Action directe

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Action directe
Classification
Marxistes léninistes
Objectifs
Révolution prolétarienne
Statut
Inactif
Victimes
Une dizaine
Fondation
Date de formation 1979
Pays d'origine France France
Fondateur
Force
Nombre Moins d'une dizaine
Zone d'opération France
Dernière attaque 1987
Financement
holds-up
Filiation
Chefs principaux
Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, Georges Cipriani
Groupes Reliés
Fraction armée rouge, Cellules communistes combattantes

Action directe (AD) est un groupe clandestin (aux influences initialement anarchistes mais qui s'est distancié de cette idéologie pour épouser la cause marxiste-léniniste (communiste) [1] empruntant leur nom au principe anarchiste de la théorie politique libertaire de l'action directe. Ils ont revendiqué une cinquantaine d'attentats ou d'assassinats sur le territoire français entre 1979 et 1987. Action directe a été interdite par un décret du 24 août 1982 portant dissolution du groupement[2]. Ses membres ont été jugés par une formation spéciale de la cour d'assises de Paris.

Sommaire

[modifier] Histoire

Action directe est le résultat de la fusion des membres des GARI (Groupes d'action révolutionnaire internationalistes) qui ne voulaient pas ranger les armes après la mort de Franco et des NAPAP (Noyaux armés pour l'autonomie populaire), qui aboutit en 1977 à la création d'une « coordination politico-militaire interne au mouvement autonome ». Cette coordination se transforme en 1979 en une « organisation de guérilla » qui commence alors à revendiquer ses attaques sous le nom d'Action directe, expression empruntée à l'anarcho-syndicalisme du début du XXe siècle mais avec laquelle la pratique d'AD n'a rien à voir[3], au nom de la lutte contre l’impérialisme capitaliste, des symboles de la puissance de l’État, le grand patronat et la défense du prolétariat. Ils ne font alors que des dégâts matériels. Plusieurs de ses membres sont arrêtés et emprisonnés.

Après l'élection de Mitterrand en 1981 le nouveau gouvernement joue l'apaisement et amnistie les condamnés. La majorité des militants renonce alors à la violence, abandonnant jusqu'au nom et au sigle d'Action directe mais une minorité (regroupée en une branche parisienne et une branche lyonnaise) choisit de passer à la lutte armée. À partir de 1984, la branche parisienne Action directe s'allie à la Fraction armée rouge dans le cadre de la stratégie d'« unité des révolutionnaires en Europe de l'Ouest », la branche lyonnaise se tournant vers l'attaque de banques et des attaques contre des objectifs israéliens.

Action directe ou des membres d'AD ont notamment participé :

  • au mitraillage du siège du patronat le 1er mai 1979 ;
  • au hold-up de Caluire le 29 octobre 1980 au cours duquel un convoyeur de fonds est tué ;
  • à des attaques contre des ministères, la Sonacotra, des agences immobilières, des bâtiments de l'armée française, des sociétés liées au programme militaire français ;
  • à des attaques contre l'État israélien (mitraillage de la mission commerciale de l'ambassade d'Israël, le 31 mars 1982, attaque à la bombe contre le Citrus Marketing Board of Israel, le 11 août de la même année[4]) ;
  • à l'assassinat le 13 mars 1982 de Gabriel Chahine, membre du GARI et indicateur de police qui avait permis la première arrestation de Rouillan et Ménigon en 1980 ;
  • à l'assassinat de deux policiers (en blessant un troisième grièvement) avenue Trudaine à Paris le 31 mai 1983 ;
  • au hold-up de l'avenue de Villiers à Paris le 14 octobre 1983 au cours duquel un des participants, Cino Rizzato, est tué ;
  • au hold-up de la place Victor-Hugo à Lyon le 27 mars 1984 où le général de gendarmerie Guy Delfosse est tué en tentant de s'interposer ;
  • à l'assassinat du général Audran (responsable des ventes d'armes de l'État français) le 25 janvier 1985 ;
  • aux tentatives d'assassinat manquées sur Henri Blandin (contrôleur général des armées) en 1985 et Guy Brana (vice-président du CNPF, ancêtre du MEDEF) en 1986 ;
  • à l'attentat à la bombe le 9 juillet 1986 à Paris dans les locaux de la brigade de répression du banditisme, quai de Gesvres, dans lequel l'inspecteur Marcel Basdevant est tué ;
  • à l'assassinat de Georges Besse, PDG de la Régie Renault le 17 novembre 1986. C'est en tant que représentant d’une entreprise à vocation internationale que Georges Besse est tué, mais également en tant que dirigeant d'une entreprise employant un vigile qui a tué un militant maoïste Pierre Overney. Toutefois, le journaliste d'investigation Dominique Lorentz, a mis en cause la question de l'assassinat de Besse, en soulignant la proximité de cette affaire avec Eurodif, que Besse avait dirigé, et le programme nucléaire iranien (à laquelle la France participait alors)
  • à de nombreux vols à main armée n'ayant pas entrainé mort d'homme et revendiqués par le groupe comme des « expropriations prolétariennes ».

Plus globalement, ce groupe a été l'expression en France d'un courant se revendiquant du marxisme et défendant l'idée que les actions violentes étaient un moyen légitime de renverser un régime considéré comme oppressif. Durant ce qu'on a appelé les « années de plomb », de nombreux groupuscules ont repris l'idéologie de la « propagande par le fait » prônée par certains militants anarchistes lors des deux dernières décennies du XIXe siècle : la Fraction armée rouge (ou « Bande à Baader ») en Allemagne occidentale, les Brigades rouges en Italie, Armée rouge japonaise au Japon, 17-Novembre en Grèce, IRA en Irlande, Cellules communistes combattantes en Belgique, ETA au Pays basque, Weathermen aux États-Unis, MLSBP et Devrimci Sol en Turquie, etc.

Le 21 février 1987, les principaux membres d'Action directe, Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, et Georges Cipriani ont été arrêtés dans une ferme au gué Girault, lieu-dit de la commune de Vitry-aux-Loges, dans le Loiret. Ils ont été tous les quatre condamnés (tout comme Régis Schleicher, arrêté en 1984) à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine incompressible de 18 ans.

La peine de Joëlle Aubron a été suspendue en juin 2004 pour raisons de santé. Elle est décédée à Paris le 1er mars 2006 d'une tumeur au cerveau. Jean-Marc Rouillan a tenu une chronique sur l'univers carcéral dans le journal CQFD. Les demandes de libération anticipée de Régis Schleicher et de Nathalie Ménigon ont été jusqu'à maintenant repoussées par le tribunal de l'application des peines. Nathalie Ménigon a été victime en prison de deux accidents vasculaires cérébraux qui l'ont laissée partiellement hémiplégique.

Fin mars 2007 une pétition de 6 500 signatures pour la libération des détenus d'Action directe a été apportée au ministre de la Justice Pascal Clément (UMP)[5].

Le 10 mai 2007, le tribunal d'application des peines de Paris a accordé un régime de semi-liberté à Nathalie Ménigon, emprisonnée depuis 1987. Elle travaillera la journée et retournera dormir en prison, mais le parquet a immédiatement fait appel de cette décision. Le jeudi 19 juillet 2007, la chambre d'application des peines de la cour d'appel de Paris lui a finalement accordé le regime de semi-liberté.[6]

Nathalie Ménigon, à qui un régime de semi-liberté a été accordé à partir du 2 août, a été transférée mardi 24 juillet 2007 du centre de détention de Bapaume (Pas-de-Calais) à la maison d'arrêt de Toulouse-Seysses.

Jean-Marc Rouillan obtient un régime de semi-liberté à partir du 17 décembre 2007.[7]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Études sur Action directe
  • Alain Hamon et Jean-Charles Marchand, Action directe. Du terrorisme français à l'euroterrorisme, Le Seuil 1986
  • Roland Jacquard, La longue traque d'Action directe, Albin Michel, 1987
  • Michael York Dartnell, Action directe : ultra-left terrorism in France, London 1995
  • Loïc Debray, Jean-Pierre Duteuil, Philippe Godard, Henri Lefebvre, Catherine Régulier, Anne Sveva, Jacques Wajnsztejn, Paroles Directes. Légitimité, révolte et révolution : autour d'Action directe, Acratie 1990
  • Ouvrages des membres d'Action directe

[modifier] Filmographie

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Au sujet de l'idéologie d'Action Directe, voir le film Ni vieux, ni traîtres de Pierre Carles
  2. [pdf]« Décret du 24 août 1982 portant dissolution du groupement de fait dénommé Action Directe », Journal officiel de la République française, 25 aoüt 1982.
  3. L'action directe est l'action sociale directe des masses, sans intermédiaire politique qui parle en leur nom, qu'il soit parlementaire ou avant-garde. Elle n'a donc rien à voir avec l'action minoritaire "terroriste" pratiquée par le groupe AD. Cf. la brochure L'Action Directe rédigée par Émile Pouget, "l'inventeur" du concept.
  4. Sébastien Schifres, La mouvance autonome en France de 1976 à 1984, Université Paris X, 2004
  5. 6 500 signatures pour libérer les anciens d’Action directe, L'Humanité, 29 mars 2007
  6. « Semi-liberté pour l'ancienne membre d'Action directe Nathalie Ménigon », Le Monde, 19 juillet 2007
  7. Semi-liberté accordée à Jean-Marc Rouillan cofondateur d'Action directe, Agence France-Presse, 6 décembre 2007.