Îles du Salut

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Îles du Salut
Îles du Salut

Les îles du Salut sont constituées par trois îlots d'origine volcanique rattachés à la Guyane, et situés à une vingtaine de kilomètres au large de Kourou, bien que les Îles du Salut appartiennent au territoire de la commune de Cayenne et de Cayenne 1er Canton Nord-Ouest. Seules les îles Royale et Saint-Joseph sont accessibles. L'Île du Diable, qui appartient au centre spatial guyanais, est strictement interdite d'accès.

Les îles du nord au sud
île superficie (ha) altitude (m)
Île du Diable 14 40
Île Royale 28 66
Île Saint-Joseph 20 30
Total 62 66
Vue aérienne des îles du Salut
Vue aérienne des îles du Salut

Sommaire

[modifier] Historique

D'abord nommées « Îles du Triangle » (en raison de leur disposition) par les premiers explorateurs, les îles du Salut prirent ensuite le nom sinistre d' « Îles du Diable » en raison des forts courants marins qui rendaient leur accès très périlleux, mais aussi de la tragique expédition de Kourou en 1763, qui se solda par une hécatombe.

Les épidémies de fièvre jaune dues à l'insalubrité du climat guyanais, au manque de nourriture et d'eau potable, ainsi que les installations précaires et le manque d'organisation, avaient décimé la plus grande partie des colons d'origine française, convoyés en Guyane pour peupler le territoire. Les survivants, qui trouvèrent refuge sur ces îles au climat plus favorable et dépourvues de moustiques, les rebaptisèrent alors « Îles du Salut ».

Après les premiers colons, il ne faut pas oublier que c'est aux esclaves noirs que fut confié la lourde tâche de défricher ces territoires, et dont les rescapés furent autorisés à rejoindre ceux du continent, pour fonder les premières communautés le long du fleuve Maroni.

[modifier] Le Bagne

Mais ce « salut » fut de courte durée et la réputation de « triangle maudit » et de « terre d'enfer » allait être confirmée dès la Première république par la construction d'une forteresse, en 1793, pour accueillir les premiers déportés politiques, à commencer par quelques deux-cents prêtres réfractaires.

Puis, avec l'abolition de l'esclavage en 1848 et l'opposition politique grandissante aux bagnes sur le territoire métropolitain, l'idée de substituer des bagnards aux esclaves se fait jour. Sous le Second Empire, à partir de 1854, l'administration pénitentiaire y instaure un des bagnes les plus durs au monde, où passeront 70 000 prisonniers. L'île Royale accueillait l'administration ainsi que l'hôpital, l'île Saint-Joseph servait pour les « fortes têtes » et l'île du Diable pour les espions, les détenus politiques ou de droit commun. Il s'agissait pourtant du bagne le moins dur de Guyane. Le taux de mortalité y était inférieur à ceux des bagnes établis en pleine forêt guyanaise, comme le bagne des Annamites. Mais les conditions de détention n'en étaient pas moins humiliantes avec des cellules sans toit, recouvertes d'une simple grille, comme au bagne de Saint-Joseph, par exemple, où tous les gestes des détenus étaient épiés par les gardes qui se tenaient au-dessus.

Alfred Dreyfus (1894) et Guillaume Seznec (1923) en furent les prisonniers les plus célèbres, ainsi qu'Henri Charrière (1933) qui décrivit dans son livre Papillon son séjour et ses tentatives d'évasion. Enfin, Benjamin Ullmo (1908) passera également les deux tiers de sa vie à l'île du Diable, dans la même case où a vécu Dreyfus.

Après la fermeture du bagne qui, décidée par un décret-loi du gouvernement Daladier en 1938, ne fut réalisée qu'en 1947, les installations pénitencières seront laissées dans leur état de grand délabrement jusqu'à l'implantation du centre spatial guyanais en 1965 à Kourou. Devenues la propriété du Centre national d'études spatiales (CNES) en raison de leur intérêt stratégique, dû à leur position sur la trajectoire des fusées Ariane, les îles du Salut sont évacuées avant chaque lancement, à l'exception de la propriétaire de l'auberge de l'ile Royale et de quelques gendarmes.

Depuis les années 1980, grâce à l'essor touristique des îles et à la volonté de sauvegarder une partie du patrimoine historique, le CNES a permis la remise en état de la Chapelle de Royale, de la maison Dreyfus (non visitable) ainsi que certaines cellules du quartier des condamnés. Enfin, la maison du Directeur a été aménagée en Musée du Bagne.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes