Aïnus

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Aïnus
Pays
Japon (Hokkaidō)
Russie (Îles Kouriles et Kamtchatka)
Population totale
environ 150 000
Populations significatives par régions
Langues
Aïnu
Religions
animisme
Voir aussi : Liste

Les Aïnus ou Aïnous ( " ainu " アイヌ, qui signifie " humain " en aïnu, (蝦夷) en japonais, aussi appelés " Utari " ウタリ en aïnu, qui signifie " camarade " ), sont une population aborigène. Ils vivent au Nord du Japon et à l'extrême Est de la Russie : Vers -1300 avant JC, ils ont migré vers Hokkaidō, les Îles Kouriles, l'île de Sakhaline et le sud de la péninsule du Kamtchatka. Soit 1000 ans avant les représentants du peuple des Wa qui sont les ancêtres des Japonais actuels, arrivés par l'île de Honshu (vraisemblablement depuis la Corée).

Hier en voie de disparition, on compte environ 150 000 membres de ce groupe ethnique de nos jours. Toutefois, aucun recensement exact n'a été tenu, beaucoup d'Aïnus cachent leur origine ou dans bien des cas ne la connaissent même pas, leurs parents la leur ayant dissimulée pour les protéger de la discrimination et du racisme.

Sommaire

[modifier] Histoire

carte montrant la répartition des Ainus en Asie
carte montrant la répartition des Ainus en Asie

[modifier] Origines, différentes hypothèses

[modifier] Hypothèse caucasienne

Morphologiquement, les Aïnus ne ressemblent pas aux Japonais. Ils sont plus grands, plus forts physiquement, leurs carrure et pilosité sont plus affirmées, leur peau est plus claire, leur visage moins lisse et leurs yeux ne sont pas bridés. Bref, ils ne sont pas mongoloïdes (type morphologique des Japonais, Coréens et Chinois). Avec ces caractéristiques physiques, ils ont été longtemps associés au type caucasien.

[modifier] Hypothèse de parentés avec l'Asie centrale

Les tests génétiques effectués sur les Aïnus montrent que ceux-ci ont pour haplogroupe l'Haplogroupe D [1] . Or cet haplogroupe est rare et n'est retrouvé en quantité significative qu'au Tibet et dans les îles Andaman ce qui suggère une parenté avec les peuples d'Asie centrale. Le groupe éthnique dont descendraient les Aïnus était si l'on suit cette hypothèse installé en Asie centrale et orientale et aurait été chassé par l'expansion des Han.

[modifier] Brassage avec les Nivkhes

Un Aïnu sur huit possède aussi les caractères de l'haplogroupe C3 qui est le plus commun parmi les populations de l'extrême est de la Russie et parmi les populations de Mongolie. Certains ont avancé que cet haplogroupe serait le résultat d'un brassage génétique unidirectionnel avec les Nivkhes [2] avec qui les Aïnus ont d'ailleurs des points communs sur le plan culturel (sculpture sur bois, festival de l'ours, motifs des habit [3]). Cette hypothèse de brassage avec les Nivkhes est encore soutenue par la présence supplémentaire de l'haplogroupe Y qui n'est retrouvé à haute fréquence que chez les Nivkhes et les Aïnus ainsi que par la similarité des langues des deux peuples.

[modifier] Originaires de l'Asie du Sud ?

Certains scientifiques ont avancé le fait que les Aïnus descendent d'un groupe ethnique préhistorique qui aurait aussi engendré les aborigènes d'Australie. Cette hypothèse se base sur la découverte d'ossements de la période Jōmon datant d'il y a 10 000 ans. Ces ossements possèdent un faciès semblable à celui des peuples d'Australie et de Nouvelle-Guinée.

[modifier] Différence entre Aïnus et Japonais

Les Aïnus sont liés à la culture Jōmon. Ils sont les seuls des peuples Jōmon à ne pas avoir subi de brassage génétique avec les peuples Yayoi (arrivés de Corée). De ce fait les Aïnus sont proches des habitants des îles Ryu-Kyu qui sont aussi issus des peuples Jōmon et n'ont subi que peu de brassages avec les peuples Yayoi. Les Japonais sont issus du mélange entre Jōmon et immigrants de Corée.

[modifier] Période pré-japonaise

On ne sait pas grand chose de l'histoire pré-japonaise des Aïnus.
Au début, les premiers contacts avec les Japonais étaient amicaux et les deux peuples nouèrent des relations commerciales d'égal à égal. Au fil du temps, le Japon commence à dominer la relation et à établir de grandes colonies sur le territoire aïnu. Les aïnus sont pour la première fois mentionnés par les Japonais dans le Kojiki comme étant les descendants d'un peuple ancien : les « Emishi » (littéralement, les « barbares qui ne sont pas sous l'autorité politique du Japon »).

[modifier] Refoulement des Aïnus vers Hokkaido

Lorsque les Japonais se déplacent vers le Nord pour prendre le contrôle des terres aïnus, les Aïnus les abandonnent généralement sans résistance, on connaît cependant des guerres : 1268 (première révolte connue), 1457 (bataille de Koshamain), 1669 (bataille de Shiyakushiyain entre les Aïnus et le clan Mastumae) et 1789 toutes perdues par les Aïnus. En 1799, les Aïnus de l'est d'Hokkaido sont soumis au contrôle du shogun et en 1807, c'est au tour de ceux de l'ouest de l'île. On peut expliquer cette quasi-absence de résistance par leurs croyances selon lesquelles la terre n'appartient à personne, y compris eux-mêmes. Et comment pourraient-ils défendre leurs terres puisqu'elles ne leur appartiennent pas ?

[modifier] Disparition de la culture Aïnu

Un homme aïnu, vers 1880
Un homme aïnu, vers 1880

Pendant ces siècles où les Européens pratiquent la colonisation et l'esclavage (XVIe siècle - milieu du XIXe siècle), où les Américains font la chasse à l'indigène, les Japonais exercent « l'assimilation forcée », entre autres sur les Aïnus : l'habillement, la religion et l'éducation de toutes les populations du territoire japonais doivent être japonais. Puis, les règles japonaises durant la période Meiji (XIXe siècle - début du XXe siècle) s'attachent à « réformer » le mode de vie aïnu dans son quotidien, interdisant leur langue et les cantonnant à l'agriculture sur des parcelles fournies par le gouvernement. Les Aïnus sont aussi employés dans des conditions proches de l'esclavage par l'industrie de la pêche. Ils ont aussi été forcés (par le clan Matsumae) de servir d'intermédiaire entre les Japonais et les Russes. [4]

Il en fut de même en Russie où ils furent convertis à la religion orthodoxe. Après 1945, beaucoup des Aïnus de Russie rejoignirent le Japon. La présence des Aïnus en Russie fut d'ailleurs cachée. La guerre russo-japonaise eut aussi une influence sur la disparition des Aïnus de la Russie. Ainsi lorsque l'île de Sakhaline a été rattachée au Japon (prenant le nom de Karafuto), les Aïnus furent envoyés sur l'île d'Hokkaido.

[modifier] Renaissance de l'identité Aïnu

Jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les Aïnus sont contraints à « devenir japonais », à renier leurs rites, leurs arts, leur mode de vie, leur religion (cérémonies de mariages, d'enterrements, cérémonies des esprits animaux... abandonnées). A partir de 1960, les Aïnus commencent à se rassembler pour acquérir « le droit à la différence ». Leurs demandes régulières, menées par l'Association Utari et Giichi Nomura, n'ont aucun aboutissement, mais ils poursuivent leurs efforts et soutiennent leur projet de lois pour faire valoir ce « droit à la différence ». Mais ce n'est qu'en 1994, grâce à la pression exercée par l'ONU en faveur des peuples autochtones, qu'ils parviennent à faire entrer un des leurs, Shigeru Kayano, au Kokkai (Parlement japonais).

Dévoué à son peuple depuis toujours, Shigeru Kayano n'a cessé de se battre pour obtenir reconnaissance. Alors, en 1997, est promulguée la Loi pour la promotion de la culture aïnu et pour la dissémination et le soutien des traditions aïnus et de la culture aïnu. Depuis, les Aïnus ont le droit et le devoir de promouvoir leur culture, leur différence. Les plusieurs dizaines de musées et de centres culturels dédiés à la culture aïnu sont les réceptacles de leur savoir, de leurs traditions. Mais la discrimination existe toujours (selon un sondage du gouvernement de Hokkaïdo en 1999, un Aïnu sur deux seulement n'a pas été témoin de discrimination envers des Aïnus (qu'il soit lui-même victime ou non) et les Aïnus espérent aujourd'hui obtenir d'avantage que le « droit à montrer leur culture » : le « droit à vivre selon leur culture ».

Aujourd'hui, un journal en langue aïnu est publié : le Ainu Times. Comme les aïnus ne connaissaient pas l'écriture, un syllabaire proche du katakana a été mis au point et est utilisé par ce journal.

Il faut souligner que bien qu'ils se battent pour la reconnaissance de leur culture, rien dans les manuels scolaires japonais ne traite d'eux [5]

[modifier] Religion

peinture japonaise datant de 1870 montrant le sacrifice d'un ours par des aïnus
peinture japonaise datant de 1870 montrant le sacrifice d'un ours par des aïnus

Les Aïnus sont animistes. Ils pensent que tout dans la nature a un kamuy (esprit : on écrit aussi kamui) à l'intérieur. Il y a une hiérarchie dans les kamuy. Le plus important est celui du feu (Apehuci-Kamuy) ; ensuite on trouve les kamuy des animaux de montagne et encore derrière, les kamuy des animaux de la mer. Les Aïnus remercient les dieux avant de manger et prient le kamuy du feu lorsqu'ils sont malades. Ils croient que les esprits sont immortels, et que ceux-ci seront récompensés par l'accès à la terre des dieux.

Ils croient aussi en l'existence de " lutins " : les Koropokkuru

[modifier] Liste des Kamuy

  • Ae-oina Kamui, il aurait enseigné aux hommes les arts domestiques
  • Akkorokamui
  • Apasam Kamui
  • Apehuci-Kamuy (kamuy du feu)
  • Cep Kamuy (kamuy du saumon)
  • Chikap Kamui, kamuy des hiboux et de la terre
  • Chup Kamui, kamuy du soleil
  • Hash-Inau-uk Kamui, kamuy de la chasse
  • Kamui Fuchi, kamuy du foyer
  • Kanna Kamuy, le kamuy de l'orage
  • Kenash Unarabe, un monstre buveur de sang qui attaque les chasseurs
  • Kim-un Kamui, kamuy des ours
  • Kinashut Kamui, kamuy des serpents
  • Moshirikara Kamui, créateur de la terre
  • Nusakoro Kamui, messager des dieux et représentant de la mort
  • Pauchi Kamui, esprit malin responsable de la maladie
  • Repun Kamui, kamuy de l'orque et de la mer
  • Shinda (kamuy de la fertilité)
  • Tuntu (kamuy du ciel), aussi appelé Kamui
  • Shiramba Kamui, kamuy du bois, de la nature
  • Waka-ush Kamui, kamuy de l'eau potable
  • Yushkep Kamui, kamuy de l'araignée

Certains Aïnus habitant à l'extrême nord de l'archipel sont maintenant membres de l'église orthodoxe russe.

[modifier] Cosmogonie

représentation d'un Koropokkuru
représentation d'un Koropokkuru

Pour les Aïnus, il existe 6 cieux et 6 enfers où les dieux, les démons et les animaux vivent. Les démons vivent dans les cieux les plus bas. Au niveau des nuages et des étoiles vivent les dieux les moins importants. Dans le plus haut des cieux, vit Tuntu, le Dieu créateur et ses serviteurs. Son royaume est entouré par un mur de métal et la seule façon d'y entrer est de passer par une grande porte de fer.

Tuntu créa ce monde comme un grand océan reposant sur la colonne vertébrale d'une gigantesque truite. Lorsque ce poisson bouge, la terre tremble.

Un jour Tuntu regarda vers ce monde d'eau et décida d'en faire quelque chose. Il y envoya un oiseau qui en volant au-dessus de l'océan chassa l'eau et ainsi des îles surgirent.

Quand les animaux des cieux virent combien ce nouveau monde était beau, ils demandèrent à Tuntu la permission d'aller y vivre. Celui-ci accepta. Mais Tuntu fabriqua aussi des créatures faites uniquement pour ce monde. les premiers Aïnus étaient nés, ils avaient un corps de terre et des cheveux à base de végétaux. Tuntu envoya aussi Aioina, un homme divin, sur terre pour enseigner aux Ainus comment chasser et faire la cuisine.

[modifier] Habitat

reconstitution d'une habitation Aïnu
reconstitution d'une habitation Aïnu

Les Ainus s’établissent aux bords des rivières ou des mers, dans des zones où ils s’estiment protégés des désastres naturels. Ils vivent en communauté, regroupés en villages appelés kotan, où chaque famille a sa cise (maison). En moyenne, un kotan se compose d’une dizaine de cise.

Les Ainus disposent de nombreuses constructions en dehors des cise : garde-mangers (pu, où ils font notamment sécher le poisson), séchoirs à linge, appentis, etc… On trouve aussi des cages pour les ours et de nombreux « autels » verticaux protégeant le kotan.

L'entrée des maisons aïnus se trouve à l'ouest. Elles n'ont qu'une seule pièce. Le centre de la maison est occupé par un foyer pour le feu. Les maisons n'ont pas de cheminée. L'évacuation des fumées se fait pas des trous situés à l'angle du toit.

Les habitations aïnus ont toujours trois fenêtres (on peut d'ailleurs le constater sur l'image de droite). Deux d'entre elles sont toujours dans la même direction. Il n'y a jamais de fenêtre au nord. [6],[7]

[modifier] Mode de vie

A l’origine, le territoire japonais était couvert de forêts. Dans les dures conditions de l’environnement nordique, les Aïnus subvenaient à leurs besoins par la pratique de la chasse, de la pêche, de la cueillette des plantes et d’autres activités de ce genre, en contact avec la nature. Ils construisaient les outils utiles et nécessaires à ces pratiques avec un savoir-faire unique et spécifique.

De nombreux outils sont utilisés en fonction de la tâche : arcs et flèches, pièges complexes (trappes et autres), crochets (marek), harpons (kite), filets de chasse, systèmes de creusage, pioches pour les plantes, métiers à tisser (karepinki), couteaux (makiri), etc…

Outre les ressources obtenues par les activités traditionnelles, les Aïnus conservaient certains articles dans le but de les échanger avec les populations voisines. La fourrure et les peaux (cerfs de Yezo, zibelines, plumes de faucon…) étaient réservés à cet effet. Les Aïnus étaient de grands commerçants. Les témoins de leurs échanges avec les Wajins, toutes les populations minoritaires limitrophes, mais aussi avec les Chinois et même les Européens, sont souvent exposées dans les musées de culture aïnu (verres soufflés, des tissus en soie, des outils en métal, etc…). Les Aïnus ont construit leurs vies en contact avec les autres populations, partageant et échangeant leurs « marchandises » autant que leurs savoirs.

[modifier] Culture

Les Aïnus ont conservé, développé et enrichi de nombreuses traditions au cours des siècles, se forgeant une grande diversité de savoir-faires et d'expressions artistiques. Encore aujourd'hui, ces arts sont exercés.

[modifier] Les Aïnus et leur corps

Les hommes ont pour habitude après un certain âge de ne plus se raser et de laisser pousser leurs cheveux librement.
Les femmes, elles, se tatouent dès la puberté. Les parties tatouées sont les bras, la bouche, la moustache, le clitoris et parfois le front. Elles utilisent aussi de la suie pour donner de la couleur à leur visage. Les femmes, tout comme les hommes, portent des boucles d'oreilles (en aïnu : ninkari). Les bijoux ne sont portés par les aïnus que depuis le 12e siècle, date où le métal fut introduit chez eux.

[modifier] Le tissage et la broderie

Tout d'abord, la broderie aïnu est un art unique et spécifique, d'une complexité telle qu'elle ne saurait être expliquée en quelques lignes. Les textiles aïnus, tissés selon les traditions culturelles aïnus, sont couverts de motifs brodés.

Ces motifs, représentés à la base pour protéger les propriétaires de l'intrusion de mauvais esprits (maladies, moisissures, blessures...), sont sujets à de nombreuses études. Ils varient d'un kotan (village) à l'autre et sont tissées sur des métiers à tisser (appelés karepinki) tout aussi uniques en leur genre, les Aïnus possèdent un puissant savoir-faire en matière de textile.

Ils fabriquent notamment leurs vêtements à base de plumes d'oiseaux, de fibres tirées d'écorces. [8],[9]

[modifier] La gravure sur bois

Inaos
Inaos

On raconte que les garçons Aïnus ne devenaient hommes que lorsqu’ils étaient habiles dans les arts de la chasse, de la pêche, et de la gravure sur bois. Cet art est donc considéré comme un rite de passage à l’âge adulte. Les outils et les meubles aïnus sont toujours gravés. En plus d’être fonctionnels, ces articles revêtaient donc une caractéristique esthétique.

Le seul outil du graveur Aïnu est son makiri (couteau). Cette technique, aussi bien que son esthétique, sont uniques au monde. De nombreux musées et centres culturels Aïnus exposent fièrement ces œuvres. Aujourd’hui, des artistes Aïnus modernes travaillent encore cet art, vivant de la technique qu’ils ont héritée de leurs ancêtres. Les œuvres sont vendues aux galeristes, et aux touristes. Le sculpteur Bikki (6 mars 1931 – 25 janvier 1989) a acquis ainsi une renommée internationale, permis le début des collaborations Aïnus-Canadiennes, élaboré plusieurs monuments municipaux, etc. Deux astronomes japonais ont donné son nom (Bikki) à une planète (K. Endate et K. Watanabe, le 1er septembre 1993,à la planète 5372).

Voir aussi : Inaos

[modifier] La danse et le chant

Depuis toujours, les Aïnus chantent et dansent leurs cérémonies (Iyomante, la cérémonie de l'esprit ours, par exemple) et durant leurs célébrations (naissances, fêtes, mariages, enterrements...). Ils chantent et dansent leurs prières, ils chantent et dansent leurs légendes (les Kutune-Shirka ou les Yukar), mais aussi ils chantent et dansent en famille, lors de réunions amicales et même pendant le travail quotidien (cueillette, retour de chasse, confection des bouillies, etc.). Il existe de nombreuses danses : rimse, upopo, horippa (danses en cercle), les danses de prière, les danses de jeu, les danses d’exorcisme, les danses de travail, les danses qui décrivent les mouvements des animaux… Ces danses varient d’une région à l’autre, d’un kotan à l’autre, sont si nombreuses, si variées, qu’elles sont indénombrables, et ont obtenu aujourd’hui la reconnaissance d’être des « biens culturels folkloriques intangibles ».

Généralement, les danses se font sans instruments, seuls la voix et les claquements de mains (type applaudissements) guident ces danses. La voix chante, imite des cris d’animaux ou psalmodie des onomatopées. Les danseurs ne sont pas des professionnels car tous les Aïnus dansent. La plupart des danses sont mixtes mais, ce sont essentiellement des femmes qui dansent et, seules certaines danses sont des danses d’hommes. Pour les Aïnus, danser est un moment de plaisir qui se partage avec les kamuys (les esprits). Le fils de Bikki, Oki, défend ces arts.

[modifier] Le mukkuri et le tonkori

Un Tonkori
Un Tonkori

Les Aïnus possèdent deux types d'instruments : le mukkuri, aussi appelé harpe buccale, ou luth japonais, qui est un instrument de musique fait de bambou et de ficelle. Taillé comme une fine cuillère plate mesurant 10 à 15 cm de long et 1 cm de large, le centre du mukkuri est creusé de la forme d’une langue à laquelle est attachée une ficelle aux deux extrémités. Pour en jouer, il faut placer la ficelle dans une main et poser avec l’autre main le mukkuri contre le bord de la bouche. Il faut tirer la ficelle pour créer une vibration. Les joueurs varient les sonorités émises en ouvrant plus ou moins la bouche tandis qu’ils soufflent tout en tirant la ficelle plus ou moins rapidement. Ces instruments, proches des guimbardes, existent aussi chez les peuples indigènes de Taïwan et chez certaines ethnies nordiques ainsi que d’autres peuples indigènes dans le monde entier. La technique de construction et la technique d’utilisation du mukkuri sont deux arts indissociables.

Le tonkori est un instrument de musique taillé comme une cithare japonaise et tout d’abord utilisé par les Aïnus de Sakhaline. Un arbre est vidé pour composer le corps de l’instrument, au-dessus duquel est attaché un morceau de bois plat. Il mesure entre 70 et 150 cm de long et approximativement 15 cm de large. Il possède en général 5 cordes, mais on peut en voir moins souvent avec soit 3 soit 6 cordes. Le tonkori est porté et joué en pinçant les cordes avec les deux mains mais en prenant soin de ne pas poser les doigts sur les cordes. C’est un art complexe qui demande une grande dextérité.

Le fils de Bikki, Oki, permet de faire entendre ces instruments au Japon et à l'étranger.

[modifier] La gastronomie

Les techniques culinaires et les plats Aïnus font partie des arts gastronomiques autant que des biens culturels intangibles, ils sont donc sans contestation possible l’un des témoins de la culture aïnu.

L'association Rera propose de goûter à ces témoignages dans un restaurant Aïnu situé dans le quartier de Nakano à Tōkyō.

[modifier] Ingrédients utilisés

  • Haricots
  • millet
  • sarrasin
  • blé
Pukusa
Pukusa
  • Pukusa , en japonais gyôja ninniku (ギョウジャニンニク), en français : Ail à tuniques réticulées.

Viandes :

Poissons :

  • saumon (les aïnus connaissaient des systèmes de pêches perfectionnés (enclos) pour attraper les saumons [10]
  • truite
  • carpe

[modifier] Mets

  • Kitokamu
  • Munchiro Sayo
  • Ohaw , nom des soupes faites par les aïnus. Il en existe beaucoup de sortes. [11].
  • Munini-imo, un type de galette

[modifier] Politique

[modifier] Organisation politique de la société Aïnu

Ce peuple de pêcheurs et chasseurs possède une structure sociale patriarcale et polygamique. Leur religion est de type animiste : l'ours y est l'entité la plus vénérée.

De nos jours, les Aïnus sont placés sous les lois du Japon. Avant cela, leur système politique était basé sur un système de chefs héréditaires, trois dans chaque village. Administrativement, leur pays était divisé en trois comtés : Saru, Usu et Ishikari. Les relations entre ces différents comtés étaient éloignées et les mariages entre des habitants de différents comtés évités. Les fonctions de juges n'étaient pas attachées aux chefs du village, à la place un nombre indéterminé de membres de la communauté s'asseyaient pour juger les criminels. L'emprisonnement n'existait pas et était remplacé par des coups qui étaient considérés comme suffisants. Dans le cas des meurtres toutefois, le nez et les oreilles de l'assassin étaient coupés ou bien les tendons de ses pieds tranchés.

[modifier] Politique actuelle

le drapeau Ainu dessiné par Bikki Sunazawa en 1973
le drapeau Ainu dessiné par Bikki Sunazawa en 1973

Actuellement, à l'instar des Amérindiens, ceux qui n'ont pas été assimilés par la communauté japonaise se retrouvent confinés dans des réserves. Les Aïnus assimilés souffrent de la discrimination (près de la moitié d'entre-eux en ont souffert) et ils vivent dans des conditions infèrieures à la moyenne japonaise. Ils font aussi moins d'études. [12]

De nos jours, nombre d'entre eux rejettent le terme Aïnu et lui prèfere celui d'Utari (« camarade » en langue aïnu). Dans les documents officiels les deux termes sont utilisés. Au Japon, les Aïnus sont également appelés Ebisu (夷, « sauvage »), Emishi ou Ezo (蝦夷).

Les revendications Aïnus actuelles portent sur l'exigence d'une représentation légale des populations minoritaires japonaises dans les couloirs du pouvoir (chambres constitutionnelles). En effet, à part Shigeru Kayano, aucun représentant de minorité nippone n'a eu la parole dans les hauts lieux du pouvoir japonais! Les Aïnus vont jusqu'à demander la création d'un État fédéral dans lequel leur voix portera autant que celle du gouvernement japonais, exigence excessive pour les Japonais.

Un projet, dont l’élaboration a commencé avec la promulgation de la Loi pour la Promotion de la Culture Aïnu en 1997, tend à rendre possibles les revendications Aïnus : c’est le parc Iwor. Ce projet, dit de « parc historique », permettrait de « reproduire les espaces de vie traditionnelle » et d’agir pour la « préservation de l’environnement ». Un espace appartenant aux Aïnus, géré par les Aïnus, dans lequel conserver et transmettre les traditions et le mode de vie Aïnus. Mais aujourd'hui, pour les raisons politiques mentionnées au paragraphe précédent, le parc Iwor ne peut toujours pas être construit.

L'espoir porte à présent sur l'ONU et son Instance des Peuples Autochtones qui doit préparer une déclaration des droits des peuples aborigènes, laquelle pourrait aider à débloquer la situation.

L'ethnie aïnu réclame aussi un dédomagement s'élevant à 1,5 milliards de yens auprès des autorité japonaises pour avoir subi la colonisation japonaise. [13]

Le 6 juin 2008, Le Parlement japonais a reconnu l'existence du peuple indigène aïnou et a promis d'améliorer ses conditions de vie. La résolution, votée à l'unanimité par les élus des partis au pouvoir et de l'opposition, affirme pour la première fois que les Aïnous "sont un peuple indigène avec sa propre langue, religion et culture".

[modifier] Langue

Tout comme celle du peuple aïnu, les origines de la langue sont incertaines.

L'aïnou est un isolat, les spécialistes n'ont pas réussi à établir sa parenté linguistique avec d'autres langues. D'un point de vue typologique, il est plutôt proche des langues dites paléo-sibériennes. On constate un certain nombre de mots communs entre l'aïnou et le nivkhe ainsi qu'entre l'aïnou et le japonais, mais il s'agit d'emprunts

De nombreux toponymes ont pour origine la langue aïnu en dépit des efforts japonais pour éviter ce fait. Par exemple Shiretoko vient de l'aïnu " sir-etok " qui signifie " l'extrémité de la terre "

Icône de détail Article détaillé : aïnu.

[modifier] Sous-groupes

[modifier] Une explication de la domestication ?

Chez les aïnus, il est un rituel qui a particulièrement frappé les ethnologues, c'est leur rituel de l'ours. En effet, on est en présence d'un rituel religieux, sans la moindre utilité économique, mais clairement apparenté à l'élevage, alors que ce peuple ne le pratique pas. Le même rituel, appliqué à un loup (pas encore un chien), ou à un bovin (encore sauvage) ou un autre animal domesticable, aurait donné à la longue des effets facile à imaginer : la domestication, et l'intérêt pratique non prévu mais s'imposant aurait recouvert l'intention rituelle qu'on ne remarquerait plus. Mais comme l'ours n'est semble-t-il pas domesticable, le rituel a pu être conservé sans trop de variations, et apparait comme un précieux fossile culturel, qui peut nous aider à imaginer le processus culturel à l'origine de l'élevage.

C'est la thèse que l'anthropologue René Girard a développée[14]. C'est la nécessité d'acclimater les animaux pour en faire des victimes propres au sacrifice rituel qui aurait donné naissance, comme conséquence imprévue, à la domestication, pratique qui nous apparait naïvement comme ayant été anticipée pour sa rentabilité économique, alors qu'elle est coûteuse, et même très coûteuse : seule l'exigence rituelle permet de justifier les efforts déployés pour conserver près de soi et nourrir un animal qui ne s'y prête pas, et ceci sur une longue période. Il faut considérer les difficultés (trouver de quoi le nourrir, lui éviter les maladies, souffrir ses parasites, ses déjections, son comportement mal contrôlable, etc.) alors que la même viande pourrait être trouvée en une journée de chasse. L'élevage apparait donc comme une conséquence fortuite de la nécessité de se constituer une réserve de victimes sacrifiables, chez un peuple qui a eu la chance, au contraire des aïnus, d'avoir à sa portée une espèce domesticable,

[modifier] Anecdotes et rumeurs

Il paraîtrait que les premiers représentants japonais aux Jeux Olympiques (Jeux Olympiques d'été de 1912 à Stockholm) étaient tous Aïnus, aberration lorsqu'on sait qu'à cette époque (fin XIXe - début XXe siècle), les Aïnus étaient déconsidérés et rejetés par le peuple japonais.

Il semble que Hayao Miyazaki, le fameux réalisateur japonais (Nausicaä de la vallée du vent, Mon voisin Totoro, Le Voyage de Chihiro...), se serait inspiré des Aïnus pour réaliser l'un de ses plus grands succès : " Princesse Mononoké " (titre original : Mononoke Hime). Si l'homme a toujours affirmé le contraire (http://www.nausicaa.net/miyazaki/mh/faq.html), certains éléments de son film semblent pourtant coller à cette théorie. Exemples :

  • Ashitaka un personnage principal fait partie d'une tribu cachée nommée Emishis dans la version française.
  • l'Inaos, typiquement et indéniablement témoin de la culture Aïnu, présent devant la maison de rassemblement du village où vit Ashitaka.
  • la présence de forges aux abords de " l'endroit " où se trouve son village (sachant que les Wajin (peuple de Wa), ancêtres des Japonais, ont commencé à s'installer en Hokkaïdo où vivaient les Aïnus pour y construire des " zones de commerce " et ... des forges).
  • la période dans laquelle se situe le film (selon une citation de Miyazaki : période Muromachi) , période où le peuple Aïnu était la population humaine la plus représentée sur Hokkaidō.
  • Et surtout la présence de lutins sylvestres (appelés kodama dans la version originale. Si la traduction française dans le film est " les sylvains ", la traduction littérale du terme signifie " esprits des arbres "), représentations évidentes de " koropokkuru ", présents dans les légendes Aïnus.

Les Aïnus apparaissent, ainsi que les koropokkuru, dans le manga Shaman King et sa version animé. L'un des personnages principaux Horohoro et membres de cette tribu et utilise un koropokkuru comme esprit pour combattre. L'on voit également un représentant du peuple Aïnu nommé Okuru dans Samurai champloo (double épisode " Lullabies Of The Lost "), dans sa lutte contre le clan Matsumae, il joue d'ailleurs du tonkori.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

Aïnu ne s'accorde pas en genre

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Sur papier

  • Nicolas Bouvier« À la rencontre des Aïnous : Extraits d’un article daté du 9-10 septembre 1986 », dans Le Monde 2, 4 août 2007, p. 58-61

[modifier] Sources

  • wikipédia anglophone (article éponyme et divers articles concernant les Aïnus)
    • Encyclopædia Britannica (11e édition)
    • Shigeru Kayano : Our Land Was Forest (texte traduit en anglais par Kyoko Selden )
    • Fitzhugh, W. (2004). Ainu:Spirit of a Northern People. Seattle: University of Washington Press
  • wikipédia japonaise

[modifier] Notes et références