario et dialogues). Paris: Gallimard, 1994
  • Hiroshima mon amour: étude critique, de Jean-Louis Leutrat. Paris: Nathan, 1994
  • Alain Resnais, compositeur de films, de Thierry Jousse. Paris: Édition Mille et une nuits, 1997
  • New Novel, New Wave, New Politics: Fiction and the Representation of History in Postwar France, de Lynn A. Higgins. Londres: University of Nebraska Press, 1998
  • Alain Resnais, Positif (revue de cinéma), Éditions Gallimard, 2002
  • Alain Resnais, Emma Wilson. Manchester: Manchester University Press, 2006

[modifier] Liens externes