Abbaye Notre-Dame du Vœu

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L'Abbaye Notre-Dame du Vœu est un édifice religieux catholique implanté à Cherbourg-Octeville, rue de l'Abbaye. Pillée et brûlée de nombreuses fois, abandonnée par les religieux avant la Révolution française, elle est restauration depuis 40 ans.

Sommaire

[modifier] La légende de Chantereyne

Façade de l'Abbaye Notre-Dame du Vœu
Façade de l'Abbaye Notre-Dame du Vœu

Une légende, forgée par Arthur du Moustier (ou Arthus Dumonstier) au XVIIe siècle, dans Neustria pia (1663), et complétée plus tard par Dom Beaumier dans son Recueil des évêchés, archevêchés et abbayes (1726), explique la fondation et le nom de l'Abbaye.

Ils racontent que, prise dans une terrible tempête en mer, entre la Normandie et l'Angleterre, Mathilde l'Emperesse, petite-fille de Guillaume le Conquérant, aurait demandé à la Vierge de la sauver, promettant d'ériger une église là où elle débarquerait. Voyant la terre, le pilote aurait dit à la Reine « Chante Reine, voici la terre », laissant ce mot à la croûte du Homet.

Selon Robert Lerouvillois[1], il est plus probable que le vœu évoqué soit celui que Guillaume le Conquérant, tombé gravement malade à Cherbourg, fit de guérir, et en accomplissement duquel, il avait fondé la collégiale du château de Cherbourg en 1063. Sa petite-fille aurait voulu ainsi le renouveler. Quant au nom de Chantereyne, il se réfèrerait au ruisseau éponyme, qui avec celui de la Bucaille traversaient cette zone marécageuse, et dont l'étymologie renverrait à cantu ranarum, « lieu où chante les grenouilles ».

[modifier] Constructions et destructions

Réfectoire de l'Abbaye Notre-Dame du Vœu
Réfectoire de l'Abbaye Notre-Dame du Vœu

Mathilde fait bâtir en 1145 l’Abbaye Sainte-Marie-du-Vœu, sur la côte à un kilomètre nord-ouest de Cherbourg, sur territoire marécageux mouillé par deux ruisseaux qui en faisait un îlot, un « Holm », devenu « Homet ». La dédicace à la Vierge s'inscrit dans l'important culte marial de l'époque en Normandie.

Elle y installe en 1160 une communauté de chanoines réguliers augustins issus de l’abbaye Saint-Victor de Paris, et meurt à Rouen en 1166, avant l'achèvement des travaux. Son fils, le roi Henri II Plantagenêt assiste au côté de son épouse Aliénor d’Aquitaine à la consécration de l'abbaye en 1181 et l'unit au monastère arrouaisien de Saint-Hélier, de Jersey en 1187 pour accroître sa puissance[2]. La construction des bâtiments selon le plan bénédictin s'étale ensuite sur plusieurs siècles (église, cuisines et cellier au XIIe siècle, réfectoire et salle capitulaire au XIIIe siècle).

Le XIIIe siècle est celui de la prospérité grâce aux dons lors des croisades. En 1266, 47 religieux, dont 27 résident à l’abbaye les autres dans les prieurés, y sont rattachés. Elle reçoit les visites royales de Saint Louis (1256) et Philippe le Bel (1286).

Mais, sans protection, l'abbaye est régulièrement pillée et brûlée lors des incessantes batailles franco-anglaises (1294, 1295, 1327, 1330, 1340, 1346, 1377), contraignant les religieux à la quitter. Elle est reconstruite vers 1450, disposant le droit de haute-justice sur 77 paroisses et les îles anglo-normandes.

Elle sera de nouveau endommagée durant les guerres de religion. Elle subit le régime de la commende à partir de 1583. Réformée à la fin du XVIIe siècle sous l'impulsion de l'évêque de Coutances, Loménie de Brienne, et de l'abbé commendataire de Cherbourg, Alexandre Le Jay, par l'installation de réguliers de la congrégation de Bourg-Achard[2], elle subira le déclin commun aux institutions monastiques masculines et sera fermée en 1774.

Avec la construction du port militaire, ses terrains d'une quarantaine d'hectares qui s'étendaient de la mer jusqu’à l’actuelle rue Pierre de Coubertin, sont annexés en 1778. Elle devient la résidence du duc d'Harcourt, gouverneur de Normandie, et accueille le Roi en 1786. Elle est transformée ensuite en hôpital de la Marine entre 1793 et 1866, en bagne sous le Premier Empire et en caserne Martin-des-Pallières à partir de 1850 pour l'infanterie de marine.

En 1928, est installée une cité ouvrière, la cité Chantereyne, épargnée par les bombardements mais incendiée par les Allemands en juin 1944.

[modifier] Restauration

Chapelle de l'Abbaye Notre-Dame du Vœu
Chapelle de l'Abbaye Notre-Dame du Vœu

Rachetée par la mairie en 1961, l'abbaye est lentement restaurée depuis 1965.

La grande cheminée de la maison abbatiale (XVIe siècle) est conservée dans la salle du conseil de l'Hôtel de ville, le portail occidental de l'église (XIIIe siècle) est placé dans le Jardin public. Les restes de la caserne Martin-des-Pallières avaient été classés en 1913, avant que l'ensemble des bâtiments, vestiges et sols de l'ancienne abbaye, soient classés en septembre 2002.

[modifier] Sources

  • La première version de cet article est issu de l'article « Abbaye du Vœu », version du 17 février 2008 à 14:00, sur Wikimanche.
  • Robert Lerouvillois, Jacqueline Vastel, Bruno Centorame et François Simon, À la découverte de Cherbourg : guide historique et touristique sur la ville de Cherbourg, la Hague et le Val de Saire, Ville de Cherbourg, 1992
  • « 1145 », panneau de l'exposition permanente de l'abbaye, ville de Cherbourg-Octeville, 2008

[modifier] Notes

  1. « L’histoire avec un grand H : Robert Lerouvillois, l’historien du Cotentin », Reflets, n° 64, ville de Tourlaville, février 2002
  2. ab Pères Richard et Guiraud, Bibliothèque sacrée, ou Dictionnaire universel historique, dogmatique…. Paris, 1827. Tome VII, pp12-13

[modifier] Voir aussi

[modifier] Article connexe

[modifier] Bibliographie

  • Louis Couppey, L'Abbaye de Notre-Dame du Vœu près Cherbourg (Manche) : Chronique des abbés. Évreux : impr. de l'Eure, 1913