Abbaye de Jovilliers

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Abbaye de Jovilliers
Ville Stainville
Pays France France
Région Lorraine Lorraine
Département Meuse
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Rattaché à Ordre des Prémontrés
Début de la
construction
XVIIIe siècle
(sur le site d'une abbaye du XIIe siècle)
Fin des travaux XVIIIe siècle
Style(s)
dominant(s)
Néoclassique
Classé(e) Monument historique (1995)

L’abbaye de Jovilliers est située dans le Duché de Bar et l'évêché de Toul, sur un terrain élevé et agréable par sa situation et son bon air, mais incommodé par le manquement des eaux. (Histoire de Jovilliers, 1760)

Sommaire

[modifier] Les fondations

C’est un site privilégié dont la fréquentation se perd dans la nuit des temps puisqu’un temple dédié à Jupiter (Gauvilliers) y aurait précédé l’implantation d’une paroisse.

En 1132, Godefroy III sire de Jovilliers et sénéchal de Champagne fait don de ce fonds de terres à Herbert, abbé prémontré de Rieval. En 1141, Henri de Lorraine, évêque de Toul ratifie le don et y ajoute le droit curial pour les chanoines prémontrés qui voudraient fonder une communauté.

En 1142, une bulle pontificale envoyée par le pape Innocent II confirme définitivement et Raymond de Rieval pose la première pierre de l’église abbatiale et paroissiale dédiée à saint Pierre et saint Paul.

Suivant la règle primitive, des filles consacrées peuvent s’installer dans un « parthénon », édifice attenant à l’abbaye pour travailler et prier en étroite collaboration avec les religieux. Mais de Jovilliers, les religieuses iront très vite vers le hameau voisin de Nantel.

[modifier] L’essor de Jovilliers

Très vite, donations et privilèges aident au développement du domaine et de nouvelles responsabilités curiales élargissent le champ d’action des chanoines prémontrés.

Avec d’autres fondations, la nouvelle abbaye se situe bien dans la lignée de la grande rénovation spirituelle du XIIe siècle en terre lorraine où l’axe lotharingien cherche un équilibre entre le Saint-Empire romain germanique et le royaume de France.

Les abbayes prémontrées étaient organisées en régions appelées circaries, Jovilliers dépendait de la circarie de Lorraine.

Les abbés, très à l’aise dans une société féodale où ils forment un ordre privilégié, gèrent solidement une exploitation agricole modèle : cour haute et basse-cour, logements pour les fermiers, gardes-chasse, écuries, granges, bergeries, colombiers, jardins potagers et vergers.

En plus des maisons, des fermes, des prés et des droits de dîme, l’abbaye possédera jusqu’à 1 100 arpents de terres et de bois jouxtant la forêt communale de Stainville dont 387 journaux d’un seul tenant.

Si en 1304 on signale encore un échange de serfs, on soulignera, dans le même temps, les bons rapports avec les fermiers de la Borde et avec l’ensemble de la population ; en exceptant les longs procès lors d’échanges de terres ou les chicanes avec les curés voisins.

Jovilliers, centre religieux reconnu partage ses richesses : il envoie des religieux missionnaires jusqu’en Hongrie et sur place ouvre grand ses portes à tous les affamés, mal portants répondant ainsi à son devoir d’hospitalité.

[modifier] La commende

En 1628, en application de la commende, les biens de l’abbaye sont séparés une première fois en deux tiers pour la mense abbatiale et un tiers pour la mense conventuelle. Les conséquences ne se révéleront vraiment qu’après 1688, à la mort de l’abbé Sauvage, quand l’abbaye tomba définitivement en commende.

[modifier] Le déclin

Bien avant cette période qui la conduisait vers une lente sécularisation, l’abbaye avait connu d’autres vicissitudes. Tout d’abord la nécessité d’une première restauration en 1300, puis une deuxième en 1520. En 1535, le roi de France avait tenté d’accaparer certains biens, mais surtout à partir de 1592, l’abbaye est pillée et brûlée par les calvinistes de Wassy, puis en 1651 et 1661 elle est occupée par des troupes de dragons et autres mercenaires. C’est la destruction presque totale, si on y ajoute le relâchement des mœurs, conséquence des ces périodes troublées au début du XVIIIe siècle.

Malgré le courage de certains abbés comme Nicolas Barnet en 1624 qui tente une reconstruction avec ses propres deniers, Jovilliers semble condamnée à disparaître.

[modifier] La reconstruction

Cloître de l'Abbaye
Cloître de l'Abbaye

Pourtant en 1672, l’abbaye est rentrée dans l’ordre en acceptant de retourner à la règle primitive, les chanoines redeviennent ainsi de vrais Prémontrés. Mais il faudra l’appui moral, financier et technique donné par la grande abbaye de Pont-à-Mousson au pieux abbé Claude Collin, élu en 1715, pour que celui se lance dans la reconstruction du lieu.

À la veille de la Révolution, Jovilliers avait retrouvé son rayonnement et les religieux qui l’habitaient étaient des chanoines convaincus.

[modifier] La Révolution

Vendue au prix de 110 500 livres comme bien national en 1790, l’abbaye devient une simple et belle exploitation agricole, la paroisse fut rattachée à Stainville et les religieux dispersés. Les 868 livres de la bibliothèque et les archives restantes partirent à Bar-le-Duc. Les 9 et 10 mai 1791, une vente à l’encan dispersa tout le mobilier de l’abbaye.

Le premier propriétaire, M. Joseph Weindel, vendit aux enchères l’église abbatiale, où le culte ne se célébrait plus, comme pierrier pour la coquette somme de 27 000 livres au Sieur Auge Maizière. Seules les deux tours échappèrent à la démolition.

[modifier] Bibliographie

  • Cécile Arens et Michelle Varnier, L'Abbaye de Jovilliers, Jovilliers Échanges et Culture, Meuse

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes