Ödön von Horváth

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Ödön von Horváth est un dramaturge de langue allemande né le 9 décembre 1901 à Fiume (ancien nom italien de la ville désormais croate de Rijeka) et mort à Paris le 1er juin 1938.

Sommaire

[modifier] Biographie

Ödön Edmund Horváth naît le 9 décembre 1901 à Fiume (qui appartient alors au royaume de Hongrie) comme enfant naturel de Maria Hermine Prehnal et d'Edmund Josef Horváth, diplomate austro-hongrois. Le père de Horváth obtiendra sa particule « von » ultérieurement.

Ödön suit les affectations de son père à Presbourg (désormais Bratislava), Venise, Budapest, Belgrade, Munich, retour à Presbourg, retour à Budapest, Vienne et enfin Munich où il commence ses études de littérature à l'université. Les pérégrinations du jeune Ödön font qu'il ne se sent aucune appartenance nationale (sa nationalité fluctuant aussi avec le temps et le lieu) alors que l'époque donne le rôle politique majeur au nationalisme.

Ses premières pièces comme Revolte auf Côte 3018 (« Révolte sur la côte 3018 » datant de 1927) montrent déjà les thèmes fondateurs de son œuvre : la culture populaire et l'histoire politique de l'Allemagne. Devant la montée en puissance du NSDAP, les pièces d'Horváth mettent en garde contre le danger fasciste.

En 1929, en résidence chez ses parents à Murnau près de Munich, il rencontre Hitler, s'engueule et se bat avec ses affidés.

Horváth publie son premier roman Der ewige Spießer en 1930, mais c'est l'année suivante qu'il obtient la reconnaissance de son talent : ses deux pièces majeures, Italienische Nacht (« La Nuit italienne ») et Geschichten aus dem Wienerwald (« Légendes de la forêt viennoise »), sont montées à Berlin et y obtiennent un grand succès. Horváth reçoit même le prestigieux prix Kleist pour ses « Légendes de la forêt viennoise ».

Lorsqu'en 1933, les nazis brûlent les livres, ceux d'Ödön von Horváth en sont. Un ami lui écrit : « L'information disant que tu n'es plus joué, « auteur dégénéré », vaut plus que n'importe quel prix littéraire. Elle te confirme publiquement comme poète ! ».

Sa pièce « Foi Amour Espérance » ne peut être montée à Berlin en 1933 suite à des pressions du gouvernement national-socialiste sur le metteur en scène. Horváth réussira à monter cette pièce à Vienne en 1936.

Horváth doit fuir Berlin pour s'installer à Vienne devant la montée du nazisme en Allemagne, et, pour la même raison, la comédie « Figaro divorce » (Figaro läßt sich scheiden) fait sa première à Prague en 1937. Horváth publie à Amsterdam son roman « Jeunesse sans Dieu » (Jugend ohne Gott) qui vise explicitement l'embrigadement de la jeunesse par la propagande nazie. Horváth ne reçoit plus aucun droit d'auteur provenant d'Allemagne, le gouvernement de Berlin s'y opposant ce qui place l'auteur dans une situation précaire.

Pour fuir la répression nationale-socialiste qui s'abat sur Vienne après l'Anschluß, Horváth erre en Europe et se réfugie finalement à Paris en mars 1938 avec son amie Wera Liessem. Il publie le roman Ein Kind unserer Zeit ( titre d'abord traduit en français par « Soldat du Reich », puis par « Un fils de notre temps » ) à Amsterdam et New York.

Le premier juin 1938, alors qu'Ödön von Horváth se promène sur les Champs-Élysées, une tempête déracine un marronnier et une des branches le tue. Le lendemain, Klaus Mann écrira : « Depuis quand à Paris, les arbres s'abattent-ils sur des poètes en promenade et leur fracassent le crâne ? »

Ödön von Horváth est enterré au cimetière de Saint-Ouen le 7 juin ; ses restes seront transférés au cimetière de Heiligenstädter à Vienne en 1988, à l'occasion du 50e anniversaire de sa mort.

Ses pièces sont ancrées dans la tradition viennoise d'un théâtre populaire et critique. Critique à la fois dans la dissection du langage et des comportements petit-bourgeois, mais aussi critique politico-sociale où les femmes apparaissent comme victimes.

« Dans toutes mes pièces, je n'ai rien embelli, rien enlaidi. J'ai tenté d'affronter sans égards la bêtise et le mensonge ; cette brutalité représente peut-être l'aspect le plus noble de la tâche d'un homme de lettres qui se plaît à croire parfois qu'il écrit pour que les gens se reconnaissent eux-même. »

[modifier] Œuvres

[modifier] Théâtre

  • « Meurtre dans la rue des Maures » (Mord in der Mohrengasse, 1923) ;
  • Zur schönen Aussicht (1926) ;
  • Die Bergbahn (reprise de Revolte auf Côte 3018) (1928) ;
  • « Sladek, soldat de l'armée noire » (Sladek, der schwarze Reichswehrmann (reprise de Sladek oder Die schwarze Armee) (1929) ;
  • « Le Congrès » (Rund um den Kongreß, 1929) ;
  • « La Nuit italienne » (Italienische Nacht, 1930) ;
  • « Légendes de la forêt viennoise » (Geschichten aus dem Wienerwald, 1931) ;
  • « Foi Amour Espérance ( Un petite danse de mort ) » (Glaube, Liebe, Hoffnung (Ein Totentanz), 1932) ;
  • « Casimir et Caroline » (Kasimir und Karoline, 1932) ;
  • « L'inconnue de la Seine » (Die Unbekannte aus der Seine, 1933) ;
  • « Allers et retours » (Hin und her, 1934) ;
  • « Don Juan revient de guerre » ou « L'homme de neige » (Don Juan kommt aus dem Krieg, 1935) ;
  • « Figaro divorce » (Figaro läßt sich scheiden, 1936) ;
  • « Pompéi » (Pompeji. Komödie eines Erdbebens, 1937) ;
  • « Un Village sans hommes » (Ein Dorf ohne Männer, 1937) ;
  • « Vers les cieux » (Himmelwärts, 1937) ;
  • « Le Jour du Jugement dernier » (Der jüngste Tag, 1937).

L'intégralité de son théâtre est éditée par les Éditions de l'Arche, Paris.

[modifier] Romans

  • Der ewige Spießer, (1930) ;
  • « Jeunesse sans Dieu » (Jugend ohne Gott, 1938) ;
  • « Un fils de notre temps ( Soldat du Reich ) » (Ein Kind unserer Zeit, 1938).

[modifier] Autres

  • Sportmärchen, (1924-1926) pour la revue Simplicissimus ;
  • Interview, (1932) ;
  • Gebrauchsanweisung, (1932).
  • « Repères » ( Nouvelles et textes courts ( 1901-1938 ) et éléments biographiques ) édité par Actes-Sud Papiers

[modifier] Citation

« Rien ne donne autant la sensation de l'infinitude que la bêtise. » (devise des « Légendes de la forêt viennoise »)

[modifier] Liens externes