Abraham Kuyper

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Abraham Kuyper
Abraham Kuyper

Abraham Kuyper, né le 29 octobre 1837 à Maassluis et mort le 8 novembre 1920 à La Haye fut un théologien, homme politique, homme d'État et journaliste néerlandais.

Kuyper est le fondateur du premier parti politique des Pays-Bas, l'ARP et de l'Université libre d'Amsterdam. Il a contribué à la création du courant des Églises réformées des Pays-Bas (Gereformeerde Kerken in Nederland) prônant un calvinisme réformé. De 1901 à 1905, Kuyper fut Président du Conseil.

Kuyper fut chef de file et porte-parole d'un courant protestant fondé dans les années 1880. Dans ce courant, on croyait en l'influence permanente de Dieu sur la vie, et on supposait que le fonctionnement de cette influence pouvait être rendu visible dans les événements quotidiens.

Sa base, la partie du peuple appelée kleine luyden (les simples gens), adorait le leader charismatique qu'il était. Initialement, ses adversaires étaient les libéraux. Plus tard, c'étaient les socialistes du parti des travailleurs socialiste-démocrate (SDAP). Ils rejetaient la croyance chrétienne comme contraire à la dignité humaine et aux avancements des sciences exactes et sociologiques. Les travailleurs la considéraient comme une force négative qui empêchait l'humanité de se battre pour un meilleur sort ou, au moins, rendait ce sort négligeable par rapport à l'éternité.

Sommaire

[modifier] Biographie chronologique

[modifier] Kuyper et l'Église

Kuyper, fils d'un pasteur, est né à Maassluis. Il a étudié la théologie et les langues classiques à l'université de Leyde, où il passa son doctorat dans sa vingt-quatrième année. Dans sa vint-cinquième année, il se maria et fut nommé à Beesd (Betuwe).

Au cours de ses études, Abraham Kuyper est formé, selon l'usage au milieu du dix-neuvième siècle, pour être un pasteur libéral.

Cependant, au cours de son pastorat à Beesd, Kuyper est entré en contact avec la communauté religieuse orthodoxe. Sous l'influence de sa femme, il fut leur guide et leur représentant, et il l'est resté après sa nomination à Amsterdam. Il a consacré le restant de sa vie à l'émancipation de ces gens et à leur conception de la foi via la création d'une Église, d'un journal, d'une université, d'un parti politique, parce qu'il s'est rendu compte que les convictions orthodoxes n'étaient pas en accord avec l'Église réformée néerlandaise (Nederlandse Hervormde Kerk), dont la confession et la doctrine étaient modernes et libérales.

Son désaccord avec les conceptions libérales de la Nederlandse Hervormde Kerk provoqua un schisme en 1886 lorsque Kuyper, après avoir été suspendu en raison de ses idées sur l'administration de l'Église, fonda avec quelques des dizaines de partisans la Gereformeerde Kerk. Un grand nombre de personnes rejoignit bien vite cette Église. La fondation de l'Église est connue sous le nom de Doleantie, d'après le latin dolere : « se plaindre, s'attrister ». Le but de cette nouvelle Église était de revenir aux règles du Dordtse Kerkorde de 1619 où l'organisation écclésiale et la confession de foi sont à nouveau décidées par les communautés paroissiales autonomes et ensuite par l'ensemble des croyants et non plus par une autorité centrale régulière et, selon elle, trop libérale. (...)Les kleine luyden sont des commerçants, des agriculteurs et des fonctionnaires, base traditionnelle aujourd'hui encore du CDA, dans lequel l'ARP a été absorbé avec le CHU et le KVP en 1980.

[modifier] Kuyper et la femme

Dans Antirevolutionair ook in uw Huisgezin (Anti-révolutionnaire, jusque dans votre ménage), Kuyper lance un appel de prise de conscience aux familles chrétiennes : « Les ménages (...), où la femme a pris la première place, et où son époux joue un rôle subalterne, sont enclines au péché ». Kuyper laisse une marge d'exception pour les cas où la nature elle-même a posé des frontières « floues et peu claires », là où « la femme s'est masculinisée et l'homme s'est féminisé ».

Cependant, la règle générale selon Kuyper est que l'homme, « qu'il soit fort ou faible », est « Roi dans sa maison ». Et : « Un homme qui laisse le rôle du chef de famille à la femme est un homme lâche et indigne d'être un homme. » Une fois pour toutes et sans aucun doute, Kuyper affirme que « la volonté [de la femme] doit être soumise à l'homme » et que « l'autorité du ménage échoit à l'homme. »

Et Kuyper de conclure : « Même si la femme est assez heureux d'avoir un homme, qui lui est supérieur dans tous les aspects, et qui, de plus, est gentil avec elle, elle doit quand même lui toute obéissance. »

Toutefois, à l'opposé de beaucoup de ses contemporains, Kuyper accordait un droit de vote aux femmes dans les affaires touchant à la religion, et il était d'avis que les veuves et les femmes célibataires devrait également obtenir le droit de vote politique.

[modifier] Kuyper et la politique

Kuyper en 1900, par Jan Veth.
Kuyper en 1900, par Jan Veth.

Kuyper était pasteur à Amsterdam depuis 4 ans, lorsqu'il fut élu député de la Chambre basse en 1874. Il était proche des idées de Groen van Prinsterer et de Keuchenius. En 1877, il quitta la Chambre, pour n'y revenir que 7 ans plus tard, en 1894.

Jusqu'au milieu de la deuxième moitié du XIXe siècle, les Pays-Bas ne connurent aucun parti politique avec une organisation nationale. Chaque circonscription comptait des associations d'électeurs de signature libérale, conservatrice, catholique ou anti-révolutionnaire. En 1879, Kuyper a fondé le premier parti politique : l'Anti-Revolutionaire Partij (ARP). Ce parti s'appropriait et organisait la pensée protestante, présente dans la société néerlandaise de manière latente depuis le début du XIXe siècle. Par le nom de son parti et par son programme politique, Kuyper s'est explicitement distancié de la Révolution française, née du siècle des Lumières et qui mettait l'accent sur la souveraineté du peuple. Pour cette raison, des hommes politiques comme Kuyper furent appelés les Anti-révolutionnaires. Les partisans de l'ARP soutenaient fortement la monarchie et défendaient les colonies et les territoires des Indes orientales néerlandaises, sous le prétexte d'être les Serviteurs de Dieu. Le journal De Standaard, fondé par Kuyper à la même époque, fut étroitement lié à l'ARP.

[modifier] La position de Kuyper quant à la vie sociale

Son point de vue sur la vie sociale, il nous le donne à nouveau dans Antirevolutionair óók in uw huisgezin, qu'il a fait paraître en 1880 dans des articles hebdomadaires du Standard, l'organe de la Gereformeerde Kerk. Il y affirme l'importance de considérer la vie familiale domestique pour la vie sociale.

Dans une famille accomplie, qui s'est développée normalement, cinq type de relations seraient nécessaires toujours et partout : celle entre les parents et les enfants ; celle entre l'homme et la femme ; celle entre les frères et les sœurs ; celle entre celui qui est servi et celui qui sert et enfin celle entre (soi et autrui ?).

De la relation avec le père proviendrait : le respect pour l'autorité et la volonté de justice ; de la relation avec la mère : le désir d'une vie plus tendre ; du lien conjugal entre l'homme et la femme : la confiance mutuelle, la considération et la compréhension mutuelles ; de la relation entre frères et les sœurs : la liberté, l'égalité et la fraternité ; de la relation entre ceux qui sont servis et ceux qui servent : la domesticité.

[modifier] Kuyper et les ouvriers

En 1889, il a fait paraître Handenarbeid (« Le travail manuel »). Il y affirme que le mécontentement des ouvriers est un danger à prendre en compte pour la sécurité de la vie sociale. Il y appelle les ouvriers à apprendre à se contenter de peu.

En 1891, il a prononcé le discours d'ouverture du congrès de l'organisation syndicale chrétienne Patrimonium. Il y a appelé les ouvriers présents à renoncer à l'amélioration de leur sort et à la place, de mettre à l'avant plan la vie éternelle.

Kuyper brisa en 1903 la grève des dockers et des cheminots avec ses worgwetten (« Lois d'étranglement » (?)). Il a fait du conflit politique une question d'autorité. Il a condamné la grève comme une action politiquement révolutionnaire, anarchiste et comme un « mouvement criminel » ; il a rendu toute pression sur les "briseurs de grève" passible de poursuites pénales. Il y eut alors effectivement des grévistes qui sont allés en prison pour un certain temps. Ce n'est qu'en 1980 que l'interdiction de grève pour les fonctionnaires et les employés du rail a été levée.

[modifier] Au gouvernement

En 1901, les élections sont remportées par la coalition des anti-révolutionnaires et des catholiques de Schaepman. Kuyper forma un cabinet de huit ministres et s'attribua le ministère de l'intérieur.

La législation sociale, qui s'était développée sous le gouvernement Pierson, s'est plus ou moins arrêtée après 1901. Ce n'était pas spécialement du fait des ministres, mais du conservateur De Savornin Lohman, dont le soutien au gouvernement était nécessaire.

Le désaccord par excellence des partis confessionnels, l'égalité de l'enseignement particulier, n'a également pas été mis en avant. Kuyper, dont tout ceci dépendait de son portefeuille, fut surnommé ironiquement dans la presse « le ministre des voyages à l'étranger ». Et effectivement le Premier ministre éclipsait son faible ministre des Affaires étrangères. Kuyper, devenu encore plus hostile au Royaume-Uni lors de la seconde guerre des Boers, a été soupçonné de préparer une alliance avec l'Allemagne. Il n'a cependant jamais été jusque là en raison de la neutralité stricte de la reine Wilhelmine.

En 1905, la coalition a perdu les élections face aux libéraux. Le gouvernement Kuyper est à l'origine d'une innovation importante : la « politique éthique » dans les Indes orientales néerlandaises.

[modifier] Liens externes

 

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