Évolutions de l'espéranto

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Cet article traite de l'évolution de l'espéranto. Les débats sur les réformes de l’espéranto sont aussi nombreux que les critiques de l'espéranto et presque aussi anciens que l’espéranto lui-même (1887).

Les propositions de réforme de l’espéranto ont été ou sont encore généralement suggérées par des espérantistes eux-mêmes, qui désirent corriger ce qu’ils considèrent comme des imperfections de la langue ou des entraves à sa diffusion. Ces diverses propositions partent donc généralement d'un sentiment d'attachement à la langue elle-même.

  • l’un des premiers à proposer des modifications importantes fut d’ailleurs son propre initiateur, Ludwik Lejzer Zamenhof, qui dès 1894, soumit aux votes des lecteurs d’une revue espérantiste (qui les rejetèrent à une large majorité) diverses modifications, notamment la suppression des lettres diacritiques, de l’accusatif (n-complément), le changement de la marque du pluriel (en j en espéranto), la suppression du tableau des corrélatifs, au profit de mots plus proches du latin : c'est sur ces éléments que porteront ensuite la majorité des projets de réforme.
    En 1905, le Fundamento, adopté par le premier congrès mondial d'espéranto à Boulogne-sur-Mer, voulait stabiliser la langue sous forme de quelques règles simples et intangibles ; ceci n'empêcha pas de nouvelles propositions, en particulier, l’ido (1908), que ses créateurs, Louis Couturat et Louis de Beaufront, voulaient appeler « espéranto réformé », et qui aboutit à un schisme dans le mouvement espérantiste. À la suite de l'ido on vit fleurir une succession d'autres projets : italico, latin-ido, etc.
  • On peut également retenir les multiples projets de René de Saussure: antido 1 et 2, lingvo kosmopolita, lingvo internatsia de antido, esperantido, nov-esperanto, esperanto 2.
  • Parmi les projets les plus récents, on peut citer le très original esperanto sen fleksio où l'auteur propose de supprimer l'accusatif, mais aussi la marque du pluriel, les déclinaisons des verbes qui restent à l'infinitif (le temps étant précisé par le contexte ou des adverbes), qui témoigne de la volonté de rapprocher la grammaire de l'espéranto de certaines langues asiatiques, et le mondlango qui est un espéranto « anglicisé ».

Théophile Cart fervent defenseur de l'orthodoxie expliqua parfaitement dans ses écrits de 1905 à 1927 (Vortoj) les risques de réformes successives :

  • le risque de schisme entre conservateurs et réformistes,
  • le risque de chercher en vain une « langue parfaite », parfaitement consensuelle, (alors qu’un certain nombre de choix linguistiques sont forcément arbitraires) au détriment de son utilisation,
  • le risque de dérouter les nouveaux apprenants qui ont besoin d'affirmation que la langue existe bel et bien sous une forme stable,
  • la nécessité néanmoins d'une possibilité pour l'espéranto d'une évolution naturelle liée à l'utilisation de celle-ci.

Ces projets témoignent de la vigueur de l’espéranto, qui a su également intégrer certaines propositions, dans son évolution, comme le montre l’adoption par l’Académie d’espéranto du suffixe -end provenant de l’ido, l'apparition du suffixe -iv, du préfixe mis-, la disparition presque complète de la lettre ĥ, le remplacement du suffixe -uj dans la plupart de ses utilisations, etc.

L'espéranto est maintenant devenu une langue vivante, dotée d’une littérature qui deviendrait inaccessible si des réformes trop importantes étaient introduites trop rapidement. Ceci n’est pas contradictoire avec le fait que, comme les autres langues vivantes, l’espéranto continue d’évoluer sous l'impulsion de ses utilisateurs.

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