Aimé-Jules Dalou

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Buste de Dalou par Auguste Rodin
Buste de Dalou par Auguste Rodin
Aimé-Jules Dalou par Alphonse Legros
Aimé-Jules Dalou par Alphonse Legros

Aimé-Jules Dalou, (Paris, 1838 -Paris, 1902), est un sculpteur français.

Dalou est fils d'ouvrier, et c'est grâce à ses dons artistiques qu'il se dirige vers la sculpture. Remarqué par Jean-Baptiste Carpeaux, il est admis à l' École des Beaux-Arts de Paris où il fréquente Rodin. Resté un militant républicain proche des revendications ouvrières, il orientera souvent son travail à la défense de ses convictions ce qui l'empêchera de briller durant le Second Empire. Engagé ensuite dans la Commune de Paris, il dû s'exiler à la chute de celle-ci.

Dalou fut enfin reconnu après l'amnistie, il fut fait officier de la Légion d'honneur. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse.

Sommaire

[modifier] Biographie

Le sculpteur Aimé-Jules DALOU, élève de Carpeaux, ami de Rodin, est peu connu du public français, même de ceux des Parisiens qui tournent chaque jour autour de l’extraordinaire bronze du « Triomphe de la République » que l’on voit au centre de la place de la Nation. Souvent, un grand talent va de pair avec une personnalité intransigeante et s’accompagne d’une passion pour son art incompatible avec les lois du marché. On ne peut comprendre Dalou, et le relatif secret qui entoure son œuvre, sans resituer l’homme dans son temps et dans son milieu social.

Dalou est né à Paris, le 31 décembre 1838, dans une famille d’artisans gantiers. Ses parents protestants l’élèveront dans la laïcité et l’amour de la République. L’enfant connut les enthousiasmes populaires et naïfs de la IIe République, la Sociale, il suivit les foules de 1848 qui allaient écouter Lamartine exalter la démocratie aux trois couleurs de la France. Il grandit dans l’utopie du « Printemps des peuples » qui signifiait à la fois l’émancipation du citoyen et l’affirmation de la souveraineté nationale par le suffrage universel.

La guerre franco-allemande de 1870, qui balaya le Second Empire et ses fastes, fit naître le soulèvement populaire de la Commune de Paris, un drame au cœur de la nation où le destin de Dalou basculera.

[modifier] Un enfant doué pour les arts

Aimé-Jules Dalou avait montré très jeune des dons pour le modelage et le dessin, ce qui lui avait valu l’attention de Jean-Baptiste Carpeaux, lequel le fit entrer dans une école primaire d’art plastique, la Petite École. Puis à quinze ans, Carpeaux le présenta à l’École des Beaux-Arts de Paris où le garçon se lia d’amitié avec Rodin. Le jeune artiste gagna sa vie dans les grands chantiers de la capitale en se formant à l’architecture et à la décoration des immeubles sur les grandes avenues parisiennes. Il travailla également pour un atelier d’orfèvrerie.

Durant ces années obscures de formation, Dalou épousa Irma Vuillier, une femme de fort caractère qui le soutiendra toute sa vie. Le couple n’aura qu’un enfant, Georgette, une fille née avec un handicap mental qui nécessita, jusqu’à sa mort pendant la première guerre mondiale, la présence à ses côtés d’un adulte responsable. C’est pour cela que Dalou lèguera son atelier à l’Orphelinat des Arts et c’est pour cela que les chercheurs disposent actuellement de plus de 300 œuvres achetées par la ville de Paris à l’orphelinat en 1905.

Lorsque éclate la guerre de 1870, Dalou âgé d’une trentaine d’années a déjà amorcé sa carrière de sculpteur. Un marbre « Daphnis et Chloé » présenté au Salon a été acheté par l’État, une « Brodeuse » recevra un troisième prix. Des échecs répétés au Prix de Rome lui démontrent les intrigues de l’institution et suscitent sa méfiance envers le conformisme tout puissant.

[modifier] La Commune de Paris

Le conflit franco-allemand bouleverse l’ordre du Second Empire et la défaite de Sedan provoque la proclamation de la IIIe République. Dalou s’engage dans le combat. On le retrouve officier au 83e bataillon des fédérés. Gustave Courbet que l’on vient d’élire à la Fédération des Artistes de la Commune de Paris, appelle Dalou auprès de lui comme curateur au Louvre.

Tombe de Louis Auguste Blanqui,cimetière du Père-Lachaise (91e division) à Paris.
Tombe de Louis Auguste Blanqui,cimetière du Père-Lachaise (91e division) à Paris.
Hommage à Delacroix, Jardin du Luxembourg, détail.
Hommage à Delacroix, Jardin du Luxembourg, détail.

Le printemps de 1871 avec la liberté recouvrée s’annonce avec un air de fête. Les artistes rêvent d’ouvrir les musées à tous, les lieux de culture, les bibliothèques, ils font leur « révolution culturelle ». Pourtant la guerre civile s’installe, les Versaillais retournent les canons contre le peuple. Le 21 mai 1871 commence la semaine sanglante, un des moments les plus sinistres de notre histoire et des moins compréhensibles pour la France profonde. Les Tuileries brûlent, l’hôtel de ville est attaqué. On fusille au Père-Lachaise (Mur des Fédérés).

La Commune de Paris avait nommé Dalou, administrateur provisoire adjoint au Louvre avec mission de protéger les collections du vandalisme. Le 17 mai, il s’était installé avec sa petite famille dans le musée.

[modifier] L’exil de Dalou

Le triomphe de Silène, détail, Jardin du Luxembourg
Le triomphe de Silène, détail, Jardin du Luxembourg
Le triomphe de Silène, détail, Jardin du Luxembourg
Le triomphe de Silène, détail, Jardin du Luxembourg

Après le triomphe des Versaillais, au cours du mois de juillet, Dalou et sa famille quittent Paris et vont chercher refuge à Montrouge chez un de leurs amis. Ils seront hébergés chez le sculpteur Alexis André. Et en novembre 1871 ils pourront fuir la répression et se réfugier en Angleterre.

Le 1er mai 1874, le conseil de guerre du gouvernement Mac Mahon, qui vient d’interdire les bustes de Marianne dans les lieux publics, condamne par contumace Aimé-Jules Dalou aux travaux forcés à perpétuité, ainsi que de nombreux intellectuels.

Nous avons cru utile de souligner que Dalou était né dans un milieu protestant. On sait quel rôle capital a joué la petite communauté protestante dans l’enracinement laïque du pouvoir politique issu de 1848. Ils seront présents auprès de Jules Grévy. Au début de la Troisième République, en 1870, les catholiques dans leur ensemble, par obéissance à Pie IX se tiendront à l’écart ; c’est en partie ce vide intellectuel qui explique la participation des autres familles de pensée auprès des laïques en ces moments révolutionnaires.

Intègre et fier, Dalou n’acceptera jamais le pouvoir issu de la répression. Ses lectures le rapprochent de Proudhon et de Blanqui davantage que de Thiers.

À Londres, les premières années sont misérables, mais rapidement Dalou trouve un emploi de professeur de modelage et sa réputation d’artiste se confirme. Il reçoit des commandes importantes. Ses succès londoniens lui vaudront d’être sélectionné pour figurer dans de grandes expositions internationales. Il reçoit commande d’une fontaine publique et d’un monument pour le château de Windsor.

Ce n’est qu’en mai 1879, après avoir été amnistié sous le président Jules Grévy, le premier président républicain authentique, que Dalou et sa famille rentrent d’exil.

[modifier] Un artiste public

Le triomphe de Silène, Jardin du Luxembourg
Le triomphe de Silène, Jardin du Luxembourg

Aimé-Jules Dalou s’installe à Paris et commence une extraordinaire carrière de sculpteur, prenant pour modèles le monde du travail et la paysannerie. Il réalisa quelques-uns des plus beaux monuments publics du XIXe siècle. Ses pièces majeures figurent dans les musées du monde et sur les places de Paris, Bordeaux, Quiberon, Bourges, Auteuil, Londres, Vierzon. Ses gisants de Blanqui et de Noir sont des chefs-d’œuvre, et le jardin du Luxembourg abrite trois groupes parmi les plus réussis. Une vingtaine d’années de labeur acharné.

Dalou est mort le 15 avril 1902. Il repose au cimetière du Montparnasse.

[modifier] Des œuvres monumentales...

  • Buste d' Alfred Roll, vers 1895, terre cuite, étude préparatoire au monument à Jean-Charles Alphand, Paris, musée du Petit Palais.
  • La Renommée, 1886, bronze, Bayonne, Musée Bonnat
  • Au Musée d'Orsay, Paris : « Grand Paysan, bronze, 197 x 70 x 68 cm, Femme nue lisant dans un fauteuil, 1878, bronze, Liseuse, vers 1875, bronze, Travailleur debout tenant une bêche, bronze, Tonnelier avec des cordes, 1838, bronze, Rebatteur de faux, 1838, bronze »

[modifier] Bibliographie

  • Thérèse Burolet, « Deux grands fonds de sculptures du Musée du Petit Palais : Dalou et Carriès ». Dans La sculpture du XIXe siècle. Paris, 1986. Rencontres de l’École du Louvre.
  • Pierre Cadet, « L’édition des œuvres de Dalou par la Maison Susse ». Dans La Gazette des Beaux-Arts. Février 1994. Tome 126.
  • Henriette Caillaux, « Aimé-Jules Dalou ». Paris, Delagrave. 1935.
  • Catalogue, « Sculptures de Carpeaux à Rodin », Musée Despiau-Wlérick. 23 juin 2000. Mont-de-Marsan.
  • Maurice Dreyfous, « Dalou, sa vie, son œuvre ». Paris, Laurens. 1903.
  • Jacques Ginepro, « Dalou ou le naturalisme en sculpture ». Dans L’Estampille, n°146. Juin 1982.
  • Connaissance des Arts, N°147.« Dalou tiré de l’oubli ». Mai 1964.
  • L'Oeil, n°383. Juin 1987.
  • Revue Europe, mars 2006, n°923, "Dalou, des gisants et des morts", pages 327 à 338.

[modifier] Lien externe


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