Île de Pâques

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Île de Pâques
Isla de Pascua (es)
Rapa Nui (mi)
Drapeau Armoiries
Administration
Statut politique Territoire du Chili
Capitale Hanga Roa
Gouvernement
- Gouverneur Provincial
Intendance de la Région de Valparaíso
Melania Carolina Hotus Hey
Géographie
Superficie 162 5 km²
Démographie
Population 3 791 hab.
Densité 18 hab./km²
Langues Espagnol,māori
Économie
Monnaie Peso chilien (CLP)
Autres
Fuseau horaire UTC -6
Domaine internet .cl
Indicatif téléphonique +56-32
Carte de l’île.

L’île de Pâques (en espagnol Isla de Pascua, en langue māori Rapa Nui: "la grande lointaine") est une île isolée dans le sud-est de l’Océan Pacifique, particulièrement connue pour ses statues monumentales, les Moaïs et son unique écriture océanienne, le rongorongo.

L’île, qui est une province du Chili, a pour coordonnées : 27°09′S 109°27′W / -27.15, -109.45. Elle se trouve à 3 700 km des côtes chiliennes et à 4 000 km de Tahiti, l’île habitée la plus proche étant Pitcairn à plus de 2 000 km à l’ouest. Son chef-lieu est Hanga Roa et l’île couvre 162,5 km² et comptait 3 304 habitants en 2002 [1].

Elle fut découverte par le navigateur néerlandais Jakob Roggeveen le jour de Pâques, le 5 avril 1722, et comptait alors près de 4 000 habitants. Elle fut annexée par l’Espagne en 1770 et devint possession chilienne en 1888.

Depuis 1995, le patrimoine exceptionnel de l’île est protégé et inscrit au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO. Des parcs ou réserves naturelles, parfois surveillés, enserrent les zones des vestiges. La communauté Rapanui veille jalousement sur les traces de son histoire et constitue un pouvoir parallèle au gouvernement officiel chilien.

Sommaire

[modifier] Histoire et peuplement

Photo de l’île prise par un satellite.
Photo de l’île prise par un satellite.
Moaï.
Moaï.
Moaïs de l’Ahu d'Aka'hivi.
Moaïs de l’Ahu d'Aka'hivi.
Plan de l’île levé par La Pérouse en 1797.
Plan de l’île levé par La Pérouse en 1797.
Aperçu de l’île de Pâques.
Aperçu de l’île de Pâques.
Cratère de Rano Raraku.
Cratère de Rano Raraku.
Icône de détail Article détaillé : Peuplement de l'Océanie.

Cette île formant la limite Est de l’Océanie, est célèbre pour les vestiges mégalithiques des Rapanui (premières civilisations pascuannes). Le patrimoine archéologique comprend près de 300 autels de pierres taillées en terrasses — les ahû — et environ 900 statues de pierres — les moaïs — d’environ 4,50 m de haut.

La carrière de Rano Raraku est creusée sur les flancs et dans le cratère d’un volcan, on peut y voir un très grand nombre de moaïs. Certains sont terminés et dressés au pied de la pente, d’autres encore dans différents états, de l’ébauche à la quasi-finalisation.

En dehors de ce patrimoine spectaculaire, les premières civilisations pascuanes ont laissé des tablettes et des sculptures en bois, des pétroglyphes dont la signification précise n’est pas encore déchiffrée, mais dont les répétitions de symboles (par exemple: oiseau-pénis-poisson-vulve-humain) ont été rapprochées[2] des refrains traditionnels des hymnes généalogiques polynésiens ("les oiseaux ont copulé avec les poissons et ainsi ont été engendrés les premiers hommes"). L’origine des différentes vagues de peuplement est encore controversée (il semblerait qu'ils soient d'origine polynésienne) mais il est acquis que la langue māori est austronésienne, avec toutefois des mots communs aux langues d'Amérique du Sud (par exemple "kumara", la patate).

On pense que l’île a été découverte initialement par des Polynésiens (le roi Hotu Matu'a). Il y a 5 000 ans (3 000 av. J.-C.), des habitants du littoral de la Chine du Sud, cultivateurs de millet et de riz, commencent à traverser le détroit pour s’installer à Taïwan. Vers 2 000 avant J.-C., des migrations ont lieu de Taïwan vers les Philippines. De nouvelles migrations commencent bientôt des Philippines vers Célèbes et Timor et de là, les autres îles de l’archipel indonésien. Vers 1 500 av. J.-C., un autre mouvement mène des Philippines en Nouvelle-Guinée et au-delà, les îles du Pacifique. Les Austronésiens sont sans doute les premiers navigateurs de l'histoire de l’humanité.

Les Polynésiens, sur des catamarans, seraient partis des îles Marquises pour échapper au surpeuplement, à des guerres ou à une catastrophe naturelle. Les premiers moaïs ressemblent beaucoup aux tikis que l’on peut voir dans les îles de Polynésie (Hiva Hoa des Marquises, Tahiti…). Depuis les années 1950, la date du peuplement de l’île est estimée[3] à 400 après J.C. +/- 80 ans par des mesures au radiocarbone. De nouvelles études[4] ont mis en évidence des pollutions sur les mesures effectuées impliquant un âge plus récent. Les dernières mesures[5] en 2006 de radiocarbone proposent des implantations beaucoup plus récentes, vers 1200 après J.C., dans un secteur autre que le littoral.

L’île de Pâques est surtout connue pour le mystère, longtemps inexpliqué, qui entourait la fabrication, mais surtout le transport[6], de blocs de basalte allant de 2,5 à 20 m de haut et l’élévation des moaïs. Un mystère qui ne fut éclairci que lorsque l'on comprit que l'île n'avait pas toujours été déboisée, et après que des reconstitutions des méthodes employées eurent été faites sur le terrain.

D'autres interrogations portaient sur la découverte des plaquettes de bois couvertes de signes (les plaquettes Rongo-Rongo) qui restent en partie indéchiffrables malgré la traduction partielle de Steven Fischer, contestée par les linguistes spécialisés dans la langue austronésienne (qui voient des groupes verbaux, nominaux ou des phrases là où lui trouve des symboles conceptuels). Bien que toute la Polynésie soit jalonnée d'écritures, ces plaquettes ajoutent au mystère de l’île de Pâques car elles sont uniques en leur genre (la culture polynésienne étant considérée comme de tradition orale).

Les premiers migrants avaient réussi à construire, à partir de ressources très limitées, une société technologiquement avancée. Ils avaient dressé des centaines de statues. Les importantes ressources en arbres dont ils disposaient disparurent dés les premiers siècles le long de la côte. Dès l’an 1600, l’île aurait perdu la majeure partie de sa végétation. Les habitants subirent des luttes tribales et à partir de cette époque la construction des plateformes cérémonielles ralentit considérablement. Puis l'esclavage pratiqué par les blancs extermina un tiers de la population.

[modifier] Histoire de la découverte

Le premier Européen à avoir aperçu ces îles, fut en 1687, le « pirate » Edward Davis à bord de son navire le Bachelor’s Delight alors qu’il voulait contourner les Îles Galápagos au large du Cap Horn. Il aperçut l’île plutôt par hasard et crut avoir trouvé le légendaire continent du Sud. Cependant, aucun débarquement ne suivit sa découverte.

Son nom actuel vient du Hollandais Jakob Roggeveen qui y accosta, parti en expédition avec trois navires sur ordre de la Société commerciale des Indes occidentales. Il la découvrit le dimanche de Pâques 1722. Il l’appela Paasch-Eyland (île de Pâques). Le Mecklenbourgeois Carl Friedrich Behrens participait à l’expédition et son rapport publié à Leipzig orienta l’attention de l’Europe vers cette région du Pacifique à peine connue. À l'époque de cette découverte, neuf vai'hu (clans familiaux) se partageaient l'île : Aka'hanga, Anakena, Heiki'i, Mahetua, Taha'i, Tepe'u, Tongariki, Va'i Mata et Vinapu. Leurs territoires se rencontraient au centre de l'île, en un lieu (sacré, et réservé aux palabres) appelé Te pito o te fenua (« le nombril de la terre » souvent traduit à tort comme "le nombril du monde"). Les ahu (plate-formes à moaï) étaient aussi appelés Mat'a kite u'rani (les yeux qui regardent le ciel ou du ciel, ce qui est logique pour des représentations d'ancêtres divinisés, mais a été interprété par les européens de manière parfois très fantaisiste).

L’explorateur suivant fut l’espagnol Felipe González de Haedo qui avait reçu du vice-roi du Pérou l’ordre d’annexer l’île Roggeveens pour le compte de la couronne espagnole. L'expédition de González de Haedo débarqua le 15 novembre 1770. Après une visite rapide et très partielle de l'île, exploration d'une demi-journée dans un seul secteur, après un contact amical avec une population à structure sociale hiérarchisée, Felipe González de Haedo décide d'annexer cette terre (il ne pense pas qu'il s'agit de l'Île de Roggeveen) à la couronne d'Espagne et la nomme Île de San Carlos. Il fit planter plusieurs croix sur la pointe du Poike. Durant les années qui suivirent, l’Espagne ne se soucia que très peu de sa nouvelle possession. Preuve fut faite en cartographie qu'il s'agissait bien de la découverte du Hollandais Roggeveen, donc cette terre lointaine ne pouvait appartenir à l'Espagne.

Au cours de sa deuxième expédition du Pacifique Sud, James Cook a visité du 13 mars 1774 au 17 mars 1774 l’île de Pâques. Il n’a pas été enthousiasmé par l’île et a écrit dans son livre de bord : « Aucune nation ne combattra jamais pour l’honneur d’avoir exploré l’Île de Pâques, […] il n'y a pas d'autre île dans la mer qui offre moins de rafraîchissements et de commodités pour la navigation que celle-ci. »[7] Cependant, son séjour a apporté des constatations essentielles sur la constitution géologique, la végétation, la population et les statues — qui avaient déjà été renversées dans leur majorité. Nous devons de posséder des images témoins de cette époque au naturaliste allemand Johann Reinhold Forster et son fils Johann Georg Adam Forster qui participaient à l’expédition Cook. Reinhold Forster a dessiné les premiers croquis des statues (moaïs) qui, gravés et publiés dans un style alors typiquement romantique, firent sensation dans les salons.

En 1786, débarqua sur l’île de Pâques le comte français Jean-François Galaup de La Pérouse lors de sa circumnavigation terrestre effectuée sur l’ordre du roi Louis XVI. La Pérouse avait l’ordre de dessiner des cartes précises afin de contribuer, avec l’étude des peuples du Pacifique à la formation du dauphin.

Les maladies introduites par des explorateurs européens comme la tuberculose et la syphilis ont provoqué une diminution constante de la population. Un chapitre particulièrement sombre est écrit à ce sujet par un marchand d’esclaves péruvien qui fit armer plusieurs navires en 1862 et kidnappa, lors de plusieurs raids, probablement plus de 11.407 insulaires pour les envoyer comme main d’œuvre servile aux exploitations des îles Guano. Tout cela, ajouté à des épidémies constantes à partir de 1864 provoqua la dramatique diminution de population dont le nombre chuta à 111 personnes en 1877. Le peuple Rapanui faillit disparaître de la planète.

En 1882, la canonnière allemande S.M.S. Hyäne (la Hyène) visita durant cinq jours l’île de Pâques au cours d’une expédition dans le Pacifique. Le capitaine-lieutenant Geiseler avait l’ordre de l’amirauté impériale d’entreprendre des études scientifiques pour le département ethnologique des musées royaux prussiens à Berlin. L’expédition a fourni entre autres les descriptions très détaillées des us et coutumes, de la langue et de l’écriture de l’île de Pâques ainsi que des dessins exacts de différents objets culturels, des statues (moaïs), des croquis de maison et un plan détaillé du lieu de culte Orongo.

Le médecin de navire William Thomson a pris les premières photos de statues (moaïs) en 1886 alors qu’il visitait l’île à bord du navire américain Mohi. e

[modifier] Recherches sur la dégradation de l’île (XIVe siècle/XIXe siècle)

L'aspect de l'île frappe actuellement par l'absence de forêt. Cela n'avait pas toujours été le cas : les premiers explorateurs européens décrivent la présence de bois. Il existe de nombreuses traces de racines et de noix d'un palmier, le Paschallococos disperta. Sur les 900 statues (moaïs) présentes sur l’île, à peu près la moitié gisent inachevées dans la carrière principale. L’arrêt précipité évident de leur production laisse supposer qu’un évènement exceptionnel a mis fin aux us et coutumes de l’île. Les dernières recherches archéologiques, notamment l’analyse des pollens contenus dans les sédiments ou des restes de repas, prouvent que l’action unique de l’homme n’a pas suffit à déforester complètement l’île. Il est maintenant admis que plusieurs espèces d’arbres ont totalement disparu ou du moins leur nombre a considérablement chuté au cours d’une très courte période située au XVIIe siècle. Plusieurs hypothèses ont été émises, l'une étant la survenue d'une longue période de sécheresse qui se serait abattue sur l’île, contribuant à assécher ses ressources. Pour pallier cette sécheresse les habitants de l’île auraient fait appel aux dieux pour que la pluie revienne, ce qui pourrait expliquer la frénésie de construction des moaïs à cette époque-là, de plus en plus nombreux et de plus en plus colossaux (le plus grand qui ait jamais été érigé fait 22 m de haut et pèse 160 tonnes). Se rendant compte que les érections d’ahûs étaient vaines, les habitants se seraient révoltés contre les dieux et auraient abattu eux-mêmes leurs idoles dans un déchaînement collectif brutal, plongeant l’île dans le chaos. Une autre hypothèse est celle du rôle prédateur des rats, introduits précocement, et qui auraient mangé les noix de coco avant qu'elles ne puissent germer[8].

Un modèle mathématique[9] a établi que leur population n'aurait pas du dépasser 2 000 habitants pourqu'ils puissent durablement survivre sur l'île sans épuiser une ressource qui leur était indispensable : le palmier.

La population survivante au cannibalisme avait développé de nouvelles traditions pour préserver les ressources restantes. Dans ce culte de « l’homme oiseau » — en rapanui Tangata manu — (XIVe siècle/XVe siècle, XVIIIe siècle), une course se tenait chaque année, où un représentant de chaque clan, choisi par ses chefs, devait plonger dans la mer et nager jusqu’à Motu Nui, un îlot tout près, afin de chercher le premier œuf de la saison des sternes manutara. Le premier nageur de retour avec un œuf contrôlait alors la distribution des ressources de l’île pour son clan pour une année. Cette tradition a perduré jusqu'au XIXe siècle.

Quelles que soient les raisons de son déclin, l’intervention européenne a sonné le glas de la culture rapanui. Dans son article intitulé « Du génocide à l’écocide : le viol des Rapa Nui, » Benny Peiser veut démontrer la preuve d’une auto-survivance sur l’île de Pâques lors de l’arrivée des Européens. L’article de Peiser est, de fait, une critique cinglante du livre de Jared Diamond intitulé « Collapse » (effondrement), accusant ce dernier de pseudo-science. Cependant, Peiser lui-même ignore fréquemment les faits scientifiques qui contredisent ses théories (par exemple, en niant le fait que l’expansion polynésienne a résulté en une dégradation importante de l’écosystème, fait irréfutablement attesté par des recherches archéologiques — voir aussi Henderson Island.)

Cependant, ses observations sur la dégradation des cultures après l’arrivée des Européens sont très instructives. Certains petits arbres, tel le toromiro, auraient pu parsemer certaines sections de l’île aujourd’hui largement dégradées. Cornelis Bouman, le capitaine de Jakob Roggeveen, écrit dans son livre de bord, « ... d’ignames, de bananiers et de cocotiers nous n’avons rien vu, ainsi qu’aucun autre arbre ou culture. » Or, selon Carl Friedrich Behrens, l’officier de Roggeveen, « Les indigènes présentaient des branches de palmiers comme offrandes de paix. Leurs maisons bâties sur pilotis étaient barbouillées de luting et recouvertes de feuilles de palmier. » Ceci dénote la présence de palmiers à cette époque, bien qu’il pourrait s’agir de cocotiers introduits après l’extinction des palmiers indigènes.

L’île de Pâques a souffert d’une forte érosion du sol durant les derniers siècles, très certainement le résultat de la déforestation. Cependant, ce processus semble avoir été graduel mais accéléré par un élevage intensif de moutons durant une grande partie du XXe siècle. Jakob Roggeveen rapporte que l’île de Pâques était exceptionnellement fertile, produisant de grandes quantités de bananes, pommes de terre et de canne à sucre. Lors du passage de M. de La Pérouse, responsable de l’expédition française qui visita l’île en 1786, son jardinier déclara que « trois jours de travail par an » pourraient subvenir au besoin de la population. D’autre part, l’officier Rollin écrivit, « Au lieu de rencontrer des hommes détruits par la famine... je trouvai, au contraire, une population considérable, avec plus de beauté et de grâce que je n’en avais rencontrée sur d’autres îles ; et une terre, qui, avec un labour infime, fournissait d’excellentes provisions, et une abondance assez suffisante pour la consommation des habitants. »[10]

Curieusement, un siècle plus tard, les Européens trouvèrent que l’île n’était seulement utile que pour l’élevage des moutons.

[modifier] Administration

Politiquement, l'île de Pâques appartient aujourd'hui au Chili. Elle a le statut d'un département (Departemento) de la région de Valparaíso. Un des gouverneurs accrédités par le gouvernement chilien administre l'île. Depuis 1984 il s'agit toujours d'un insulaire. Depuis 1966 un conseil municipal de 6 personnes est élu tous les 4 ans dans la commune de Hanga Roa. Un de ces 6 élus est nommé maire de l'île. Une douzaine de policiers stationnent sur l'île et assurent, entres autres, la sécurité de l'aéroport. Les forces armées et la marine sont très présentes. La marine dispose d'un bateau de patrouille qui sert également en cas de sauvetage en mer. La monnaie est le peso chilien mais il est à noter que le dollar US s'est peu à peu imposé, si bien qu'elle est aujourd'hui une monnaie secondaire, cependant elle est acceptée partout. L'île de Pâques est un territoire exempt de droits de douanes, si bien que les recettes issues des impôts et autres taxes sont relativement minces. Le budget public est dans une très grande mesure subventionné par le Chili.

[modifier] Infrastructures

Depuis que dans les années 1970 la NASA a procédé à l'agrandissement de l'aérodrome de Mataveri, créant ainsi un terrain d'atterrissage d'urgence pour les navettes spatiales, les gros porteurs peuvent désormais atterrir sur cet aéroport, le plus isolé du monde. Cet agrandissement a eu pour effet d’augmenter la fréquentation touristique de l’île, ce qui représente aujourd’hui la première source de revenus. Le nombre de touristes reste cependant très limité en comparaison des autres îles touristiques. Depuis peu, un service des eaux centralisé est disponible. Auparavant, l’eau courante était limitée aux réserves des lacs formés dans les cratères des volcans et aux nappes phréatiques. Le réseau de distribution électrique fonctionnant grâce à des générateurs diesels est relié à d’autres îles pour les fournir en énergie. Les routes situées à proximité de Hanga Roa et de Mataveri sont goudronnées, il en est de même pour la route allant de Hanga Roa à la plage d’Anakena et tout le long de la côte Sud jusqu’à la presque île de Poike.

À l’école de Hanga Roa l’enseignement est assuré jusqu’à l’obtention du Prueba de Aptitud, équivalant au Baccalauréat français. Les enseignements professionnels et supérieurs ne sont cependant disponibles que sur le continent. En outre, l’UNESCO soutient un programme d’enseignement bilingue rapanui-espagnol. Les services de santé sont bien meilleurs que dans d’autres régions isolées du Chili. Le petit hôpital dispose d’un médecin, d’un dentiste ainsi que d’une sage-femme. Une ambulance est également mise à disposition de l’hôpital.

D’autres infrastructures comme l’église, la poste, les services banquiers, la pharmacie, de petits commerces, un supermarché, des snack-bars et autres restaurants se sont considérablement améliorés depuis les années 1970 et ce notamment pour satisfaire les besoins toujours croissants des touristes. D’autres services comme la téléphonie par satellite ou Internet sont bien entendus également disponibles. Une discothèque a même été construite pour les plus jeunes.

[modifier] Démographie

On estime qu’à son apogée, c'est-à-dire entre le XVIe siècle et le XVIIe siècle, l'île de Pâques abrita quelques 10 000 habitants. Suite aux pénuries alimentaires et aux comportements belliqueux des dirigeants successifs, le nombre d’habitants s’était réduit à 2 000 ou 3 000 habitants avant l’arrivée des Européens. La déportation vers le Pérou d’habitants destinés aux travaux forcés fit chuter le nombre d’habitants à 900 en 1868. Quant à ceux qui purent revenir, les maladies qu’ils avaient contractées provoquèrent un nouveau recul démographique. Un autre phénomène aux conséquences démographiques est à noter; une partie de l’île alors exploitée par d’intensifs élevages de moutons menés par un consortium européen eut pour conséquence le déplacement de toute une partie de la population. Pour ce qui est de la parcelle de terre exploitée par ces élevages, son expansion se trouva fortement affaiblie, tout comme dans tout le Nord-Est de l'île. Ce conflit d’intérêts provoqua en 1871 l’émigration de 168 habitants (l’île n’en comportait alors qu’un petit millier) qui reçurent alors l’aide des missionnaires présents sur l’île. En 1877 le nombre d’habitants chuta à 111, après quoi la population augmenta à nouveau progressivement. En 1888, année de l’annexion de l’île par le Chili, 178 habitants furent recensés.

Au XXe siècle, la population était enfermée dans une zone délimitée par les autorités chiliennes, qui administraient l'île comme un navire de guerre. Tout le reste de l'île était réservé à l'élevage du mouton. Cet état d'emprisonnement succita pour une grande partie de la population le désir de quitter l’île. Beaucoup d'habitants tentèrent de s'évader et de rallier Tahiti, à 30 jours de mer, sur des embarcations de fortune. Certains firent naufrage, mais d'autres réussirent. L’armée chilienne prit alors des mesures pour enrayer cet exil (Voir le livre de Marie-Françoise Peteuil, "Les Evadés de l'Île de Pâques"). Ce n’est que dans les années 1960 que les conditions de vie s’améliorèrent vraiment, après une révolte des autochtones, ce qui s’accompagna d’une augmentation de la population. En 1960 on recensait plus de 1 000 habitants.

D’après le recensement de 2002, l’île compte 3 791 habitants. Chiffre étonnant lorsque l’on sait que l’île n’était habitée que par 1 938 personnes en 1988. Cette augmentation repose essentiellement sur l’immigration chilienne. La conséquence de cette importante vague d’immigration est la modification de la composition ethnique de la population. En 1982 les Rapanui représentaient 70% de la population. En 2002 ils n’étaient plus que 60%. Parmi les 40% restant, 39% étaient d’origine européenne (il s’agissait en général de résidents temporaires, comme les employés d’administration, le personnel militaire, les scientifiques et leurs assistants) et 1% d’autre provenance. Ces dernières décennies ne connurent cependant pas que des vagues d’immigration. Bon nombre d’habitants de l’île de Pâques ont émigrés sur le continent. Lors du recensement de 2002 on constata que 2 269 Rapanui chiliens vivaient en dehors de l’île. La densité de population de l’île de Pâques n’est que de 23 hab./km² (pour comparaison : France, 113 hab./km² ; Belgique, 342 hab./km²). Au milieu du XIXe siècle, 6 agglomérations regroupaient les habitants de l’île de Pâques; Anakena, Tongariki, Vaihu, Vinapu, Matavei et Hanga Roa. Aujourd’hui, les habitants sont concentrés dans les villages de Hanga Roa, Mataveri et Moeroa au Sud-Ouest. Ces villages se sont développés les uns à côtés des autres, si bien qu’ils sont aujourd’hui considérés comme une seule et unique agglomération. La langue officielle est l’espagnol. Le Rapanui, dialecte de Polynésie occidentale, est cependant utilisé dans les échanges quotidiens entre habitants.

[modifier] Tourisme

Il est possible de visiter l’île depuis quelques années, le tourisme devenant la ressource principale de l’île. Une seule compagnie aérienne dessert l’île en 2004 : LAN Chile.

La piste de l’aéroport international Mataveri coupe l’île en deux, et sa grande longueur permet d’accueillir en cas de besoin, les navettes spatiales pour un atterrissage d’urgence.

[modifier] Anecdotes

  • La paroisse catholique de l'île de Pâques appartient aujourd'hui au diocèse chilien de Valparaíso. Elle a appartenu au vicariat apostolique des îles de Tahiti jusqu'en 1911, avant d'être transférée au Chili. Il semble que le diocèse aux armées du Chili était alors responsable de la charge pastorale de l'île. Puis, le 24 octobre 1934, la paroisse a été assignée au vicariat apostolique de l'Araucanía (situé dans le Chili central-méridional, à 4 500 km au sud-est de l'île), à la charge des pères capucins. Le 5 janvier 2002, la paroisse a été transférée une dernière fois à Valparaíso. [11]

[modifier] Mythologie de l'Île de Pâques

Icône de détail Article détaillé : Mythologie de l'Île de Pâques.

(Mythologie Rapa Nui)

[modifier] Politique

[modifier] Maire

Pedro Edmunds Paoa (Parti démocrate-chrétien du Chili)

[modifier] Conseillers communaux

  • Hipólito Juan Icka Nahoe (Parti Humaniste du Chili)
  • Eliana Amelia Olivares (UDI)
  • Nicolás Haoa Cardinali (Indépendante de droite)
  • Marcelo Icka Paoa (Parti démocrate-chrétien du Chili)
  • Alberto Hotus Chávez (Parti pour la démocratie)
  • Marcelo Pont Hill (Parti pour la démocratie)

[modifier] Élection présidentielle chilienne de 2005, résultats dans la commune de Isla de Pascua

[modifier] Premier tour électoral : Dimanche 11 décembre 2005

Candidat Parti ou coalition Votes  % (exprimés) Résultats nationaux
1 Sebastián Piñera Echenique Renovación Nacional/Alliance pour Chili (APC) 285 16,8% Qualifié pour le deuxième tour
2 Michelle Bachelet Jeria Socialiste/CPD 887 52,4% Qualifiée pour le deuxième tour
3 Tomás Hirsch Goldschmidt Parti Humaniste/JPM 60 3,6% eliminé
4 Joaquín Lavín Infante UDI 460 27,2% eliminé

Source : Tricel [2]

[modifier] Deuxième tour : Dimanche 15 janvier 2006

Candidat Parti ou coalition Votes  % (exprimés) Résultats nationaux
1 Sebastián Piñera Echenique Renovación Nacional/Alliance pour Chili (APC) 748 45,0
2 Michelle Bachelet Jeria Socialiste/CPD 914 55,0 Présidente

Source : Tricel [3] (PDF)

[modifier] Voyez aussi

[modifier] Intendant (Intendente) de la Région de Valparaíso

  • Iván De la Maza Maillet

[modifier] Gouverneur provincial

  • Province de Isla de Pascua : Mme Melania Carolina Hotus Hey

[modifier] Députés

Circonscription Communes comprises dans la Circonscription 13 Députés (Parti)
Circonscription 13 Valparaíso, Isla de Pascua, Juan Fernández Joaquín Godoy (RN), Laura Soto (PPD)

[modifier] Sénateurs

Circonscription sénatoriale Communes comprises dans la Circonscription 6 Sénateurs (Parti)
(6) Región de Valparaíso (Sur) Valparaíso, Juan Fernández, Isla de Pascua, Concón, Viña del Mar, Casablanca, San Antonio, Cartagena, El Tabo, El Quisco, Algarrobo, Santo Domingo Nelson Ávila (Parti radical social-démocrate du Chili), Jorge Arancibia (UDI)

[modifier] Notes et références

  1. (es)[1] Recensement 2002, Institut national de la statistique du Chili (INE)
  2. Voir travaux du Dr. Pierre Otino
  3. C. Smith (1961) dans The Archaeology of Easter Island, Vol. 1. Thor Heyerdahl, Edwin Ferdon eds. Allen & Unwin, London, 393-396.
  4. Helene Martinsson-Wallin et Susan Crockford (2002) : Early settlement on Rapa-Nui (Easter Island), Asian Perspective, 40, pp. 244-278.
  5. Terry L. Hunt et Carl P. Lipo (2006): Late Colonization of Easter Island, Science, 311, pp. 1603—1606.
  6. Transport qui avait parfois lieu sur près de 20 km
  7. Citation de James Cook, livre de bord des voyages 1768-1779, édition Erdmann, Tübingen
  8. L'île de Pâque détruite par les rats ?, T. Hunt, Pour la Science, janvier 2007, p 28-35
  9. Mauro Bologna, Université de Tarapacà, Brésil, cité par Science et Vie, Avril 2008, p 36
  10. Cité dans Heyerdahl & Ferdon, 1961:57.
  11. (en) Notes on Easter Island sur le site de l'Église catholique norvégienne.

[modifier] Bibliographie

  • Henri Lavachery : Île de Pâques. Une expédition belge en 1934, Grasset (1935), (ISBN B-0000DQVU-V).
  • Pierre Loti : L'Ile de Pâques - Journal d'un aspirant de la Flore. Editions Pierre-Olivier Combelles, Ville d'Avray, 1988.
  • Clive Ponting (historien anglais) : A Green History of the World, éd. Sinclair-Stevenson, 1990, 432 pages. L'histoire du monde, version écologique, en partant de l'exemple de l'île de Pâques.
  • Peter Bellwood : The Austronesians, 1995.
  • Michel Orliac et Catherine Orliac : L’île de Pâques - Des dieux regardent les étoiles, Éd. Gallimard, 2004, (ISBN 2-07-031415-4).
  • Thor Heyerdahl : Aku-Aku : le secret de l'île de Pâques, Éd. Phébus, ISBN 2-7529-0088-0.
  • Ronald Wright : La fin du progrès ?, traduction française, Éd. Naïve, 2006, (ISBN 2-35021028-6) (titre original : A Short History of Progress, Éd. Hurtubise HMH Ltd, 2004).
  • Thomas Lavachery : Pâques : l'île mystérieuse, La Renaissance du livre (21 octobre 2004), (ISBN 2-80460951-0).
  • Marie-Françoise Peteuil : Les évadés de l'Île de Pâques, éd. l'Harmattan, 2004, (ISBN 2-7475-7059-2)
  • Thomas Lavachery : Île de Pâques 1934 : deux hommes pour un mystère, éd. Labor, 1er septembre 2005, coll. Histoire, ASIN 2-80402091-6.
  • Jared Diamond : Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, 2006 (ISBN 2-07-077672-7) (titre original : Collapse. How societies chose to fail or succeed, éd. Viking Penguin, 2005, (ISBN 2-07-077672-7)).

[modifier] Reportages et documentaires télévisuels

  • Le testament de l’île de paques, documentaire de la Fondation Cousteau - réalisation Phillipe et Jacques-Yves Cousteau, France, 1978, 55 min.
  • L’homme de Pâques, documentaire de Thomas Lavachery, Belgique, 2002, 52 min. Images : Louis-Philippe Capelle et Eric Blavier. Son : Paul Heymans et Cosmas Antoniadis. Musique : Thierry Delvigne. Montage : Denis Roussel. Prod. : Y.C. Aligator Film. Coprod. : Triangle 7, RTBF, WIP.
  • Les Rapa Nui ont fait un rêve, documentaire de Gérard Bonnet et Philippe Ray, France, 2003, 54 min.[1]
  • La mémoire perdue de l’île de Pâques, documentaire de Thierry Ragobert, France, 2001, 52 min. Diffusé le 11 juin 2005 sur ARTE.
  • Une saison dans les îles : l’île de Pâques, reportage de Véronique Nizon et Guy Nevers pour Thalassa, France, 2006, 52 min. Diffusé le 8 septembre 2006 sur France 3.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

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